LA VIANDE : A-T-ON RAISON DE LA BOUDER ? Avec l’affaire de la vache folle et un discours médical traquant le gras et le cholestérol, la viande est quelque peu délaissée. Une tendance profitable pour la santé ? Avec l’écologie, la vague des philosophies extrême-orientales et, récemment, l’affaire de la vache folle, la viande a perdu l’attrait qu’elle avait après-guerre. Symbole d’un niveau social élevé, de la force, de la virilité, elle a figuré parmi les acquis sociaux. Les expressions parlent d’elles-mêmes : si on “gagne son pain à la sueur de son front”, il faut aussi “défendre son bifteck”. Mais depuis une vingtaine d’années, on constate une déclin de la consommation de viande, certainement en relation avec un discours médical faisant la guerre aux graisses saturées et la montée en puissance d’une mode végétarienne anglo-saxonne. Peut-être aussi parce que nous sommes passés d’une société agraire avec ses animaux d’élevage à une société urbaine où l’animal familier occupe une place affective. Beaucoup d’entre nous veulent de moins en moins voir l’animal derrière la viande. La récente affaire de la vache folle n’a fait qu’activer notre rapport complexe à cet aliment. En finir avec certaines idées reçues Cette tendance à diminuer sa consommation de viande est-elle salutaire pour la santé ? Diverses études ont montré que la fréquence de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers (du côlon et du sein notamment) était moins élevée parmi les populations végétariennes. De même, le régime méditerranéen, riche en fruits, légumes et céréales, mais pauvre en produits carnés, semble garant d’une bonne santé et de longévité. On a donc mis en avant l’absence de viande pour expliquer l’effet protecteur de ces modes alimentaires. Pourtant, des études plus fines ont montré que c’est la consommation abondante de fruits et légumes, et non l’absence de produits carnés, qui est bénéfique pour la santé, ainsi que d’autres aspects du mode de vie végétarien, comme le fait de ne pas fumer ou de ne pas boire d’alcool. En effet, si on exclut ces deux facteurs de risque (le tabac et l’alcool), on ne met pas en évidence de différence de morbidité cardio-vasculaire ou cancéreuse entre les populations végétariennes et non végétariennes. Du gras dans l’assiette ? Autre idée reçue sur la viande : elle serait, dans notre alimentation, la source principale de graisses saturées. Or, de nombreuses enquêtes alimentaires ne le confirment pas. Par exemple, “l’étude Fleurbaix Laventie, dans le nord de la France, montre que, pour les adultes, les graisses animales (beurre…), les frites et chips arrivent, avant la viande, comme 1/3 Union régie par le code de la mutualité enregistré sous le n°444 279 699 aliments qui fournissent le plus de graisses. Pour les enfants, ce sont les gâteaux qui apportent le plus de lipides”, souligne le Dr Jean-Michel Borys, nutritionniste à Lille et coordinateur de l’étude. La viande n’est pas le problème n°1 dans l’obésité infantile même si on peut déplorer une tendance à donner trop de protéines aux tout jeunes enfants alors qu’avant deux ans l’alimentation devrait être, au contraire, riche en lipides. Ensuite seulement, les glucides et les protéines doivent occuper une place plus importante. Chez l’adulte, on ne peut pas dire non plus que le fait de manger trop gras provient essentiellement de la consommation de viande. D’ailleurs, celle-ci n’est pas toujours grasse. Il existe des morceaux maigres qui n’atteignent pas les 5 % de matière grasse (filets de bœuf, de porc ou de veau). Les matières grasses que l’on utilise pour cuisiner la viande sont souvent plus redoutables que les graisses qu’elle contient. Ni trop, ni trop peu Intégrée en quantité raisonnable (environ 150 g par jour) dans une alimentation équilibrée, la viande n’a aucun effet néfaste. La supprimer prive l’organisme de protéines de haute qualité, de fer facilement assimilable, de zinc, et de vitamine B12, garants d’une bonne masse musculaire, d’une résistance aux infections, d’un bon équilibre psychique et physique. Seuls les excès sont nuisibles. Une consommation trop importante de viande, rouge ou blanche, (au delà de 200 g/j environ) est inutile et contribue à l’inflation de lipides dans notre alimentation. Elle n’améliore en rien les performances physiques et intellectuelles. L’excédent est, en effet, brûlé, et la partie azotée prend la voie de l’urée pour être éliminée par les reins. Une portion quotidienne de viande suffit donc, la plupart du temps, à couvrir une grande partie des besoins journaliers en protéines. Il est possible de la remplacer, une ou deux fois par semaine, par du poisson. Le soir, on peut faire la part belle aux céréales et aux légumineuses, aliments trop délaissés et pourtant sources de protéines végétales, de glucides complexes, de fibres et de minéraux. Quant à l’excès inverse qui consiste à éliminer la viande de son assiette, il n’est pas sans risque non plus. Le régime végétarien peut exposer à des carences car il est toujours plus difficile de parvenir à un équilibre nutritionnel quand on se passe d’un aliment. Comme toujours en nutrition, le trop ou le trop peu est l’ennemi du bien. Aline Perraudin TENEUR EN MATIÈRES GRASSES ET APPORT CALORIQUE DE PORTIONS DE VIANDE Bœuf Bifteck grillé, rosbif rôti (125 g) : 5 g et 185 kcal Steak haché 5% (125 g) : 7 g et 200 kcal Faux filet grillé (140 g) : 9 g et 210 kcal Entrecôte grillée (140 g) : 16 g et 284 kcal 2/3 Union régie par le code de la mutualité enregistré sous le n°444 279 699 Veau Escalope grillée (125 g) : 4 g et 190 kcal Rôti (125 g) : 15 g et 290 kcal Agneau Epaule maigre (125 g) : 15 g et 240 kcal Gigot rôti (125 g) : 17 g et 290 kcal 2 côtelettes grillées (125 g) : 20 g et 300 kcal Porc Filet mignon braisé (125 g) : 6 g et 141 kcal Côtelette grillée, rôti cuit, échine rôtie : 19 g et 300 kcal Volaille Escalope de dinde (125 g) : 4 g et 300 kcal Blanc de poulet sans la peau (125 g) : 5 g et 185 kcal Cuisse de poulet avec la peau (125 g) : 17 g et 280 kcal Magret de canard (175 g) : 17,5 g et 350 kcal Cuisse de lapin (125 g) : 11 g et 240 kcal 3/3 Union régie par le code de la mutualité enregistré sous le n°444 279 699