N° d’ordre 2006ISAL0064 Année 2006 THÈSE présentée devant L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon pour obtenir LE GRADE DE DOCTEUR Ecole doctorale : Électronique Électrotechnique Automatique (E.E.A.) ………………………………………… Spécialité : Génie Electrique par Elena Ivanova DIMITROVA – FREY Ingénieur de l’Université Technique de Sofia Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Soutenue publiquement le 10 octobre 2006 devant la Commission d’examen Jury M. M. M. M. M. Gérard ROJAT Hervé MOREL Christian SCHAEFFER Stéphane LEFEBVRE Stéphane RAËL Professeur UCB Lyon 1 Directeur de recherche CNRS Professeur INP Grenoble Maître de conférence HDR ESCPI CNAM Maître de conférences Green – INPL Président Directeur de thèse Rapporteur Rapporteur Examinateur Cette thèse a été préparée au Laboratoire CEGELY (Centre de Génie Electrique de Lyon) UMR n° 5005 de l’INSA de Lyon, Futur Laboratoire Ampère. 2005 SIGLE ECOLE DOCTORALE M. Denis SINOU Université Claude Bernard Lyon 1 Lab Synthèse Asymétrique UMR UCB/CNRS 5622 Bât 308 Responsable : M. Denis SINOU 2ème étage 43 bd du 11 novembre 1918 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.44.81.83 Fax : 04 78 89 89 14 [email protected] ECONOMIE, ESPACE ET MODELISATION M. Alain BONNAFOUS Université Lyon 2 DES COMPORTEMENTS 14 avenue Berthelot MRASH M. Alain BONNAFOUS Responsable : M. Alain BONNAFOUS Laboratoire d’Economie des Transports 69363 LYON Cedex 07 Tél : 04.78.69.72.76 Alain.bonnafous∂ish-lyon.cnrs.fr ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE, M. Daniel BARBIER AUTOMATIQUE INSA DE LYON Laboratoire Physique de la Matière Bâtiment Blaise Pascal M. Daniel BARBIER 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.64.43 Fax 04 72 43 60 82 [email protected] M. Jean-Pierre FLANDROIS EVOLUTION, ECOSYSTEME, MICROBIOLOGIE, MODELISATION UMR 5558 Biométrie et Biologie Evolutive http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2 Equipe Dynamique des Populations Bactériennes Faculté de Médecine Lyon-Sud Laboratoire de Bactériologie BP 1269600 OULLINS M. Jean-Pierre FLANDROIS Tél : 04.78.86.31.50 Fax 04 72 43 13 88 E2m2∂biomserv.univ-lyon1.fr M. Lionel BRUNIE INFORMATIQUE ET INFORMATION POUR LA SOCIETE INSA DE LYON http://www.insa-lyon.fr/ediis EDIIS Bâtiment Blaise Pascal M. Lionel BRUNIE 69621 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.60.55 Fax 04 72 43 60 71 [email protected] INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE M. Alain Jean COZZONE http://www.ibcp.fr/ediss IBCP (UCBL1) 7 passage du Vercors 69367 LYON Cedex 07 M. Alain Jean COZZONE Tél : 04.72.72.26.75 Fax : 04 72 72 26 01 [email protected] M. Jacques JOSEPH MATERIAUX DE LYON http://www.ec-lyon.fr/sites/edml Ecole Centrale de Lyon Bât F7 Lab. Sciences et Techniques des Matériaux et des M. Jacques JOSEPH Surfaces 36 Avenue Guy de Collongue BP 163 69131 ECULLY Cedex Tél : 04.72.18.62.51 Fax 04 72 18 60 90 [email protected] M. Franck WAGNER MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE FONDAMENTALE Université Claude Bernard Lyon1 http://www.ens-lyon.fr/MathIS Institut Girard Desargues UMR 5028 MATHEMATIQUES M. Franck WAGNER Bâtiment Doyen Jean Braconnier Bureau 101 Bis, 1er étage 69622 VILLEURBANNE Cedex Tél : 04.72.43.27.86 Fax : 04 72 43 16 87 [email protected] MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE M. François SIDOROFF CIVIL, ACOUSTIQUE Ecole Centrale de Lyon http://www.lmfa.ec-lyon.fr/autres/MEGA/index.html Lab. Tribologie et Dynamique des Systêmes Bât G8 36 avenue Guy de Collongue M. François SIDOROFF BP 163 69131 ECULLY Cedex Tél :04.72.18.62.14 Fax : 04 72 18 65 37 [email protected] CHIMIE DE LYON E2MC E.E.A. E2M2 EDIIS EDISS Math IF MEGA NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE Introduction générale Introduction générale Dans le domaine de l’électronique de puissance, les dispositifs semi-conducteurs en carbure de silicium se sont développés pour l’utilisation dans des conditions de haute température, haute puissance, haute tension et haute radiation. Dans ces conditions, les matériaux semi-conducteurs classiquement utilisés (notamment le silicium) sont souvent moins performants. Le carbure de silicium (SiC) possède en effet des caractéristiques en température et de tenue aux champs électriques bien supérieures au silicium. Ces caractéristiques peuvent permettre le développement d’améliorations significatives dans une grande