CHAPITRE 3 : Les Premier et Second Principes
Plan
Le Premier Principe
1. Notion de conservation de lénergie
2. Premier Principe de la Thermodynamique
2.1. Modification de létat dun système
2.2. Principe déquivalence
2.3. Energie interne
2.4. Premier Principe de la Thermodynamique pour un système fermé
3. Mécanique et Thermodynamique. Principe de conservation de lénergie
Le Second Principe
1. Le Second Principe pour un système fermé
1.1. Enoncé
1.2. Entropie dun système isolé fermé
1.3. Remarques
1.4. Conséquences mathématiques des premier et second principes
2. Les énoncés historiques de Clausius et Thomson
2.1. Enoncé de Clausius
2.2. Enoncé de Thomson
3. Les causes dirréversibilité
Annexe : quelques rappels simples de Mécanique
Le Premier Principe
Tout domaine des Sciences Physiques introduit le concept dénergie. Bien que ce concept soit récent (environ deux siècles), il a
largement dépassé le champ de compétences des Sciences Physiques et il nest pas exagéré de dire quil conditionne "
lordonnancement de nos vies sur la planète Terre " : le moindre " dérèglement " dans lapprovisionnement énergétique est source de
conflits et dinterventions rapides.
1. Notion de conservation de lénergie [Sommaire]
Le lecteur pourra utiliser avec avantage, si nécessaire, lannexe " Quelques rappels simples de Mécanique " située à la fin du
chapitre.
Le mot énergie vient du grec ???????? qui signifie " force en action " cest à dire capacité à produire un mouvement.
Ainsi un corps qui possède de lénergie cinétique (jadis appelée " force vive ") peut continuer, de lui-mê
me, son mouvement au moins
sur une certaine distance même dans un milieu résistant (sopposant au mouvement).
Lénergie potentielle (jadis appelée " force morte ") a la capacité à produire un mouvement puisque, spontanément, par exemple, un
corps pesant non contraint chute, une particule chargée q non contrainte à potentiel électrique V ( ) se met en mouvement
vers des régions de moindre énergie électrique.
En Mécanique, on apprend :
- que forces et énergie cinétique apparaissent ensemble dans le théorème de lénergie cinétique,
- que lénergie potentielle est liée à la notion de forces conservatives cest à dire de forces qui conservent lénergie mécanique.
Très vite, le concept dénergie mécanique se révèle insuffisant.
Un opérateur exerce une action (force) sur un système qui acquiert de lénergie mé
canique. Dans un certain nombre de cas il se trouve
que le travail de lopérateur est égal à lénergie mécanique acquise par le système.
Ceci est satisfaisant pour lesprit humain attaché à la notion de conservation : lénergie acquise par le système a été perdue par
lopérateur qui a pu la transmettre (léchanger) par travail.
Comment interpréter si le travail de lopérateur nest pas égal à lénergie mécanique acquise par le système ? Ceci se produit lorsquil
y a " des frottements, des résistances " et lénergie mécanique acquise est toujours inférieure au travail de lopérateur.
L énergie de lUnivers diminue telle ? Y a til possibilité dune création spontanée dénergie qui compenserait partiellement,
totalement la perte dénergie, voire la dépasserait ce qui ferait que lénergie de lUnivers augmenterait.
La r
é
ponse
à
ces questions constitue le
Principe de conservation de l
é
.
2. Premier Principe de la Thermodynamique
2.1. Modification de létat dun système [Sommaire]
par
échange dénergie sous forme de travail de forces dopérateur extérieur
Létat du système gaz a changé.
Lopérateur a effectué un travail qui, suivant ce que nous a appris la Mécanique, est un échange dénergie entre le système gaz et
lopérateur extérieur. Cet échange dénergie se traduit par une modification des variables détat.
par transferts thermiques (ou transfert de chaleur ou transfert d
énergie calorifique)
Lorsque nous mettons en " contact " des corps de températures différentes, nous produisons une modification de létat de ces corps
(changement des températures et/ou de phases).
Leau contenue dans une casserole en contact avec la flamme dun gaz en combustion voit sa température sélever puis elle se met à
bouillir cest à dire elle se transforme en vapeur (gaz).
