QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE L’HEMOFILTRATION J. Mateo, D. Payen, Département d’Anesthésie Réanimation-SMUR, Hôpital Lariboisière, 75010 Paris. INTRODUCTION • Quoi de neuf sur le traitement du choc septique ? En dehors du contrôle du foyer infectieux et du traitement antibiotique adapté, son traitement repose encore essentiellement sur les mesures de suppléance des fonctions vitales. Bien que le sujet fasse l’objet d’une investigation expérimentale et clinique intensive, aucune thérapeutique, simple et universelle n’a, à ce jour, démontré en pratique clinique son efficacité en terme de mortalité. L’hémofiltration continue, utilisée comme technique de suppléance de la fonction rénale au cours des états de choc, a connu un énorme développement dans le milieu de la réanimation. Son utilisation semble donner des résultats cliniques et expérimentaux encourageants avec, en plus de sa fonction de suppléance de la fonction rénale, des effets bénéfiques attribués à la modulation de la réponse de l’hôte en terme de médiateurs au cours des états infectieux sévères. • Quoi de neuf dans l’état de choc septique ? Le SIRS est un syndrome complexe dans lequel de nombreux mécanismes immunoinflammatoires sont impliqués [1, 2, 3]. Les connaissances sur la réponse inflammatoire déclenchée chez l’hôte par les agents infectieux ont permis de mieux décrire cette réponse adaptative et équilibrée de défense. Le choc septique et la défaillance multiviscérale qui en découle se produisent lorsqu’il apparaît une dysrégulation du système avec hyperproduction de médiateurs pro-inflammatoires [2]. A l’inverse, la production en excès de médiateurs anti-inflammatoires aboutit à une immunodépression qui, elle, favorise, la survenue des infections nosocomiales [4]. • Quoi de neuf dans le traitement de l’etat de choc septique ? Les mécanismes endogènes de régulation de cette réaction inflammatoire sont moins bien connus et leur contrôle permettrait probablement une thérapeutique efficace [5]. Les déterminants génétiques [6], les régulations et interactions entre médiateurs et cellules immuno-compétentes actuellement reconnus [7] font du sepsis un phénomène complexe et multifactoriel, pour lequel toutes les thérapeutiques agissant sur seulement l’un des déterminants n’ont pas, à ce jour, montré d’efficacité réelle permettant leur utilisation régulière à l’intérieur de protocoles thérapeutiques validés [8, 9, 10]. 647 648 MAPAR 2000 A l’échelon clinique, il existe aussi une grande diversité d’expression du sepsis en fonction du site de l’infection, du type de germe, du stade d’évolution et surtout du terrain et de la comorbidité du malade. De nombreux essais cliniques visant à traiter le sepsis par la neutralisation de l’endotoxine [11], l’inhibition des cytokines proinflammatoires circulantes (par utilisation d’anticorps neutralisants du TNFa, de récepteurs solubles au TNFa, d’antagoniste du récepteur à l’IL-1) se sont soldés par un échec, suggérant des mécanismes plus complexes déterminant l’expression du SIRS [12]. Plusieurs éléments peuvent permettre d’expliquer ces échecs : • La grande hétérogénéité des patients inclus dans les essais. • Le rôle nécessaire de la réponse inflammatoire à la lutte anti-infectieuse. Si l’on rajoute à tous ces déterminants physiopathologiques l’inhomogénéité de prise en charge globale de ce type de patients dans les services de réanimation, on conçoit forcément l’échec de toutes les études multicentriques menées sur le traitement de l’état de choc septique [8, 9]. • Quoi de neuf pour l’hemofiltration et le choc septique ? L’hémofiltration continue utilisée en réanimation depuis de nombreuses années s’est avérée une technique de suppléance de la