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qui leur ont confié cette transformation, par l’armée qui mit en place un
gouvernement militaire et par l’intervention des USA pour faire tomber
le premier président socialiste d’Amérique latine élu démocratiquement :
Salvador Allende2.
La face visible du modèle économique chilien a donc commencé avec le
coup d’État de l’Armée sous la direction du Général Pinochet, instaurant
une dictature militaire (1973-1990) qui a fait au moins 28.259 prisonniers
politiques victimes de torture, 2.298 exécutés et 1.209 détenus disparus3, sans
compter environ 200.000 exilés et des centaines de milliers de personnes qui
sont passées par des centres de détention.
Après une période de destruction du tissu industriel, de l’organisation
sociale, politique et institutionnelle de l’économie et de la société chilienne
(1974-1983), commence une phase de croissance économique élevée et de
modernisation du pays avec une croissance annuelle ininterrompue du PIB
de 6 %, de 1984 à 1997.
Sur le plan strictement économique cela signifie un changement radical
du rôle de l’État. Celui-ci est passé du rôle de producteur et d’intervenant au
rôle subsidiaire que lui attribue la doctrine du néolibéralisme économique.
Au niveau social on assiste à la prédominance sans contrepartie du secteur
privé, à l’accroissement continu des écarts salariaux, à l’augmentation de la
précarité et de l’instabilité de l’emploi. Au niveau culturel, il s’est produit
ce qu’on a appelé « la panne de courant », c’est à dire la répression et
l’autocensure des manifestations culturelles considérées contraires à la ligne
officielle.
Les axes fondamentaux de la stratégie socio-économique du Chili,
inspirée du modèle néolibéral et mise en oeuvre par les économistes du
Général Pinochet, sont :
• L’ouverture radicale au marché international, qui a affaibli la production
fondée sur la demande locale et a orienté les forces dynamiques vers la
production de ressources naturelles (cuivre, produits forestiers, pèche,
agriculture moderne) en vue de l’exportation, sous la direction de grands
groupes économiques locaux et du capital international. Aujourd’hui le
Chili est le pays au monde avec le plus grand nombre de traités de libre
échange conclus avec des zones économiques qui représentent plus de 90
% de la population mondiale.
• La minimisation du rôle de l’État et l’exaltation du marché, qui a favorisé
la privatisation de toutes les entreprises de production de biens et de ser-
2 Patricia Verdugo: Cómo Estados Unidos abortó el proyecto de la UP, http://www.
educarchile.cl/Portal.Base/Web/VerContenido.aspx?ID=107127
3 Instituto Nacional de Derechos Humanos, http://bibliotecadigital.indh.cl/
handle/123456789/20