variété d’applications et de systèmes. Les bonnes performances en tenue en tension peuvent notamment permettre le développement de commutateurs forte tension pour les applications de distribution d’électricité qui nécessitent des interrupteurs de forte tension. Les capacités de fonctionnement sous hautes températures peuvent permettre de développer des convertisseurs fortement intégrés et dans des environnements de hautes températures comme dans l’aéronautique par exemple, mais aussi des dispositifs innovants comme des limiteurs de courant. De même, ce matériau semble prometteur dans des applications haute fréquence comme pour les radars ou les dispositifs de communication radio-fréquences (RF). De très grands progrès ont été accomplis pour obtenir des composants de bonne qualité, il est toutefois nécessaire d’optimiser au mieux les structures et la conception des composants en carbure de silicium afin de tirer la meilleure partie des qualités du matériau. Le SiC possède un fort champ critique, il est toutefois nécessaire de veiller à ne pas dépasser les valeurs maximale de champ électrique dans les structures. Ceci pourra être atteint notamment en dimensionnant au mieux les protections périphériques des composants. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 1 Introduction générale Nous allons dans cette thèse regarder dans le premier chapitre les principales caractéristiques des composants en SiC qui ont été présentés. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux transistors unipolaires de type JFET. Nous allons notamment dans le deuxième chapitre tenter de comprendre le fonctionnement d’un JFET présentant la caractéristique de posséder deux canaux dans lequel le courant devra passer successivement. Ce type de structure semble être celle utilisée par le fabricant de composants SiCED. Nos études seront basées sur le logiciel de simulation de dispositifs MediciTMA. Nous présenterons ensuite dans le troisième chapitre, un modèle de la résistance du composant en fonction des paramètres physiques et géométriques du JFET. Nous comparerons nos résultats avec ceux obtenus par le logiciel MediciTMA. Enfin, nous regarderons dans le quatrième chapitre la tenue en tension en périphérie des composants de puissance en étudiant plus particulièrement un type de protection périphérique qui est l’extension latérale de jonction (JTE). Le JFET est un composant disponible au niveau industriel. De très nombreuses études ont été lancées mais les modèles simples du JFET ne sont pas adaptables. Ainsi nous voulons étudier le transistor JFET en mode direct et inverse. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 2 Liste des illustrations et des tableaux Liste des illustrations et des tableaux Figure 1-1 : Représentation schématique du canal non pincé dans une structure JFET à canal N avec le sens d’orientation des axes (La structure présente une symétrie verticale. L’origine de l’axe des y est située en haut du canal.).......................................................................................................................................... 11 Figure 1-2 : Symboles du transistor JFET et convention de signes............................................................... 12 Figure 1-3 : Répartition des porteurs dans le canal du JFET non polarisé (De chaque côté du canal la jonction PN crée une zone de charge d’espace) ........................................................................................... 13 Figure 1-4 : Conduction par champ électrique (dérive)................................................................................ 14 Figure 1-5 : Transistor JFET qui a la même zone de charge d’espace dans la coupe AA′ (a) que la diode PIN équivalente (b). La différence de potentiel de cette diode est notée [VA – VC ] ..................................... 16 Figure 1-6 : a) Deux matériaux de type « p » et « n » sont mis ensemble pour former une jonction ; b) Un champ électrique E apparaît suite à la nécessité d’aligner le potentiel à travers la jonction ...................... 17 Figure 1-7 : Région du canal d’un JFET qui montre la variation de la largeur de la zone de charge d’espace le long du canal quand la tension de drain est beaucoup plus grande que la tension de source .. 