L’introduction de l’euro a amené une flambée
des prix : une idée reçue
Depuis 1999, la politique monétaire en France est passée
du contrôle de la Banque de France à celui de la BCE.
Le
mandat de la BCE, défini par le traité de Maastricht, est
centré sur la maîtrise de l’inflation. Dans ce cadre, la BCE a
adopté une cible d’inflation, d’abord « entre 0 % et 2 % »,
puis « proche mais inférieure à 2 % », car l’expérience
japonaise a mis en évidence les dangers de la déflation.
Pour cela, la BCE fixe les taux d’intérêt directeurs auxquels
elle refinance les banques et gère la liquidité disponible
grâce à différents instruments : opérations d’
open market
,
facilité de prêt marginal, facilité de dépôt et réserves
obligatoires.
Durant les premières années du mandat de la BCE,
l’inflation a été modérée et stable. La BCE, avec sa ligne
directrice claire, son indépendance forte et ses statuts
inspirés de la Bundesbank, a acquis une forte crédibilité.
De janvier 1999 à décembre 2012, l’inflation a ainsi été en
moyenne de 2 % en zone euro et de 1,7 % en France.
La période récente : crise, inflation modérée
et vigilance de la BCE
La crise financière de 2008-09 puis la crise des dettes
souveraines ont favorisé un contexte de faible inflation. En
effet, l’affaiblissement de la croissance économique
mondiale et l’ouverture de l’ « output gap » – insuffisance
de la demande de biens et services pour satisfaire l’offre
structurelle – ont réduit les tensions inflationnistes liées au
cycle économique. Dans ce cadre, seuls les chocs
externes (dépréciation du taux de change, hausse du prix
des matières premières) ou fiscaux ont été susceptibles de
générer des hausses de prix.
Graphique 2 : France, inflation (%, glissement annuel -
GA)
Source : INSEE
Graphique 3 : France, croissance et inflation sous-
jacente
Source : INSEE
Ainsi, en 2009, l’activité s’est contractée de 2,7 % en
France et la hausse des prix a été de seulement 0,1 %
contre 3,1 % l’année précédente. La BCE avait alors
assoupli nettement sa politique monétaire : son taux
directeur était passé de 4,25 % à 1 % de fin 2008 à 2009.
Depuis, l’activité économique et l’inflation ont repris mais
leur évolution reste encore modérée. Ainsi, en 2011 et
2012, l’inflation a été de 2 % en France et, si l’on exclut les
tarifs publics et les prix volatils, l’inflation n’a été que de
1,3 % en 2012. La faiblesse de la croissance du PIB est
encore plus nette : après avoir atteint 1,7 % en 2010 et
2011 au sortir de la crise financière, le PIB a été à l’arrêt en
2012 et baisserait de 0,3 % en 2013 d’après les prévisions
de l’institut de sondage Consensus Forecast en juin 2013.
Durant toute cette période, la BCE est restée vigilante sur
les risques inflationnistes comme déflationnistes. Dans le
premier temps de la crise des dettes souveraines, la BCE
avait mis en place un programme d’achats de titres
obligataires (
Securities Market Program
mis en place en
mai 2010). L’inflation étant alors très proche de la cible, la
BCE avait choisi de stériliser ses achats, c’est-à-dire de ne
pas créer de monnaie pour ne pas engendrer de risque
inflationniste. Par la suite, lorsque la crise s’est intensifiée,
la BCE a fait le choix d’injecter massivement des liquidités
dans le système bancaire. La taille de son bilan a alors
considérablement augmenté (cf. graphique 4). Cette
création monétaire n’a toutefois pas engendré de tensions
inflationnistes – l’inflation a même ralenti – et n’a été que
temporaire : le bilan de la BCE a déjà baissé de 500 Md€
entre janvier et juin 2013
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Inflation totale Inflation sous-jacente
0
0,5
1
1,5
2
2,5
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Croissance du PIB (avancé de 18 mois)
Inflation sous jacente (échelle de droite)