LE RÉVEIL SERA DOULOUREUX
STRATÉGIE MARCHÉS
LE QE A DEMARRÉ
IMPACT DE LAMORCE DU QE
LE COEUR DU MOTEUR
RÉSULTAT ET AVENIR
LE QE A DEMARRÉ
Le QE a démarré avec l’achat de bonds du secteur public, d’ABS et
de covered bonds, et a vocation à se poursuivre jusqu’en septem-
bre 2016, à titre indicatif, sachant que la date butoir correspond à
l’atteinte de l’objectif de l’HICP à 2%, légèrement en dessous mais
très proche, ainsi la priorité reste et demeure le taux d’inflation.
À cela il ajoute très clairement et avec insistance qu’il est
urgent de faire remonter l’inflation donc les taux d’intérêt
nominaux et implicitement les taux d’intérêt réels, et que
tous les moyens seront mis en œuvre pour y parvenir.
Rappelons que cette priorité urgente a pour but d’éviter la
déflation, un passage des taux en zone négative et donc de
provoquer un basculement de l’économie dans une
récession forte. Nous allons voir toute l’importance de cette
déclaration avec la suite.
Flash Marchés avril 2015
FLASH MARCHÉS
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Le 1er « side eect » positif attendu sur le plan économique est l’eet crédit : les conditions
d’emprunt se sont améliorées et la demande de crédit est partie à la hausse, ces indicateurs étant
négatifs depuis plusieurs années, l’impact du QE est significatif d’autant plus qu’il s’agit d’indicateurs
précurseurs de la reprise économique. Néanmoins, détail de poids, les crédits aux acteurs non
financiers (c’est-à-dire l’économie réelle) continuent de diminuer. De telle sorte, qu’il n’y a aucun
impact sur l’économie réelle donc les conditions de crédit continuent de se détériorer, seules les
banques commencent à se refaire confiance, elles se prêtent entre elles, on est rassuré...
Du côté des indicateurs financiers, M3 en glissement trimestriel est en progression (4,7% février/ 3,7%
janvier), là encore, nuance : la progression est uniquement alimentée par la hausse de M1 (+9%), d’où
une baisse des autres agrégats ; ce qui signifie que le circuit financier opérationnel de l’économie
réelle continue de reculer. La liquidité passe peu de la sphère financière à la sphère réelle, donc
il semblerait que la bonne nouvelle pour la reprise économique, voire un signe de son annonce est
toujours attendue...
Et cela dit, M.Dragui rassure en disant que les décisions de politique monétaire, ne se fondent pas sur
un seul indicateur économique, et non plus sur un ensemble de data quantitatifs mais sur une analyse
globale purement qualitative. Toutefois, puisque le véritable indicateur phare, l’objectif de la BCE,
c’est l’inflation, regardons l’impact sur l’inflation. Or le HICP est en progression de 0,2% en février
contre 0,6% en janvier, et M.Dragui explique que l’impact du QE est certain mais contrebalancé par la
chute des prix du pétrole. Certes, mais l’impact d’une politique monétaire se juge sur un résultat global,
sans qu’on enlève à celui – ci les facteurs contreproductifs... En opérant ainsi, un trader pourrait évaluer
son P&L en retirant les positions perdantes de son portefeuille de l’ensemble des positions prises, ainsi
ça irait beaucoup mieux. Au final, l’inflation poursuit sa baisse. Et de plus il nous informe que cette
fameuse inflation est attendue à un très bas niveau dans les prochains mois... Sur ce point M.Dragui
donne des précisions et rentre dans une analyse très intéressante sur les taux d’intérêt réels, ce qui
constitue le point à retenir de son intervention.
1. IMPACT DE LAMORCE DU QE
2. LE CŒUR DU MOTEUR : LES TAUX RÉELS
En répondant à des questions portant sur la zone négative atteinte par le taux de dépôt des Bund à
plusieurs reprises la semaine dernière, il reconnaît que 1. La rétention de souverains essentiellement
de Bund est indispensable pour maintenir la liquidité et que 2. Le taux de dépôt se doit d’être observé
avec beaucoup d’attention et que le passage en zone négative est très problématique, mais il n’amène
pas de réponse à ce double problème majeur puisque tout ralentissement de prise en pension des
souverains, et toute limitation des dépôts reviendraient à contrecarrer le QE...
STRATÉGIE MARCHÉS 3
Par conséquent le QE a agi sur la forme et non pas sur le fond qui continue à se dégrader sérieusement
et rapidement, sans aucune prise de contrôle de la politique monétaire. Et pour ceux qui l’auraient
entendu, car Mr Dragui a vu la vérité et l’a dit à sa manière... il insiste au final sur les facteurs déterminants
de la reprise économique : les réformes structurelles en particulier fiscales et du marché du travail, qui sont
les vrais moteurs de la reprise ; la politique monétaire ne fait que les accompagner, elle a donc selon lui une
fonction secondaire. En eet avant même la survenue de la crise financière, certains pays avaient déjà une
croissance très faible et un taux de chômage très élevé, suivez mon regard... Pour une meilleure lecture :
les résultats positifs sont imputables à la BCE et les résultats négatifs et les facteurs bloquant l’action de
la BCE sont imputables aux Etats. Il insiste lourdement sur la nécessité de mettre en place des mesures
agissant sur l’ore (et on reste dans une politique monétariste dont on a vu les eets majestueux....) :
investissement, marché du travail, fiscalité... ah Milton Friedman quand tu nous tiens !
Et mieux que le QE, il y a le sujet de la Grèce, et là encore Mr Draghi est très clair, même s’il écarte
aujourd’hui toute éventualité de défaut, il rappelle que l’exposition de l’UE à la Grèce est aujourd’hui de
110bn€, soit la plus élevée de l’UE, et que l’évolution du soutien de l’Europe dépend uniquement de la
Grèce quant à la pertinence des propositions présentées, implicitement l’UE ne bougera pas quoiqu’il
advienne, et chacun sait ce qui va advenir, donc comprenne qui peut... ce sera le prochain épisode.
Mais ce passage en zone négative recouvre un problème beaucoup plus profond, que le fin
observateur de l’output gap n’a évidemment pas manqué de relever. Il explique très clairement que
les taux réels ont atteint un point bas historique, et viennent de connaître une baisse sensible, ce
qui signifie que le taux d’inflation HICP tel quel, qui est le taux nominal est bien loin de montrer
l’ampleur des dégâts, c’est la partie émergée de l’iceberg, car les taux nominaux sont bien plus bas et
continuent à chuter fortement. Immédiatement dans sa stratégie de « tranquillisation », qui est la stratégie
du jour et sûrement du futur proche, il met en avant l’opportunité exceptionnelle que cela représente pour
stimuler la reprise économique, mais quand on sait que la priorité de sa politique monétaire est
justement de sortir de cette spirale quasi récessionniste de taux, avec un objectif urgent et par tout
moyen signalé en introduction, on constate donc qu’à ce jour, la situation s’aggrave, n’est toujours pas
sous contrôle, et que cela est donc fort préoccupant.
3. RÉSULTAT ET AVENIR
Rachel CADO MASSON
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