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Première partie : Connaître les SCPD
Former le personnel soignant sur les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence impose de
définir ces symptômes, de décrire leurs caractéristiques dans la maladie d’Alzheimer et les démences apparentées,
et d’expliquer les raisons pathogéniques susceptibles de provoquer l’apparition de ces symptômes.
I – Les symptômes psycho-comportementaux
Les manifestations non cognitives des démences sont connues depuis longtemps. Aloïs Alzheimer dans sa
description première (1906) soulignait déjà la présence d'un délire de jalousie, d'hallucinations auditives, d'explosions
verbales, d'accès de colère, de cris répétés et de comportements de dissimulation d'objets.
Pourtant la recherche s'est focalisée sur la détérioration cognitive de la démence, seule prise en compte pour le
diagnostic, reléguant les perturbations comportementales au rang de manifestations secondaires.
A) Définition
C’est à partir des années 1980 que l’on a réellement pris conscience que ces manifestations psycho-
comportementales étaient particulièrement usantes pour les aidants, tant formels qu'informels, et jugées bien souvent
«incontrôlables».
En 1996 a été défini par l’Association Psychogériatrique Internationale le concept de « Symptômes Comportementaux
et Psychologiques de la Démence » ou « SCPD »pour désigner les « symptômes de perturbation de la perception, du
contenu de la pensée, de l'humeur, et du comportement apparaissant fréquemment chez les sujets atteints de
démence ». Cette définition a le mérite d'envisager le fait que les troubles du comportement sont intimement liés aux
pathologies démentielles.
Par la suite, d’autres auteurs ont proposé des définitions complémentaires comme Onen pour lequel les symptômes
psycho-comportementaux peuvent se définir comme des « conduites et des attitudes inadaptées aux lieux et aux
situations en référence aux normes culturelles communément admises » (Onen S.H., 2002).
Pour Moreaud (Moreaud, 2007), le trouble du comportement est un « comportement gênant, en référence à des
normes culturelles et sociales, gênant souvent davantage l'entourage que le malade lui-même ».
Ces définitions relatives et non absolues, qui évoquent des normes variables suivant les lieux et les époques, ont le
mérite de poser un problème essentiel en EHPAD : celui de l’incompréhension du trouble, de la gêne ressentie et de
l’attitude parfois inadaptée du personnel entourant les personnes âgées souffrant de démence.
B) Classification et description
Les SCPD n’étant pas encore clairement définis et répertoriés dans les manuels de diagnostic internationaux (DSM IV
et CIM 10), une approche structurée de leur classification et une évaluation par le corps médical demeurent difficiles.
Cependant un groupe de travail formé par le Consortium Européen de Recherche sur la Maladie d'Alzheimer (en
anglais EADC) a récemment travaillé sur une meilleure caractérisation des symptômes, en regroupant des données
cliniques sur plus de 2000 patients à travers l'Europe et en effectuant une analyse factorielle. Ce groupe s'est basé
sur l'Inventaire NeuroPsychiatrique (NPI), outil de référence pour l'évaluation des SCPD (présenté dans la deuxième
partie de ce mémoire).
De nombreux auteurs distinguent deux grandes familles parmi tous ces symptômes : ceux dits positifs car
perturbateurs pour l’entourage et ceux dits négatifs car moins gênants pour les autres (comme l’apathie en
particulier).
En 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un guide consacré aux troubles perturbateurs en les définissant
ainsi : « troubles jugés par l'entourage comme dérangeants, perturbateurs, dangereux, que ce soit pour le patient ou
pour autrui, qui peuvent être observés au cours de la maladie d'Alzheimer et de la plupart des maladies apparentées.
Ils sont en rupture avec le comportement antérieur du patient ». Si ces troubles perturbateurs sont les plus fréquents
et les plus gênants en EHPAD, ils ne doivent pas occulter les symptômes dits négatifs qui témoignent tout autant