Nous ne pouvons attribuer ces modifications de l
état du système à des échanges dénergie sous forme de travail.
Dans ce cas, nous parlons de transferts thermiques (ou de transfert de chaleur).
Cependant, il ne faudrait pas croire que ces deux façons dagir sur un système peuvent être totalement équivalentes : par transferts
thermiques, nous ne pouvons jamais affecter directement le mouvement dun système.
2.2. Principe déquivalence
Nous sommes tout
à fait capables délever la température de leau contenue dans une casserole en mettant en mouvement des palettes
solides (agitateur). Nous produisons des effets tout à fait comparables à ceux produits par transferts thermiques mais cette fois par
échange dénergie sous forme de travail.
Est-ce que les transferts thermiques (la chaleur) sont une autre façon déchanger de lénergie entre différents systèmes ?
La question a été longtemps débattue au 19ème siècle. La réponse fait partie du Principe déquivalence à savoir que travail de forces
et chaleur sont les deux seules façons possibles déchanger de lénergie entre systèmes fermés.
Les travaux de J. Joule au siècle dernier ont été déterminants.
Dans un calorimètre (récipient contenant de leau dont les parois peuvent être parfaitement isolées dun point de vue thermique),
Joule, dans un premier temps, élevait la température par échange dénergie sous forme de travail (W était fourni au calorimètre et
compté positivement), dans un deuxième temps, il ramenait le calorimètre à son état initial en le refroidissant par échange de chaleur
avec lextérieur (la chaleur Q était perdue par le calorimètre et compté négativement).
Les mesures de Joule, sur ce cas expérimental, montrèrent que
Ce résultat suppose que travail et chaleur soient comptés dans une même unité.
En fait, avant Joule, les quantités de chaleur étaient comptées en calories, la calorie étant la quantité de chaleur nécessaire pour élever
1g deau de 14,5 à 15,5 °C sous la pression atmosphérique normale.
Les expériences de Joule établissent un rapport entre lunité travail (appelé actuellement Joule) et lunité chaleur compris entre 4,1855
et 4,1860.
1 cal = 4,18 joules
Le résultat généralisé à tout système constitue le principe déquivalence que nous énoncerons ainsi :
" Dans une expérience dans laquelle rien na varié dautre que des quantités de travail et de chaleur échangées avec lextérieur, il y a
Un gaz est enfermé dans un récipient (cylindre) dont
lune (piston) des parois solides est mobile. Un
opérateur extérieur en exerçant une force sur le piston
provoque le déplacement de ce dernier et, par exemple,
une diminution du volume occupé par le gaz. Il se
produira une augmentation de la pression du gaz et,
généralement, une variation de la température du gaz.
équivalence entre le travail et la chaleur "
ou
" Lorsquun système thermodynamique fermé quelconque subit un cycle de transformations qui le ramène à son état initial, la somme
du travail W et de la chaleur Q échangés est nulle "
2.3. Energie interne [Sommaire]
Définition de lénergie interne
La quantité W + Q est indépendante de la transformation amenant de létat I à létat F. Elle ne dépend donc que des é
tats I et F dont on
rend compte par les variables détat.
Par définition, la somme W + Q est la variation de lénergie interne U du système soit :
Définie par une variation, lénergie interne U nest connue quà une constante additive près. Elle ne dépend que de létat du système.
Pour un système en état déquilibre où les variables détat (cest à dire les paramètres mesurables qui rendent compte de létat du
système) sont constantes et uniformes, lénergie interne est une fonction de celles-ci : par définition, on appelle fonction détat une
fonction des variables détat.
Aussi lénergie interne U est une fonction détat U = U(variables détat)
Visualisation de lénergie interne
Compte tenu de ce que nous savons sur la structure de la matière, de lénergie cinétique qui ne fait appel quà laspect macroscopique
du système et de lénergie potentielle qui est le résultat dinteractions avec dautres systèmes macroscopiques, lénergie interne est
une notion simple qui comprend :
- lénergie cinétique " microscopique " des particules constituant le système dans un référentiel où les particules sont globalement au
repos,
- lénergie des interactions entre particules,
- lénergie de liaison des molécules (énergie chimique),
- lénergie de liaison des constituants de latome (énergie atomique ou nucléaire).
