P Éditorial Horloge biologique et système circadien L “ à c p Biologic clock and circadian system L es mammifères sont caractérisés par une structure temporelle constituée de rythmes biologiques présents à tous les niveaux de leur organisation, depuis la population dans son ensemble jusqu’à l’organite subcellulaire. Ces rythmes couvrent un large spectre de fréquences (infradien, circadien, ultradien) et sont l’objet d’interactions multiples et très complexes. Une horloge biologique majeure localisée dans les noyaux suprachiasmatiques de l’hypothalamus, constituée d’environ 10 000 neurones, joue le rôle de régulateur de cette complexité. Elle fonctionne elle-même de façon rythmique et gère le rythme de nombreuses fonctions. Elle doit être en harmonie avec l’environnement, afin d’éviter l’apparition de troubles de l’organisme. Outre cette horloge principale, il existe de très nombreuses horloges périphériques, dont on ne connaît pas encore précisément la hiérarchisation dans le système circadien. Lié à ce concept majeur d’horloge biologique, vient se greffer un vocabulaire particulier que les lecteurs de cette revue auront sûrement déjà rencontré : synchroniseurs, Zeitgeber, synchronisation, désynchronisation, horloge, pacemaker, gènes d’horloge. Cette livraison de Correspondances en Métabolismes, Hormones, Diabètes et Nutrition présente cinq articles d’équipes reconnues dans le domaine de l’étude des rythmes biologiques. Étienne Challet et son groupe montrent les interactions entre prise alimentaire et horloges, en particulier lors de situations de régime hypocalorique ou hypercalorique, et le rôle des repas comme agent de synchronisation. Les perspectives d’application dans différents domaines, en particulier celui des maladies métaboliques, sont soulignées. Valérie Simonneaux et son équipe intitulent très joliment leur article : “la régulation de la reproduction saisonnière par la mélatonine nécessite un Kiss”. Il ne faut cependant pas se méprendre même s’il s’agit de reproduction : Kiss est un gène dont l’expression est régulée par la mélatonine chez les espèces saisonnières. Estelle Louiset aborde le rythme du cortisol, une hormone dont le profil sécrétoire reflète la synchronisation circadienne, ce qui en fait un marqueur de rythme de la structure temporelle circadienne très utilisé. Michèle Téboul et Franck Delaunay montrent les liens entre le système circadien et les mécanismes moléculaires du signal œstrogénique et soulignent les perspectives d’application dans la compréhension des cancers hormono-dépendants. Bernard Bruguerolle traite des avancées en chronopharmacologie, première étape pour mieux comprendre et mieux cibler la tolérance et les effets thérapeutiques des médicaments. La chronobiologie est transdisciplinaire et ses avancées sont précieuses ; les articles qui suivent mettent en évidence l’éclairage nouveau qu’elle apporte. L e a Yvan Touitou Service de biochimie médicale et biologie moléculaire, faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie, Inserm U713, Paris. Claudie Damour-Terrasson et toutes ses équipes vous souhaitent un bel été et des lectures ensoleillées 92 Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 3 - mai-juin 2009 LANTUS