. Gestion d’invalidité : meilleures pratiques et approche holistique Présentée par Nicole Raymond 20 septembre 2013 UNE SITUATION ALARMANTE 2 Une situation alarmante Au Canada, les problèmes de santé mentale sont la 1re cause des absences au travail parmi les maladies chroniques* 1 Canadien sur 5 présente un trouble de santé mentale* Environ le quart de la population active souffre de problèmes de santé mentale occasionnant de l’absentéisme, du présentéisme et un roulement de personnel* * Commission de la santé mentale du Canada 3 Une situation alarmante (suite) 40% des demandes d’invalidité de courte et de longue durée sont dues à des troubles ou des maladies psychologiques Cette situation entraîne des coûts évalués à 51 milliards de dollars par an dont 20 milliards de dollars est directement imputable à la baisse de productivité au travail* Un taux d’absentéisme de 1 % coûte 1 % de la masse salariale. Au Québec, la masse salariale étant de 173 milliards, l’absentéisme se chiffre approximativement à 14 milliards (La Presse, 15 juin 2011) * Commission de la santé mentale du Canada 4 Une situation alarmante (suite) Un congé de maladie relié à des problèmes de santé mentale coûte deux fois plus cher pour les employeurs qu’un congé pour une maladie physique (Les Affaires, 19 février 2011) À ce rythme, le coût de la baisse de productivité résultant de l’absentéisme, du présentéisme et du roulement de personnel se chiffrera à 198 milliards dans 30 ans, si aucune mesure n’est entreprise* * Commission de la santé mentale du Canada 5 Une situation alarmante (suite) Lorsqu’une personne est absente du travail pour une durée de 6 mois, les probabilités d’une réintégration professionnelle sont de 50 % Après un an, cette probabilité chute à 10 % L’anxiété, la dépression, l’épuisement professionnel sont des problèmes de santé mentale qui sont liés au travail Selon une étude effectuée par l’Association médicale canadienne en 2008, seulement 23 % des Canadiens sont à l’aise de discuter avec leur employeur de problèmes de santé mentale 6 Une situation alarmante (suite) 49% des patients n’ont jamais parlé de leur anxiété ou dépression avec leur médecin (Colloque sur la Santé Sécurité du travail, Jonquière 2011) 58% des directeurs en ressources humaines n’embaucheraient jamais une personne ayant souffert d’une dépression (Colloque sur la Santé Sécurité du travail, Jonquière 2011) 7 Une situation alarmante (suite) Pour 60% des individus ayant été en arrêt de travail en raison d’une condition de santé mentale, il y avait présence d’autant de facteurs personnels que de facteurs liés au travail (Colloque sur la Santé Sécurité du travail, Jonquière 2011) Le vieillissement de la population, l’augmentation de l’âge de la retraite, l’environnement socioéconomique, l’accès aux soins de santé demeureront autant de défis pour notre industrie 8 L’IMPORTANCE D’INTERVENIR À LA BASE 9 L’importance d’intervenir à la base Les entreprises doivent tendre à créer des environnements de travail sains et favorables à une bonne santé mentale Il est impératif d’offrir de meilleures conditions de travail 10 L’importance d’intervenir à la base (suite) Plusieurs facteurs ont un impact significatif : Climat de travail Charge de travail Conciliation travail-famille Exigences de rentabilité et de productivité qui engendrent du stress et de l’épuisement Frontière toujours plus mince entre la vie professionnelle et la vie privée en raison de la technologie (courriels, téléphones intelligents, etc.) Objectifs de performance irréalistes Manque de reconnaissance Absence ou peu de participation des employés dans le processus décisionnel, etc. 11 L’importance d’intervenir à la base (suite) Seulement 15 % des entreprises au Canada offrent des programmes de santé et mieux-être au travail (Buffet et Company) Plusieurs employeurs considèrent encore les programmes d’intervention comme une dépense au lieu d’un investissement à moyen long terme 1 $ investi rapporte 3 $ 12 L’importance d’intervenir à la base (suite) La prévention peut contribuer de façon importante à la réduction de cette problématique : Formation des gestionnaires dans le but d’identifier les employés à risque de devenir invalide et de savoir comment intervenir de façon adéquate PAE plus efficace Nouvelle norme canadienne sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail lancée en janvier 2013 13 DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE 14 De la théorie à la pratique Tous s’entendent pour dire que l’on doit : Intervenir rapidement afin de retourner l’assuré au travail en santé et productif, dans un délai le plus court possible, en mettant l’accent sur les capacités fonctionnelles et les habiletés transférables plutôt que sur le diagnostic, les symptômes et les limitations La gestion de l’invalidité doit être proactive vs réactive Une communication et une collaboration étroites entre toutes les parties (preneur de contrat, assuré, analyste, conseiller en réadaptation, fournisseur de service) sont essentielles Une approche holistique (démédicalisation) doit être privilégiée Les facteurs psychosociaux et les barrières non médicales doivent être identifiés tôt afin d’intervenir efficacement 15 De la théorie à la pratique Mais est-ce toujours le cas dans la réalité ? 