19 Figure 1-8 : Structure utilisée pour illustrer la modélisation ohmique dans la caractéristique statique du canal du JFET. La simulation a été faite avec le logiciel éléments finis Medici pour VDS = 20 V et VGS = 0 V. (La largeur du canal est 2a = 2.6 µm, sa longueur est h=1 µm ; les autres paramètres sont respectivement b = 0.2 µm et L = 2.6 µm.)................................................................................................... 20 Figure 1-9 : ZCE dans un JFET : (a) Régime ohmique : le canal assure la conduction en zone neutre. (b) sat Condition de pincement : Quand VDS augmente jusqu’à V DS , les ZCE des deux côtés du canal se rencontrent au point de pincement pour y=l. (c) En régime de saturation le point de pincement pour y = l′ se déplace vers la source............................................................................................................................... 24 Figure 1-10 : Mobilité des électrons dans le canal vertical simulée par Medici........................................... 25 Figure 1-11 : Réseau de caractéristiques électriques statiques ID =f(VDS ) à VGS donné d’un JFET canal N pour Z = 1 µm (2a = 2.6 µm ; h = 1 µm ; VBI = 3 V ; ND=5×1015cm-3, µn = 400 V/cm.s ; VP = 4.81 V ; on R DS = 1.56 Ω ; R0 = 0.14 Ω ; IDSS = 0.725 A ; VT0 = – 2.25 V) avec ses zones de fonctionnement simulé avec le logiciel éléments finis Medici............................................................................................................ 27 Figure 1-12 : Lignes de courant au pincement avec l et l′............................................................................ 28 Figure 1-13 : Caractéristique de transfert normalisée d’une jonction abrupte d’un JFET (courbe bleue) comparée avec la caractéristique racine carrée (courbe rose) .................................................................... 30 Figure 1-14 : Caractéristique de transfert du JFET avec l’extraction du paramètre VT0 tracée à partir des simulations Medici ........................................................................................................................................ 32 Figure 1-15 : Modèle statique d’un transistor JFET canal N sur une vue schématique du composant........ 34 Figure 1-16 : Caractéristiques I-V calculées à partir des équations SPICE (33) ......................................... 35 Figure 1-17 : Réseau de caractéristiques ID = f(VDS) en polarisation inverse tracées à partir des équations SPICE............................................................................................................................................................ 36 Figure 2-1 : Structure schématique du JFET à canal vertical ...................................................................... 44 Figure 2-2 : Section transversale schématique du Trench JFET vertical 4H-SiC......................................... 44 Figure 2-3 : Section transversale de la structure de base d’un trench JFET vertical 4H-SiC ...................... 46 Figure 2-4 : Section transversale du dispositif .............................................................................................. 46 Figure 2-5 : (a) ID = f(VDS) pour VGS = 2 V à 25°C pour quatre VJFETs avec différentes tensions de seuil VT0 ; (b) Caractéristiques de blocage à VGS = – 10 V pour les mêmes dispositifs (A VGS = – 20 V les dispositifs bloquent 600 V à température ambiante)..................................................................................... 47 Figure 2-6 : ID = f(VDS) à VGS = 0 V pour des dispositifs normally-on et quasi-on ...................................... 48 Figure 2-7 : Influence de la largeur de la mesa sur le blocage en direct et la résistance spécifique à l’état passant à température ambiante : la profondeur de la tranchée h est de 3 µm ; l’épaisseur de l’oxyde sur les côtés TOX = 50 nm et le dopage de la couche épitaxiée ND = 1×1016 cm-3.............................................. 49 Figure 2-8 : Représentation schématique d’une demi-cellule d’un VJFET 4H-SiC...................................... 50 Figure 2-9 : Section transversale du VJFET ................................................................................................. 50 Figure 2-10 : Section transversale de la structure VJFET SiC ..................................................................... 53 Figure 2-11 : Section transversale du VJFET SiC......................................................................................... 53 Figure 2-12 : Pouces de la source (1.5 µm) du VJFET SiC et la grille P+ implantée [13]........................... 