Une propriété importante de lénergie interne découle de ce propos : lénergie interne a un caractère additif.
2.4. Premier Principe de la Thermodynamique pour un système fermé
?U énergie interne est une fonction détat ; sa variation est indépendante de la transformation et ne dépend que des états initial
et final.
?Lénergie interne a un caractère additif.
?Le terme W représente le travail de forces produites par un opérateur extérieur qui affectent létat thermodynamique
(variables détat) du système et Q représente la chaleur. Ce sont les deux façons, pour un système fermé isolé
mécaniquement, déchanger de lénergie avec dautres systèmes appelés milieu extérieur.
Soit un système fermé évoluant dun état I à un état F en
échangeant avec lextérieur du travail W et de la chaleur Q,
sans que son énergie mécanique change. Imaginons
plusieurs transformations notées 1, 2, ... pour aller de létat
I à létat F et une transformation r ramenant de létat F à
létat I. Nous appliquons le principe déquivalence pour les
différents cycles, à savoir :
?Puisquil sagit déchanges, il serait fondamentalement faux dattribuer travail et/ou chaleur à un système particulier.
?W et Q dépendent de la transformation qui amène dun état initial à un état final.
?En cohérence avec la Mécanique, ils sont comptés positivement pour un système sils sont reçus par celui-ci, négativement
sils sont perdus (ou fournis) par le système.
?Evidemment, la relation nest plus valide si le système subit des variations dénergie mécanique " macroscopique ".
Pour une transformation quasi-statique, entre deux états déquilibre infiniment proches, le premier principe sécrit :
où dU est la variation élémentaire dune fonction (mathématiquement, cest une différentielle totale exacte),
sont des quantités élémentaires qui ont laspect de formes différentielles (ce ne sont pas des différentielles totales
exactes, les fonctions W et Q nexistent pas).
On notera la différence de notation entre une différentielle dune fonction (par exemple ) et une forme différentielle qui nest pas
différentielle dune fonction (par exemple ).
Remarque : Très souvent pour les systèmes que nous étudierons (nous ne disons pas pour le milieu extérieur) les variations dénergie
interne se limiteront à des changements dénergie mécanique microscopique (pas de réactions chimiques ou nucléaires).
3. Mécanique et Thermodynamique. Principe de conservation de lénergie
Nous avions conclu le paragraphe 1 de ce chapitre sur un certain nombre de questions pour lesquelles nous sommes, en mesure, de
répondre.
En Mécanique et en Thermodynamique, nous avons exprimé que, lorsquun système reçoit ou perd de lénergie (mécanique ou
interne), un autre système a fourni ou a reçu cette énergie.
En Mécanique, dans le cas des forces de frottement, on note quil y a perte systématique dénergie mécanique cest à dire que le
travail des forces de frottement est négatif.
Quest devenue cette énergie mécanique perdue ?
Remarquons,
- dune part, que lénergie totale dun système est égale à
- dautre part, que des forces de frottement naissent parce quun milieu soppose au déplacement dun corps ; les forces de frottement
ne créent pas le mouvement, elles naissent de laction dune force extérieure qui provoque un déplacement.
Choisissons comme système lensemble corps en " mouvement libre " et milieu résistant (la notion de mouvement est toujours
relative).
Suivant ce nous appellerons le " Principe de conservation de lénergie ", la perte dénergie mécanique produit une augmentation égale
de lénergie interne du système sil est isolé : lénergie totale du système est conservée. Le fait que les températures dans le système
augmentent confirme nos propos mais sil nest pas isolé, il se produira des échanges dénergie (souvent sous forme de chaleur) avec
le milieux extérieur qui seront égales à une partie (le complément se fera en augmentation dénergie interne du système) ou à toute la
perte dénergie mécanique (dans ce cas, les températures restent constantes).
