Qu`est-ce que la guerre de l`information? - François

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Qu’est-ce que la guerre de l’information!?
Par François-Bernard Huyghe
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La guerre de l’information consiste à dérober, détruire, pervertir
l’information, depuis les connaissances intellectuelles jusqu’aux données
informatiques. Son but est de produire un dommage, ou de gagner une
hégémonie. Sa devise : « Information, prédation, destruction ». Elle mobilise
aussi des symboles et des affects pour fabriquer du consensus et diriger des
passions.
La société dite de l’information serait donc soumise à un double danger :
celui de la violence archaïque toujours récurrente, celle qui martyrise les
corps, et une violence nouvelle, qui brutalise ou altère des cerveaux,
d’hommes ou d’ordinateurs.
Problématique ........................................................................................................................3
Article guerre de l’information sur wikipedia .........................................................................8
Anthologie de citations sur et autour de la guerre de l’information .......................................10
Annexe!: Cinq questions sur la guerre de l’information ........................................................16
Question n° 1!: Quelle information!?.............................................................................19
Question n°2 Quelles stratégies mobilisant quelle information!? ...................................26
Question n°3!: Y a-t-il guerre sans infoguerre ? ............................................................30
Technologie et victoire .................................................................................................32
Question n° 4!: Comment gagner avec des signes!?.......................................................36
Question n° 5 Agir sur les esprits ou agir sur les choses!? .............................................41
Bibliographie .......................................................................................................................49
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Problématique
Dans le contexte actuel, le terme « Guerre de l’information » est employé par les
médias comme synonyme de guerre des images ou affrontement des propagandes. Il
serait plus exact de parler de « guerre des informations » c'est-à-dire des « nouvelles »
que l'on voit, entend ou lit.
La définition serait alors : les conflits, les manœuvres, les polémiques qui portent
sur la représentation que se fait le public des événements militaires. Cela se divise en
rubriques :
la crédibilité des sources (quelles sont-elles ? quels discours venant de quel bord
est relayé ? de quelle façon ? au conditionnel, avec sympathie, avec un commentaire
soulignant qu'il pourrait bien s'agir de propagande ? quelle est la part des rumeurs ? qui
vérifie quoi ?). Bref : quels événements sont présentés comme vrais ou non.
la tonalité générale des commentaires. Cela inclut le choix du vocabulaire. Des
mots comme « choquer et sidérer », « décapitation », « enlisement », « le camp de la
paix », « résistance », voire un simple article comme quand on dit « les » Kurdes ou
« les » Shiites, tout cela est tout sauf neutre.
L'impact émotionnel des images. Il se développe une véritable casuistique des
images de violence (encore une notion qu'il faudrait définir : commence la violence
d'une image ?). D'où ces débats récurrents : faut-il montrer des prisonniers, des morts,
comment ? Les réponses dépendent totalement de valeurs idéologiques ou culturelles.
Exemple. Les U.S.A. connaissent un véritable tabou (on ne doit voir aucun mort
américain, comme on n'a vu aucune victime du 11 Septembre) et même les images de
prisonniers U.S. sont censurées. Cela remonte au traumatisme du Vietnam : surtout ne
pas montrer l'horreur de la guerre, ni les victimes que l'on fait. Les télévisions dites
« arabes » comme al Jazira n'hésitent pas à montrer ces images de l'humiliation
symbolique de l'Occident, comme elles n'hésitent pas non plus à présenter des images de
la souffrance ou de la mort de Palestiniens, parfois mises en scène de façon assez
spectaculaire. Des images comme celles des prisonniers de Guantanamo, des sévices de
Abou Graibh ou celle des otages exécutés par le jihadistes
Les guerres militaires de l'information
Mais la guerre de l'information, ce sont aussi des messages ou des signaux
(généralement faux) que l'on adresse aux adversaires pour les démoraliser, les diviser, ou
les égarer. Cela va du tract primaire lancé sur la tranchée d’en face Rendez vous. La
lutte est inutile. Pensez à vos familles ») à des opérations de services secrets beaucoup
plus sophistiquées pour intoxiquer le commandement adverse. Si l'on va par là, toute ruse
de guerre est une ébauche de guerre de l'information.
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La guerre « militaire » de l'information inclut aussi des informations au sens de
« données » quand il s'agit des données informatiques et des systèmes de communication.
Ici, il faudrait résumer le volet high tech de la Révolution dans les Affaires Militaires,
tous les changements qu'apportent à l'art de tuer ordinateurs, réseaux, satellites, armes
intelligentes, …. Les techniques offensives changent : cyberattaques, paralysie des
réseaux adverses de communication, désorganisation de ses infrastructures vitales… Mais
aussi intégration de technologies numériques dans le repérage des objectifs, la
transmission des données, la coordination des forces armées, la direction des armes
intelligentes,….
Si l'on s'élève d'un degré, la guerre de l'information, est également une guerre de
l'information comme savoir. Posséder la dominance informationnelle, c'est avoir une
représentation exacte et globale de la situation permettant une décision stratégique
appropriée et instantanée, tandis que l'adversaire est plongé dans le brouillard de
l'ignorance. Il s'agit donc d'une condition structurelle de la supériorité militaire (car cela
suppose en amont tout un équipement et toute une adaptation des structures et mentalités
à la révolution de l'information).