54 Figure 2-13 : Section transversale d’un JFET vertical en SiC [39].............................................................. 54 Figure 2-14 : Vue de dessus du DI-JFET fabriqué [41]................................................................................ 57 3 Liste des illustrations et des tableaux Figure 2-15 : Section transversale du TI-VJFET [42], [43] ......................................................................... 57 Figure 2-16 : Section transversale d’une demi-cellule du nouveau JFET vertical 4H-SiC........................... 60 Figure 2-17 : Amélioration de la résistance à l’état passant après réduction du renforcement localisé du champ aux bords de la grille enterrée........................................................................................................... 60 Figure 2-18 : Caractéristiques de sortie du VJFET 1800 V avec une surface active de 4.1 mm2 ................. 61 Figure 2-19 : Structure de base du JFET verticale symétrique utilisée en simulations ................................ 62 Figure 2-20 : Structure du JFET avec une grille enterrée ............................................................................ 62 Figure 3-1 : Structure réelle du JFET……………………………………………………………………………… 96 Figure 3-2 : Composantes de la résistance à l’état passant d’un JFET vertical de puissance ..................... 98 Figure 3-3 : Lignes de courant dans la couche épitaxiée pour VDS = 1 V et VGS = 0 V ................................ 99 Figure 3-4 : Présentation de la résistance trapézoïdale dans le JFET vertical .......................................... 100 Figure 3-5 : Résistance spécifique à l’état passant et tenue en tension pour les transistors de puissance à grand gap. Les lignes noires et rouges sont les limites théoriques des dispositifs unipolaires en silicium et 4H-SiC respectivement. Les symboles rouges représentent les MOSFETs SiC, les symboles bleus – les JFETs SiC, les symboles verts – les transistors bipolaires SiC et les symboles noirs – les HEMTs GaN. Les astérisques indiquent les dispositifs normally-on [20]. Les valeurs des résistances sont présentées dans le tableau 3-1. ................................................................................................................................................. 103 Figure 3-6 : Géométrie du système modélisé............................................................................................... 106 Figure 3-7 : Schéma électrique équivalent du JFET à deux canaux ........................................................... 108 Figure 3-8 : Détail du canal horizontal....................................................................................................... 109 Figure 3-9 : Extension de la zone de charge d’espace dans la zone N+ du canal horizontal et la zone P+ de la grille ........................................................................................................................................................ 110 Figure 3-10 : Equipotentielles dans le JFET à VDS = 1 V et VGS = 0 V....................................................... 111 Figure 3-11 : Détail du canal vertical ......................................................................................................... 113 Figure 3-12 : Réseau de caractéristiques pour les différents canaux tracées avec Excel pour 2a = 2.6 µm, h = 1 µm, b = 0.2 µm, L = 2.6 µm, ND = 5×1015 cm-3, NDD = 1.5×1017 cm-3 : a) Equation (1-18) du chapitre 1 ; b) I D = 2 q N DD µn Z b ⎡ 2ε 2 ⎛⎜ (V − V + V )3 − ⎢VDS − BI GS DS 2 L 3 q N DD b ⎝ ⎣⎢ (VBI 3 ⎤ − VGS ) ⎞⎟⎥ ........ 115 ⎠⎦⎥ Figure 3-13 : Détail des différentes parties du canal .................................................................................. 117 Figure 3-14 : Comparaison des résultats avec et sans saturation du canal vertical................................... 119 Figure 3-15 : Comparaison des simulations MEDICI (traits pleins) et du modèle (pointillés) .................. 120 Figure 3-16 : Comparaison des courbes simulées avec Medici (a) et avec le modèle (b) pour différentes valeurs de longueur du canal horizontal..................................................................................................... 122 Figure 4-1 : Champ électrique et zone de charge espace tronquée dans une diode PN ............................. 