Le traitement des troubles érectiles par les androgènes

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◆ F ORMATION MÉDICALE CONTINUE
Progrès en Urologie (1997), 7, 314-319
Le traitement des troubles érectiles par les androgènes :
Quand? Comment?
Jacques TOSTAIN, Christophe LEGON, Thibault LUDOT, Raphaël CASTRO, Guo Rong LI
Service d’Urologie-Andrologie, Hôpital Nord, Saint-Etienne, France
RESUME
L’insuffisance érectile par déficit en androgènes se
caractérise biologiquement par un abaissement de la
testostérone secondaire à un hypogonadisme d’origine hypothalamo-hypophysaire ou testiculaire.
Le traitement au long cours par les androgènes
n’est acceptable que si le bilan biologique a apporté
la preuve de l’hypogonadisme et éliminé une chute
de la testostérone secondaire à une élévation de la
prolactine. Il fait appel à la testostérone injectable
ou à la dihydrotestostérone transdermique, avec
une efficacité clinique comparable mais une différence biologique portant sur le rôle de l’aromatase.
Quelle que soit la forme de traitement choisie, il
faut privilégier des posologies faibles à prises rapprochées autorisant le maintien de taux plasmatiques stables dans les fourchettes physiologiques.
L’action des androgènes sur la prostate et le système cardio-vasculaire impose, avant la mise en route
du traitement chez un patient demandeur et averti,
un bil an permettant d’écarter un néop lasme
méconnu et un risque de thrombose vasculaire. Une
surveillance clinique et biologique régulière durant
le traitement est indispensable.
Mots clés : Impuissance, androgènes, hypogonadisme.
Progrès en Urologie (1997), 7, 314-319
On a longtemps cru que l’insuffisance érectile par déficit en androgènes était rare. Il est vrai que la testostérone n’est abaissée que chez 7% des hommes de 40 à
60 ans, et chez 20% de ceux de 60 à 80 ans [17]. En
fait, dans le cadre d’une consultation pour dysfonction
sexuelle, l’abaissement anormal de la testostérone est
constaté dans 7,5% [4] à 15% des cas [7]. On sait par
ailleurs que l’âge s’accompagne d’une dégradation
progressive de la fonction testiculaire [1, 18], responsable d’une chute des androgènes circulants. Même si
le phénomène n’est pas aussi brutal et complet que
chez la femme [5], il peut diminuer voire supprimer les
capacités érectiles et motiver la consultation. Le dosage de la testostérone fait donc partie des examens de
débrouillage de la plupart des dysfonctions érectiles,
même en l’absence de trouble de la libido ou d’hypotrophie testiculaire [2, 7].
Il est plus délicat d’affirmer qu’une testostérone abaissée explique la dysérection dont se plaint le patient, car
le mécanisme exact de l’insuffisance érectile par déficit
en androgènes est inconnu [2]. Le rôle bénéfique des
androgènes sur l’intérêt et l’activité sexuelle est admis.
L’effet réel sur les capacités érectiles est moins clair [2].
Plusieurs niveaux sont peut-être en cause: le système
nerveux central possède des récepteurs aux androgènes
[2], mais la libération de NO, médiateur pro-érectile de
la relaxation des fibres musculaires caverneuses, serait
également androgénodépendante [10].
Quelle que soit l’origine du déficit en androgènes, la
prescription d’hormones mâles dans le cadre d’une
insuffisance érectile n’échappe pas au principe général
des traitements endocriniens : la supplémentation n’est
utile que lorsqu’il existe une insuffisance confirmée de
la sécrétion testiculaire, dénommée hypogonadisme
[11, 12]. Les effets secondaires cardio-vasculaires et la
crainte de stimuler une pathologie prostatique méconnue [1] impliquent une surveillance étroite.
L’INSUFFISANCE DE LA SECRETION
ANDROGENE EST LE REFLET D’UN
DEREGLEMENT DE L’AXE
HYPOTHALOMO-HYPOPHYSO-GONADIQUE
L’organisation générale de cet axe est bien connue
(Figure l)
La testostérone est sécrétée par les cellules de Leydig
du testicule sous l’influence de la LH hypophysaire,
elle-même régulée par la sécrétion pulsatile de LHRH
hypophysaire. Une boucle de rétrocontrôle négatif
assure le maintien d’un taux constant de testostérone
plasmatique, avec toutefois des variations nycthémérales comportant un pic matinal.
