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Il faut comprendre qu'à la base de toute théorie linguistique il y a une conception du langage. La
linguistique contemporaine refuse cette conception du langage. Le langage n'a pas avant tout une
fonction référentielle. Il ne renvoie pas à la réalité. La linguistique contemporaine n'étudie pas la
langue mais le discours. Le discours entend qu'il manifeste la présence d'un locuteur, entend qu'il
constitue une énonciation, entend qu'il est acte et qu'il cherche à agir sur l'allocutaire. La langue ne
sert pas en premier à donner des informations sur le monde mais à agir sur autrui. Le langage sert
à présenter la réalité d'une certaine façon ce qui permet d'agir sur autrui.
Par ailleurs, l'objet d'étude de la linguistique traditionnelle s'inscrivait à l'intérieur du cadre de la
phrase et parfois même du mot. La linguistique traditionnelle étudiait des phrases isolées. La
linguistique moderne a dépassé le cadre de la phrase et se situe dans une perspective
transphrastique, discursive ou encore textuelle.
On n'étudie plus aujourd'hui des phrases isolées mais des énoncés qui se suivent pour former des
discours ou des textes.
La situation de l'énonciation.
On appelle le producteur de l'énoncé celui qui parle : le locuteur. Le destinataire de l'énoncé sera
appelé allocutaire plutôt qu'interlocuteur. Il est préférable de réserver l'appellation d'interlocuteur
pour désigner les 2 partenaires de l'énonciation. Donc le terme englobe allocutaire et locuteur.
En général, lorsqu'il y a énonciation il y a interlocution. Toute énonciation cependant, n'est pas
interlocution : le monologue, le journal intime… qui peuvent être considérés comme des
énonciations sans interlocution (pas d'allocutaire). Cependant, certains linguistes considèrent que
dans ces cas-là, le locuteur se dédouble pour être son propre allocutaire. Plus certainement, les
exclamations de colère, d'enthousiasme, de douleur… qui sont de pures expressions de la
subjectivité, qui sont des énonciations sans allocutaires et il n'y a donc pas interlocution. Les
exemples d'énonciation sans allocutaires sont rares et l'énonciation suppose une interlocution.
Le temps, le lieu et les interlocuteurs sont des éléments principaux de ce que l'on appelle la situation
de l'énonciation. Ces éléments sont évidents pour tous ceux qui assistent à l'acte d'énonciation, en
particulier, pour des interlocuteurs et aussi pour tout individu qui serait spectateur sans être
directement considéré. Etant donné que ces éléments sont évidents, ils n'ont pas à être spécifiés à
chaque fois dans chaque énoncé.
L'énonciation dans la langue.
Les éléments principaux de la situation sont évidents pour ceux qui y participent. Imaginons par
exemple, une conversation téléphonique : Marie, chez elle, téléphone à son ami Max et lui dit
qu'elle va chez lui et reviendra après chez elle, le 7 octobre 2003. Elle ne lui dira pas : « Marie va