16 L’APPROCHE HOLISTIQUE (DÉMÉDICALISATION), ÇA VEUT DIRE QUOI ? 17 L’approche holistique (démédicalisation), ça veut dire quoi ? Concept qui semble vouloir dire différentes choses d’un analyste à l’autre Tenir compte de l’assuré dans sa globalité plutôt que de s’attarder uniquement au diagnostic, symptômes, limitations Favoriser une approche axée sur la démédicalisation ne signifie pas d’ignorer tout le volet médical ou de ne pas documenter les informations médicales comme il se doit 18 L’approche holistique (démédicalisation), ça veut dire quoi ? Considérer autant la dimension médicale que la personne S’éloigner du modèle traditionnel médical : Diagnostic limitations fonctionnelles tâches du poste Être conscient du rôle indéniable de la perception d’un assuré face à son invalidité et de sa motivation à retourner au travail Chacun a sa personnalité, sa façon d’être et de réagir, on doit en tenir compte 19 L’approche holistique (démédicalisation), ça veut dire quoi ? Ne pas assumer que l’invalidité est survenue uniquement en raison du diagnostic Connaître dans quel contexte l’arrêt de travail s’est produit Identifier tôt les barrières/facteurs non médicaux à l’origine de l’arrêt de travail ou qui le perpétuent : Insatisfactions au travail Famille Problèmes personnels, financiers Stress Mauvaises habitudes de vie, etc. 20 L’approche holistique (démédicalisation), ça veut dire quoi ? Avoir ainsi un meilleur portrait de la situation afin de pouvoir mieux intervenir Une demande a souvent tendance à se complexifier lorsque les éléments non médicaux ne sont pas ressortis au début de la demande ou qu’ils n’ont pas été adressés adéquatement Considérer le retour au travail et aux activités professionnelles comme faisant partie intégrante du processus de récupération 21 L’approche holistique (démédicalisation), ça veut dire quoi ? Se concentrer davantage sur ce que l’assuré est capable de faire vs les limitations fonctionnelles Il n’est pas nécessaire que le retour à la santé soit complet pour qu’il y ait reprise du travail Ne pas perdre de vue qu’avec la venue d’internet les assurés sont en général bien informés de leur diagnostic, symptômes, effets secondaires des médicaments, etc. 22 ET LES MEILLEURES PRATIQUES ? 23 Et les meilleurs pratiques ? Tous sont d’accord pour dire que l’on doit intervenir tôt dans les dossiers, ce n’est cependant pas toujours le cas On attend souvent trop longtemps… des résultats de tests, une consultation médicale avant de soumettre le dossier en réadaptation de demander l’opinion du médecin-conseil de faire évaluer la personne en expertise de statuer en lien avec le changement de définition, etc. 24 Et les meilleurs pratiques ? (suite) Une gestion de dossier optimale se doit d’être proactive. Il ne faut pas craindre de prendre les devants. On ne peut tendre à des résultats profitables en effectuant de la gestion de « formulaire en formulaire » L’analyste doit avoir une compréhension de tous les éléments en jeu tant d’un point de vue médical que des facteurs non médicaux 25 Et les meilleurs pratiques ? (suite) On se doit de posséder une vision globale et un plan de match pour chaque dossier le plus tôt possible quitte à le revoir en cours de route L’analyste devrait avoir le réflexe de se demander par exemple s’il s’agit-il d’une demande de 24 mois? Les limitations seront-elles permanentes? Est-ce un dossier qui demandera un suivi serré ou non de par sa nature? Des interventions de réadaptation ou autre seront-elles requises? Il ne faut pas juste voir l’arbre, mais la forêt 26 Et les meilleurs pratiques ? (suite) On se doit de gérer les demandes de façon rigoureuse et prioriser les bonnes actions dans les bons dossiers aux bons moments Il faut s’attendre à ce que l’assuré fasse preuve de résistance et s’y préparer en conséquence En travaillant en équipe (analyste, assuré, médecin traitant, réadaptation), il faut viser à influencer les perceptions de l’assuré et l’amener à vouloir réintégrer le travail 27 Et les meilleurs pratiques ? (suite) On doit souvent être créatif, revoir son plan au besoin surtout lorsque cela ne donne pas les résultats escomptés Plus le temps passe, plus l’anxiété reliée à un retour au travail augmente, plus le déconditionnement, la crainte, la diminution de l’estime, l’isolement prennent de l’ampleur d’où l’importance d’agir tôt Il est rare que la solution se retrouve uniquement dans le « médical ». 