La testostérone totale (3-10 ng/ml) reflète mal l’activité androgénique, car elle regroupe deux formes :
• la testostérone liée aux protéines : sérum-albumine,
mais surtout protéine spécifique dénommée TeBG
(Testosterone Binding Globuli n) ou SHBG (Sex
Hormone Binding Globulin)
Manuscrit reçu : janvier 1996, accepté : avril 1996.
Adresse pour correspondance : Dr. J . Tostain, Service d’Urologie-Andrologie,
Hôpital Nord, 42055 Saint-Etienne Cedex 2.
314
Hypothalamus
Rétrocontrôle
négatif
LHRH
Testostérone liée aux protéines
T
Hypophyse
LE TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE
ERECTILE PAR LES ANDROGENES NE SE
CONÇOIT QUE DEVANT UN
HYPOGONADISME
SHBG (ou TeBG)
FSH
(Spermatogénèse)
LH
5 αRéductase
La traduction biologique de cet hypogonadisme est une
diminution de la fraction biodisponible [15] ou de la
testostérone libre [11].
DHT
T
Suivant le niveau anatomique du trouble sécrétoire,
on distingue (Tableau 1) :
Aromatase
Testostérone libre
Oestradiol
Boucles de régulation
Boucle principale
Boucle accessoire
(Cellule prostatique)
Les hypogonadismes hypergonadotrophiques ou
testiculaires
Figure 1. Axe hypothalamo-hypophyso-gonadique et métabo lisme intra-prostatique de la testostérone libre.
La stimulation hypothalamo-hypophysaire est excellente, traduite par une élévation de la FSH et de la LH.
L’insuffisance Leydigienne, origine du trouble, ne permet pas une réponse sécrétoire satisfaisante.
• la testostérone libre, non liée aux protéines, qui est
la seule forme biologiquement active. C’est son taux
plasmatique qui régule la boucle de rétrocontrôle,
avant sa diffusion passive aux cellules-cibles.
Les hypogonadismes hypogonadotrophiques d’origine hypothalamo-hypophysaire
La testostérone biodisponible est la testostérone non
fixée à la SHBG [5, 15]. Ell e correspond à 52% de la
testostérone totale, incluant 2% de t estostérone libre
et 50% de testostérone liée à l’al bumine par une liaison aisément dissociable [2]. Son taux plasmatique
varie avec l’âge: elle diminuerait de 1% par an entre
40 et 70 ans [8], et globalement de 50% entre 20 et
80 ans [17]. Une testostérone totale abaissée peut
donc traduire un déficit vrai en testostérone libre ou
un simple trouble des prot éines spécifiques. A l’inverse, une t estostérone totale normale est compatible
avec une fraction biodisponible abaissée, par augmentation de l a SHBG [5]. En théorie, seul l’abaissement de la testostérone plasmatique libre [11] ou
biodisponible [15] permet d'affirmer le déficit en
androgènes.
Le tissu Leydigien est fonctionnel, mais une insuffisance de sécrétion de LHRH hypothalamique ou de LH
hypophysaire l’empêche d’être stimulé. La traduction
biologique associe:
• une FSH et une LH basses, alors que la testostérone
est elle-même basse
• une réponse variable des taux de FSH et LH, suivant le
niveau lésionnel, au test à la LHRH ou au clomiphène:
- augmentation nette, voire explosive, en cas d’anomalie hypothalamique
- absence de variation nette en cas d’anomalie hypophysaire.
La régulation de la sécrétion de testostérone fait en
outre intervenir de façon plus accessoire :
LE BILAN HORMONAL EST DONC UN
PASSAGE OBLIGE DU BILAN DE LA
PLUPART DES DYSFONCTIONS ERECTILES
(Figure 2)
• d’une part la DHT (dihydrotestostérone), formée sur
la membrane nucléaire des cellules-cibles, par transformation de la testostérone libre, sous l’action de la
5α−réductase,
Chez le patient de moins de 40 ans, ne présentant ni
chute de la libido ni signe clinique d’hypogonadisme,
le bilan hormonal est probablement inutile [4]. Chez les
• d’autre part l’oestradiol, formé par aromatisation de
la testostérone.
Tableau 1. Les différents types d’hypogonadisme.
Hypogonadotrophique
Hypothalamique
Hypophysaire
Hypergonadotrophique
(Testiculaire)
FSH-LH
Tests
LHRH
Clomiphène
+
-
315
Sans objet
Tableau 2. Coût du bilan hormonal.
DOSAGE MATINAL DE
TESTOSTERONE
Dosage sanguin
Normal
Bas
Nouveau dosage matinal
STOP
Bas
(Pas d’origine hormonale
aux troubles érectiles)
Dosage FSH-LH
Hautes
Dosage Prolactine
Basses
Normale
Bilan endocrinien
STOP
(Origine hypothalamique ou
hypophysaire?)
