Papier de position d‘Alliance Sud sur le financement du climat Ɩ septembre 2014 Ɩ page 2
dans le monde entier.
7. Le changement climatique provoque des dégâts déjà aujourd’hui et il nécessite des me-
sures d’adaptation aux nouvelles conditions environnementales. Une augmentation du ni-
veau des mers exige par exemple davantage de protection des crues et les nouvelles donnes
climatiques une adaptation de l’agriculture. Comme le changement climatique a été causé surtout
par l’industrialisation du Nord, qui repose sur les sources d’énergie fossile, et que ses consé-
quences se font sentir surtout dans les pays en développement, c’est d’abord aux pays industria-
lisés d’assumer les coûts de l’adaptation.
8. Un développement pauvre en carbone et adapté au changement climatique exige d’im-
portantes stratégies de développement pro-climat, qui vont au-delà des projets et pro-
grammes individuels de la coopération « traditionnelle » (de la DDC et du Seco). Pour cela,
il faut alimenter copieusement le Green Climate Fund multilatéral. Toutes les économies na-
tionales doivent passer de la production d’énergie fossile à celle d’énergies renouvelables. Dans
certaines régions, construire des barrages ne va plus suffire. Des groupes entiers de populations,
qui vivent en-dessous du niveau des mers et dans certains Etats insulaires, vont devoir être dé-
placées. Le financement climatique de tous les pays doit être concentré dans le Green Climate
Fund pour permettre aux pays en développement de passer, avec leur accord, à un développe-
ment économique pro-climat.
9. Tous les gouvernements des pays émergents et en développement qui revendiquent des
activités de protection et adaptation du climat doivent être soutenus rapidement et effica-
cement. Pour cela il faut de « l’argent climat» additionnel, non lié au crédit cadre de la coopération
au développement, ni aux pays de concentration de la DDC et du Seco.
10. En 2015, les pays en développement et émergents ne vont adhérer à un « pacte clima-
tique » global et à des engagements individuels pour la protection du climat que si les pays
industrialisés en assument le financement selon leur capacité de paiement. « L’argent pro-
climat » des pays industrialisés n’est pas d’abord une aide aux pays en développement, mais une
contribution à la protection du climat qui bénéficie à tous. Cela va profiter directement aux pays
industrialisés eux-mêmes car, si les pays en développement n’adhèrent pas aux mesures de pro-
tection du climat, l’objectif international de limiter le réchauffement global à moins de 2 degrés
Celsius (objectif des deux degrés) ne sera pas atteint.
Combien doit payer la Suisse?
11. Selon les méthodes de calcul, en 2020 la Suisse va devoir payer entre 460 millions et 1,3
milliards de francs suisses par an pour le financement international du climat. En moyenne, cela
représente plus d’un quart de ce que la Suisse a l’intention de payer à partir de 2015 au titre de
l’aide au développement.
Où la Suisse peut-elle trouver cet argent ?
12. Il faut de nouvelles sources innovantes pour financer le climat. Dans un premier temps,
vue l’extrême urgence et comme il n’existe pas de sources communes de financement au niveau
international, tous les Etats doivent puiser dans des sources nationales innovantes – la Suisse
aussi. Ce sont surtout les responsables du changement climatique qui doivent en assumer le
financement, par exemple via une taxe sur les billets d’avion ou sur le CO2. Cela aurait un effet
additionnel de protection du climat. Une taxe sur les transactions financières permettrait de pren-
dre en compte aussi le facteur de la puissance économique individuelle.
13. Des investissements privés dans les mesures de protection du climat sont inévitables
si on veut réussir le passage à un monde pauvre en carbone. Cependant, il ne faut pas su-
restimer le potentiel du financement privé. Par souci de transparence et de comparaison au niveau
national et international, il faut fixer des critères clairs de comptabilisation qui garantissent que les
investissements privés sont pertinents pour le climat et mesurables et qu’ils sont additionnels au
business as usual.