28 LA DOCUMENTATION ET L’ANALYSE 29 La documentation et l’analyse Bien documenter le dossier (notes cliniques, rapports de consultation, résultats de tests, liste de médicaments prescrits et achetés, etc.) et ce, pas juste au début de la demande Lire, comprendre, se questionner On se demande parfois si les notes cliniques ont bien été lues On doit vérifier les faits vs les allégations rapportées 30 La documentation et l’analyse (suite) Le traitement est-il approprié ? S’il n’y a pas d’amélioration rapportée pourquoi le traitement est-il demeuré le même ? Quels sont les motifs de la décision ? L’analyste doit être capable de bien les expliquer Pourquoi prévoit-on un suivi médical à tel moment ? Quelles informations veut-on valider ? 31 La documentation et l’analyse (suite) Y a-t-il des incohérences dans les renseignements fournis? Est-ce que cela a du bon sens? Qu’est-ce que l’on peut prouver? Dans les dossiers de santé mentale, pourrait-il y avoir un problème de consommation sous-jacent? Il ne faut pas craindre de le demander 32 LES ENTREVUES TÉLÉPHONIQUES 33 Les entrevues téléphoniques On sous-estime parfois l’apport non négligeable que peut apporter une entrevue téléphonique bien faite dans le cadre de la gestion d’une demande Certains analystes ne semblent pas avoir conscience ou ne comprennent pas l’importance de toute la mine d’informations que l’on peut aller y chercher Elles peuvent servir d’outil de triage pour identifier les dossiers susceptibles d’être plus à risque et mieux cibler les interventions subséquentes 34 Les entrevues téléphoniques (suite) Cependant, dans la réalité, elles sont souvent effectuées davantage pour la forme que le contenu Elles sont peu détaillées et restent qu’en surface. Les vraies questions ne sont pas ou peu abordées ou encore insuffisamment élaborées Possiblement par manque de formation ou parce qu’ils se sentent moins à l’aise, certains analystes sont hésitants à toucher à ce qui déborde du cadre médical pour s’enquérir de la présence de facteurs psychosociaux 35 Les entrevues téléphoniques (suite) Il n’est pas rare que certains renseignements significatifs soient rapportés mais ils restent au dossier sans que l’on en tienne compte par la suite L’assuré est LA source d’informations par excellence Les entrevues permettent de recueillir des éléments qui ne se retrouvent pas au dossier dont : le contexte dans lequel l’invalidité est survenue les facteurs non médicaux (satisfaction au travail, difficultés personnelles ou familiales, soins prodigués à un proche, etc.) la motivation de l’assuré face à un éventuel retour au travail sa perception face à sa condition, sa situation ses attentes 36 Les entrevues téléphoniques (suite) Elles permettent d’identifier tôt les différentes barrières ou problèmes susceptibles de prolonger l’arrêt de travail Et qu’en est-il avec l’entrevue avec l’employeur? On remarque qu’elle est beaucoup moins effectuée et reste très sommaire L’employeur a aussi un rôle à jouer et l’entrevue est toute aussi importante 37 Les entrevues téléphoniques (suite) En ayant ces éléments en mains, on peut ainsi rendre une décision plus appropriée et mieux informée On peut mieux détecter les besoins et établir un plan d’action davantage ciblé Attention cependant à ce que le tout se transforme en interrogatoire Il faut s’en tenir aux faits et laisser de côté les jugements et les impressions personnelles 38 Les entrevues téléphoniques (suite) Il est important de créer un climat de confiance L’analyste doit être bien préparé et connaître son dossier à fond. Parfois, lors d’une entrevue certains aspects présents au dossier qui auraient mérité d’être abordés ne le sont malheureusement pas Les entretiens téléphoniques devraient être réguliers que ce soit pour effectuer une mise à jour, faire part d’une décision, etc. 39 Les entrevues téléphoniques (suite) On remarque que les entrevues sont effectuées au début puis le réflexe de prendre le téléphone est moins évident, il est difficile alors d’établir ce lien de confiance Un autre aspect négligé est l’occasion fournie par l’entrevue et les contacts téléphoniques d’informer l’assuré de façon claire et sans jargon technique quant aux exigences du contrat, son rôle, ses responsabilités, les prochaines étapes, etc. 40 Les entrevues téléphoniques (suite) Il en va de même pour l’employeur. Si on veut sa collaboration, on doit le garder informer et travailler en équipe avec lui Il est important de répéter le message souvent Les entrevues mettent également la table pour le conseiller en réadaptation en étant déjà avisé de certains éléments 41 LE MÉDECIN TRAITANT 42 Le médecin traitant Ne pas faire du médecin traitant le seul décideur du retour au travail On doit le voir comme un partenaire et ne pas oublier que nous possédons souvent plus de renseignements que lui Est-il au courant de la nature réelle des tâches de son patient et des solutions possibles ? 