fonction rénale fiable et simple d’utilisation, permettant une épuration azotée, la correction de troubles électrolytiques et acido-basiques ainsi qu’un contrôle volémique avec un maintien relativement stable de l’homéostasie du milieu intérieur [13, 14]. D’une technique de suppléance de la fonction rénale, son utilisation s’est développée comme moyen thérapeutique capable de moduler la réponse de l’hôte en terme de médiateurs au cours des situations aiguës, comme l’insuffisance cardiaque grave et le sepsis sévère. Le(s) mécanisme(s) par le(s)quel(s) cette technique change le cours biologique et/ou clinique de l’évolution du choc septique reste(nt) à éclaircir, les arguments montrant l’efficacité expérimentale et clinique se multiplient [13, 15, 16]. De façon générale au cours du choc septique l’hémofiltration peut être efficace par plusieurs mécanismes théoriques comme : • L’élimination de cytokines et médiateurs de l’inflammation. • La modulation des cellules de l’inflammation. • L’amélioration des conditions circulatoires systémiques et régionales. • Le contrôle de la taille et de la composition des différents compartiments corporels. • Le maintien ou l’amélioration de l’état métabolique. 1. ELIMINATION DES CYTOKINES ET MEDIATEURS DE L’INFLAMMATION C’est dans le cadre de «l’épuration des cytokines» que l’on trouve de nombreux travaux cliniques (tableau I) et expérimentaux. Les points essentiels concernant l’élimination des médiateurs de l’inflammation et les cytokines sont les suivants : • Les mécanismes : les principes physiques sont la convection et l’adsorption [17]. Le passage à travers les pores des membranes dépend évidemment de la taille des pores et des molécules mais aussi de la liaison aux protéines ou à un récepteur soluble [18]. Ces caractéristiques physiques sont variables d’une membrane à l’autre et expliquent en partie certaines discordances de résultats. D’autre part, l’adsorption est un phénomène saturable nécessitant des changements fréquents de filtre [19]. • Les dosages : la détection de la molécule sans relation avec son activité biologique ne permet pas d’impliquer le médiateur dans le processus pathologique. Les cytokines plasmatiques ne représentent qu’une infime partie de la quantité réelle, car la distribution des cytokines est surtout tissulaire [20]. Peu d’études retrouvent une diminution significative des taux plasmatiques de cytokines en dehors des protocoles d’ultrafiltration à haut débit [21]. QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE • Les profils : il est clairement démontré que les cinétiques et le type de cytokines plasmatiques détectées sont variables au cours du temps dans l’évolution du sepsis [22, 23]. L’élimination n’est pas sélective sur le caractère pro- ou antiinflammatoire du médiateur et les effets bénéfiques décrits découlent plutôt d’une modulation de la réaction inflammatoire et de l’élimination de facteurs «toxiques» ou tout au moins néfastes à la phase aiguë. Le nouveau concept : • Une élimination non spécifique des médiateurs de l’inflammation. • De hauts débits d’ultrafiltration [21, 24]. • La mise en route à la phase aiguë. • L’utilisation de membrane de très haute perméabilité [25, 26]. • Le couplage de l’adsorption et de la plasmafiltration [13, 26, 27]. 