Coût FF (B=1,8 FF)
Testostérone totale
Testostérone libre
80
140
144
252
SHBG
FSH
LH
80
70
70
144
126
126
Prolactine
70
126
Tableau 3. Etiologie des hypogonadismes.
Haute
Hypergonadotrophiques
Anorchie, castration
Syndromes de Noonan, de
Klinefelter
Atteintes testiculaires par
infection, alcoolisme, toxicomanie,
iatrogénie, irradiation
Vieillissement
Bilan crânien
STOP
Coefficient B
(Tumeur hypophysaire à
Prolactine?)
(Insuffisance Leydigienne)
Hypogonadotrophiques
Syndrome de Kallman De
Morsier, Déficit isolé en LH
Panhypopituitarismes,
Hyperprolactinémie
Diabète, Hypo ou hyper thyroïdie, Cushing, Hémochromatose
Figure 2. Bilan hormonal d’une dysfonction érectile.
autres, le bilan de départ est réduit à un dosage matinal
de la testostérone (Tableau 2). L’utilité de dosages différenciés, plutôt qu’un dosage de la testostérone totale
est débattue: le dosage de testostérone libre [11] ou biodisponible [15] est indispensable pour certains, mais
apparaît inutile pour BUVAT [4], d’autant que dans son
expérience le traitement androgénique n’eut jamais
d’effet significatif en cas d’abaissement sélectif avec
testostérone totale normale.
• Si la testostérone est normale : Le bilan endocrinien
est terminé et le traitement androgène n’a pas de place.
• Si la la testostérone est basse :
Un dosage de contrôle s’impose :
En raison des variations nycthémérales, il doit impérativement être prélevé le matin :
- si le taux est normal, le bilan doit là aussi s’arrêter,
• A l’issue de ce bilan. on peut distinguer les différentes formes d'hypogonadisme (Tableau 3)
Sans chercher à détailler ces étiologies classiques, on
doit noter que :
- si l’hypogonadisme de l’andropause est habituellement hypergonadotrophique, le vieillissement peut
s’accompagner
d’un
trouble
fonctionnel
hypothalamo-hypophysaire responsable d’une chute
primitive de la LH [16, 17],
- en l’absence de contre-indication, le traitement par les
androgènes est la réponse unique à ces états, sauf dans
les tumeurs hypophysaires à prolactine. Dans ce dernier cas, le traitement par la bromocriptine peut entraîner une normalisation de la prolactine et de la testostérone, alors que l’administration de testostérone (formellement contre-indiquée) ne restaure pas la fonction
sexuelle tant que la prolactine reste élevée [2].
- si l’abaissement est confirmé, le niveau de l’anomalie
responsable doit être situé par les dosages plasmatiques
LE TRAITEMENT PAR LES ANDROGENES
Le complément de bilan comporte un dosage de FSH
et de LH, ainsi qu’un dosage de prolactine:
- si la FSH et la LH sont hautes, l’origine du trouble est
testiculaire. Le bilan est terminé.
- si elles sont basses, seul un bilan endocrinien spécialisé permettra de différencier les insuffisances hypothalamiques des insuffisances hypophysaires,
- l’élévation importante de la prolactine, suffisante en
l’absence de toute autre anomalie pour expliquer la
chute de la testostérone [2], doit conduire au bilan crânien pour rechercher une tumeur hypophysaire
Le risque de stimulation d’un cancer prostatique
occulte est la principale crainte
On sait que le cancer de prostate est androgéno-dépendant. A l’inverse, il n’existe aucune publication impliquant un traitement par les androgènes dans l’apparition d’un cancer de prostate [2]. L’élévation du PSA
décrite chez 92% des patients de T ENOVER [15] est
modeste mais n’avait pas totalement disparu 3 mois
après l’arrêt du traitement, témoignant d’une stimulation de l’épithélium prostatique.
316
Chez le patient porteur d’un cancer de prostate, l’androgénothérapie est contre-indiquée. Le traitement de la
dysfonction érectile peut éventuellement avoir recours à
la pompe à dépression, aux injections intra-caverneuses
ou à la mise en place d’une prothèse pénienne.
Le risque vasculaire induit par ce traitement serait,
pour les mêmes raisons, moins important [5].