149 Figure 4-2 : Différentes protections périphériques : (a) MESA ; (b) électrode (plaque) de champ ; (c) anneaux de garde ; (d) couche semi-résistive (SIPOS) ; (e) JTE (poche)................................................... 151 Figure 4-3 : Structure schématique d’une protection par JTE .................................................................... 152 Figure 4-4 : Structure 2D du composant protégé par une protection périphérique de type poche (demicellule) avec les noms des différents paramètres géométriques.................................................................. 156 Figure 4-5 : Définitions des points caractéristiques du maillage................................................................ 156 Figure 4-6 : Maillage 2D de la diode protégée par JTE simulée par Medici ............................................. 158 Figure 4-7 : Profil de dopage de l’émetteur (4×1019 cm-3) implanté à partir du logiciel I2SiC .................. 159 Figure 4-8 : Profil de dopants à la jonction (2×1017 cm-3) à partir du logiciel I2SiC ................................. 160 Figure 4-9 : Profil analytique de l’émetteur dopé à 4×1019 cm-3 ................................................................ 160 Figure 4-10 : Profil analytique de la concentration de dopants à jonction dopée à 2×1017 cm-3 ............... 161 Figure 4-11 : Claquage de la diode sans JTE (Emax = 2 MV/cm)................................................................ 162 Figure 4-12 : Profil du champ électrique simulé au claquage (dose 1×1013 cm-2 de la JTE) ..................... 163 Figure 4-13 : Répartition du module du champ électrique entre l’anode et la poche au claquage (6047 V) pour une dose de la JTE de 9×1012 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 2.811 MV/cm. L’abscisse et l’ordonnée sont exprimées en microns et le module du champ électrique ⏐E⏐ – en V/cm......................... 164 Figure 4-14 : Location du pic du champ entre l’anode et la JTE pour une dose de la poche de 1×1013 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 2.702 MV/cm et la tension de claquage VBR = 6047 V. Les deux axes sont exprimés en microns et ⏐E⏐ – en V/cm ............................................................................................... 165 4 Liste des illustrations et des tableaux Figure 4-15 : Répartition du module du champ électrique à l’extrémité droite de la JTE pour une dose de 9×1012 cm-2. La valeur du champ électrique maximum est Em = 2.657 MV/cm. L’abscisse et l’ordonnée sont exprimées en microns et le module du champ en V/cm ............................................................................... 166 Figure 4-16 : Distribution du module des lignes du champ à l’extrémité de la poche pour une dose de1×1013 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 3.059 MV/cm pour une tension de claquage VBR = 6047 V. les deux axes sont exprimées en microns et ⏐E⏐ – en V/cm .......................................................... 166 Figure 4-17 : Variation de la tenue en tension en fonction de la dose implantée de la JTE avec comme limite inférieure la diode non-protégée en trait bleu et comme limite supérieure la diode plane parallèle 1D ..................................................................................................................................................................... 167 Figure 4-18 : Influence de la longueur de la JTE sur la tension de claquage pour une diode.................... 168 Figure 4-19 : Influence de la dose de la JTE et de sa longueur sur la tension de claquage ....................... 169 Figure 4-20 : Influence du dopage de la JTE sur la tension de claquage ................................................... 170 Figure 4-21 : Répartition du champ électrique lors du claquage en bord de la zone P+ et de la JTE avec la limite de la zone de charge d’espace en pointillés rouges pour une tenue en tension de 5447 V avec des charges d’interface...................................................................................................................................... 171 Tableau 1 : Liste des acronymes utilisés ......................................................................................................... 6 Tableau 2 : Liste des symboles utilisés............................................................................................................ 