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Synthèse
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est le principal impôt en termes de rendement en
France, mais sa part dans les prélèvements obligatoires et le PIB est relativement
faible en comparaison internationale. Si au début des années 2000 la part de la TVA dans
le PIB français était supérieure à la moyenne européenne, ce n’est plus le cas actuellement : la
France n’a pas suivi les tendances récentes de ses voisins européens en matière de taxes
indirectes. Par exemple, l’Allemagne a augmenté de 3 points son taux normal dès 2007
(passage de 16% à 19%) et de nombreux pays européens ont augmenté leurs taux de TVA
durant la crise. En France, les hausses de taux de 2012 et 2014 sont restées d’ampleur plus
limitée. Ainsi, pour financer le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), les
taux de TVA ont été relevés le 1er janvier 2014 : le taux intermédiaire est passé de 7% à 10%
et le taux normal de 19,6% à 20%.
La TVA poursuivait trois objectifs fondateurs : rendement, neutralité et simplicité. L’objet de
ce rapport est d’étudier la notion de neutralité de la TVA à travers une analyse de son
incidence économique, c’est-à-dire qui en supporte réellement la charge. Pour cela, on décrira
comment la TVA modifie l’équilibre économique.
Il convient donc tout d’abord de déterminer l’assiette de cet impôt. L’intitulé de la TVA est
trompeur dans la mesure où son assiette se rapproche davantage de la consommation
que de la valeur ajoutée. En effet, elle est collectée tout au long de la chaîne de valeur : le
mécanisme des déductions et remboursements qui vise à faire porter sa charge sur le
consommateur final, lui confère le caractère de « neutralité »
, et évite le phénomène de
taxation en cascade inhérent aux taxes sur les ventes classiques. Cependant, l’intégralité de la
valeur ajoutée n’est pas soumise à la TVA puisque celle-ci ne taxe pas la majorité de
l’investissement des entreprises, et, en raison du principe de destination qui la régit, impose
les importations sans affecter les exportations. Elle se distingue à ce titre de la Cotisation sur
la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) qui taxe la valeur ajoutée brute (donc y compris
dépréciation du capital et exportations).
En raison de son champ d’application, de certaines exonérations ou de limitations du
droit à déduction, la TVA ne porte comptablement pas exclusivement sur la
consommation finale des ménages. Ni les données budgétaires et fiscales, ni la comptabilité
nationale (dans laquelle les impôts indirects ne sont comptablement à la charge d’aucun
agent de l’économie), ne permettent de connaître directement sur quels agents porte
comptablement la TVA, alors que cette répartition est déterminante dans les évaluations
microéconomiques et macroéconomiques de cet impôt. Cette ventilation ne peut se faire que
grâce à des calculs statistiques.
La première partie de ce rapport présente ainsi une décomposition fine des recettes de
TVA par agent économique (ménages, entreprises, administrations publiques et
associations) et par type de transaction (consommation finale, investissement,
consommations intermédiaires). Les résultats confortent l’idée première selon laquelle la
TVA porterait surtout sur la consommation et serait donc majoritairement payée par
les ménages (70%), le reste des recettes provenant pour moitié des administrations
publiques et pour moitié des entreprises (une part résiduelle étant versée par le secteur
associatif).
Le terme de « neutralité » s’entend ici au sens de « neutralité vis-à-vis de l’efficacité productive », concept qui sera
détaillé dans le rapport.