textes Samuel Beckett mises en scène Bernard Levy en attendant

textes
Samuel Beckett
mises en scène
Bernard Levy
en attendant godot
18 27 janv 2o13
fin de partie
7 16 fév 2o13
reprises
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HAMM. - On n’est pas en train de… de… signifier quelque chose ?
CLOV. Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah, elle est bonne !
Fin de partie
Cela fait maintenant soixante ans qu’on attend Godot, soixante années
au cours desquelles on aura assisté à bien des attaques et à bien
des louanges, au plus vif enthousiasme comme à la répulsion la plus
déchaînée. Une pièce écrite sur un cahier d’écolier, en moins d’une
saison si l’on en croit les dates mentionnées : 9 octobre 1948
29 janvier 1949. Il faudra encore une mesure d’attente, et toute
l’énergie de Suzanne, l’épouse de Beckett, pour que la pièce soit enfin
représentée en janvier 1953 dans la mise en scène de Roger Blin
au Théâtre Babylone. Contrairement à la légende, la critique, quoique
parfois perplexe, est largement favorable, et la pièce trouve immé-
diatement de puissants admirateurs : Anouilh, Audiberti, Salacrou…1
C’est leur engagement qui va amener le public dans la salle, et avec
lui la discorde. Les “pour” et les “contre” iront même un soir jusqu’à
en venir aux mains, ce qui est l’assurance d’un succès. Dès lors,
chacun se presse au théâtre pour savoir à quel camp il appartient.
L’affluence est telle que le directeur, Jean-Marie Serreau, emprunte
chaque soir des chaises au café d’à-côté pour les spectateurs de
dernière minute.
Deux ans plus tard, la pièce se crée à Londres dans une version
anglaise châtiée : comme c’est l’usage, elle doit passer par la censure
du Lord Chamberlain qu’on s’est chargé d’avertir du danger. “L’un des
nombreux thèmes qui traversent la pièce est le désir des deux clochards
de se soulager continuellement, lui écrit ainsi Lady Dorothy Howitt.
Une telle dramatisation des nécessités hygiéniques est choquante et
va à l’encontre de tout sens britannique de la décence.” Plutôt que ses
personnages, c’est donc la pièce qu’on purge…2 Ce qui n’empêche
pas les grands noms du théâtre de s’y intéresser. Alors qu’à Broadway
échoue à se monter une production avec Buster Keaton dans le rôle
de Vladimir et Marlon Brando dans celui d’Estragon, à Londres, Alec
Guinness et Sir Ralph Richardson sont sur les rangs. Le gros coup
ne se fait pas, laissant Beckett sans regrets.
1 On pourra consulter pour s’en convaincre le dossier de presse d’En attendant Godot, textes
réunis et présentés par André Derval, éd. 10/18, 2007 |  2Il faudra attendre 1964 pour que le texte
intégral de Godot puisse être joué au Royaume-Uni.
Quiconque tente de trouver une motivation à ce récit sera poursuivi ; quiconque tente
d’y trouver une morale sera banni ; quiconque tente d’y trouver une intrigue sera fusillé,
par ordre de lAuteur.
Mark Twain, préface aux Aventures d’Huckleberry Finn, 1885
Ce qu’il y a de bien, avec Beckett, c’est que plus on l’approche, plus
il disparaît. On pense l’avoir cerné qu’il est déjà très loin. Soit l’œuvre
se rétracte, blindée par la justesse de chaque phrase, de chaque
mot impossible de lire plus loin que ce qui a été parfaitement écrit.
Soit, c’est le contraire : plus on cherche plus on trouve, pour finir
précipité dans un dédale de sens multiples, d’allusions aux épîtres
et de pitreries graveleuses, de lambeaux de références croisées
peinture, littérature, poésie, philosophie, échecs, de Pétrarque à Joyce,
de Dante à Schopenhauer et du Caravage à Karpov…
Commençons par le début alors, pour observer que, dès le début,
c’est compliqué. Où mettre Beckett ? Bien sûr, en Irlande, on trouvera
en anglais les livres du grand écrivain national, tandis qu’ici, on s’enor-
gueillira de classer dans la littérature française les livres publiés à
Paris aux éditions de Minuit de celui qui aura fait le choix d’une langue
étrangère. C’est, comme on dit de ce côté-ci de la Manche, de bonne
guerre. Mais ranger ses livres au Brésil ou en Italie ? Au Danemark
ou en Hongrie ? Mieux, sachant que Beckett a traduit la plupart de ses
œuvres, partant tantôt de l’anglais, tantôt du français, quelle version
de départ choisir, l’originale ou la suivante, pas moins originale
et peut-être amendée ? Allez poser la question à un éditeur turc…
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À un ami, il écrit “[Richardson] voulait tout savoir de Pozzo, son adresse
postale et son curriculum vitae, et semblait faire de cela et d’autres
informations à venir la condition à laquelle il condescendrait à illustrer
le personnage de Vladimir. Trop fatigué pour donner satisfaction. Je lui ai
dit que tout ce que je savais de Pozzo était dans le texte, que si j’en avais
su plus, je laurais mis dans le texte, et que cela était vrai de tous les
autres personnages. […] J’ai aussi dit à Richardson que si, par Godot,
j’avais voulu dire Dieu, j’aurais dit Dieu et non Godot. Cela a semblé
grandement le décevoir.” 3
WINNIE : Ça signifie quoi ? dit-il c’est censé signifier quoi ? et patati et patata
toutes les bêtises habituelles.