7 Tableau 1-1 : Relation entre le paramètre β et la tension VGS ...................................................................... 35 Tableau 1-2 : Paramètres du modèle du JFET.............................................................................................. 36 Tableau 2-1 : Paramètres géométriques des VJFETs ................................................................................... 46 Tableau 2-2 : Paramètres électriques des VJFETs ....................................................................................... 46 Tableau 2-3 : Tableau des résultats en fonction de la tension de seuil [14] ................................................. 49 Tableau 2-4 : Relation VT0 = f(ID ) pour VDS = 10 V et VGS = 0 V des dispositifs normally-on à quasi-on [14]................................................................................................................................................................ 49 Tableau 2-5 : Relation linéaire de la tension de seuil VT0 extrapolée pour différentes températures [14]... 49 Tableau 2-6 : Tension de grille VGS, tension de drain VDS, densité de courant JDS et résistance spécifique à on l’état passant R DS à température ambiante et à 150°C [23]-[27] .............................................................. 52 Tableau 2-7 : Résultats électriques pour différentes tensions de grille......................................................... 53 Tableau 2-8 : Comparaison des résultats électriques du VJFET présenté par différents auteurs ................ 53 SAT Tableau 2-9 : Influence de la température sur la tension de seuil VT0 (a), le courant de saturation I D et la résistance à l’état passant (b) ................................................................................................................... 54 Tableau 2-10 : Variation de la tension drain-source en fonction de la température .................................... 54 Tableau 2-11 : Propriétés du dispositif VJFET 4H-SiC [35] ........................................................................ 56 Tableau 2-12 : Variation des paramètres d’optimisation à la tension de blocage en direct......................... 57 Tableau 2-13 : Récapitulatif des trench JFET verticaux SiC à deux canaux ................................................ 58 Tableau 2-14 : Résultats calculés à partir de la relation entre la tension de blocage [V] et la longueur h et la largeur 2a du canal [40]........................................................................................................................... 59 Tableau 2-15 : Récapitulatif des paramètres électriques du DI-VJFET et TI-VJFET .................................. 60 Tableau 2-16 : Paramètres de la couche épitaxiée des VJFETs ................................................................... 61 Tableau 2-17 : Liste des symboles utilisés pour l’analyse et la modélisation de la structure de référence pour les simulations ...................................................................................................................................... 65 Tableau 3-1 : Meilleures performances pour les dispositifs de puissance à grand gap en ordre augmentant 2 on des figures de mérite ( V BR / R DS ). Cette figure a un maximum théorique d’environs 2,000 MW/cm2 pour le 4H-SiC. A cause de la modulation de la conductivité dans la couche épitaxiée les transistors bipolaires et 2 on les JFETs peuvent avoir des valeurs de V BR / R DS supérieures à 2,000 MW/cm2. .................................... 105 Tableau 3-2 : Caractéristiques des deux canaux......................................................................................... 107 Tableau 3-3 : Courant de saturation en fonction de la largeur du canal horizontal calculé avec la formule du chapitre 1, adaptée du fait de la présence de la ZCE sur le dessus de la puce et du fait que la ZCE ne s’étend pas exclusivement dans le canal ..................................................................................................... 