2. MODULATION DES CELLULES DE L’INFLAMMATION Associée à une élimination non spécifique des médiateurs humoraux de l’inflammation, l’hémofiltration pourrait jouer un rôle sur la médiation cellulaire avec la régulation de l’expression des médiateurs, l’activation des macrophages, des polynucléaires et de la prolifération lymphocytaire [28]. Dans une étude expérimentale, Hoffmann retrouve sur une culture de macrophage mise en présence d’ultrafiltrat de patient septique, une production de TNFa supérieure à celle observée avec l’ultrafiltrat de patient non septique. De même, l’ultrafiltrat provenant de patient septique supprime la production d’IL-2 et d’IL-6 par les lymphocytes et bloque la prolifération lymphocytaire [28]. Dans un modèle de péritonite chez le porc, DiScipio et al., ont retrouvé une modulation de l’état d’activation des polynucléaires au cours de l’hémofiltration. Après 24 heures d’hémofiltration artérioveineuse, ces auteurs observent une diminution de la capacité de phagocytose des polynucléaires circulants isolés à partir du sang total des animaux septiques. Les auteurs ne présentent pas les résultats du groupe d’animaux non septiques, non hémofiltrés, mais après hémofiltration, on ne retrouve pas l’hyperactivation des polynucléaires observée à la phase aiguë du sepsis dans le groupe non hémofiltré. Dans ce modèle, l’hémofiltration semble réduire l’hyperactivation des polynucléaires et ceci dès la phase initiale de la réaction inflammatoire. Par contre, aucune différence en terme d’hémodynamique et d’oxygénation tissulaire n’est mise en évidence entre les deux groupes d’animaux [29]. Par ailleurs, le contact sanguin avec le matériel étranger constituant le circuit extracorporel et le polymère de la membrane entraînent une réaction inflammatoire. De nombreux travaux ont permis le développement de matériaux biocompatibles limitant l’activation des macrophages et des polynucléaires au contact des membranes [30, 31]. Chez l’homme, plusieurs travaux rapportent aussi l’efficacité des techniques d’épuration extracorporelle et notamment la plasmaphérèse au cours des méningococcémies graves avec défaillance multiviscérale. L’hémofiltration comportant le traitement d’important volume d’ultrafiltration parfois associé à la plasmaphérèse semble influencer l’évolution des patients présentant un sepsis et une défaillance multiviscérale [32, 33, 34]. Récemment, Reeves et al. ont rapporté les résultats d’une étude clinique multicentrique, prospective et randomisée sur l’effet d’une plasmaphérèse d’une durée de 34 heures chez des patients présentant un «sepsis syndrome» [25]. L’évaluation a porté sur l’influence de la plasmafiltration sur les marqueurs biologiques de l’inflammation, le taux de cytokines, le nombre de défaillances viscérales et enfin la mortalité au 14e jour. Il retrouve une atténuation de la réponse inflammatoire biologique avec diminution 649 650 MAPAR 2000 significative des taux de alpha1-antitrypsine, haptoglobine, C-réactive protéine et de la fraction C3 du complément dans le groupe plasmafiltration. En ce qui concerne le nombre de défaillances d’organes et la mortalité au 14e jour, bien qu’il existe une tendance bénéfique de la plasmafiltration, celle-ci n’est pas significative. 3. AMELIORATION DES CONDITIONS CIRCULATOIRES SYSTEMIQUES ET REGIONALES C’est dans le cadre du choc septique que la recherche d’effets bénéfiques de l’hémofiltration sur l’hémodynamique et la fonction cardiaque ont été le plus développés. Il existe une dysfonction myocardique au cours du choc septique en rapport avec la libération de médiateurs secondaires de l’inflammation [35]. Ces substances à action dépressive sur la fonction myocardique et sur la réactivité vasculaire ont des poids moléculaires qui permettent leur passage à travers les pores des membranes de haute perméabilité. En théorie, l’élimination de ces molécules par convection au cours de l’hémofiltration permet de réduire la dépression myocardique et l’hyporéactivité vasculaire périphérique. A partir de cette théorie, certains auteurs ont essayé d’établir une relation entre la quantité d’ultrafiltrat obtenue, l’élimination des médiateurs incriminés et l’amélioration hémodynamique observée au cours d’hémofiltration à haut débit d’ultrafiltrat (jusqu’à 100 litres par jour). De nouvelles techniques dans le domaine de l’épuration sont actuellement en développement, basées sur la régénération de haut volume d’ultrafiltrat après passage sur des résines réalisant l’adsorption des cytokines. 