Oh les beaux jours
Fort heureusement, certains ont su prendre Beckett comme il vient,
comme il va de lui-même, pour devenir ses passeurs ou ses
interprètes. Jérôme Lindon tout d’abord : après avoir commencé
le manuscrit de Molloy, le jeune éditeur 21 ans est pris d’une telle
crise de rire dans les couloirs de la station La Motte-Piquet-Grenelle
qu’il redoute de passer pour fou. Ou le critique du Sunday Times,
Harold Hobson, qui trouve les mots justes pour convaincre les
spectateurs de courir attendre Godot : “Dans le pire des cas, vous
découvrirez une curiosité, un trèfle à quatre feuilles, une tulipe noire ;
dans le meilleur, quelque chose qui se logera dans un coin de votre
esprit aussi longtemps que vous vivrez.”
Ce fut aussi le cas dans de nombreuses prisons (démolissant au
passage le portrait factice d’un dramaturge qui écrirait des choses
absconses pour une poignée d’intellectuels), dès 1953, quand un
détenu de la centrale de Lüttringhausen traduisit lui-même le texte
de Godot en allemand et obtint la permission de jouer la pièce, inau-
gurant une longue série de représentations du théâtre de Beckett
dans les institutions pénitentiaires du monde entier, où l’attente
et le dénuement sont compris sans doute mieux qu’ailleurs.
Reste qu’avec le succès, on sommera de plus en plus souvent l’auteur
de s’expliquer. Toutes questions qu’on n’imaginerait pas poser à un
peintre, à un poète, Beckett (qui refusera toujours farouchement
de passer à la radio ou à la télévision) y opposera les mêmes réponses,
tour à tour avec une politesse désolée ou avec une courte franchise.
“Tout ce que j’ai pu savoir, je lai montré. Ce n’est pas beaucoup. Mais ça
me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins.
Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé,
à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux,
je suis incapable d’en voir l’intérêt. Mais ce doit être possible. Je n’y suis
plus et je n’y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur
temps et leur espace, je n’ai pu les connaître un peu que très loin du
besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu’ils
se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes. 4
Quiconque est désireux d’en savoir plus pourra toujours chercher…
Dans la biographie de l’auteur remarquer que Beckett, résistant
fuyant Paris après le démantèlement de son réseau, s’en fut avec
sa femme sur les routes. Que, comme Vladimir, il fit les vendanges
dans le Vaucluse “chez un nommé Bonnelly, à Roussillon”, attendant
une improbable Libération et glanant pour survivre ici une patate,
un rutabaga négligé par les journaliers.
On pourra aussi découvrir des indications dans d’autres de ses
œuvres, comme ce charmant paradoxe glissé dans Watt 5
: “La seule
manière de parler de rien est d’en parler comme si c’était quelque chose,
tout comme la seule manière de parler de Dieu est d’en parler
comme s’Il était un homme.
3 Lettre à Barney Rosset, 18 octobre 1954
4 Lettre à Michel Polac, 1952 |  5 Roman écrit en 1945, publié en anglais en 1953
et en français en 1969
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NAGG : Notre ouïe n’a pas baissé.
NELL : Notre quoi ?
Fin de partie
Dans de telles conditions, il fallait tout le naturel d’un acteur austra-
lien pour oser, au détour d’une répétition, aller demander à Beckett :
“Ça parle de quoi, au fond, Fin de partie ? Touché peut-être par
la candeur de Lawrence Held (qui jouait le rôle de Nagg), il répondit :
“Eh bien, c’est comme la dernière partie d’échecs entre Karpov et Korchnoi :
dès le troisième coup, ils savaient qu’ils ne gagneraient ni l’un ni lautre…
Et ils ont continué à jouer.”
