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Résumé
L’infection au VIH s’accompagne souvent de dérégulations du compartiment des
lymphocytes B qui nuisent à la génération de réponses efficaces. En effet, détectées tôt après
l’infection, ces dérégulations perdurent, ne sont pas totalement restaurées par la thérapie, et
mènent souvent à des manifestations auto-immunes et lymphomes. Une étude longitudinale de
notre groupe, effectuée avec des cellules mononucléées du sang circulant provenant de
patients VIH+ avec différents types de progression clinique, a démontré qu’un niveau élevé de
BLyS chez des individus VIH+ progresseurs était associé à une dérégulation des fréquences de
populations de cellules B avec augmentation de cellules innées de la zone marginale (MZ)
présentant des caractéristiques d’immaturité et d’activation. Au contraire, chez des individus
VIH+ non-progresseurs avirémiques ou contrôleurs d’élite, les niveaux de BLyS étaient dans la
normale et ce sont les fréquences de cellules B MZ plus matures qui étaient diminuées. La
résistance au VIH pourrait aussi impliquer le contrôle de BLyS et son impact sur les cellules
B.
De ce fait, nous avons préalablement recruté une cohorte de travailleuses du sexe (TS)
à Cotonou (Bénin) dans laquelle nous avons identifié des femmes qui demeurent séronégatives
malgré une exposition soutenue au virus. Nous avons mesuré les niveaux de BLyS dans le
sang et dans les lavages cervico-vaginaux (CVL) de TS VIH- et les avons comparés à ceux
mesurés chez des TS VIH+ et un groupe contrôle de non-TS VIH- . Nous avons trouvé que les
niveaux de BLyS dans le sang et le CVL des TS VIH- étaient inférieurs à ceux des TS VIH+ et
des non-TS VIH-. Le niveau d’expression de BLyS à la surface des lymphocytes T, monocytes
et cellules dendritiques de TS VIH- était augmenté, mais à un niveau moindre que les TS
VIH+. Chez les TS VIH+, les hauts niveaux de BLyS étaient concomitants avec une
dérégulation du compartiment B caractérisée par une hyperglobulinémie, une augmentation
de la fréquence de populations avec un profil immature/inné et une plus grande proportion de
plasmablastes IgG vs IgA. Au contraire, les niveaux inférieurs de BLyS dans le sang des TS
VIH- coïncident avec un compartiment B préservé, révélant que les lymphocytes B MZ
peuvent être impliqués dans l’immunité naturelle au VIH. Ces résultats démontrent
l’importance du contrôle des niveaux de BLyS et du maintien de l’intégrité du compartiment B
dans la résistance au VIH.
Mots clés: Virus d’immunodéficience humaine (VIH), lymphocytes B, populations de
lymphocytes B, zone marginale, BLyS, BAFF, immunité naturelle, travailleuse du sexe,
Bénin