3.1. Etudes experimentales Six études expérimentales ont tenté d’évaluer les effets de l’hémofiltration sur les paramètres hémodynamiques et la survie des animaux dans des modèles de sepsis. Dans un modèle de choc endotoxinique chez le porc, Stein et al. démontrent les effets bénéfiques en terme de pression artérielle pulmonaire, résistances vasculaires périphériques et pression de remplissage dans le groupe hémofiltré comparé au groupe non-hémofiltré [36]. Chez ces animaux, le volume d’ultrafiltration était entièrement compensé. L’eau pulmonaire extravasculaire reste stable au cours de l’hémofiltration suggérant que les effets observés ne sont pas en rapport seulement avec la déplétion hydrique. Cependant, il n’y a pas de groupe contrôle non hémofiltré et les effets propres de la circulation extracorporelle ne peuvent être discriminés. Ces résultats suggèrent que l’hémofiltration améliore la fonction cardio-pulmonaire au cours du sepsis mais ne permettent pas d’expliquer par quel mécanisme. Staubach et al. utilisent un modèle de choc septique réalisé avec une perfusion continue de Salmonella abortus avec un groupe hémofiltré [37]. La consommation d’oxygène et la production de CO2 (calorimétrie indirecte), le transport en O2, la mécanique ventilatoire, le débit cardiaque et la pression artérielle semblent moins altérés dans le groupe hémofiltré comparé au groupe contrôle. De plus, les taux des métabolites de l’acide arachidonique, thromboxane B2 et 6-keto-PGF1-alpha, sont significativement plus bas au cours de l’hémofiltration. Néanmoins, il n’existe pas de différence entre les deux groupes en terme de mortalité. Gomez et al. partent de l’hypothèse selon laquelle la dépression myocardique observée au cours du choc septique est en rapport avec un facteur dépresseur myocardique circulant et potentiellement filtrable au cours de l’hémofiltration [38]. Ces auteurs perfusent en continu à des chiens anesthésiés de l’Escherichia coli et mesurent les paramètres de fonction du ventricule gauche avant et après hémofiltration. A partir des courbes de relation pression-volume du ventricule gauche, les chiens récupèrent après l’hémofiltration un état de fonction myocardique comparable à celui précédant l’injection de bactéries. Afin de confirmer l’activité de ce facteur dépresseur contenu dans le QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE sérum septique, les auteurs utilisent des muscles trabéculaires de chiens non septiques pour tester le plasma des chiens hémofiltrés et non hémofiltrés. Ils mesurent l’intensité de la contraction isométrique aux stimulations électriques et trouvent une dépression marquée, maximale 4 h après le début du sepsis, réduite après 2 h d’hémofiltration. Il apparaît clairement, que dans ce modèle expérimental, il existe une substance circulante diminuant la contractilité ventriculaire gauche et que cette dysfonction cardiaque est reversée par l’hémofiltration. Cependant, la nature spécifique de cette substance éliminée par l’hémofiltration, par filtration ou adsorption, reste indéterminée et cette partie de l’investigation ne comprend pas de groupe contrôle non hémofiltré . Grootendorst et al. étudient l’effet d’une hémofiltration de 4 h avec un ultrafiltrat de 6 L.h-1 entièrement compensée sur l’évolution hémodynamique d’un modèle de choc endotoxinique chez le porc comparé à un groupe non hémofiltré [21, 38, 39]. La