Dépression
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Qu’est-ce que la dépression?
La dépression clinique, ou dépression majeure, est plus qu’un simple sentiment de tristesse; c’est un trouble
de l’humeur – une maladie qui touche autant le corps que l’esprit1,2.
Ce qui distingue la dépression clinique, c’est l’incapacité de se défaire du sentiment de tristesse, qui persiste au
moins deux semaines. La tristesse et le désespoir minent la capacité de travailler ou d’étudier, en plus de nuire
aux relations sociales. Il devient de plus en plus difcile d’accomplir les tâches quotidiennes, et dans les cas
graves, la vie peut perdre tout intérêt1,2.
Les symptômes peuvent être déroutants, car ils ne se limitent pas à l’état psychologique et à l’humeur, mais peuvent
aussi être de nature physiologique. Heureusement, de nombreux traitements s’avèrent souvent efcaces pour
soulager ce trouble chronique bien réel1,2.
La dépression est-elle fréquente?
La dépression est un trouble très fréquent. Elle touche de 10 à 25 % des femmes, ainsi que de 10 à 15 % des
hommes1. Au Canada, on estime que 1 personne sur 20 présenterait une forme de dépression ou d’anxté
chaque année, soit environ 1,5 million de personnes. C’est le diagnostic au taux de progression le plus rapide
au Canada3. Notamment, environ 1 femme sur 10 sera atteinte de dépression post-partum à la suite d’une
grossesse3.
Qui peut être atteint de dépression3?
La dépression touche des personnes de tous âges. Cependant, deux fois plus de femmes que d’hommes
obtiennent un diagnostic de dépression clinique. Le groupe d’âge le plus atteint par la dépression est constitué
des moins de 20 ans, l’adolescence étant l’âge où la dépression commence normalement.
La dépression touche aussi les personnes âgées, chez les résidents de centres d’hébergement, ce taux est
encore plus élevé, soit presque 9 personnes sur 103.
Les autres facteurs de risque de dépression incluent4 :
Des cas de dépression chez des membres de la famille.
Des expériences traumatisantes vécues au cours de l’enfance.
Certains traits de personnalité tels que la faible estime de soi, la dépendance excessive, la propension à
l’autocritique et le pessimisme.
Des événements stressants tels que la perte d’un être cher, le divorce, la perte d’emploi, la retraite, les difcultés
nancières et les conits familiaux3.
Des changements physiologiques comme l’accouchement, et certaines infections virales.
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Comment prévient-on la dépression5?
Il ne semble pas y avoir de marche à suivre précise pour prévenir la dépression clinique. Les gestes suivants
peuvent contribuer à améliorer l’humeur et à éviter une dépression clinique :
Prendre des mesures pour identier les facteurs de stress et les prendre en charge.
Développer des stratégies pour favoriser la résilience.
Travailler sur l’estime de soi et la conance en soi.
Nouer et entretenir des amitiés et des liens avec des réseaux de soutien social.
Prendre conscience des différences entre une humeur maussade ou triste et un début de dépression clinique, et
prendre les mesures qui s’imposent lorsque le sentiment de tristesse perdure (voir Qu’est-ce que la dépression?).
Si un traitement de la dépression est instauré, le respecter à la lettre.
Quels sont les signes et les symptômes de la dépression?
Les signes et les symptômes de la dépression varient d’une personne à l’autre, et selon le type de dépression6.
Ils pourraient comprendre un ou plusieurs symptômes parmi les suivants6,7 :
Tristesse, anxiété ou vide émotionnel persistant
Désespoir ou pessimisme
Culpabilité, dévalorisation ou impuissance
Irritabilité ou frustration envers des problèmes de faible importance
Diminution de l’intérêt pour les activités et les passe-temps auparavant appréciés, notamment l’activité sexuelle
Fatigue et manque d’énergie
Manque de concentration, difculté à se souvenir de détails ou à prendre des décisions
Difculté à s’endormir, réveil matinal ou surplus de sommeil
Suralimentation ou manque d’appétit
Lenteur de la pensée, de la parole ou des mouvements corporels
Pensées suicidaires ou tentative de suicide
Crises de larmes sans raison évidente
Douleurs, maux de tête, crampes ou troubles digestifs qui persistent, même après un traitement
Les différents types de dépression se caractérisent par des symptômes distincts :
La dépression clinique ou le trouble dépressif majeur. Outre le trouble dysthymique (ci-dessous), il s’agit
de la forme la plus fréquente de dépression6. Les symptômes qui y sont associés perturbent les
activités quotidiennes telles que le travail, le sommeil, les études, l’alimentation et les sources de plaisir. Cet état
invalidant peut survenir une seule fois dans toute une vie, ou réapparaître à plusieurs reprises6.
