AMORCE – Soutiens financiers aux énergies renouvelables et à la maîtrise de l’énergie : SYNTHÈSE – sept 2014 5/5
Analyse des résultats et principales conclusions
Le rôle des collectivités est d’adapter voire de construire localement des dispositifs d’accompagnement
pour développer les filières et faire en sorte que celles qui présentent des gisements intéressants sur leur
territoire pour un coût relativement peu élevé soient exploitées en priorité. L’accompagnement peut
prendre la forme d’une aide complémentaire, mais sera efficace surtout par une animation locale visible
dans la durée pour amener les maîtres d’ouvrage à l’action et en s’assurant de la présence
d’intervenants qualifiés pour répondre à la demande. Maîtrise de l’énergie, énergies renouvelables
thermiques et électriques, réseaux de chaleur : les résultats obtenus révèlent des priorités de
développement dans chaque filière.
Travaux domestiques MDE et EnR
De manière générale, les collectivités doivent inciter les particuliers à recourir aux meilleures pratiques
disponibles : matériaux vertueux (faible impact environnememental sur tout le cycle de vie), performance
technique élevée (Uw faible pour les fenêtres, COP machine élevé pour les PAC et chauffes-eau
thermodynamiques, appareils à haut rendement et peu émetteurs de particules fines pour le chauffage au
bois…) et main d’œuvre qualifiée. Dans le cas où des aides supplémentaires sont envisagées, il est
important qu’elles soient attribuées en priorité aux personnes en difficulté. !
Parmi les filières de MDE intégrées à l’étude, l’isolation de toiture est la filière qui présente à la fois un
coût faible pour la collectivité dans son ensemble, et un gisement d’économie d’énergie important.
Pourtant, le constat actuel est qu’elle se développe peu, traduisant un manque d’attractivité pour le maître
d’ouvrage. Cette filière est donc à prioriser, en s’assurant de lui donner de la visibilité sur le territoire et
éventuellement en levant la barrière de l’investissement initial (soit en facilitant l’accès au prêt, soit en
proposant des aides supplémentaires – sans peur de trop donner). L’étude montre un coût plus élevé
pour l’isolation des murs par l’extérieur, mais la filière présente un gisement d’économie important à
moyen terme : elle est donc également à encourager. A minima, les collectivités locales en charge de
l’urbanisme doivent s’assurer qu’elles n’empêchent pas l’isolation de toiture par l’extérieur par son
règlement de voirie là ou cette solution ne présente aucune gêne.
Projets de production EnR thermique et électrique
Les résultats sont très hétérogènes suivant les filières : l’éolien terrestre et les champs photovoltaïques
avec trackers présentent des coûts peu élevés et se développent, fiabilité technique et tarifs d’achat
apportant à ces deux filières une garantie de rentabilité qui sécurise les investissements. Les collectivités
ont ainsi tout intérêt à faciliter le développement de tels projets sur leur territoire et à s’assurer de
bénéficier des meilleures retombées économiques (par exemple par la participation au montage de projet
au travers d’une EPL ou intercommunalité de taille suffisante) afin de financer par exemple des opérations
de MDE, dans une démarche globale cohérente de politique énergétique locale.
La petite hydroélectricité est également peu chère du point de vue de la collectivité dans son ensemble,
mais le niveau de tarif d’achat actuel est trop faible pour exploiter le gisement restant, alors même qu’une
hausse de ces tarifs placerait toujours la filière parmi les plus compétitives.
La filière biogaz (cogénération et injection) est encore en développement en France et présente un coût
relativement élevé pour la collectivité, pour une rentabilité encore incertaine pour les maîtres d’ouvrage :
une hausse des tarifs et un allongement de la durée des contrats sont à envisager au niveau national
pour initier un développement à la hauteur de son potentiel. Contrairement à la petite hydroélectricité, la
filière figurerait parmi les plus coûteuses, mais dans une vision à plus long terme le soutien à la filière
pourrait accompagner la baisse des coûts, sans compter d’autres externalités positives telles que la
diversification de l’activité économique des agriculteurs et une meilleure gestion des effluents sur les
territoires. Les collectivités peuvent identifier les sites potentiels et accompagner et/ou participer à
l’élaboration de projets territoriaux.
Réseaux de chaleur
Les collectivités autorités concédantes des réseaux de chaleur et les exploitants doivent veiller à ce
qu’une démarche commerciale soit menée en amont pour que la solution réseau de chaleur soit connue
et attractive pour les bâtiments situés dans le périmètre de desserte qui vont être construits
prochainement ou dont le système de chauffage arrive en fin de vie. Les collectivités doivent également
s’assurer que les aides locales des fournisseurs voire distributeurs d’énergie ne viennent pas en
contradiction de ses objectifs de densification du réseau de chaleur.
Pour les réseaux déjà alimentés à plus de 50% par des EnRR, les collectivités ont désormais la possibilité
de classer leur réseau sur simple délibération, ce qui entraîne alors l’obligation de raccordement des
nouveaux bâtiments et bâtiments réhabilités lourdement sur la zone de desserte définie comme prioritaire.
Cette disposition est très intéressante pour densifier et développer le réseau, et donc mieux amortir les
investissements. Elle sera plus efficace qu’une aide financière directe.