QUOI DE NEUF DANS LE TRAITEMENT DE L’ETAT DE CHOC SEPTIQUE 651
sérum septique, les auteurs utilisent des muscles trabéculaires de chiens non septiques
pour tester le plasma des chiens hémofiltrés et non hémofiltrés. Ils mesurent l’intensité
de la contraction isométrique aux stimulations électriques et trouvent une dépression
marquée, maximale 4 h après le début du sepsis, réduite après 2 h d’hémofiltration. Il
apparaît clairement, que dans ce modèle expérimental, il existe une substance circulan-
te diminuant la contractilité ventriculaire gauche et que cette dysfonction cardiaque est
reversée par l’hémofiltration. Cependant, la nature spécifique de cette substance élimi-
née par l’hémofiltration, par filtration ou adsorption, reste indéterminée et cette partie
de l’investigation ne comprend pas de groupe contrôle non hémofiltré .
Grootendorst et al. étudient l’effet d’une hémofiltration de 4 h avec un ultrafiltrat
de 6 L.h-1 entièrement compensée sur l’évolution hémodynamique d’un modèle de choc
endotoxinique chez le porc comparé à un groupe non hémofiltré [21, 38, 39]. La
pression artérielle moyenne, le débit cardiaque et la fraction d’éjection du ventricule
droit sont améliorés sans que les effets observés par Stein sur la circulation pulmonaire
soient retrouvés.
Lee et al. évaluent l’impact d’une hémofiltration artério-veineuse de 6 h dans un
modèle de septicémie à Staphylocoque aureus sur la survie des animaux. Le résultat en
terme de survie est peu démonstratif avec une faible différence observée en fonction de
la fraction filtrée (70 ≠3,8 vs 53 ≠10,2 h) de 33,4 % et 5,5 % respectivement [40].
L’ultrafiltrat des animaux hémofiltrés septiques ou non septiques était recueilli dans
des conditions d’asepsie rigoureuses puis réinjecté à des animaux sains. L’ultrafiltrat
provenant d’animaux septiques entraînait, chez les animaux sains, une réduction signi-
ficative de la survie comparée à l’absence d’effet de l’hémofiltrat provenant d’animaux
non septiques.
Rogiers et al., dans un travail récent sur un modèle endotoxinique de chiens anes-
thésiés et ventilés, retrouvent une augmentation du débit cardiaque chez les animaux
hémofiltrés et dont l’ultrafiltrat est compensé volume à volume (zéro-balance) [41].
Plus le débit d’ultrafiltration est élevé (3 L.h-1 et 6 L.h-1), plus on constate une amélio-
ration de l’hémodynamique systémique et hépatique. Le taux plasmatique de TNFa
n’est pas modifié de manière significative par l’hémofiltration et de très faibles quanti-
tés de TNFa sont retrouvées dans l’ultrafiltrat.
Comme dans les études précédentes, l’ultrafiltrat des animaux septiques hémofil-
trés provoque, lorsqu’il est injecté aux animaux sains, une chute de pression artérielle
et de débit cardiaque. Les auteurs concluent que l’effet bénéfique de l’hémofiltration à
haut débit n’est pas, dans ce modèle, en rapport avec une baisse du TNFa mais proba-
blement dûe à l’élimination de «facteur dépresseur myocardique» qui n’a pas fait l’objet
d’un dosage dans cette étude.
A partir de ces études, il apparaît clairement que l’ultrafiltrat des animaux septiques
entraîne, que ce soit in vitro ou ex vivo, une dépression marquée des préparations de
muscles cardiaques isolés et des effets comparables à ceux qui sont induits par l’endo-
toxine lorsqu’elle est injectée à des animaux sains.
4 CONTROLE DE LA TAILLE ET DE LA COMPOSITION DES
DIFFERENTS COMPARTIMENTS CORPORELS
Une solution potentielle consiste, à défaut de maîtriser la production de cytokines,
d’augmenter leur élimination, tout en optimisant parallèlement l’hémodynamique, l’état
d’hydratation et l’équilibre acido-basique. Ce concept de restauration de l’homéostasie
apparaît de plus en plus comme l’un des avantages potentiels des techniques d’hémofil-
tration continue [16, 42, 43] au cours du sepsis. En effet, il existe au cours du choc
septique une fuite capillaire avec une redistribution de l’eau entre les secteurs extra et