Remarques :
?en Thermodynamique, les forces de frottement doivent être comprises comme des forces internes
?nous ne pouvons définir le partage du gain dénergie interne entre corps en mouvement et milieu résistant (pour cela, il nous
faut des connaissances supplémentaires sur le frottement)
?le travail des forces de frottement (perte dénergie mécanique) ne devient pas obligatoirement de la chaleur (nous
voyons ceci trop souvent écrit, sous-entendu comme allant de soi ou nous lentendons trop souvent " même de la part
déminents collègues pour ne pas attirer fortement lattention du lecteur)
Principe de conservation de l
é
nergie.
Pour un syst ème dont lénergie m écanique et lénergie interne peuvent varier, nous postulons la conservation de lénergie, à savoir
Ainsi toute augmentation (ou diminution) dénergie dun système s accompagne dune diminution égale (ou augmentation égale) de l énergie dautres systèmes.
La création spontanée dénergie nexiste pas.
Dans notre monde moderne, nous consommons énormément dénergie interne dans les réactions chimiques (combustion) ou
nucléaires. Nous transformons cette énergie dans les moteurs thermiques en énergie mécanique. Nous utilisons cette é
nergie sous cette
forme ou, après transformation, sous forme dénergie électrique. Une fois utilisée, nous avons une augmentation de lénergie
mécanique microscopique de notre environnement ... inutilisable.
Premier principe de la Thermodynamique pour un système ouvert.
La matière contient de lénergie, il y a donc une autre possibilité déchanger de lénergie : échanger de la matière. Notre écriture du
principe de conservation de lénergie nest donc pas étendue au cas de léchange de matière.
Dans le cadre de ce cours, nous aborderons le transfert dénergie accompagnant léchange de matière dans le chapitre 6 " Notions
simples sur les systèmes ouverts ".
En conséquence, la quantité de matière est enfermée et donc constante : elle ne peut être considérée comme une variable de létat du
système.
Nous aurons besoin dans la suite de ce cours de la fonction d
état enthalpie . Cette fonction nous paraîtra utile,
facilitant les calculs. Son sens physique sera donné lors du chapitre 6.
Le Second Principe
Le Second Principe (appelé en France Principe de S. Carnot) est né, au début de lère industrielle entre 1810 et 1860 des réflexions
menées sur le fonctionnement des machines thermiques. En fait, outre S. Carnot, il convient de citer les travaux de R. Clausius, G.A.
Hirn et W. Thomson anobli en Lord Kelvin.
Lexpérience montre que certaines transformations qui satisferaient le Premier Principe ne se produisent pas, par exemple,
- lénergie thermique se transfère spontanément du corps chaud vers le corps froid,
- lors du freinage dune voiture la température des freins sélèvent ; de lénergie cinétique a été transférée sous forme thermique au
système de freinage; par contre, il nest pas possible de mettre en marche une voiture en prenant de lénergie thermique aux freins,
- un système subissant des évolutions cycliques ne peut transformer de la chaleur en travail (moteur thermique) sil ne peut être en
contact avec au moins deux milieux extérieurs à températures différentes,
- etc,
et quil est donc nécessaire dintroduire un Second Principe.
Les raisonnements qui ont permis une formulation générale à partir de ces premières observations sont délicats et, depuis le milieu du
19ème siècle, il a été lobjet de nombreuses recherches, en particulier son interprétation statistique a largement contribué au
développement didées apparues au début du 20ème siècle.
Ainsi actuellement, le Second Principe dépasse largement un cadre dapplications liées aux machines et nous adopterons une
présentation axiomatique inspirée par les travaux dI. Prigogine dans les années 1950.
Cette démarche pédagogique fait apparaître les énoncés de Clausius ou Thomson, le fonctionnement des machines thermiques comme
des conséquences justificatrices de la validité du Second Principe.
1. Le Second Principe pour un système fermé
1.1. Enoncé [Sommaire]
A tout système est associée une fonction détat appelée entropie et notée S.
Lentropie est une grandeur additive.
Au cours dune transformation dun système fermé la variation dentropie dun état initial à un état final est égale à :
? est lentropie échangée avec le milieu extérieur. Elle est comptée positivement si elle est reçue par le système,
négativement dans le cas contraire.
? est lentropie créée au sein du système.
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