Page 5 sur 6
l’OCDE et l’Insee, les entreprises qui produisent des biens et services supportant le processus de
numérisation de l’économie, c’est-à-dire la transformation des informations utilisées ou fournies en
informations numériques. (Informatique, télécommunications, électronique.)
Cette assimilation n’est pas sans incidence sur la mesure de l’impact du numérique sur la croissance. Car
l’économie numérique ne se limite pas à un secteur d’activité en particulier. On devrait plutôt parler de
“numérique dans l’économie” pour qualifier l’ensemble des secteurs qui s’appuient sur les TIC,
producteurs et utilisateurs.
De plus, certains secteurs ne recouvrent pas simplement des activités qui utilisent les nouvelles
technologies dans le seul but d’accroître leur productivité. Ainsi, dans l’inconscient collectif, le
commerce électronique, les services en ligne sont des acteurs centraux de l’économie numérique. Et
pourtant ces acteurs (Google par exemple) ne sont pas systématiquement comptabilisés dans les secteurs
TIC.
Pour prendre en compte cette réalité multiple, nous proposons de distinguer trois catégories d’acteurs :
- Le secteur TIC au sens de l’OCDE (matériel et composants électroniques, télécommunications,
services informatiques et logiciels…).
- Les secteurs utilisateurs de TIC, qui utilisent ces technologies et gagnent en productivité grâce à elles
mais dont l’activité préexiste à l’émergence des TIC (banques, tourisme, automobile…).
- Les activités dont l’existence est liée à l’émergence des TIC (services en ligne, jeux vidéo, E-
commerce…).
Si la démonstration de la contribution des TIC à la croissance n’est plus à faire, il subsiste de
nombreuses interrogations sur le poids de l’économie numérique et sur les politiques publiques capables
de développer son potentiel. Deux éléments en particulier sont à préciser : l’impact réel du secteur TIC,
la mesure de la création de valeur ajoutée due au TIC dans les autres secteurs, et ce, à l’échelle nationale
et à l’échelle de l’entreprise.
Les méthodes classiques de mesure de la contribution du numérique à la croissance
Depuis le milieu des années 1990, les États-Unis ont vu le rythme de leurs gains de productivité doubler,
alors même que la croissance de la productivité en Europe a été amputée de moitié, en particulier dans
les pays d’Europe continentale (France, Allemagne, Italie et Espagne). La plupart des analystes
s’accordent pour expliquer cette divergence entre les deux continents par un relatif surinvestissement
des pays européens dans les secteurs traditionnels, au détriment de ceux à forte productivité. Il ne fait
maintenant plus de doute que les nouvelles technologies ont joué un rôle majeur dans ce différentiel de
croissance.
La contribution globale des TIC à la croissance est issue de la méthode de la décomposition comptable
de la croissance. C’est cette méthode qui a notamment permis de comparer les différentiels de croissance
entre l’Europe et les États-Unis et d’en imputer une large part aux TIC.
La difficulté réside dans la mesure précise de la contribution de l’économie numérique. Selon la
méthode de la décomposition comptable, les TIC améliorent la productivité à travers trois mécanismes :
• M1 – La contribution des secteurs producteurs de TIC : les secteurs producteurs de TIC connaissent
des gains rapides de productivité globale des facteurs (PGF), grâce au progrès technique rapide dans la
production de biens et de services TIC.
• M2 – L’utilisation des TIC par tous les secteurs :
M2a – Les investissements en TIC dans l’ensemble des secteurs, qui entraînent une augmentation de
l’intensité capitalistique, c’est-à-dire le stock de capital par heure travaillée.
M2b – Les gains d’efficacité (PGF) réalisés par l’ensemble de l’économie grâce aux TIC.