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DANIEL BARBU
&JEAN-DANIEL
MACCHI
mandement biblique: «
C'~st
seulement au lieu que
YHWH.
ton
Dieu
a choisi
pour
y faire résider son
nom que
tu
sacrifieras la Pâque, le soir lorsque le soleil s'en va, au
moment
où
tu
es
sorti
d'Égypte"
(Deutéronome
16,6).
La
communauté samaritaine, aujourd'hui réduite à quelques centaines
de
personnes, célèbre la
Pâq~e
confonnéme~t
aux prescriptions.
énoncée~
~ans
la
.T~rah/notamment
~u
chapitre
12
d~
li~re
de 1 Exode. Ils gravissent le
mont
sacre du Ganz1m
et
s y m$Îallent temporairement, en
memoue
du temps où les
Hébreux
sortis
d'Égypte
vécurent dans le désert .. Les préparatifs de la cérémonie
pascale proprement dite se font
durant
la journée du
14
Nisan.
Au
cours
de
cette journée, le lieu de
sacrifice, les bûchers, ainsi que les fosses circulaires qui serviront à cuire les agneaux
sont
préparés.
Deux
heures avant le coucher
du
soleil,
on
allume les bûchers, puis le feu de l'autel alors que des
prières sont prononcées. Vêtus de tuniques de lin blanc
et
coiffés de tarbouches, les prêtres sama-
ritains célèbrent la liturgie pascale qui comporte textes bibliques, prières, cantiques
et
hymnes.
Uimmolation des agneaux a lieu au crépuscule, entre le coucher
du
soleil (r" soir) et la.tombée
de
la nuit (z'm' soir),
un
moment
précis,
en
application de l'expression biblique «entre les deux soirs"
(Exode rz,6, etc.).
Au
coucher
du
soleil, le premier agneau
est
égorgé
d'un
coup
de
couteau après que le grand-prêtre
ait
récité le texte
d'Exode
rz,r-6. Les autres animaux sont sacrifiés ensuite.
Le
nombre d'agneaux
immolés dépend de la taille de la communauté rassemblée.
En
zon
une
vingtaine d'agneaux envi-
ron
ont
été sacrifiés. Les agneaux du sacrifice
sont
délainés à l'eau chaude, puis suspendus
par
les
pattes arrière à des crochets métalliques. Uanimal est éventré
et
ses viscères retirés, lavés
et
salés.
Une
partie d'entre eux sont remis
en
place.
Le
reste,
tout
comme le
sang
et
les graisses du ventre, est
brûlé sur l'autel en
«odeur
agréable à
Dieu>>.
Les pattes avant droites
sont
enlevées
et
cuites à
part:
il
s'agit de la
part
réservée aux prêtres.
La
mâchoire inférieure de chaque agneau revient également
à ceux-ci. Les animaux
sont
salés, embrochés
et
cuits dans les fosses prévues à cet effet; fosses qui,
comme
on
le voit sur les clichés, sont scellées
pour
la cuisson.
Peu
avant minuit, la communauté samaritaine se rassemble autour des fours
et
chaque respon-
sable
de
famille retire alors son agneau
du
feu
et
le place dans
une
corbeille.
On
l'accompagne
d'herbes amères
et
de
pain
azyme. A minuit, les familles rentrent chez elles
et
consomment rapi-
dement le repas pascal.
Les
restes, ainsi que tous les accessoires ayant touché l'agneau sont ensuite
amenés à l'autel, où ils seront brûlés. Ils se consumeront jusqu'au lever
du
jour.
Les photographies publiées dans le présent volume
ont
été prises
par
Daniel
Barbu
en
avrilzon.
Elles constituent
un
témoignage remarquable sur ce rituel millénaire
dont
nous avons ici évoqué les
grandes lignes'.
r Cette
brève
introduction reprend
des
éléments développés plus longuement dans
JEAN-DANIEL
MACCHI,
«Le
sacrifice samaritain de la Pâque)>, Cahiers Évangile
rn
(2ooo), pp.
55-59.
Cf. également JEAN-DANIEL
MAcclu,
Les
Samaritaim: histoire
d'une
légende.
Israël et
la
province
de
Samarie, Genève, La bor
ct
Fides, 1994.