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mardi 28, mercredi 29 et jeudi 30 avril à 20:30
maison de la culture salle Jean-Cocteau
durée 2 heure 30 environ
EN ATTENDANT GODOT
SAMUEL BECKETT
JEAN-PIERRE VINCENT
CONTACT PRESSE : Émilie Fernandez – Tél. 0473.170.183 – [email protected]
création 2015
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Mise en scène
Jean-Pierre Vincent
Dramaturgie
Bernard Chartreux
assistés de Frédérique Plain
Avec
Gaël Kamilindi Un Garçon
Frédéric Leidgens Lucky
Charlie Nelson Vladimir
Alain Rimoux Pozzo
Abbès Zahmani Estragon
Décor Jean-Paul Chambas
Costumes Patrice Cauchetier
Lumière Alain Poisson
Son Benjamin Furbacco
Coproduction Théâtre du
Gymnase, Studio Libre, MC2
Grenoble, Les Célestins –
Théâtre de Lyon.
Crédits
Illustration de couverture
Antoine+Manuel
Photographies du spectacle
Raphaël Arnaud
Spectacle créé le 14
avril 2015 au Théâtre du
Gymnase à Marseille
Clermont-Ferrand en début
de tournée
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Dans une très belle lettre, Samuel Beckett
écrit en 1952, peu après la publication de En
attendant Godot aux éditions de Minuit, « Je
n’ai pas d’idée sur le théâtre. Je n’y connais
rien. Je n’y vais pas […] Je ne sais pas qui est
Godot. » Le dramaturge donne peu d’indi-
cations scénographiques, mais ce « peu »
suffit à renverser une conception bourgeoise
du théâtre : « Route à la campagne, avec
arbre. Soir. Estragon, assis sur une pierre
essaie d’enlever sa chaussure […] Entre
Vladimir. » Plus tard, sur la scène, entreront
Pozzo, le maître et Lucky, l’esclave, puis
Garçon, chargé de prévenir à deux reprises
Estragon et Vladimir que monsieur Godot
viendra plus tard. En près de cinquante ans
de théâtre et au fil de quelque quatre-vingt-
dix mises en scène, c’est la première fois
que Jean-Pierre Vincent met en scène un
texte de Samuel Beckett et s’il en est venu
à le faire, ce n’est pas pour célébrer une fois
encore le « théâtre de l’absurde » auquel est
le plus souvent associé En attendant Godot.
À cette vision statique et paresseuse des
choses, Jean-Pierre Vincent, qui fut avec
Patrice Chéreau l’un des grands rénovateurs
du théâtre public français, en préfère une
autre, beaucoup plus stimulante. Ce qu’il
voit dans Godot, c’est un théâtre de l’anti-
cipation que Beckett en son temps projette
loin, très loin devant lui, vers nous, main-
tenant. Comme s’il avait vu se profiler, à
travers la reconstruction de l’après seconde
guerre mondiale, la fabrique industrielle
d’un individualisme de masse. Aux yeux de
Jean-Pierre Vincent, le monde que décrit
Beckett est celui dans lequel nous vivons
aujourd’hui. Sur fond de ciel gris et sans
nuage, des individus. Ils ne font rien. Ils
attendent. Ce pourrait être la fin.
Pour la Comédie de Clermont-Ferrand
© Daniel Conrod, printemps 2014
Jean-Pierre Vincent s’attaque au chef-d’œuvre de Beckett
dont il affirme la vigueur théâtrale et la force comique incomparable.
Deux vagabonds sur scène, dans un non lieu, à la tombée de la nuit, attendent
Godot. Pour que le temps passe, les deux amis tentent de trouver des occupations,
des distractions. L’intrigue de ce classique du théâtre se résume en peu de mots.
Pourtant, en 1948, l’auteur Samuel Beckett fit scandale avec cette pièce,
véritable entreprise de destruction du théâtre bourgeois.
Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent, ancien directeur du Théâtre National
de Strasbourg et du Théâtre des Amandiers, se saisit de cette œuvre, pour lui ôter
son étiquette de « théâtre de l’absurde » et lui redonner sa force provocatrice.
Rien n’est morose, tout est acte de résistance dans cette pièce écrite au sortir de la
Seconde Guerre Mondiale, après la débâcle et les charniers. Pour Jean-Pierre Vincent,
En attendant Godot n’est pas « un musée qui prend la poussière » mais une œuvre
d’une force comique incomparable, qui recèle une avidité théâtrale sans pareil.
