que de se préoccuper d’un nouveau marasme. Cela dit, nous
sommes conscients que notre optimisme à propos des
dynamiques de croissance pourrait indiquer une conjoncture
des marchés financiers plus difficile, alors que les investisseurs
s’inquiètent au sujet de la possibilité de taux d’intérêt plus
élevés et de conditions de liquidité plus serrées avec la
progression de la reprise mondiale.
Au lieu d’examiner les perspectives de tous les principaux pays,
nous soulignerons deux sujets qui, selon nous, seront clés à la
perspective des marchés financiers en 2010 : Le premier est si
l’économie américaine connaîtra une reprise sans emploi,
comme dans les deux cycles économiques précédents. L’autre
est si la Chine enregistrera une hausse importante de
l’inflation en réponse à la montée récente de la croissance de
la liquidité.
Sujet #1 : Une autre reprise sans emploi aux É.-U.?
Il y a plusieurs décennies, les tendances de l’emploi aux
É.-U. étaient marquées par d’importants licenciements au
cours des récessions suivis d’importants rappels au travail des
employés pendant les reprises. Cette tendance de
licenciement-rappel était plus prononcée dans les industries
de fabrication où les syndicats ont développé des protocoles
élaborés avec la direction à propos de qui serait licencié et qui
serait rappelé selon la fonction professionnelle, la durée de
service, etc.
La situation a totalement changé au cours des 20 dernières
années alors que des millions de postes dans la fabrication ont
disparu et que l’adhésion aux syndicats a chuté à environ
10 % de la main-d’œuvre américaine totale. Alors que des
vagues importantes de changement structural ont modifié
l’économie suite à la crise « de l’épargne et des prêts » à la fin
des années 1980 et le « débâcle technologique » au début des
années 2000, la tendance licenciement-rappel a semblé
disparaître pour toujours. Au début des années 1990, le taux
de chômage a continué à monter pendant 15 mois après la fin
de la récession, tel qu’indiqué par le sommet atteint dans les
demandes initiales de chômage. Pour la récession de 2001,
cela a pris 20 mois pour au taux de chômage pour commencer
à baisser suite au sommet atteint dans les demandes initiales
de chômage.
Si on se fie aux deux derniers cycles pour nous guider, le taux
de chômage ne commencera à baisser qu’au cours de la
deuxième moitié de 2010, car les demandes initiales de
chômage ont atteint un sommet en mars 2009. Ce niveau
constamment élevé de chômage fera probablement en sorte
que la Réserve fédérale ne changera pas sa position pour une
bonne partie de l’année. De même, cela signalerait une
période prolongée de faiblesse du dollar et de hausse de prix
des produits de base. Une des inquiétudes principales dans ce
cas serait l’apparence de bulles financières dans les nations de
marché émergent qui continuent de se lier à la politique
monétaire des É.-U., même si le faible niveau actuel des taux
d’intérêt pourrait ne pas convenir à leurs propres circonstances
(pensez à la Chine).
Voici ce que l’histoire de la reprise sans emploi ne révèle
pas : (1) la liquidation massive des stocks aux États-Unis qui
était un élément important de « la Grande Récession » et (2)
comment les dynamiques des stocks réagissent aux conditions
financières globales, qui se sont largement améliorées.
Comme nous le montrons dans le graphique 1, la réduction
des stocks aux É.-U. au cours de ce cycle n’a pas de précédent
dans les temps modernes, le changement réel dans les stocks
comme pourcentage du PIB ayant atteint une moyenne de
1 % au cours des trois trimestres terminés en septembre 2009.
Les stocks étant à un niveau si faible et la demande finale
ayant haussée, le terrain est préparé pour une reprise des stocks
sur plusieurs trimestres. Une telle reprise pourrait encourager
une croissance annualisée du PIB de peut-être deux points de
pourcentage dans chacun des quatre trimestres subséquents.
Historiquement, le rétablissement des stocks provoque une
hausse dans l’embauche, le revenu salarial et la constitution
des fondements d’un « cercle vertueux » et d’une reprise
économique durable.
Jusqu’à ce point, la reprise naissante au niveau de la
production industrielle donne suite à une réduction de la
main d’œuvre et une augmentation importante de la
productivité et des bénéfices de sociétés. Mais les gains de
Le monde selon
Sterling
PAGE 19 • HIVER 2010 PREMIÈRE ÉDITION PERSPECTIVE AU 31 DÉCEMBRE 2009