pression artérielle moyenne, le débit cardiaque et la fraction d’éjection du ventricule droit sont améliorés sans que les effets observés par Stein sur la circulation pulmonaire soient retrouvés. Lee et al. évaluent l’impact d’une hémofiltration artério-veineuse de 6 h dans un modèle de septicémie à Staphylocoque aureus sur la survie des animaux. Le résultat en terme de survie est peu démonstratif avec une faible différence observée en fonction de la fraction filtrée (70 ≠ 3,8 vs 53 ≠ 10,2 h) de 33,4 % et 5,5 % respectivement [40]. L’ultrafiltrat des animaux hémofiltrés septiques ou non septiques était recueilli dans des conditions d’asepsie rigoureuses puis réinjecté à des animaux sains. L’ultrafiltrat provenant d’animaux septiques entraînait, chez les animaux sains, une réduction significative de la survie comparée à l’absence d’effet de l’hémofiltrat provenant d’animaux non septiques. Rogiers et al., dans un travail récent sur un modèle endotoxinique de chiens anesthésiés et ventilés, retrouvent une augmentation du débit cardiaque chez les animaux hémofiltrés et dont l’ultrafiltrat est compensé volume à volume (zéro-balance) [41]. Plus le débit d’ultrafiltration est élevé (3 L.h-1 et 6 L.h-1), plus on constate une amélioration de l’hémodynamique systémique et hépatique. Le taux plasmatique de TNFa n’est pas modifié de manière significative par l’hémofiltration et de très faibles quantités de TNFa sont retrouvées dans l’ultrafiltrat. Comme dans les études précédentes, l’ultrafiltrat des animaux septiques hémofiltrés provoque, lorsqu’il est injecté aux animaux sains, une chute de pression artérielle et de débit cardiaque. Les auteurs concluent que l’effet bénéfique de l’hémofiltration à haut débit n’est pas, dans ce modèle, en rapport avec une baisse du TNFa mais probablement dûe à l’élimination de «facteur dépresseur myocardique» qui n’a pas fait l’objet d’un dosage dans cette étude. A partir de ces études, il apparaît clairement que l’ultrafiltrat des animaux septiques entraîne, que ce soit in vitro ou ex vivo, une dépression marquée des préparations de muscles cardiaques isolés et des effets comparables à ceux qui sont induits par l’endotoxine lorsqu’elle est injectée à des animaux sains. 4 CONTROLE DE L A TAILLE ET DE L A COMPOSITION DES DIFFERENTS COMPARTIMENTS CORPORELS Une solution potentielle consiste, à défaut de maîtriser la production de cytokines, d’augmenter leur élimination, tout en optimisant parallèlement l’hémodynamique, l’état d’hydratation et l’équilibre acido-basique. Ce concept de restauration de l’homéostasie apparaît de plus en plus comme l’un des avantages potentiels des techniques d’hémofiltration continue [16, 42, 43] au cours du sepsis. En effet, il existe au cours du choc septique une fuite capillaire avec une redistribution de l’eau entre les secteurs extra et 651 652 MAPAR 2000 intravasculaires. La déplétion hydrique lente et progressive réalisée par l’hémofiltration est en général bien tolérée au plan hémodynamique permettant d’obtenir un niveau volémique satisfaisant dans des délais relativement courts [44, 45]. Plus efficace et contrôlable que les diurétiques pour l’élimination de l’eau, l’hémofiltration permet un meilleur contrôle de la balance hydrique et une limitation de l’œdème intra et extracellulaire. Dès lors, et bien que ce ne soit pas démontré, la réduction de l’œdème dans les organes est sûrement à l’origine des effets bénéfiques en terme d’oxygénation et d’amélioration des fonctions de ces organes [21, 46, 47]. 