ARS
Forum Régional « les Usagers ont la parole » - le 6 février 2014 à Lille
des espaces de traitement des réclamations avec, pour solution, des propositions
d’indemnisation amiable. Pourtant, les compagnies d’assurance n’étaient pas invitées. Les
établissements ne pouvaient pas décider seuls d’indemniser les plaignants.
Une des principales exigences des usagers est de connaître la vérité. L’absence de
réponse à leur questionnement les entraîne souvent vers des procédures judiciaires. Il
conviendrait donc de créer un espace protégé et sanctuarisé qui favorise la communication
et qui rassure les professionnels de santé et les familles.
De plus, dans la mesure où les familles craignent que leur proche subisse les
retombées de leurs actions, elles hésitent fortement à déposer des réclamations. Nous
devons nous interroger sur l’espace juridique à donner à la médiation.
La médiation doit être un lieu de sécurité absolue. Dans le cas contraire, la parole ne
sera jamais libre. Aujourd'hui, les dispositions législatives et parlementaires ne permettent
pas de garantir la conciliation. Les commissions fonctionnent en indemnisation car les
compagnies d’assurance sont invitées en cas de débats contradictoires.
Par ailleurs, il est essentiel de s’en tenir aux faits. En effet, un médecin peut se
déclarer responsable, alors que l’expertise judiciaire l’exemptera de toute faute.
Aujourd'hui, les informations partagées pendant une médiation restent confinés à cette
instance. Un juge devra refuser de prendre en compte les éléments échangés dans la
médiation. Ainsi, la démarche de médiation est sécurisée. Nous rappelons dès le départ
aux parties prenantes que l’objectif de la médiation n’est pas de trouver un terrain
d’entente, ni de donner des informations utilisables en d’autres lieux. Le but est
d’« accoucher de la vérité ».
En 2007, le Ministère de la Santé avait accepté de verser une aide financière de
700 euros pour accompagne les personnes dans le parcours Oniam/CRCI de leur
indemnisation. Cependant, dans la mesure où la loi n’a pas été révisée, l’Oniam verse les
700 euros à la fin de la procédure. Nous travaillons pour que la nouvelle loi de 2014 stipule
la nécessité de verser ces 700 euros au démarrage de la procédure et sous condition de
ressources.
Professeur Marc DECOULX
Je m’exprime ici en tant que médecin médiateur du CHRU de Lille et Président de
l’Association Française des Médecins Médiateurs.
Pour demander une médiation, un patient mécontent peut s’adresser directement à la
CRUQ ou passer par l’intermédiaire du directeur de l’établissement ou du représentant des
usagers. Le secrétariat prend acte de cette requête. Le patient doit alors confirmer et
motiver sa demande de médiation par courrier et remplir un formulaire autorisant le
médiateur à consulter son dossier médical.
Le médiateur rencontre ensuite les confrères concernés afin de prendre connaissance
de la situation. Cette connaissance préalable du dossier permettra lors de la médiation de
répondre clairement aux questions du plaignant.
Il est préférable que le médecin-médiateur vienne seul à l’entretien. De son côté, le
patient peut être accompagné d’un membre de sa famille ou d’une personne possédant
des connaissances en droit. Il peut également être absent, notamment s’il s’agit d’un
enfant, d’une personne âgée, ou d’une personne décédée.
Le médecin concerné est autorisé à participer à la médiation mais nous le
déconseillons. L’entretien dure entre une heure et demie et deux heures. En fin d’entretien,
nous reformulons les points échangés. Nous annonçons au patient qu’un compte rendu
sera rédigé et étudié en réunion de CRUQ.
Si l’existence d’un préjudice est admise, le médiateur doit le reconnaître et orienter le
patient dans sa démarche vers le service contentieux de l’hôpital, l’assurance, la CRCI ou