
4 IGAS, RAPPORT N°2013-099R
Elle n’est pas urgente et ne doit pas être brutale car :
La démarche ITR doit encore être affinée pour devenir moins rigide, laissant plus de place à
la nécessaire modulation en fonction de l’alchimie propre à chaque produit, qui rend non
pertinente une démarche trop technique et nécessite les débats d’experts que conduit
aujourd’hui la commission de la transparence ;
Elle doit pouvoir s’appliquer à tous les médicaments, ce qui n’est pas le cas ;
Elle doit s’enrichir de critères que pour l’heure elle n’intègre pas clairement, en particulier la
place dans la stratégie thérapeutique et la qualité de vie ;
La réforme doit être placée dans le cadre d’une réflexion plus globale sur le panier et les
parcours de soins, qui n’était pas l’objet de la mission ;
Elle ne peut en tout état de cause être mise en œuvre du jour au lendemain. Elle nécessite une
période de transition suffisamment longue pour que le « stock » des anciens produits fasse
l’objet d’une réévaluation selon la méthode ITR et que le « flux » des nouveaux aient été
évalués selon les mêmes critères, afin que les comparaisons soient pertinentes et non
contestables.
Compte tenu de ces constats, la mission formule 5 recommandations :
1) Dessiner dès l’installation de la nouvelle commission de la transparence une trajectoire
de réforme visant, en tirant parti des travaux de la HAS sur l’ITR, à enrichir et affiner le
concept et le contenu d’un critère unique, pour lequel la mission formule trois
propositions d’appellations : Intérêt Thérapeutique Relatif (maintien de l’acronyme
proposé par la HAS) ou Valeur Thérapeutique Ajoutée (VTA, utilisée au niveau
européen) ou Amélioration Thérapeutique Relative (ATR). L’avis rendu détaillant, selon
un modèle-type à élaborer, tous les sous-critères sera indissociable de la cotation,
progressive de 1 à 5 (5 étant la « meilleure » note). Le caractère habituel de gravité de la
pathologie et/ou la sévérité des symptômes visés par le médicament soumis permettra
une orientation vers une décision de taux de remboursement. La mission propose un
schéma, bien sûr perfectible, tirant les enseignements des améliorations à apporter à la
démarche ITR actuellement formulée.
2) Adapter la méthodologie aux situations pour lesquelles elle n’est pas à ce stade
applicable (au moins orphelins, stades avancés, pédiatrie, gériatrie, génériques et
biosimilaires, médicaments associés à un dispositif médical).
3) Prévoir une mesure législative, dans le PLFSS pour 2016, prévoyant une période de
transition d’au minimum 2 ans.
La mission propose un échéancier de mise en œuvre, qui devra bien sûr être adapté en
fonction de l’avancée des travaux de la CT.
4) Redonner à l’intérêt de santé publique son sens premier : ne pas l’appliquer à tous les
médicaments et distinguer l’impact sur les politiques de santé publique de celui sur
l’organisation des soins. La mission propose d’en confier à la DGS un volet précis : pour
les primo-inscriptions, sélectionner les médicaments relevant d’une évaluation de leur
impact éventuel sur les politiques et plans de santé publique, et piloter cette évaluation
associant la DSS, la DGOS, le HCSP et des experts en tant que de besoin, en vue d’un
éclairage sur ce champ de la décision ministre. Trois conditions sont cependant à poser :
que le processus soit centré sur certains médicaments, que l’investissement de la DGS
soit réel et que la décision soit rapide et n’ajoute pas de délai supplémentaire.
D’autre part, la Commission d’évaluation économique et de santé publique (CEESP) de
la HAS sera chargée d’évaluer, en primo-inscription l’impact sur l’organisation des
soins, puis de réévaluer l’ISP après une période d’utilisation en vie réelle.