SOMADEM Une unité à la frontière de la psychiatrie et de la gériatrie Somadem, c'est le nom de l'unité 31 de l'HOGER destinée aux patients déments qui présentent une décompensation somatique aiguë. Pourquoi cette unité? En 1999, le département de gériatrie a décidé de créer une structure inédite pour ce type de patient, dont les troubles sévères du comportement interfèrent avec les traitements somatiques, et qui faisaient l’objet de transferts répétés entre les milieux psychiatrique et gériatrique. " explique Pierre Gattelet, l'infirmier responsable de l'unité Somadem. Celle-ci compte 18 lits, avec au maximum 2 patients par chambre. L’équipe interdisciplinaire de Somadem, où chacun propose ses idées dans un travail de réflexion, est composée d'une équipe d'infirmières en soins généraux, d'une infirmière spécialisée en psychiatrie, de pluriprofessionels de santé et d'un médecin interne encadré par un chef de clinique et un médecin associé, tous somaticiens. Un consultant de psychiatrie gériatrique est aussi très impliqué ; il se réunit chaque semaine avec l’équipe pour discuter des patients et peut aussi être appelé dans l'unité en cas de besoin. Les personnes démentes admises à Somadem souffrent de troubles comportementaux qui posent problème: l'agitation, la déambulation, la confusion nocturne, la désinhibition et l'agression physique ou verbale. De tels troubles impliquent une notion de sécurité, pour le bien du patient. "Nous avons par exemple des fenêtres tenues entrebâillées, pour éviter la défenestration des patients hallucinés; des portes dissuasives, mais pas fermées à clef, devant les escaliers; ou de l'eau tempérée dans les robinets pour que les patients ne se brûlent pas avec de l'eau trop chaude." explique Pierre Gattelet "Il était essentiel pour nous de conserver une structure ouverte, mais en adaptant l'environnement pour veiller aux besoins et à la sécurité du patients."précise Huguette Guisado, assistante de l'ICO de gériatrie. Il n'y a d'ailleurs aucune clef dans cette unité, c'est l'une des particularités de la structure. Privilégier les occupations et la rééducation La rééducation est une priorité de l'unité Somadem. "Nous organisons des activités en groupes, comme la cuisine, la gym, le chant ou la musique. Notre objectif est de stimuler ces patients pour optimiser leurs capacités physiques et mentales." ajoute Pierre Gattelet. Pour Huguette Guisado, l'une des préoccupations majeures de l'unité est l'éthique, le respect de la personne victime de troubles cognitifs. Comment allier liberté et sécurité? En utilisant des sangles, des barrières etc.? Non, justement, la préocupation de Somadem est d'employer le moins possible de tels moyens. Adapter les prescriptions et les soins pour permettre une prise en charge somatique adéquate sans avoir recours à une contention ou une forte sédation est un des défis que doivent relever les professionnels de Somadem. "Il faut mobiliser les ressources humaines. Grâce aux familles, aux bénévoles, et même aux autres patients, on arrive à avoir une surveillance attentive" explique Pierre Gattelet avant de préciser. "D'ailleurs les groupes d'activités permettent justement de rééduquer les patients tout en les occupant , c'est une alternative constructive pour éviter le registre de la contention." Un bracelet de sécurité Le système Quo Vadis est destiné aux patients qui déambulent, à cause d'un fort besoin d'activité physique dû à de l'angoisse par exemple. L'unité Somadem étant ouverte, les patients se promènent dans l'hôpital et la sécurité intra muros est alors assurée par les soignants de l'Hoger qui signalent la présence d'un patient Somadem à leur étage. Le problème apparaît quand les patients déambulateurs sortent du bâtiment. C'est alors qu'intervient Quo Vadis: un système de radio composé d'un émetteur-bracelet porté par certains de ces "patients explorateurs", c'est-à-dire de 2 à 5 personnes sur les 18 qu'accueille l'unité 31. "En fait, c'est un système d’errance contrôlée," explique Pierre Gattelet. "Dix portes de l'HOGER sont sécurisées au rez et au sous-sol, des endroits où il n'y a pas grand monde pour nous signaler la sortie d'un patient." Quand le patient qui porte le bracelet Quo Vadis au poignet passe devant l'une de ces portes munies d'un émetteur, celui-ci transmet un signal sur le bip d'un soignant de l'unité Somadem lui indiquant précisément où se trouve le patient. Une fois averti le soignant peut aller chercher lui-même le patient ou envoyer quelqu'un. Un système astucieux qui permet de respecter la liberté de déambulation et l'indépendance physique, empêchant toute privation, violence ou agressivité. Et cela, grâce à un outil électronique !