La guerre « militaire » de l'information inclut aussi des informations au sens de
« données » quand il s'agit des données informatiques et des systèmes de communication.
Ici, il faudrait résumer le volet high tech de la Révolution dans les Affaires Militaires,
tous les changements qu'apportent à l'art de tuer ordinateurs, réseaux, satellites, armes
intelligentes, …. Les techniques offensives changent : cyberattaques, paralysie des
réseaux adverses de communication, désorganisation de ses infrastructures vitales… Mais
aussi intégration de technologies numériques dans le repérage des objectifs, la
transmission des données, la coordination des forces armées, la direction des armes
intelligentes,….
Si l'on s'élève d'un degré, la guerre de l'information, est également une guerre de
l'information comme savoir. Posséder la dominance informationnelle, c'est avoir une
représentation exacte et globale de la situation permettant une décision stratégique
appropriée et instantanée, tandis que l'adversaire est plongé dans le brouillard de
l'ignorance. Il s'agit donc d'une condition structurelle de la supériorité militaire (car cela
suppose en amont tout un équipement et toute une adaptation des structures et mentalités
à la révolution de l'information).
Allons encore un peu plus loin. D'une certaine façon l'infodominance est aussi un
objectif de la guerre. Les Etats-Unis se battent pour conserver leur domination
informationnelle globale en termes de débouchés, de technologie et d'influence de leurs
modèles technologiques, médiatiques, culturels et éthiques. Shapping the globalization,
contrôler la globalisation, gérer le « monitoring » de l'évolution économique, politique et
culturelle globale, tel est l'objectif ultime de « l'Empire bienveillant ». Or cela se confond,
dans l'esprit des stratèges qui dessinent ce projet, avec le passage à la Société de
l'Information, avec la prédominance planétaire de l'influence américaine. Il est donc
légitime de dire que toute guerre menée par l'hyperpuissance est une guerre « pour
l'information, une guerre pour faire prédominer une certaine conception de ce qu'est
l'information, une guerre idéologique et messianique.
Guerre militaire et guerre économique
Avons-nous épuisé les sens de « guerre de l'information ». ? pas encore, car il faut
parler de la guerre de l'information au sens de la stratégie économique (à supposer que la
séparation entre stratégie militaire, idéologique ou économique ait encore un sens).
Cette dernière acception engendre des discussions sans fin. Il y a d'abord la
question de la valeur métaphorique. Est-il légitime de nommer « guerre » une activité qui
ne fait pas de morts. ? Faut-il réserver ce terme à des conflits collectifs, organisés,
durables et sanglants ? À ce compte, l'image de la guerre de l'information vaut bien celle
de la guerre des nerfs, guerre secrète ou guerre des prix : la légitimité de toute
comparaison est affaire de convention et d'intelligibilité.`
Mais le vrai problème est ailleurs : peut-on, en employant le terme « guerre »,
transposer des notions liées une activité politico-stratégique dans un domaine technico-
économique ? Et, certes, dans le second cas ; elles recouvrent toutes sortes d'opérations
d'agression : cyberpiraterie, opérations psychologiques, espionnage industriel,
déstabilisation qui prennent une nouvelle dimension dans la société dite de l'information.
Visiblement, au moment où les militaires s'entichent de la « Révolution dans les Affaires
Militaires », l'économie, elle, inclut de nouveaux domaines : la guerre cognitive, de