Le risque réel est limité à la possible stimulation d’un
cancer occulte. L’hypothèse selon laquelle il serait plus
fréquent chez les patients hypogonadiques [3] est
encore insuffisamment étayée, mais met l’accent sur
les précautions de rigueur avant de mettre en route le
traitement [18] :
• A la testostérone:
En pratique, le traitement hormonal de l’hypogona disme responsable de troubles érectiles peut faire
appel :
- les androgènes synthétiques administrés par voie
orale, sous forme de méthyltestostérone (Proviron®),
d’undécanoate de testostérone (Pantestone®), ou de
fluoxymestérone (Halotestin®) ne sont pas indiqués en
raison d’une faible absorption gastro-intestinale et de
leur toxicité hépatique [1, 2, 12],
• hypogonadisme documenté,
• bilan prostatique (TR, PSA, échographie endo-rectale) strictement normal
- la forme injectable est la forme à privilégier (12), sous
forme d’énanthate (Androtardyl®) ou d’heptylate de
testostérone (Testostérone Théramex®), à raison de
200mg toutes les 2 semaines (2,18), voire 100mg par
semaine [14, 15].
• pour certains [3], biopsies de prostate systématiques
après 60 ans,
• patient demandeur d’un traitement de son insuffisance érectile, averti du risque potentiel vis-à-vis de sa
prostate, acceptant un suivi régulier clinique, biologique et échographique
• A la DHT :
Sous forme de gel transdermique appliqué quotidiennement sur la peau scrotale (Andractim®) à la dose de
5 à 10g de gel/j [5].
Deux classes d’androgènes sont utilisables :
• A la bromocriptine (Parlodel®)
Le retour sur le schéma de régulation (Figure 1) permet de comprendre que la différence porte sur le rôle
de l’aromatase [5]. Suivant le produit administré, on
peut distinguer :
Lorsque la prolactine est élevée, en notant que le traitement androgène est ici formellement contre-indiqué
en raison de la possibilité de poussée évolutive d’une
tumeur hypophysaire.
- la testostérone, aromatisable en oestradiol,
Quelle que soit la forme du traitement choisi, une
évaluation régulière du patient est indispensable :
- la DHT, non aromatisable.
Les deux formes seraient également actives sur l’hu meur, la fonction sexuelle, le muscle et l’os. Seules
diffèrent certaines conséquences biologiques [5]:
• L’administration de testostérone, aromatisable en
oestradiol:
Elle entraîne une chute de la LH si celle-ci était élevée.
Parallèlement à la normalisation de la testostérone [11,
15], parfois sans traduction sur la testostérone libre
[11], l’action de l’aromatase va entraîner une augmentation de l’oestradiol [9, 14, 15] dont on connaît l’action :
L’efficacité clinique se traduit très rapidement (15
jours-3 semaines) par la réapparition de la libido (si
elle avait disparu, car on ne peut exclure un hypogonadisme vrai sur sa persistance), des érections nocturnes,
enfin d’une sensation de mieux-être général et de tempérament « offensif» [15]. Le bénéfice sur les capacités
érectiles réelles est plus imprévisible et doit être apprécié individuellement: pour BUVAT [4], le facteur hormonal ne semblait impliqué que chez 23% des consultants présentant une testostérone totale abaissée. Les
meilleurs répondeurs seraient les patients présentant un
hypogonadisme profond [11].
Parallèlement à cette appréciation clinique:
- sur la SHBG qu’elle augmente,
Il faut obtenir un taux plasmatique physiologique et
stable de testostérone ou de DHT, reproduisant le sti mulus androgène naturel :
- sur la cellule prostatique où, en conjonction avec la testostérone, il semble indispensable à la poussée d’HBP ou
à la croissance de la cellule prostatique [6, 13].
Les dosages plasmatiques de contrôle doivent être
maintenus dans les fourchettes physiologiques. Ces
taux physiologiques doivent être stabilisés par l’utilisation de doses faibles mais rapprochées, en évitant les à
coups liés à l’utilisation de doses fortes mais espacées.
On diminue ainsi les risques potentiels de stimulation
tumorale et de perte progressive de l’efficacité.
L’administration de DHT, non aromatisable :
Elle entraîne également une chute de la LH, mais aussi
une chute de la testostérone [5], dont le patient doit être
averti, et une chute de l’oestradiol [5, 9] dont les effets
nocifs sur la fraction biodisponible et la cellule prostatique seraient ainsi empêchés.
317
Il faut rechercher les effets secondaires du traite ment :
REFERENCES
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notamment lorsqu’on utilise la testostérone qui diminue l’activité fibrinolytique. Les patients avec un
hématocrite supérieur à 48% auraient un risque accru
de thromboses vasculaires [2]. La rétention sodée
secondaire à l’androgénothérapie pourrait conduire à
la décompensation d’une insuffisance cardiaque
congestive préexistante [2].