Remarque qui allait précipiter nombre d’analyses échiquéennes assez
intéressantes : Fin de partie vue comme un échiquier où ne reste plus
qu’un roi tout aussi puissant que vulnérable Hamm, flanqué de Clov,
encore mobile mais sans arrêt entravé, et les deux pions que figurent
Nell et Nagg. Une partie qui se termine par l’immobilité, un jeu où
personne ne gagne mais qu’on rejouera à nouveau dès le lendemain…
encore, on peut être séduit par cette interprétation et la mener
de case en case, au gré de ses propres chimères. On peut aussi
imaginer que la noirceur générale de la pièce a sans doute beaucoup
à voir avec l’abattement de l’auteur, qui venait d’assister à la maladie
puis à la mort de son frère. On peut rappeler que le nom de Hamm
est celui de l’un des fils de Noé et vérifier chez des biographes d’un
respect égal à leur minutie6 que Beckett, sa correspondance l’atteste,
relisait la Genèse avant d’écrire Fin de partie. On peut même affirmer
que ce nom est une référence directe à Hamlet – ce que maintint
Adorno lors d’un déjeuner avec Beckett, malgré les plus énergiques
dénégations de ce dernier…
Mais la meilleure chose à faire semble encore de suivre l’indication
que Beckett donnait au metteur en scène Peter Hall : “Quand on lui
demandait : ‘Qu’est-ce que ça veut dire ?’, il répondait :
Qu’est-ce que ça dit ?’ ”
texte Samuel Beckett
mise en scène
Bernard Levy
18 27 janv 2o13
assistant à la mise en scène Jean-Luc
Vincent | chorégraphie Jean-Claude Gallotta
décor Giulio Lichtner | lumières Christian
Pinaud | son Marco Bretonnière | costumes
Elsa Pavanel assistée de verine Thiébault
maquillages, coiffures Bérangère Prost
production déléguée en 2009 : MC2 Grenoble
production déléguée pour la reprise : Scène nationale
de Sénart | coproduction : MC2 Grenoble, Le Parvis-
scène nationale de Tarbes, Scène nationale de
Sénart, Cie Lire aux Éclats | coréalisation : Athénée
Théâtre Louis-Jouvet
avec
Gilles Arbona Vladimir
Thierry Bosc Estragon
Garlan Le Martelot l’Enfant
Georges Ser Lucky
Patrick Zimmermann Pozzo
texte Samuel Beckett
mise en scène
Bernard Levy
7 16 fév 2o13
assistant à la mise en scène Jean-Luc Vincent
décor Giulio Lichtner | lumières Christian
Pinaud | son Marco Bretonnière | costumes
Elsa Pavanel assistée de Séverine Thiébault
maquillages, coiffures Bérangère Prost
production déléguée : Scène nationale de Sénart
coproduction : Cie Lire aux Éclats | coréalisation :
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
avec
Gilles Arbona Clov
Thierry Bosc Hamm
Annie Perret Nell
Georges Ser Nagg
en attendant
godot fin de partie
dialogues
À l’issue de la représentation,
Bernard Levy et l’équipe artistique
vous retrouvent au foyer-bar pour
échanger à chaud sur le spectacle
mardi 22 janv
en attendant godot | entrée libre
mardi 12 fév
fin de partie | entrée libre
6En tête, évidemment, James Knowlson, auteur de Beckett, éd. Actes Sud, 1999 (1 421 pages !),
ouvrage qui a grandement aidé la rédaction de ce programme.
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prochainement
histoire du soldat
conte musical d’Igor Stravinski texte Charles-Ferdinand Ramuz
direction musicale Hélène Bouchez mise en scène Roland Auzet
avec Thomas Fersen
21 févr 2 mars 2o13
le prix des boîtes
texte Frédéric Pommier mise en scène Jorge Lavelli
21 mars 13 avril 2o13
blanche-neige
opéra de Marius Felix Lange d’après le conte des frères Grimm
direction musicale Vincent Monteil mise en scène Waut Koeken
avec l’Orchestre Lamoureux
2o 26 avril 2o13
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Square de l’Opéra Louis-Jouvet 7 rue Boudreau 75 009 Paris
Opéra, Havre-Caumartin, RER A Auber
réservations 01 53 05 19 19 | athenee-theatre.com
Mio Padre le nouveau bar de lAthénée, situé au premier étage, vous propose
sa carte d’hiver aux saveurs italiennes, une heure avant et après chaque représentation.
La librairie L’Échappée littéraire vous accueille dans le hall du théâtre les soirs
de représentations.
Le personnel d’accueil est habillé par les créations un été en automne
malte martin atelier graphique | assisté par adeline goyet | impression Moutot | licence nº 19 125
blog 
de  lAthénée
venez tous les
jours au théâtre
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