Trouble dysthymique. Cet état, aussi appelé dysthymie, est généralement moins grave que la dépression
clinique et peut être sans conséquence sur la vie quotidienne. Ce trouble persiste habituellement plus de deux
ans et peut se solder par la dépression clinique6.
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Dépression post-partum. Ce type de dépression est diagnostiqué chez les femmes qui viennent d’accoucher
lorsqu’elles manifestent un trouble dépressif majeur dans le mois qui suit l’accouchement6.
Dépression psychotique. Ce diagnostic correspond à une dépression clinique grave accompagnée d’une
perception faussée de la réalité, d’hallucinations, de délire ou d’autres formes de psychose6.
Trouble affectif saisonnier. Cette forme de dépression s’atténue généralement au cours du printemps et de l’été.
Elle est associée aux faibles taux de lumière solaire naturelle auxquels sont exposés les Canadiens durant l’hiver6.
Comment pose-t-on un diagnostic de dépression?
Parmi tous les Canadiens qui seront atteints de dépression, seulement 1 sur 10 environ solicitera un traitement
adéquat3. Cette donnée indique que la dépression est largement sous-diagnostiquée. Votre professionnel de la santé
pourrait vous poser des questions sur votre humeur et vos pensées lors d’un bilan de santé, an de déceler une
possible dépression qui risquerait sinon de passer inaperçue8.
Lorsqu’ils soupçonnent une dépression, les médecins posent habituellement un ensemble de questions, et
demandent parfois des examens médicaux ou une évaluation psychologique. Ces démarches visent à écarter toute
autre cause possible aux symptômes, à poser le diagnostic le plus précis possible et à déceler toute maladie
concomitante8. Les examens demandés pourraient inclure8 :
Un examen physique comportant les mesures généralement prises lors des bilans de santé réguliers (taille,
poids, pression artérielle, température, fréquence cardiaque), ainsi que l’auscultation du cœur et des poumons.
Des analyses de laboratoire telles que la formule sanguine ou une évaluation du fonctionnement de la
glande thyroïde.
Une évaluation psychologique visant à cerner les signes de dépression. Cette évaluation pourrait consister
à discuter de vos pensées, de vos sentiments et de vos comportements, à dénir les symptômes que vous
présentez à ce moment et à déterminer si vous avez présenté des états semblables dans le passé.
Votre médecin ne pourra poser le diagnostic de dépression clinique que si vous répondez aux critères du
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), un outil utilisé pour diagnostiquer différents
types de troubles mentaux8. Selon les critères du DSM, vous devez présenter au moins 5 symptômes parmi
les suivants presque tous les jours depuis au moins 2 semaines. De plus, l’un des deux premiers symptômes
doit absolument être présent8.
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Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, pouvant se manifester par de la tristesse, un sentiment
de vide ou une envie de pleurer, ou encore par une irritabilité constante chez les enfants et les adolescents.
Une diminution de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités, pratiquement toute la journée.
Augmentation ou diminution importante de l’appétit; gain ou perte de poids important en l’absence de régime.
Un gain de poids moins rapide que prévu pourrait être un signe de dépression chez l’enfant.
Insomnie ou importante envie de dormir.
Fatigue ou perte d’énergie.
Dévalorisation ou culpabilité excessive et inappropriée.
Difculté à penser, à prendre des décisions ou à se concentrer.
Fébrilité ou ralentissement pouvant être constaté par les autres (pas nécessairement tous les jours).
Pensées de mort ou idées suicidaires récurrentes (pas nécessairement tous les jours), ou tentative de suicide.
On doit aussi tenir compte d’autres éléments avant de poser un diagnostic de dépression8 :
Vos symptômes ne doivent pas être dus à un épisode mixte, où des symptômes de manie et de dépression
surviennent en même temps (trouble bipolaire).
Vos symptômes doivent être sufsamment graves pour nuire de façon notable à vos activités quotidiennes telles
que le travail, les études, les activités sociales ou les relations interpersonnelles.
Vos symptômes ne doivent pas être attribuables à d’autres causes, telles que la toxicomanie, les effets
secondaires d’un médicament ou un autre trouble de santé (l’hyperthyroïdie, par exemple).
Vos symptômes ne doivent pas pouvoir être qualiés de tristesse passagère, comme le chagrin causé par la
perte d’un être cher, par exemple.