Pour réinvestir ce chef-d’œuvre, Jean-Pierre Vincent a choisi avec soin ses
compagnons de route . Les voilà partis pour une aventure théâtrale passionnante,
où nous sommes heureux de les suivre.
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LE PROJET
Ce qui m’a porté à relire, ou plutôt à lire Godot,
c’est le sentiment intime, de plus en plus précis,
de l’obsolescence programmée de l’Humanité,
de l’intuition d’une « potentielle fin du monde »
qui traverse parfois chacune et chacun d’entre
nous. Quelle anticipation dès 1948, date de
l’écriture de la pièce…
Ces deux types – clochards, clowns, philosophes
sans Dieu, écho du couple Beckett… perdus
dans l’ère du vide à l’époque même de la
reconstruction du monde, rencontrant sur
une vieille route le Maître et l’Esclave, déchets
grotesques du « monde d’avant » ! Même pas
tristes, un peu gais parfois, vivants. Ils ne sont
pas là parce qu’ils attendent : ils attendent parce
qu’ils sont là…
Nous sommes tous là, nous en sommes tous
là. Il devient passionnant de lire cette tragi-
comédie avec nos pensées d’aujourd’hui sur
l’état du monde (et du théâtre).
Mais j’aimerais aussi retrouver le moteur
d’origine, ce sentiment que Beckett se garde
bien d’exprimer de façon directe : qu’on sort
des horreurs et des charniers de 39-45, et qu’on
entre dans l’ère de la fabrication industrielle
de l’humain solitaire : et il faut bien y vivre
pourtant…
Ce n’est pas du théâtre de l’absurde, idiote
invention ! C’est l’affirmation fragile d’une
résistance dans la débâcle. Évidemment, cette
tragédie n’est pas morose ! L’héritage clairement
avoué des burlesques américains traverse
l’histoire de bout en bout : Keaton, Chaplin,
Laurel & Hardy… La force comique de Beckett
nous évite de visiter son œuvre comme un
musée qui prend la poussière.
Godot est une entreprise de destruction du
vieux théâtre bourgeois, de ces scénarios, de
son naturalisme et de ses effets : c’était une
provocation, on a envie de retrouver cela
aussi. Mais c’est en même temps un hommage
jubilatoire aux lois les plus simples et les plus
anciennes de la scène : coulisses à droite et à
gauche, entrées et sorties, rampe, toilettes au
fond du couloir !
Et tout cela se met à jouer ! J’ai parcouru
avidement cette pièce comme une suite
formidable de petites scènes très concrètes,
espérantes et désespérantes, frappé par son usage
radical du silence, par l’ambiance « planétaire »
qui règne sur ce paysage. Il ne restait plus qu’à
choisir soigneusement mes complices pour ce
voyage… Et nous voilà partis…
Jean-Pierre Vincent
ROUTE DE CAMPAGNE AVEC ARBRE.
RIEN À FAIRE.
Godot m’est revenu en pleine tête grâce à un
texte de Günther Anders, lumineux et terrifiant
analyste de notre époque. Être sans temps, tel est
le titre de cet essai, qui s’insère dans son grand
œuvre, L’Obsolescence de l’homme, où il démonte
comment, de progrès en progrès, l’humanité
se vide peu à peu de son contenu et prépare
ce qui semble être sa propre fin… Le progrès
technologique a vidé le monde (ou il est en
train de le faire). Dans cette histoire de Godot,
il n’y a plus d’Histoire. La première moitié du
XX
e
siècle a été le lieu désastreux d’horrifiants
« progrès ». Beckett et son Godot viennent après
cela, et avant d’autres catastrophes mondiales
qui sont de moins en moins naturelles…
Deux types tournent en rond dans un paysage
indéfinissable au pied d’un arbre dépouillé,
sur ce qui semble avoir été une route. Leurs
costumes « portaient beau », naguère, témoins
les chapeaux melons surmontant leurs guenilles.
Ils portent aussi en eux des bribes d’ancienne
Culture : du Christ avec ses larrons jusqu’à la Tour
Eiffel, en passant par Dante, les vendanges en
Vaucluse et les blagues irlandaises. Inséparables,
ils s’appellent Estragon et Vladimir, c’est aussi
une histoire d’amour entre deux êtres perdus.
Rien à faire, donc. Rien à vivre, mais le fait est :
on vit, et tant qu’on vit, il y a, hélas, de l’espoir…
Pas moyen d’aller ailleurs, ou d’en finir. Donc
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on attend, et il faut bien attendre « quelque
chose », et nommer ce rien qu’on attend. Ils
l’ont appelé Godot, qui ne viendra jamais.
