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Etude comparée des grammaires modernes et grammaires classiques
Marie de PREVILLE
3. Apparition de deux types de grammaire
Deux conceptions de la grammaire :
1. Conception traditionnelle
Conception qui est restée en marge de l’évolution de la grammaire vers la linguistique.
La grammaire est un ensemble de règles qui régissent la langue. Il faut apprendre ces règles,
les comprendre pour pouvoir les appliquer.
Finalités : expression correcte, conforme à la norme, mais aussi développement rigoureux de
la pensée (idée qu’une langue précise et riche permet une pensée plus juste, plus conforme à
la vérité vers laquelle tout être est supposé tendre).
2. Conception héritée de la linguistique : grammaire moderne
La grammaire est une science d’observation, au même titre que la botanique. Elle donne à
quelqu’un qui pratique déjà une langue les moyens de réfléchir à cette pratique, de passer
d’une connaissance implicite à une connaissance explicite. Etude du fonctionnement de la
langue.
Les manuels parlent d’ORL : observation réfléchie de la langue.
II Grammaire ancienne, grammaire moderne : analyse de deux conceptions différentes
• Prescription/ Description
Grammaire traditionnelle est prescriptive : elle prescrit des règles à respecter pour parler
correctement ; elle rectifie les tournures erronées. La grammaire nouvelle refuse
l’énumération des règles, présentées comme d’application mécanique et préfère l’explication
des « faits de langue ».
Norme critiquée car celle que retient la grammaire traditionnelle est celle du français
d’Ancien Régime, fixée par l’Académie française. Linguistes dénoncent une conception
rigide du bon usage exclusif de tout autre. La grammaire moderne préfère parler d’usages
différents, suivant la situation dans laquelle se trouve celui qui parle.
Une conception descriptive et linguistique de l’enseignement du français a ainsi pris la place
d’une conception normative : il n’y a pas un seul « bon usage », celui de l’adulte, du maître,
mais une langue qui « fonctionne » de façon différente selon les milieux et les moments.
• Approche idéale/ Approche relativiste
Grammaire traditionnelle étudie une langue parfaite, idéale, figée diront les linguistes, puriste.
Elève tiré vers le haut, vers une langue parfaite cf choix des exemples dans le Bled : phrases
littéraires.
Tout au contraire, approche relativiste et sociologique menée par la grammaire moderne. Prise
en compte de l’énonciation : langage est un acte qui s’enracine dans l’ici et le maintenant d’un
locuteur, dans une situation de parole cf développement de la grammaire de l’énonciation
dans les nouveaux manuels.
En grammaire, on étudie donc le français moderne courant, mais en comparaison avec
d’autres modes d’expression – littéraire, mais aussi familier, voire populaire -.
Ex. d’exercices proposés aux élèves : doivent récrire des phrases ou un texte dans un registre
de langue moins soutenu : impensable dans une grammaire traditionnelle.
Idée selon laquelle l’objet étudié présente un intérêt concret pour l’élève parce qu’il appartient
à son environnement immédiat. Introduction de la notion de niveaux de langue permet de
présenter le français soutenu comme un usage parmi d’autres. Pas plus légitime qu’un autre.