Comment traite-t-on la dépression?
Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, la dépression est la plus soignable des maladies mentales9.
Le traitement dépend habituellement du type de dépression et de la gravité du cas. Les médecins de famille sont
en mesure de traiter la plupart des cas de dépression d’intensité légère grâce à un médicament, du counselling,
ou les deux à la fois. Un médecin peut aussi recommander différentes ressources au sein de la communauté. Les
cas graves de dépression seront dirigés vers un psychiatre. Celui-ci pourra appliquer un traitement en consultation
externe, ou même hospitaliser le patient, s’il y a lieu1.
Les traitements les plus courants de la dépression clinique incluent les médicaments, la psychoéducation,
la psychothérapie et, parfois, l’électroconvulsivothérapie. Ces formes de traitements peuvent être employées
seules ou en association. Souvent, les proches de la personne atteinte de dépression auront avantage à améliorer
leur connaissance de la maladie en faisant de la lecture sur le sujet, en discutant de la question avec un
spécialiste de la santé mentale ou en participant à des rencontres avec un groupe de soutien et d’éducation
pour la famille et les aidants1.
Médicaments
Les médicaments permettent d’obtenir de bons résultats dans le traitement de la dépression. On les utilise
souvent en association avec la psychothérapie. Le recours rapide aux médicaments peut contribuer à éviter que la
dépression s’aggrave et accroître l’efcacité de la psychothérapie. Dans les cas graves, les médicaments pourront
favoriser la reprise des tâches et des activités habituelles en normalisant l’humeur1.
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Habituellement, on augmente graduellement la dose du médicament choisi an d’obtenir l’effet optimal.
Il est possible que les premières semaines soient consacrées à la maîtrise des effets secondaires, et que le
soulagement des symptômes ne se manifeste qu’après un certain temps chez certaines personnes1. On ne doit
cependant pas se laisser abattre : on peut venir à bout des effets secondaires, et le soulagement des symptômes
sera grandement apprécié lorsqu’il se présentera1.
Psychoéducation
Cette partie du traitement vise surtout à aider les patients et leurs proches à en apprendre davantage sur la
dépression, son traitement et les façons de surmonter les préjugés associés aux troubles mentaux. Pour le
patient, cette démarche peut fournir l’occasion de s’exprimer relativement aux conséquences de la dépression
sur sa vie et à ses efforts pour lutter contre la maladie. La psychoéducation peut prendre la forme de rencontres
en groupe ou d’un entretien privé avec un professionnel de la santé1.
Pour la famille ou le conjoint, la psychoéducation vise à mieux comprendre ce que vit la personne atteinte. On
traite entre autres de ce que peuvent faire les proches pour aider le patient, ainsi que des limites de cette aide.
Les parents et les amis peuvent consulter un professionnel de la santé au sujet de l’être cher ou assister à des
rencontres avec un groupe de soutien et d’éducation pour la famille1.
Psychothérapie
Par psychothérapie, on entend un traitement consistant à discuter de ses problèmes avec un psychothérapeute.
Cette forme de traitement vise à soulager la détresse en permettant au patient de s’ouvrir et d’exprimer ses
émotions, en l’aidant à modier les attitudes, les comportements et les habitudes pouvant contribuer à la
dépression, et en explorant de nouvelles stratégies d’adaptation face aux épreuves. La psychothérapie est
souvent utilisée en association avec un médicament dans le traitement de la dépression1.
De nombreux professionnels de la santé, notamment des médecins, des travailleurs sociaux, des psychologues
et d’autres spécialistes de la santé mentale, ont la formation nécessaire pour mener différents types de
psychothérapie. Peu importe l’endroit où elle se pratique (hôpital, clinique ou cabinet privé), le succès de la
psychothérapie dépend de la qualité de la relation entre le patient et le thérapeute, celle-ci devant reposer sur la
conance, le soutien et la complicité1.
Classe de médicament
Anciens médicaments Inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO) – le tout premier antidépresseur
Antidépresseurs tricycliques
Médicaments récents • Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS)
• Inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN)
• Inhibiteurs du recaptage de la noradrénaline et de la dopamine (IRND)
Les différents antidépresseurs sont classés en fonction de la substance chimique naturellement présente dans le
cerveau sur laquelle ils exercent leur effet an d’inuencer l’humeur10. On peut également les répartir
en sous-catégories, selon le moment de leur commercialisation1. Le tableau ci-dessous fournit un bref aperçu
de différents types d’antidépresseurs actuellement offerts au Canada1,10.
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