5. MAINTIEN OU AMELIORATION DE L’ETAT METABOLIQUE L’induction d’une hypothermie modulable, la possibilité d’assurer un apport nutritionnel adapté, la rééquilibration en substrats métaboliques permet une meilleure gestion des apports nutritionnels, des apports de liquides incompressibles et le maintien d’une stabilité hémodynamique concourant à réaliser des conditions favorisant la récupération des défaillances d’organes [48, 49, 50]. Enfin, mais non moins importantes dans le contrôle de l’homéostasie, la correction de l’acidose et des troubles électrolytiques ainsi que l’élimination des métabolites «toxiques» permettent de mettre les cellules dans les meilleures conditions de récupération. CONCLUSION L’hémofiltration s’avère une technique fiable et efficace de suppléance de la fonction rénale et du contrôle de la balance hydrique au cours des états d’hyperinflation hydrosodée induits par le choc septique. Ces effets sont attribués d’une part à la suppléance rénale en terme d’élimination des excès de liquide avec réduction de l’œdème intra- et extra-cellulaire et à l’élimination de médiateurs pro- mais aussi anti-inflammatoires. Un grand nombre d’études expérimentales et cliniques a été réalisé, mais aucune ne confirme actuellement l’efficacité de l’hémofiltration en tant que thérapeutique dans le choc septique. Cet échec relatif est en partie dû au caractère multifactoriel de la physiopathologie du choc septique et à l’hétérogénéité des patients inclus. De nombreuses études cliniques multicentriques sont en cours sur l’intérêt de l’hémofiltration et le sepsis. Les leçons tirées des nombreux protocoles qui ont tenté de démontrer l’efficacité d’une thérapeutique dans le choc septique permettent d’élaborer des protocoles méthodologiquement plus adaptés. • Meilleure définition et documentation de la pathologie. • Classement des patients par score de gravité. • Exclusion des chocs réfractaires. • Début du traitement à la phase aiguë. • Dosage des principaux médiateurs pro- et anti-inflammatoires. • L’objectif principal n’est plus la mortalité. • Evaluation sur le nombre, l’intensité et la durée des défaillances d’organes. • Retentissement hémodynamique et besoins en catécholamines. La modulation de la réaction inflammatoire à la phase initiale du sepsis et le maintien d’un équilibre hydro-électrolytique réalisé au cours de l’hémofiltration pourraient permettre d’inclure cette technique dans des protocoles thérapeutiques validés. Il est évident que la suppléance de la fonction rénale, si efficace soit-elle ne permet pas d’expliquer un bénéfice clinique en terme de morbidité ou de mortalité. Il n’en reste pas moins que seules des études contrôlées pourront apporter des éléments de réponse, éléments majeurs du développement de l’hémofiltration, compte-tenu de son prix, de la charge de travail et des coûts induits. 32 C.E.C. 10 sepsis, insuffisance rénale aiguë 16 DMV Bellomo [60] Hoffmann [55] 24 sepsis, SDRA 36 défaillance respiratoire post-chir. cardiaque 18 sepsis, insuffisance rénale aiguë 9 Circulation ExtraCorporelle Population Journois [47] Bellomo [53] Andreasson [54] Gotloib [51] Coraim [52] Auteur (ref) AN69 PA CVVD CVVH PS PA HF 16 HF, 16 no HF AN69 PS CAVH CVVHD CU CAVH 150 150 150 300 1 1 TXB2 Mé diateur TNFα IL1β C3a C5a TCC TNFα, IL6 IL8 C3a, C5a IL6 IL8 TNFα, IL6 IL1β, IL8,C5a, C3 C3a TCC 0.85 Facteur dépresseur myocardique Techniques d'é puration Membrane Qsg QD QUF Bioassay E IA RIA RIA EIA EIA E IA RIA EIA E IA Bioassay E IA EIA E IA Bioassay RIA + + + + - + + + + + + Technique UF + + + - + CP QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE Tableau I Principales études cliniques concernant l’élimination des médiateurs de l’inflammation au cours de l’hémofiltration (d’après De Vriese) 653 14 SIRS, insuffisance rénale aiguë 20 C.E.C 33 insuffisance rénale aiguë(septique, cardiovasculaire) 9 SIRS, insuffisance rénale aiguë Boldt [59] Journois [57] Heering [58] van