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n° 75 • février 2015 • Principes de
Santé
L’autisme touche de plus en plus d’enfants. Hors des sentiers battus de l’approche psychiatrique de la
maladie, qui domine en France, la psychiatre Corinne Skorupka prône une prise en charge globale,
associant traitements biomédicaux et techniques éducatives. Grâce à ses méthodes, elle parvient à
améliorer les symptômes de personnes autistes, voire, dans certains cas, à les guérir.
Principes de Santé Vous abordez
l’autisme comme une maladie mul-
tifactorielle ayant diverses causes
physiologiques possibles : intoxica-
tion au mercure, intolérances ali-
mentaires, perméabilité intesti-
nale, infections latentes dites
froides… Est-ce une approche nou-
velle en France ?
D
r
Corinne Skorupka La France est,
avec l’Argentine, le seul pays au
monde à encore considérer l’au-
tisme comme une maladie psychia-
trique. L’autisme serait une psy-
chose infantile, due aux « mères
frigidaires », selon l’expression de
Bettelheim. Celles-ci se seraient mal
occupées de leur enfant au cours
des premiers mois de leur vie,
en étant incapables d’établir un
contact de qualité avec eux, notam-
ment visuel. Les enfants sont suivis
en institut médico-éducatif (IME),
avec certaines pratiques aberrantes
et traumatisantes comme le
packing, qui consiste à envelopper
le corps du malade de linges glacés,
et ce afin de le « calmer ». Or cette
approche psychanalytique est loin
de faire l’unanimité. Face à l’explo-
sion inquiétante du nombre des cas
au cours des dernières décennies,
de nombreux pays ont exploré
d’autres pistes possibles, notam-
ment en lien avec la pollution envi-
ronnementale. Aux États-Unis, l’Au-
tism Research Institute (ARI) a mis
en évidence dès le début des années
2000 le rôle de l’intoxication au
mercure dans l’autisme, via les
amalgames dentaires de la mère et
les vaccins pédiatriques contenant
du thimérosal. Cette approche mul-
tifactorielle est aujourd’hui domi-
nante quasiment partout, sauf chez
nous, où le poids de la psychanalyse
reste déterminant.
P. de S. Vous parlez d’explosion
inquiétante des chiffres de l’au-
tisme. Quels sont-ils ?
D
r
C. S. La question des chiffres est
centrale, c’est sur ce point que les
partisans de telle ou telle approche
s’opposent. Certains avancent que
les cas d’autisme n’ont pas pro-
gressé de manière significative,
mais que nous sommes en réalité
capables de mieux les détecter,
d’où l’augmentation des diagnos-
tics. La réalité est tout autre. Les
chiffres sur l’autisme sont alar-
mants. Ils flambent depuis le début
des années 1990, avec une accélé-
ration inquiétante depuis 2008.
Des études, dont certaines diligen-
tées par les autorités sanitaires des
pays concernés, constatent toutes
une augmentation exponentielle
de l’autisme : 1 enfant sur 50 en
2013 aux États-Unis contre 1 sur
2 500 en 1993, soit une multiplica-
tion par 50 en vingt ans seulement.
Aujourd’hui, il y a 1 enfant sur 38
en Corée du Sud, 1 sur 52 en Iran,
1 sur 125 au Niger, 1 sur 69 en
Grande-Bretagne…
P. de S. Et en France ?
D
r
C. S. Il n’existe pas de données
officielles. Il y a dix ans, on parlait
d’un enfant sur 1 000 dans les
manuels psychiatriques de réfé-
rence. Si l’on se base sur les chiffres
disponibles des pays européens
proches de nous, comme l’Italie,
on peut avancer aujourd’hui le
chiffre d’un enfant autiste sur 100,
Il est possible de guérir de l’autisme
à condition de s’y prendre tôt
ce qui correspondrait à 600 000 per-
sonnes atteintes aujourd’hui.
P. de S. Comment définissez-vous
l’autisme ?
D
r
C. S. C’est un ensemble de
troubles de la communication. L’en-
fant est indifférent à autrui, il évite
le regard et ne joue pas avec les
autres. Cependant, dans l’autisme
régressif, les troubles peuvent arri-
ver tardivement, d’un coup. Alors
que l’enfant allait bien, il com-
mence brutalement à perdre ses
acquis. Cela peut survenir à partir de
18 mois et en moyenne jusqu’à
3 ans, parfois au-delà. Les mar-
queurs de l’autisme sont très
variables : hyperactivité, stéréoty-
pies (reproduction des mêmes mots,
gestes ou tics), troubles du langage,
absence de parole, troubles
moteurs, de l’apprentissage, retard
mental, agressivité, automutilation,
insomnies… Dans tous les cas,
on constate que le système neuro-
logique ne se met pas en place nor-
malement.
P. de S. Comment traitez-vous vos
patients autistes ?
D
r
C. S. Je m’intéresse aux
désordres physiologiques.
Je regarde l’aspect de la peau,
je cherche des troubles digestifs,
des infections à répétition dans
l’enfance, d’éventuelles réactions
après un vaccin, la présence d’amal-
game dentaire chez la mère… Dans
les cas d’autisme régressif,
je cherche un événement en lien
avec la cassure. Je prescris un
régime sans gluten et sans caséine,
puis je supplémente en oméga 3,
En savoir plus
« Autisme, on peut
en guérir », de
Corinne Skorupka,
coécrit avec le
Dr Lorène Amet,
éd. Mosaïque Santé,
2014.
Site de l’association
Ariane de
Corinne Skorupka :
www.filariane.org.
Site de l’association
SOS-Autisme France :
www.sosautisme
france.com, présidée
par Olivia Cattan,
auteure du livre
« Autisme, d’un
monde à l’autre »,
éd. Max Milo, 2014,
préfacé par
Corinne Skorupka.
Site de Senta
Depuydt,
conférencière belge,
maman d’un enfant
sorti de l’autisme
grâce aux approches
biomédicales,
éducatives et
énergétiques :
http://sortirde
lautisme.com
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