L’hématologie : réexion inrmière sur l’accueil des familles et particulièrement des enfants
Mme Béatrice Bertin, inrmière dans le service d’hématologie d’Argenteuil
L’annonce d’une maladie aiguë est un soin capital : cela peut déterminer en partie la relation
patient-soignant. À ce moment-là, le patient et sa famille basculent dans une hospitalisa-
tion de plusieurs semaines très contrainte. L’atmosphère stérile dans laquelle est immergé le
patient impose un bioneoyage et des exigences fortes en termes d’hygiène : protections
vestimentaires, charloe, masque, gants... et l’inquiétude liée à la visite des enfants est la
transmission de germes. Cependant, des enfants tenus éloignés de leur proche peuvent imaginer le pire et ressentir un
manque important : cela peut être vécu comme une véritable rupture.
En hématologie, une procédure d’accueil des enfants dont les parents sont hospitalisés est en cours d’élaboration avec
un mot d’ordre : « L’écoute est un soin ». Aucune réglementation n’imposant de limite d’âge, chaque accueil est discuté
avec le parent, le déroulement de la visite est organisé et le ressenti de l’enfant évalué après la visite et transposé par écrit.
Les soins palliatifs : l’intégration des proches aux soins
Dr Anne de la Tour, chef de service, M. Frédéric Routens et Mme Nadine Jouanny, aides-soi-
gnants dans le service de soins palliatifs d’Argenteuil
« Qui connaît mieux le patient que ses proches ? » S’intéresser au patient au-delà de sa
maladie, à ses traits de personnalité, c’est intégrer sa famille au processus de soin.
Il s’agit de ne pas « voler », exclure, la famille en prenant en charge un patient qui a depuis
plusieurs mois, voire des années au domicile, d’hôpitaux en hôpitaux, voire de services en
services, a été très accompagné par ses proches. L’enjeu est de ne pas retirer cee relation privilégiée entre les proches
et le patient, du seul fait que le patient soit hospitalisé. Une mise à distance qui pourrait engendrer des réactions agres-
sives des familles (traduction d’une sourance émotionnelle) et une certaine incompréhension des soignants face à ce
type de comportement.
En soins palliatifs, l’entourage familial a une place très importante lors des soins. L’intégration des proches commence
dès l’arrivée du patient dans l’unité, par un accompagnement personnalisé avec médecin,
inrmière où aide-soignant(e), psychologue ou cadre de santé.
Ces entretiens servent à connaître en premier lieu ce que sait la famille sur l’état de santé
du proche hospitalisé, son état psychologique, sa manière d’être, son caractère… pour une
meilleure prise en charge ; et également à connaître l’état psychologique de la famille (épui-
sement, colère, problèmes familiaux...). Grâce à ces moments d’aention, la famille se sent
intégrée et considérée.
Les proches peuvent être un atout important dans l’accompagnement, lors des repas, des visites, pour la gestion de
la douleur (la famille peut alerter l’équipe quand le patient n’est plus en mesure de le faire), et parfois dans les soins
d’hygiène, sans avoir à se sentir obligés de rien.
Ici aussi, « l’échange est un soin ».
L’expérience de l’ouverture dans un service de soins aigus : à l’épreuve des contraintes
Dr Anne-Marie Menn, chef du service de médecine polyvalente du CH d’Argenteuil
La médecine polyvalente comme son nom l’indique est un service qui prend en charge de
nombreuses pathologies : patients instables, en n de vie, agités…
Cela avec des contraintes structurelles (service ouvert, étiré), médico-économiques (ratio
et roulement du personnel, pas de personnel dédié pour les situations diciles), sociétales
(disponibilité réduite de la famille, notion de référent non acceptée, demande de réponses
immédiates…). Ce qui peut mener à une angoisse des familles de ne voir parfois aucun soignant dans le couloir – avec
un contraste d’autant plus fort quand le patient arrive d’un service comme la réanimation avec une forte présence
soignante –, un sentiment de perte d’information avec les soignants qui se succèdent au chevet du proche, et une ex-
plosion du nombre de rendez-vous avec les familles.
Des conditions qui, dans le temps, ont nécessité nécessitent l’aménagement des horaires de visite et de l’accès aux
enfants (sur autorisation) tout en conservant les valeurs d’accueil et d’accompagnement, prises en compte dans le soin.
Répondre à toutes les interrogations des proches nécessite du temps.
>>> Conférence du 2 décembre 2016 :
Comment améliorer l’accueil des proches à l’hôpital ?