Bommel [56] CAVHD 10 ZHVHF + HF 10 HF CVVH CVVH 150200 200 120150 1 1 2 sELAM-1 sICAM-1 sVCAM-1 sGMP-140 TNFα,IL1β IL6, IL8 IL10, C3a TNFα, IL1β, IL6, IL8 IL2, IL10 TNF-RII, IL1ra, IL2R, IL6R TNFα sTNFR-1/II IL1ra Mé diateur EIA EIA EIA EIA E IA EIA EIA EIA EIA E IA EIA EIA E IA + + + + + + - - + + + Technique UF CP CAVH : hémofiltration artério-veineuse continue CVVH : hémofiltration veino-veineuse continue CAVHD : hémodiafiltration artério-veineuse continue CVVHD : hémodiafiltration veino-veineuse continue ZHVHF+HF : hémofiltration à haut débit et zero-balance AN69 PS AN69 PS Techniques d'é puration Membrane Qsg QD QUF Qsg : débit sang machine QD : débit dialysat QUF : débit d’ultrafiltrat UF : présence de médiateur dans l’ultrafiltrat CP : effet sur la concentration plasmatique du médiateur Population Auteur (ref) 654 MAPAR 2000 QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Rangel-Frausto, S, Pittet D, Costigan M, Hwang T, Davis CS, Wenzel RP. The natural hystory of the systemic inflammatory response syndrome (SIRS). A prospective study. JAMA 1995;273:117-123 [2] Bone, RC, Grodzin CJ, Balk RA. Sepsis: a new hypothesis for pathogenesis of the disease process. Chest 1997;112:235-43 [3] Dellinger R, Opal S, Rotrosen D, Suffredini A, Zimmerman J. From the bench to the bedside: the future of sepsis research. Chest 1997;111:744-753 [4] Döcke WD, Randow F, Syrbe U, Krausch D, Asadullah K, Reinke P, Volk HD, Kox W. Monocyte deactivation in septic patients: Restoration by IFN-g treatment. Nature Medicine 1997;3:678-681 [5] Ward PA, Lentsch AB. The acute inflammatory response and its regulation. Arch Surg 1999;134:666-669 [6] Mira JP, Cariou A, Grall F, Delclaux C, Losser MR, Heshmati F, Cheval C, Monchi M, Teboul JL, Riche F, Leleu G, Arbibe L, Mignon A, Delpech M, Dhainaut JF. Association of TNF2, a TNF-alpha promoter polymorphism, with septic shock susceptibility and mortality: a multicenter study. JAMA 1999;282(6):561-568 [7] Faist E, Baue AE, Schildberg FW. The immune consequences of trauma, shock and sepsis - Mechanisms and therapeutic approaches. Lengerich, Germany: PABST, 1996 [8] Bernard GR. Sepsis trials. Intersection of investigation, regulation, funding, and practice. Am J Respir Crit Care Med 1995;152:4-10 [9] Natanson, CD. Anti-inflammatory therapies to treat sepsis and septic shock: a reassessment. Editorial. Crit Care Med 1997;25:1095-1100 [10] Natanson C, Esposito C, Banks SM. The sirens’ songs of confirmatory sepsis trials: selection bias and sampling error. Crit. Care Med 1998;26(12):1927-1931 [11] Ziegler EJ, Fisher C Jr, Sprung CL, Straube RC, Sadoff JC, Foulke GE, Wortel CH, Fink MP, Dellinger RP, Teng NN, and al. Treatment of gram-negative bacteremia and septic shock with HA-1A human monoclonal antibody against endotoxin. A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. The HA-1A Sepsis Study Group (see comments). N Engl J Med 1991;324:429-36 [12] Cohen J, and Exley AR. Treatment of septic shock with antibodies to tumour necrosis factor. Schweiz Med Wochenschr 1993;123:492-6 [13] Ronco C, Bellomo R, Wratten ML, Tetta C. Today’s technology for continuous renal replacement therapies. Clinical Intensive Care 1996;7:198-205 [14] Kramer P, Wigger W, Rieger J, Matthaei D, and Scheler F. Arteriovenous haemofiltration: a new and simple method for treatment of over-hydrated patients resistant to diuretics. Klin Wschr 1977;55:1121-1122 [15] Bellomo R. Continuous hemofiltration as blood purification in sepsis. New Horiz 1995;3:732-7 [16] Druml W. Nonrenal indications for continuous hemofiltration therapy in patients with normal renal function? Contrib Nephrol 1995;116:121-9 [17] Leypolldt JK, Gilson JF, Blindauer MK, Cheung AK. Macromolecule adsorption