Mais ça fait patienter… Dans cette histoire sans
Histoire, il y a plein d’histoires, d’événements
divers, sans cesse renouvelés, palpitants pour un
instant…
Dans ce monde du « plus rien », déboulent
deux nouveaux humains qui en ont plein les
poches : le maître et l’esclave, le proprio Pozzo
et son homme-chien Lucky (un ex-intellectuel,
semble-t-il). Tiens, ils portent chapeaux melons,
eux aussi… Ceux-là portent d’autres bribes
de l’ancienne « civilisation » : domination,
hiérarchie, exploitation. Mais il n’en reste plus
que l’inutile grimace et les clichés.
Le pire, c’est que tout ça est loin d’être
triste ! Tant qu’il y a de la vie, il y a, hélas, de
l’espoir ! et des blagues et des gags – fussent-
ils involontaires. Car le poète adorait Buster et
Charlot et Laurel et Hardy, autres increvables
du XX
e
siècle, eux et leurs échecs triomphants…
On devinera peu à peu que cette campagne
déserte n’est en fait qu’un Théâtre… De même
que le Progrès était déjà moribond de ses
progrès, le Théâtre en 1950 était encombré
de son Histoire. Beckett l’a nettoyé, lessivé. Il
n’en conserve plus – ô magie ! – que les antiques
fondamentaux : scène et coulisses, in et off,
entrées et sorties vers… les toilettes. La petite
machine, increvable elle aussi, à raconter des
histoires.
Et soudain à deux reprises, alors qu’on n’y pensait
plus, survient un petit jeune homme envoyé par
« M. Godot » : coup de théâtre assurément mais
qui n’en est pas un, car le garçon ne se souvient
pas d’être venu la veille et reporte toujours à
demain la venue de l’improbable Messie…
Objet vivant, indémodable, qui refuse de se taire,
En attendant Godot est du théâtre politique
d’anticipation. Nous sentons jour après jour
que si rien n’est fait pour contrecarrer notre
futur désert, il s’approche inexorablement.
Beckett voyait cela venir. Et au delà, dimension
supplémentaire, il ressentait dans sa tête la vraie
absurdité, celle des grands espaces infinis qui
effrayaient autrefois Blaise Pascal, et de la fin qui
n’en fait qu’à sa tête…
Jean-Pierre Vincent
parcours
Jean-Pierre Vincent vient, à son grand
étonnement, de ne pas célébrer ses cinquante
ans de théâtre…
Tout commence en 1958, au Groupe théâtral
du Lycée Louis le Grand à Paris. Aux côtés de
Patrice Chéreau, il se fraie un chemin vers le
« professionnalisme ». Dix ans plus tard, juste
après Mai 68, l’acteur Jean-Pierre Vincent ose
franchir le pas de la mise en scène avec C’est la
noce chez les petits bourgeois de Brecht.
Il vient aussi de rencontrer Jean Jourdheuil,
avec qui il monte une compagnie : Le Théâtre
de l’Espérance. Après un bref passage chez
Peter Brook, pour l’ouverture des Bouffes du
Nord, Jean-Pierre Vincent est nommé en 1975
Directeur du Théâtre National de Strasbourg,
où il part huit années avec un collectif d’auteurs,
metteurs en scène et acteurs. En 1982, Jacques
Toja lui propose de venir mettre en scène Les
Corbeaux d’Henry Becque à la Comédie-
Française. Cette expérience aboutit à sa
nomination au poste d’administrateur général,
qu’il occupera jusqu’en 1986, date où il reprend
sa liberté.
En 1990, il recueille le Théâtre des Amandiers,
des mains de Patrice Chéreau. Il y passera onze
années, poursuivant son travail de création,
aidant et accueillant beaucoup d’autres artistes,
jeunes (Pascal Rambert, Catherine Anne,
Olivier Py, Stanislas Nordey, Dider-Georges
Gabily, Jean-François Sivadier…) et moins
jeunes (Alain Françon, Claude Régy, Jean-Louis
Martinelli…).
En 2001, il reprend la route, en créant la
Compagnie Studio Libre, avec son dramaturge
Bernard Chartreux et ses collaborateurs de
(presque) toujours. La pédagogie, exercée
depuis longtemps, devient un axe de travail
dominant aux côtés de grands spectacles
coproduits avec les institutions nationales.
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