Observatorio Socio Ambiental de la FLACSO – Working Paper No 020 – 2009/05
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Dans ce contexte, les méthodes de négociation et de résolution dite
« alternative » de conflits peuvent, certes, être efficaces, d´un point de vue
instrumental. Mais elles présentent des effets pervers du point de vue politique, dans
des sociétés qui souffrent de forts déficits démocratiques. En effet, elles ont tendance
à renforcer la position des acteurs dominants au détriment des plus faibles ou à
générer des blocages institutionnels en renforçant la position des « veto players » dans
les négociations. Par ailleurs, les méthodes de gestion communautaire de conflits ont,
il est vrai, le mérite de compenser jusqu´à un certain point, le déséquilibre de pouvoirs
entre les acteurs. Toutefois, elles favorisent à leur tour l´apparition de positions
politiques extrêmes, voire anti-systémiques, et de surenchères qui radicalisent les
conflits au prix de l´institutionnalisation des arrangements.
Au centre de nombreux conflits environnementaux générés par l´extraction
d´hydrocarbures, se trouve la lutte pour la définition d´un modèle de développement,
qui n´est jamais l´objet d´un consensus général, puisque les acteurs qui s´y opposent
sont mus par des visions du monde et des logiques d´action différentes. Ce qui est en
jeu ici, c´est le contrôle de l´historicité, c´est-à-dire la capacité de la société dans son
ensemble de se reproduire, se transformer et accroître son action et sa participation.
En ce sens, les conflits environnementaux dans les pays d´Amazonie andine
constituent un problème pour la démocratie. Cela dit, le radicalisme de certains
mouvements écologistes ou indigénistes, le clientélisme et le paternalisme de nombre
d´entreprises, ou encore l´autoritarisme de l´Etat ont tendance à accentuer la
polarisation des conflits, alors que les arrangements à l´amiable les rendent invisibles
et accentuent, en fin de compte, les déficits de démocratie.
La principale cause structurelle de ces conflits réside dans le fait que le débat
autour des politiques publiques est souvent désarticulé entre trois types d´espaces : le
législatif (où dominent les intérêts corporatifs et locaux), l´exécutif (où dominent les
tendances à l´autoritarisme et la bureaucratie) et l´espace informel de l´opinion
publique (où les demandes et les nécessités de la société sont captées par des
secteurs de la société civile très politisés mais disposant d´une étroite base de
légitimité). Pour atteindre un niveau de légitimité satisfaisant et réduire le niveau de
conflictualité, le lieu de délibération des politiques publiques – en l´occurrence
énergétiques, environnementales, sociales et économiques – devrait être une sphère
publique qui privilégie la participation de la société civile, en interaction avec les
institutions de l´État et les acteurs économiques.
La société civile – ici définie comme le tissus d´associations, organisations,
réseaux et mouvements sociaux, qui agissent comme autant d´intermédiaires entre les