to hemodialysis membranes depends on molecular size. Blood purif 1992;10:53-60 [18] Werynski A, and Waniewski J. Theoretical description of mass transport in medical membrane devices. Artif Organs 1995;19:420-7 [43] Grootendorst AF. The potential role of hemofiltration in the treatment of patients with septic shock and multiple organ dysfunction syndrome. Adv Ren Replace Ther 1994;1:176-84 [44] Eckart J, and Neeser G. Management of fluid imbalance. Int J Artif Organs 1996;19:106-7 [45] D’Orio V, Mendes P, Carlier P, Fatemi M, Marcelle R. Lung fluid dynamics and supply dependency of oxygen uptake during experimental endotoxic shock and volume resuscitation. Crit Care Med 1991;19:955-62 [46] Stein B, Pfenninger E, Grunert A, Schmitz JE, Deller A, Kocher F. The consequences of continuous haemofiltration on lung mechanics and extravascular lung water in a porcine endotoxic shock model. Intensive Care Med 1991;17:293-8 [47] Journois D, Pouard P, Greeley WJ, Mauriat P, Vouhe P, Safran D. Hemofiltration during cardiopulmonary bypass in pediatric cardiac surgery. Effects on hemostasis, cytokines, and complement components. Anesthesiology 1994;81:1181-9 [48] Bartlett RH, Mault JR, Dechert RE, Palmer J, Swartz RD, Port FK. Continuous arteriovenous hemofiltration: improved survival in surgical acute renal failure ? Surgery 1986;100(2):400-408 [49] Druml W. Impact of continuous renal replacement therapies on metabolism. Int J Artif Organs 1996;19:118-20 655 656 MAPAR 2000 [50] Forni L, and Hilton P. Continuous hemofiltration in the treatment of acute renal failure. N Engl J Med 1997;336:1303-1308 [51] Gotloib L, Barzilay E, Shustak A, Wais Z, Jaichenko J, Lev A. Hemofiltration in septic ARDS. The artificial kidney as an artificial endocrine lung. Resuscitation 1986;13:123-132 [52] Coraim F J, Coraim HP, Ebermann R, and Stellwag FM. Acute respiratory failure after cardiac surgery : clinical experience with the application of continuous arteriovenous hemofiltration. Critical Care Medicine 1986;14:714-718 [53] Bellomo R, Tipping P, Boyce N. Continuous veno-venous hemofiltration with dialysis removes cytokines from the circulation of septic patients. Crit Care Med 1993;21:522-6 [54]Andreasson S, Gothberg S, Berggren H, Bengtsson A, Eriksson E, Risberg B. Hemofiltration modifies complement activation after extracorporeal circulation in infants. Ann Thorac Surg 1993;56:1515-7 [55] Hoffmann JN, Faist E, Deppisch R, Hartl WH, Inthorn D. Hemofiltration in human sepsis: evidence for elimination of immunomodulatory substances. Contrib Nephrol 1995;116:76-9 [56] Van Bommel E, Hesse C, Jutte N, Zietse R, Bruining H, Weimar W. Impact of continuous hemofiltration on cytokines and cytokine inhibitors in oliguric patients suffering from systemic inflammatory response syndrome. Ren Fail 1997;19:443-454 [57] Journois D, Israel-Biet D, Pouard P, Rolland B, Silvester W, Vouhé P, Safran D. High-volume, zerobalanced hemofiltration to reduce delayed inflammatory response to cardiopulmonary bypass in children. Anesthesiology 1996;85:965-976 [58] Heering P, Morgera S, Schmitz F, Schmitz G, Willers R, Schultheiss H, Strauer B, Grabensee B. Cytokine removal and cardiovascular hemodynamics in septic patients with continuous veno-venous hemofiltration. Intensive Care Med 1997;23:288-296 [59] Boldt J, Myller M, Heesen M, Martin K, Hempelmann G. The effects of pentoxifylline on circulating adhesion molecules in critically ill patients with acute renal failure treated by continuous hemofiltration. Intensive Care Med 1996;22:305-311 [60] Bellomo R, Tipping P, Boyce N. Interleukin-6 and interleukin-8 extraction during continuous venovenous hemodiafiltration in septic acute renal failure. Ren Fail 1995;17:457-466