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Avant le lancement du débat sur le changement climatique et le rôle du Commerce équitable à cet
égard, la discussion roula d’abord sur un autre sujet. Max Havelaar doit-il continuer à garantir les prix
du Fairtrade pour les producteurs de café dans le monde maintenant que le prix du café est
tellement élevé ? Jos Algra, de Twin Novotrade, a essuyé les plâtres du débat. En un temps record, il
a inondé le public d’un paquet de statistiques démontrant l’évolution des prix du café en 2010. « Oui,
le prix du café a doublé entre 2010 et 2011 », expliqua-t-il, « mais depuis, la tendance est à nouveau
à la baisse. Et c’est là souvent que l’étau se resserre pour les producteurs de café. Le marché du café
est très volatil. De petits remous – au niveau du climat, par exemple – peuvent avoir de grandes
conséquences. »
Jos Algra montra ainsi comment, durant les dix dernières années, quelques aléas au Brésil ont fait
fluctuer les prix du café. « Le Brésil est le premier producteur de café au monde. En 1995, un gel
sévère y détruisit une grande partie de la récolte avec, pour conséquence directe, une augmentation
du prix. Mais cinq ans plus tard, donc aux environs de 2001, les cours se sont à nouveau effondrés.
Pour les producteurs de café confrontés à un marché aussi fluctuant, il est très difficile de garder la
tête hors de l’eau. »
Oui, pour Jos Algra, le Commerce équitable constitue une bonne réponse. Et ce, précisément, en
raison du prix fixe garanti. Une opinion qui fut confirmée ultérieurement au cours du débat,
notamment par John Kanjagaile, qui représentait la coopérative de café tanzanienne, KCU.
Le consommateur demande de l’équitable.
L’intérêt et l’utilité du Commerce équitable se fondent aussi sur deux autres constats, selon Jos Algra.
« La part de café certifié ne cesse de croître sur le marché de la consommation. Les amateurs de café
demandent toujours plus de café certifié de qualité. En 2010, cette part s’élevait à 8% de l’offre
totale de café ; ce qu’on appelle les cafés de spécialité représentaient 13% du marché et le reste -
79% - revient provisoirement au café conventionnel. » Les consommateurs demandent donc du café
certifié. Et une grande partie d’entre eux affiche clairement sa confiance dans le label Fairtrade de
Max Havelaar. Pour Jos Algra, c’est déjà une bonne raison de ne pas laisser tomber le café équitable.
Il en voit encore une autre : l’impact du Commerce équitable sur la communauté locale des
producteurs de café. Et de citer deux exemples à ce propos : les coopératives Prodecoop du
Nicaragua et INC du Pérou. « La Prodecoop est un cas d’école sur la façon dont le Commerce
équitable contribue au progrès de la communauté locale », expliqua-t-il. « Il a permis d’améliorer la
qualité, d’investir dans des installations propres de séchage, de faire évoluer les relations entre
hommes et femmes, etc. » Toute une série d’effets positifs. Par ailleurs, au Pérou, le Commerce
équitable a un grand impact politique. « Il a permis à la culture du café de s’amplifier. Et à 80.000
familles d’acquérir des titres fonciers sur les terres qu’elles cultivaient. Voilà qui élimine déjà une
bonne part d’insécurité. »
Jos Algra avança un dernier argument, qui se révéla être en rapport avec le débat prévu ensuite : la
menace climatique qui pèse sur les producteurs de café. Cette menace génère une grande insécurité
et le marché du café demeure très instable. Si nous ne soutenons plus les petits producteurs par le
biais du Commerce équitable, cette situation leur sera très néfaste à terme.