
Médecine d'Afrique Noire : 1998, 45 (2)
I - INTRODUCTION
La rhinosinusite qui est une inflammation des cavités
pneumatiques annexées aux fosses nasales et/ou de la
muqueuse nasale est l’une des pathologies les plus fré-
quentes de la sphère O.R.L. Les études menées en milieu
hospitalier camerounais évaluent sa fréquence entre 13,73
% et 34,79 % (1, 2).
Les sinus paranasaux qui entourent l’orbite sur trois parois
(inférieure, interne et supérieure) sont séparés de celles-ci
et de la cavité crânienne par des cloisons osseuses. Ces
parois ayant par endroit des orifice constituent une barrière
aléatoire contre l’extension d’infections des sinus vers les
cavités orbitaires et crânienne (3, 5).
La majorité des auteurs ne considèrent plus la sinusite
comme étant à l’origine de certaines affections infectio-
inflammatoires intra-oculaires (choroïdites, iridocycli-
tes…), même si on estime quelle peut influencer l’évolu-
tion d’une uvéite récidivante (6). Par contre, le rôle des
sinusites est universellement reconnu comme étiologie
importante des infections orbitaires qui représentent 60 %
de toutes les maladies de l’orbite (7). Ces infections de
l’orbite sont surtout le fait des sinusites aiguës (3). Parmi
les principales complications oculo-orbitaires des sinusites
aiguës (c.o.o.s.a.) on peut citer les abcès subpériostés et les
cellulites orbitaires (préseptales et postseptales) (8). Ces
complications peuvent à leur tour provoquer une cécité
(atrophie du nerf optique) ou mettre en jeu le pronostic
vital par extension de l’infection dans la cavité endo-
crânienne (8).
Le but de cet article était d’étudier les aspects épidémio-
logiques des c.o.o.s.a. au Cameroun, ainsi que les person-
nels de santé impliqués dans la prise en charge initiale des
patients. Il s’agissait aussi pour nous d’évaluer le nombre
de décès parmi les patients ayant une Coosa.
II - MATERIEL ET METHODES
L’étude est descriptive, transversale et bicentrique. Les
malades ont été recrutés dans les services d’ophtalmologie
de deux hôpitaux du Cameroun : Hôpital Central de
Yaoundé et Hôpital Provincial de Bafoussam.
Nous avons inclus dans l’étude 23 malades au total : le
groupe I constitué de malades observés dans l’Ouest à
Bafoussam (17 malades en 5 ans pour 12630 personnes
examinées) et le groupe II comportant les patients recrutés
à Yaoundé (6 cas pour 5457 malades examinés). Les mala-
des ont été inclus consécutivement et par convenance.
Les données d’identité (noms, prénoms, âge) ainsi que les
personnels de santé ayant consulté initialement les malades
ont été notés. Ceux-ci ont subit un examen ophtalmolo-
gique détaillé (acuité visuelle, réfraction, examen biomi-
croscopique du segment antérieur, fond d’œil, exophtal-
mométrie). Une ponction diagnostique du foyer infectieux
orbito-palpébral a été effectuée chez 15 malades. Tous les
malades ont été examinés par le même ophtalmologiste.
L’oto-rhino-laryngologiste a procédé à un examen clinique
minutieux. des radiographies de sinus ont été prescrites
(incidences : face, profil, Blondeau et Hirtz).
Un examen général (examen clinique, numération - for-
mule sanguine) et des consultations neurologique et sto-
matologique destinés à exclure un foyer infectieux extra-
sinusien ont été effectués.
Le diagnostic de sinusite a été posé sur la base des signes
cliniques et de la radiographie des sinus. Nous avons
considéré qu’il y avait une complication de sinusite quand
une infection oculo-orbitaire (abcès palpébral avec
extension péri-orbitaire ou faciale, cellulite orbitaire) était
associée et/ou précédait la sinusite en l’absence d’autres
foyers infectieux.
L’évolution aiguë des sinusites a pu être déterminée grâce à
la présence de l’un au moins des signes suivants :
. présence d’une symptomatologie douloureuse liée à
l’atteinte sinusienne,
. rhinorrée purulente ou muco-purulente,
. exsudat purulent lors de la ponction du foyer infectieux
palpébro-orbitaire ou des sinus.
Les sinusites récidivantes aiguës ont été inclues dans
l’étude.
Les inflammations oculaires (iridocyclite, choroïdite) pour
lesquelles le rôle de la sinusite en tant qu’étiologie est
discutable ont été exclues (6). Les patients dont les plaintes
de sinusites dataient de plus de deux mois n’ont pas été
inclus dans l’étude.
Les paramètres épidémiologiques de base (fréquence, âge
et sexe des malades) ainsi que le personnel de santé ayant
pris en charge initialement les patients ont été étudiés.
COMPLICATIONS OCULO-ORBITAIRES… 111