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Enfin, il faut scrupuleusement surveiller l’état des
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dihydrotestostérone : étude de 40 observations. Contracept. Fert.
Sex., 1986, 14, 1031-1036.
CONCLUSION
Dans les cas d’hypogonadisme franc, documenté par au
moins deux dosages, l’androgénothérapie apparaît
comme un traitement licite de l’insuffisance érectile [2,
5, 11, 12, 18], si le patient est demandeur et averti des
risques potentiels. Ces risques s’exercent principalement sur la prostate et le système cardio-vasculaire, ce
qui implique un bilan préalable permettant d’écarter un
néoplasme méconnu et un risque de thrombose vasculaire. Le suivi clinique et biologique doit être régulier.
Le traitement, qu’il utilise des androgènes aromatisables ou non, doit rétablir des taux strictement physiologiques en utilisant des doses faibles et rapprochées
plutôt que l’inverse. Seule la disparition rapide des
troubles érectiles, autorise, dans ce contexte, la poursuite du traitement [11].
Ces notions débouchent cependant sur de plus vastes
perspectives, qui restent à ce jour à évaluer, comme le
traitement de l’andropause où la chute de l’activité
sexuelle n’est pas obligatoirement le motif de plainte
principal [5, 15, 16]. Dans ce contexte, la correction du
déficit en androgènes pourrait avoir un impact positif
sur les autres organes cibles comme l’os, le muscle, la
moelle osseuse, le système nerveux central et l’humeur
[15]. Si le but primaire du traitement diffère, les critères de sélection et de surveillance des patients restent
toutefois identiques mettant en balance les effets bénéfiques et les risques potentiels.
10. LUGG J.A., SCHLUNT K., RAJFER J., GONZALEZ-CADAVID
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318
Commentaire du lecteur (François Giuliano - CHU Bicêtre)
Cet article a l’intérêt de rendre compte d’une pratique assez
répandue, mais dont l’évaluation en terme de résultats est insuffisante. Une lecture détaillée fera apparaître le peu d’arguments
scientifiques dont on dispose à ce jour pour envisager une régulation de la fonction érectile proprement dite par les androgènes.
Le dosage de la testostérone ne doit pas être systématique chez
un patient consultant pour un trouble de l’érection en l’absence
de signe clinique d’hypoandrogénie. Même lorsque ce dosage
est bas à deux reprises l’efficacité clinique de l’androgénothérapie sur le trouble de l’érection n’est pas certaine.
Commentaire du lecte ur (Dominique Rossi - Hôp ital
Salvator, Marseille)
Sur le plan clinique la baisse de libido est souvent une bonne
indication du traitement par les androgènes. C’est donc surtout
dans ce cas de figure qu’il faut rechercher un déficit.
Le traitement par DHT (andractim®) semble avoir moins d’effets
secondaires que celui par testostérone (androtardyl® injectable).
La présentation en gel et l’absorption percutanée permet une application sur n’importe quel point du corps et pas nécessairement sur
les organes génitaux. D’autre part, l’injection d’androtardyl nécessite une seringue de verre du fait de la structure du produit, matériel qui se trouve de plus en plus difficilement de nos jours.
Pour ce qui est du traitement «préventif» de l’andropause il est
indispensable de rappeler que la prudence est de mise et qu’il est
hors de question de proposer un traitement androgénique sur une
grande échelle. Les auteurs rappellent d’ailleurs très justement
que la supplémentation n’est utile que lorsque l’insuffisance de
la sécrétion testiculaire est prouvée (seulement 20% des hommes
entre 60 et 80 ans).
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SUMMARY
Androgen treatment of erectile dysfunction : when? how?
Erectile dysfunction associated to low circulating androgens is
characterized by a low testosterone due to hypogonadism of
hypothalamic-pituitary or testicular origin.
Long term androgen administration is unacceptable unless bio logy has demonstrated hypogonadism with a low testosterone
level not related to hyperprolactinemia. Intramuscular testoste rone or transdermal dihydrotestosterone can be used with a simi lar clinical effect but a different biological impact regarding aro matase activity. Whatever may be the type of androgen supple mentation, one should use low dosage with frequent administra tion in order to obtain stable and physiologic plasmatic values.
On account of androgen impact on prostate and cardiovascular
system, careful pretreatment screening should eliminate an occult
prostate cancer and a vascular thrombosis risk in a complaining
and informed patient. Clinical and biological parameters should
be periodically followed throughout androgen therapy.
Key words : Impotence, androgens, hypogonadism.
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