43 Le médecin traitant (suite) Il ne faut pas négliger la nature de la relation médecinpatient qui peut indirectement influencer la durée de l’arrêt de travail (relation de longue date, surprotection, incapable de s’affirmer ou de confronter son patient, lui donnera toujours le bénéfice du doute, etc.) Il s’en remet beaucoup aux informations transmises par son patient 44 Le médecin traitant (suite) A-t-on vérifié sur quelles bases les limitations ont été émises ? Est-ce bien à partir d’un examen physique objectif ou selon les normes établies pour un diagnostic précis ? Le médecin émet son opinion davantage en lien avec les limitations que les capacités résiduelles de son patient 45 Le médecin traitant (suite) Favoriser davantage les « doc-à-doc ». Certains médecins-conseils résistent encore à prendre le téléphone Ne pas hésiter à prendre de l’initiative et à proposer un plan de retour au travail, avec une date de début et de fin 46 LA RÉADAPTATION 47 La réadaptation On observe que les dossiers sont souvent dirigés en réadaptation trop tard La prise en charge devrait se faire dans le plus court laps de temps possible pour préparer un retour au travail réussi dans les meilleurs délais, adresser les obstacles lorsque possible, offrir un soutien, etc. Il doit s’agir aussi ici d’un travail d’équipe. On ne doit pas soumettre un dossier en réadaptation parce que l’on ne sait pas ou plus quoi faire avec 48 La réadaptation (suite) Le mandat doit être clair et précis Les barrières non médicales, si elles n’ont pas été identifiées plus tôt, ressortent souvent à cette étape L’analyste doit demeurer critique vis-à-vis le travail et les actions suggérées par la firme Les interventions posées sont-elles nécessaires et pertinentes ? Y aurait-il lieu de revoir le plan ? Combien de sessions supplémentaires sont réellement requises ? 49 LE CHANGEMENT DE DÉFINITION 50 Le changement de définition Bien que le rappel du changement de définition semble envoyé de façon plus systématique à 12 mois de l’échéance, la préparation devrait s’effectuer le plus tôt possible On voit encore des décisions rendues trop tardivement et avec peu de soutien offert à l’assuré à 2-3 mois de la date 51 Le changement de définition (suite) Une décision mal préparée et mal rendue risque de provoquer davantage de résistance et de contestation même si techniquement la demande n’est pas justifiée au-delà des 24 mois A-t-on bien corroboré la décision en demandant une évaluation des capacités transférables ou programme de recherche d’emploi ou renseignements sur le marché du travail, formation spécifique ou bien l’assuré fut laissé à lui-même ? 52 LES RESSOURCES ET AUTRES POINTS À CONSIDÉRER POUR DE MEILLEURS RÉSULTATS 53 Ressources et autres points… Nous savons tous que la gestion de l’invalidité est complexe, exige du temps et des efforts ainsi qu’une bonne distribution des ressources La formation des analystes est primordiale ainsi que le coaching continu Il est de mise également d’offrir de la formation sur des conditions médicales précises pour être mieux outillé 54 Ressources et autres points… (suite) Les révisions de dossiers internes effectuées de façon régulière deviennent un outil essentiel pour mieux identifier les besoins spécifiques de formation et valider la mise en application des nouvelles pratiques La charge des portefeuilles et les délais de service prennent parfois le dessus sur la qualité du travail 55 Ressources et autres points… (suite) Il existe une panoplie de ressources à votre disposition : médecins-conseils expertises coordination médicale dans le but de minimiser les délais prise en charge hâtive et ciblée en réadaptation évaluation physique et comportementale (évaluation des capacités fonctionnelles, évaluation de poste de travail, programme de réactivation progressive, programme de résolution de conflit en milieu de travail, etc.) règlements forfaitaires versement anticipé surveillance (abus, dossiers frauduleux) 56 EN TERMINANT 57 En terminant Miser sur une approche holistique Favoriser une gestion proactive plus pointue et rigoureuse Identifier les facteurs psychosociaux et les barrières non médicales Travailler en équipe (assuré, employeur, réadaptation, etc.) Communiquer et éduquer à tous les niveaux Faire bon usage des ressources disponibles 58 QUESTIONS ET COMMENTAIRES 59 60 ® Marque de commerce de Groupe Optimum inc.