Allons encore un peu plus loin. D'une certaine façon l'infodominance est aussi un
objectif de la guerre. Les Etats-Unis se battent pour conserver leur domination
informationnelle globale en termes de débouchés, de technologie et d'influence de leurs
modèles technologiques, médiatiques, culturels et éthiques. Shapping the globalization,
contrôler la globalisation, gérer le « monitoring » de l'évolution économique, politique et
culturelle globale, tel est l'objectif ultime de « l'Empire bienveillant ». Or cela se confond,
dans l'esprit des stratèges qui dessinent ce projet, avec le passage à la Société de
l'Information, avec la prédominance planétaire de l'influence américaine. Il est donc
légitime de dire que toute guerre menée par l'hyperpuissance est une guerre « pour
l'information, une guerre pour faire prédominer une certaine conception de ce qu'est
l'information, une guerre idéologique et messianique.
Guerre militaire et guerre économique
Avons-nous épuisé les sens de « guerre de l'information ». ? pas encore, car il faut
parler de la guerre de l'information au sens de la stratégie économique (à supposer que la
séparation entre stratégie militaire, idéologique ou économique ait encore un sens).
Cette dernière acception engendre des discussions sans fin. Il y a d'abord la
question de la valeur métaphorique. Est-il légitime de nommer « guerre » une activité qui
ne fait pas de morts. ? Faut-il réserver ce terme à des conflits collectifs, organisés,
durables et sanglants ? À ce compte, l'image de la guerre de l'information vaut bien celle
de la guerre des nerfs, guerre secrète ou guerre des prix : la légitimité de toute
comparaison est affaire de convention et d'intelligibilité.`
Mais le vrai problème est ailleurs : peut-on, en employant le terme « guerre »,
transposer des notions liées une activité politico-stratégique dans un domaine technico-
économique ? Et, certes, dans le second cas ; elles recouvrent toutes sortes d'opérations
d'agression : cyberpiraterie, opérations psychologiques, espionnage industriel,
déstabilisation qui prennent une nouvelle dimension dans la société dite de l'information.
Visiblement, au moment où les militaires s'entichent de la « Révolution dans les Affaires
Militaires », l'économie, elle, inclut de nouveaux domaines : la guerre cognitive, de
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l'hyperconcurrence, de la déstabilisation, et autres.
Pour le dire autrement, pendant que la guerre mobilise une composante de plus en
plus importante d'information et de communication (y compris dans son aspect dit de
« civilianisation ») l'économie dite de l'information devient de plus en plus conflictuelle.
Et par les moyens parfois régaliens qu'elle mobilise (par exemple les systèmes
d'espionnage de la guerre froide comme Echelon reconvertis dans la conquête des
marchés) et parce qu'économie, technologie, culture, diplomatie, guerre, s'inscrivent dans
in même projet géopolitique, le shapping the globalization que nous évoquions.
Une première distinction d'impose. La guerre de l'information consiste dans la
plupart des cas à infliger un dommage à l'adversaire ou au concurrent en utilisant des
signes en lieu et place de forces. Le dommage en question peut se réaliser directement, en
affectant ce que sait ou peut l'Autre, ou indirectement, en modifiant l'opinion des tiers.
Dans le premier cas, il s'agit d'amener l'Autre à prendre une décision favorable à
nos desseins (ou, ce qui revient au même, l'empêcher d'agir faute d'éléments de choix) Le
but est de manipuler des facteurs cognitifs et d'acquérir le monopole de l'information
pertinente (des descriptions « vraies » de la réalité permettant d'agir). On y parvient par
des procédés qui peuvent inclure l'espionnage, la surveillance électroniques, l'intoxication
ou le sabotage informationnel.
Dans le second cas, le but est de réduire la liberté d'action de l'adversaire en le
déconsidérant, en lui faisant perdre des partisans ou des alliés, bref en altérant son image
plutôt que sa volonté. Donc en le privant de moyens d'action plutôt que de cognition. Et
en faisant croire plutôt qu'en sachant (ou en empêchant de savoir). C'est pourquoi nous
avons parlé de l'information « efficiente »,, celle dont la valeur stratégique ne repose pas
dans sa véracité mais dans sa diffusion. Elle est efficace dans la mesure où elle trouve des
repreneurs, des « croyants » qui adoptent le point de vue et le jugement de valeur
souhaité. Et les critères de la croyance ne sont pas exactement les mêmes quand il s'agit
de savoir s'il faut faire la guerre aux Iraniens ou avoir peur des OGM.
Mais ce second type d'agression a aussi une contrepartie positive : la promotion de
sa propre image, de ses propres valeurs et critères de choix (y compris les critères
techniques), la façon d'amener l'autre à adhérer à vos desseins. Sous sa forme grossière,
c'est la propagande qui sert à recruter des partisans, et elle est surtout politique. Sous sa
forme subtile, c'est l'influence sous toutes ses formes - prestige suscitant l'imitation,
communication visant à faire partager son point de vue, interventions discrètes sur les
facteurs de décision. Et l'influence peut être tout aussi bien économique et technique que
culturelle et stratégique.
Facteur technique, facteur symbolique
La guerre de l'information aurait donc à la fois une dimension cognitive et une
dimension que nous appellerions « accréditive ». Or la connaissance et l'évaluation de la
première posent surtout des problèmes techniques, la seconde essentiellement des
problèmes psychologiques. Soit par exemple la question « un Pearl Harbour informatique
est-il possible ? ». Pour y répondre, c'est-à-dire pour évaluer quelle pourrait être la
dangerosité d'une attaque informatique coordonnée contre les infrastructures
communicationnelles d'un pays (virus, déni d'accès, altération de bases de données,
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