Les professionnels de l’éducation interrogés sont unanimes : les
aides technologiques à l’écriture sont des outils indispensables
pour favoriser la réussite scolaire des élèves ayant un trouble
d’apprentissage. Les élèves qui les utilisent effi cacement obtiennent
non seulement de meilleurs résultats scolaires, mais ils sont aussi
plus motivés à l’école et ont une plus grande confi ance en eux.
Selon Sophie Cadieux, orthopédagogue à la Commission scolaire des
Trois-Lacs, les aides à l’écriture peuvent faire la différence entre l’obtention
d’une note de passage ou un échec pour des élèves souffrant de dyslexie,
de dysorthographie ou de dyspraxie.
Des élèves qui obtenaient des 40 % ou 50 % en
production écrite s’en sortent désormais avec des
65 %, depuis qu’elle utilise avec eux le logiciel de
prédiction de mots WordQ. « Ce logiciel n’écrit pas
à la place de l’élève, il lui suggère des mots. L’élève
peut se concentrer sur sa composition plutôt que
de paniquer sur l’orthographe. »
Brigitte Stanké, orthophoniste doctorante, témoigne également des effets
positifs de l’utilisation des aides à l’écriture. Elle a utilisé le logiciel
WordQ avec des jeunes de la fi n du primaire à la Commission scolaire de
Montréal et du secondaire à l’école privée Vanguard. L’effort requis pour
la rédaction limitait la longueur des textes de ces élèves à une dizaine
de lignes, dit-elle. En écrivant avec l’aide du logiciel, ils rédigeaient des
phrases plus longues, avec un vocabulaire plus riche.
En fait, l’usage des logiciels d’aide donnerait un répit aux élèves en trouble
d’apprentissage, en leur apportant une assistance, une rétroaction sur le
travail accompli, les invitant à se corriger au fur et à mesure.
La recherche « L’erreur dans l’acquisition de l’orthographe » (Arnaud Rey,
Sébastien Pacton et Pierre Perruchet, 2005) corrobore ces témoignages.
Elle a démontré qu’une exposition répétée aux erreurs d’écriture
empêche l’élève de retenir l’orthographe correcte.
Selon Madeleine Fauteux, conseillère pédagogique en adaptation
scolaire à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, en réduisant
l’exposition à l’erreur (par la suggestion de bonnes réponses possibles),
les aides à l’écriture permettent aux élèves d’enregistrer la bonne
orthographe des mots et, ce faisant, de se concentrer sur d’autres aspects
de la rédaction.
Certes, les élèves ayant un trouble d’apprentissage n’obtiennent pas
une note parfaite du jour au lendemain. La source du trouble étant
neurologique, les problèmes demeurent à vie. Malgré tout, ils peuvent
avoir « plus de contrôle sur leur apprentissage », soutient Brigitte Sirois,
orthopédagogue à la Commission scolaire des Phares.
« J’ai vu des élèves passer d’une démotivation, près de l’apathie, à une
motivation vraiment plus importante », affi rme-t-elle. Les élèves qui
voient leurs efforts mener à de meilleurs résultats sont plus motivés et ont
une meilleure estime d’eux-mêmes. Les aides technologiques deviennent
source de valorisation. « Maintenant, ils savent qu’ils peuvent réussir »,
dit Sophie Cadieux.
Accompagnement requis
Malgré les bienfaits observés, certaines conditions doivent être respectées
pour assurer une utilisation maximale et effi cace des aides à l’écriture.
« On ne peut pas juste recommander un outil sans montrer au jeune
comment l’utiliser », avertit Mme Stanké.
« Il est nécessaire de réaliser un accompagnement pédagogique en
parallèleà », précise Mme Fauteux. L’élève doit comprendre son trouble et
être conscient de ses diffi cultés. Il doit être amené à comprendre le principe
de base et les limites des outils qu’il utilise.
Certains « croient à tort que les correcteurs d’orthographe sont un peu
magiques ». D’emblée, elle leur explique que ce n’est pas le logiciel
qui est intelligent, mais l’élève qui prend une décision parmi les choix
proposés.
Ainsi, l’élève s’engage dans son apprentissage, il devient plus autonome.
Il acquiert « une méthode de travail », et non une « dépendance » à l’outil,
fait remarquer Mme Cadieux.
Mme Fauteux rappelle également que « la réussite
des élèves est en lien avec plusieurs facteurs »,
pas uniquement avec l’utilisation d’un outil ou
d’un autre. « La majorité des enfants qui ont un
trouble d’apprentissage ont aussi un problème de
motricité fi ne », relate Mme Sirois. Taper sur les
touches d’un clavier est alors moins énergivore
que manipuler un crayon.
Les troubles d’apprentissage
les plus connus
• dyslexie : trouble spécifi que de la lecture
• dysorthographie : trouble spécifi que de l’écriture
• dyscalculie : trouble spécifi que du calcul et des mathématiques
• dysphasie : trouble spécifi que du langage
• trouble de la mémoire (à court ou à long terme)
• dyspraxie : trouble psychomoteur
• trouble visuo- ou auditivo-perceptif : diffi culté d’assemblage
et de différenciation de visuels ou de sons
• trouble des fonctions exécutives : organisation et planifi cation
• syndrome de dysfonction non verbale : diffi culté motrice,
visuelle, sociale ou sensorielle
• trouble du traitement auditif : traitement de l’information
• trouble du défi cit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H)
Source : www.aqeta.qc.ca
Utiles, les aides technologiques?
Certainement, mais…
Par Elsa Iskander