MISE AU POINT
196Diabète & Obésité • Mai 2011 • vol. 6 • numéro 49
L’étude de Al-Delaimy (10) ayant
porté sur 69 852 femmes de la
Nurses’Health Study Cohort, re-
trouve également une augmen-
tation de l’incidence de diabète
à 10 ans. Le risque relatif de
développement d’un diabète
de type 2, après ajustement à
l’IMC, est de 1,48 (IC : 1,29-1,70)
chez les patientes ronfleuses
occasionnelles et de 2,25 (IC
1,91-2,66) (p < 0,0001) chez les
troubles respiratoires du som-
meil. Chaque patient a bénéficié
d’un enregistrement par poly-
somnographie et a été classé par
quartile de sévérité du SAOS. Au
cours du suivi (en moyenne de
2,7 ans), il a été étudié l’incidence
de diabète (défini par une GAJ >
1,26 g/l).
Les résultats montrent une in-
cidence de 5,5 cas pour 100 pa-
tients/année dans les groupes
SAOS dans le développement du
diabète de type 2.
❚Chez le diabétique
Il a été montré chez 14 patients
diabétiques de type 2 que le
SAOS sévère était associé à
une plus grande variabilité gly-
cémique nocturne, mesurée
par des Holters glycémiques
(CGMS). Le traitement par PPC
réduit cette variabilité (13).
La dette de sommeil et/ou une
mauvaise qualité du sommeil pa-
raissent également associées à un
moins bon contrôle glycémique
global, évalué par l’HbA1c (14).
De plus, la sévérité du SAS est cor-
rélée à un moindre contrôle glycé-
mique. Dans l’étude d’Aronsohn,
60 patients diabétiques de type 2
ont réalisé une polysomnogra-
phie qui a objectivé 77 % de
SAOS dans cette population
(IAH > 5). Après ajustement à
l’âge, au sexe, à l’IMC, au nombre
de traitements antidiabétiques,
à l’exercice et à la durée de som-
meil, la comparaison par rapport
au groupe sans SAOS retrouve
une augmentation statistique-
ment significative de l’HbA1c de
1,49 %, 1,93 % et 3,69 % chez les
patients atteints de SAOS légers,
modérés et sévères (15)
(Fig. 1)
.
MÉCANISMES
PHYSIOPATHOLOGIQUES
ÉVOQUÉS : LE SAOS MAJORERAIT
L’INSULINORÉSISTANCE
La Sleep Heart Health Study a
étudié 2 656 patients par poly-
somnographie et explorations
glucidiques (glycémie à jeun,
HGPO, index HOMA) entre 1994
et 1999. Selon le degré de sévé-
rité du SAOS, il existe une aug-
mentation significative de l’odds
ratio de la glycémie à jeun et de
l’insulinorésistance, après ajus-
tement à l’IMC notamment (16).
De même, chez 30 patients obèses
patientes ronfleuses régulières
vs les non-ronfleuses. Il semble
également que l’association ron-
flement-diabète soit en partie
indépendante de l’obésité de
manière significative.
Néanmoins, ces données sont
à interpréter avec précaution
dans la mesure où il s’agit de
données déclaratives recueillies
par questionnaires aussi bien
pour le ronflement que pour le
diagnostic de diabète. Elles res-
tent toutefois intéressantes du
fait de l’importance des popula-
tions concernées et témoignent
encore du fort lien épidémiolo-
gique entre ces 2 pathologies.
❚Chez le non diabétique
Chez le sujet non diabétique, le
SAOS serait un facteur de risque
de survenue de diabète, indé-
pendant de l’obésité.
L’étude de Botros (2009) (11),
étude longitudinale observation-
nelle, a porté sur 544 adultes non
diabétiques parmi 1 233 adultes
d’une cohorte de vétérans (plus
de 90 % d’hommes) du Connec-
ticut (Etats-Unis), présentant
des symptômes évocateurs de
SAOS vs 1,8 dans le groupe
contrôle. La probabilité de dé-
velopper un diabète dans le
groupe SAOS est significative-
ment majorée (p < 0,003). Après
ajustement à l’âge, à l’IMC, à la
modification de l’IMC, au sexe, à
la glycémie à jeun, l’association
SAOS et diabète reste significa-
tivement pertinente (HR : 1,43 ;
IC : 1,10-1,86 ; p < 0,008). L’ap-
née du sommeil apparaît donc
comme un facteur de risque in-
dépendant de développement
du diabète. Pour les deux quar-
tiles les plus élevés d’IAH, 60 %
des sujets étaient traités par PPC
ce qui est associé à une atténua-
tion significative du risque d’ap-
parition d’un diabète de type 2
par comparaison aux non-utili-
sateurs (p = 0,04).
L’étude de Reichmuth et al. (12)
a montré également que le SAOS
augmentait le risque de diabète
de type 2 mais il n’a pas été re-
trouvé de relation indépendante
vis-à-vis de l’obésité.
Il apparaît donc nécessaire de
réaliser des études supplémen-
taires pour asseoir définitive-
ment le rôle indépendant du
Le SAOS serait un facteur de risque
indépendant de développement de diabète de
type 2 et de déséquilibre glycémique
chez le diabétique de type 2.