L'évolution des pressions au cours de ces deux tempêtes présente une évolution comparable ; durant la tempête "Quinten", les
niveaux furent toutefois nettement plus élevés que le 23 janvier ("Joris") comme le montrent les illustrations 7 et 8. Entre le lac
Léman et le lac de Constance, un gradient de pression d'environ 10 hPa fut atteint en l'espace d'environ 6 heures.
La différence de pression provoque un courant ayant une vitesse de base relativement constante et proportionnelle à cette
différence ; la force des rafales dépend en revanche de processus de turbulences capables d'introduire ponctuellement dans les
basses couches de l'atmosphère des vents d'altitude souvent forts à tempétueux. L'intensité de ces processus de turbulence dépend
de l'instabilité de l'atmosphère : qu'un afflux d'air froid se produise en altitude au-dessus d'air relativement chaud et aussitôt
prendront naissance des mouvements verticaux souvent importants. Un indicateur sommaire de cette instabilité est la différence de
température entre 5500 et 1500 m : plus cette différence est marquée, plus grande est l'instabilité, laquelle se manifestera souvent
par des averses, voire même des orages. Cette différence de température durant les phases les plus intensives de "Joris" et
"Quinten" est représentée par les illustrations 9 et 10. Malgré des ordres de grandeur comparables de 28 à 30 degrés d'écart entre
les deux niveaux, les averses et orages qui éclatèrent le 23 janvier furent plus violents que ceux du 10 février. Durant la tempête
Joris, les orages s'organisèrent en effet en ligne de grain à l'arrière du front froid, le long d'une zone de convergence étendue qui
traversa tout le nord des Alpes. Les illustrations 9 et 10 laissent deviner des différences significatives dans le caractère des masses
d'air associées à ces deux dépressions.
La structure complexe d'une dépression, ne présentant rien d'autre qu'un tourbillon étendu mêlant des masses d'air froid et chaud,
est révélée par les nombreuses analyses frontales des service de prévision, lesquelles - dans le détail - diffèrent souvent les unes
des autres. L'exemple ci-dessous du 10 février 2009 à 06 UTC montre une image satellite particulière révélant la nature des masses
d'air en jeu, une image composite des radars ouest-européen ainsi que l'analyse frontale correspondante des services
météorologiques allemands et anglais (ill. 11 à 14). Aucune des représentation n'est juste ou fausse ; chacune utilise des marqueurs
propres à révéler les processus présents dans l'atmosphère ainsi que les types de temps qui y sont associés. Ainsi, les triangles
blancs de l'analyse anglaise mettent en évidence un front froid d'altitude surplombant en le précédant un front froid au sol ; ce
processus est en effet visible sur l'image satellite sous la forme d'une bande rouge dans ce même secteur. La couleur rouge dans
l'image satellite révélatrice des "masses d'air" (cf. eumetsat.int) indique un air riche en ozone stratosphérique dans les couches
moyennes et supérieures de l'atmosphère, lequel s'assèche et se réchauffe considérablement par subsidence à l'arrière des fronts
froids.