127 5 Index des abréviations, des acronymes et des sigles utilisés Index des abréviations, des acronymes et des sigles utilisés Tableau 1 : Liste des acronymes utilisés Acronyme 1D, 2D, 3D BJT IGBT JFET VJFET DI-VJFET TI-VJFET SEJFET MOS MOSFET DMOS UMOS SIAFET HEMT ZCE JTE I-V Al B Si Ni AlN GaN NO SiN SiC 4H-SiC 6H-SiC SiO2 TiW FOM DGD DGS RF SPICE G Ox G Oy Signification 2, 3 dimensions, page 20 Bipolar Junction Transistor, page 103 Insulated Gate Bipolar Transistor, page 42 Junction Field Effect Transistor, page 1 Vertical Junction Field Effect Transistor, page 45 Deep-implanted gate Vertical Junction Field effect Transistor, page 56 Trench-implanted Vertical Junction Field Effect Transistor, page 56 Static Expansion channel Junction Field Effect Transistor, page 103 Metal-Oxide Semiconductor, page 30 Metal-Oxide Semiconductor Field Effect Transistor, page 42 Double-diffused MOS, page 103 U-grooves etched gate MOS (Transistor MOS à tranchées), page 103 Static induction Injected Accumulated Field Effect Transistor, page 103 High Electron Mobility Transistor, page 103 Zone de charge d’espace, page 12 Junction Termination Extension, page 9 Current-Voltage (Courant-Tension) page 76 Aluminium, page 44 Boron, (Bore), page 150 Silicon (silicium), page 15 Nickel, page 57 Aluminium Nitride (Nitrure d’aluminium), page 62 Gallium Nitride (Nitrure de gallium), page 44 Nitric oxide (Nitrure d’azote), page 167 Silicon Nitride (Nitrure de silicium), page 167 Silicon Carbide (carbure de silicium), page 1 Polytype du SiC, page 44 Polytype du SiC, page 15 Silicon dioxide, silica (dioxyde de silicium, quartz, silice vitreuse), page 44 Titanium-Tugsten Composites, page 57 Figure of Merit (Figure de mérite), page 104 Diode d’entrée grille-drain, page 34 Diode d’entrée grille-source, page 34 Radio-fréquences, page 8 Simulation Program with Integrated Circuit Emphasis for PC (programme de simulation pour circuits intégrés), page 33 Silicon Carbide Electronics Development, page 9 Secondary Ion Mass Spectroscopy, page 156 Système international, page 8 Technology Modelling Associates, page 9 Minimal, page 32 Maximal, page 27 Saturation, page 24 Région de type N, page 10 Région de type P+, page 11 Drain, page 12 Grille, page 10 Source, page 10 Direction de l’axe des x, page 20 Direction de l’axe des y, page 20 CEGELY INSA CEntre de Génie Electrique de Lyon, page 1 Institut National des Sciences Appliquées, page 1 SiCED SIMS S.I. TMA min max sat N P+ D G S 3 6 Nomenclature des symboles, des constantes et des notations Nomenclature des symboles, des constantes et des notations Tableau 2 : Liste des symboles utilisés Symbole Définition Angle d’épanouissement, page 100 Transconductance, page 33 α β ε0 Permittivité diélectrique du vide (ε0= 1 S.I.), page 15 36π .10 9 Unité courante Degrés (°) A/V2 8.854178×10–12 F.m-1 Permittivité diélectrique relative du silicium 11.9 ε R6 H − SiC ε RSiO Permittivité diélectrique relative du 6H-SiC, page 15 9.72 Permittivité diélectrique relative de l’oxyde 3.9 ε εSi εSiC λ µn µnsub ρ Ψ(y) ∆Ψdébut ∆Ψmilieu ∆Ψfin 2a b E EG EMAX G0 H h h0 hε Permittivité diélectrique absolue d’un matériau (ε = ε0.εr), page 15 Constante diélectrique du silicium Constante diélectrique du carbure de silicium Facteur de modulation de la longueur du canal, page 33 Mobilité des électrons, page 14 Mobilité des électrons dans le substrat, page 101 Densité volumique de charges fixes, page 69 Potentiel électrique dans le semiconducteur, page 11 Potentiel électrostatique à y 0.2 µm, page 78 Potentiel électrostatique à y = 0.7 µm, page 78 Potentiel électrostatique à y = 1.2 µm, page 78 Largeur du canal vertical, page 11 Largeur du canal horizontal, page 20 Champ électrique, page 14 Bande interdite Champ électrique maximum dans le 6H-SiC atteint pour V = VSAT, p. 146 Conductance du canal sans zone de charge d’espace, page 23 Distance entre la zone P+ et le substrat, page 61 Epaisseur du canal vertical P+, page 11 Largeur minimale de passage du courant, page 100 Epaisseur symbolique dans le modèle pour éviter le court-circuit grillesource, page 11 Courant, page 19 Courant drain-source, page 12 Courant du drain maximal, page 47 Courant de saturation de drain, page 27 F.m– 1 10-12 F. m-1 8.85×10-13 F. m-1 V–1 cm2.V–1.s–1 cm2.V–1.s–1 Ω/cm V V V V µm µm V/cm 3.2 eV 3×106 V/cm Ω–1 µm µm µm µm Valeur maximale du courant de saturation du drain, page 27 Courant grille-source, page 12 Courant de saturation grille-jonction, page 37 Courant minimal, page 32 Densité de courant, page 14 Densité de courant de drain, page 51 Densité de courant des électrons, page 14 Epaisseur du canal horizontal, page 20 Epaisseur du substrat, page 101 Concentration d’électrons, page 12 Dopants accepteurs dans les zones P+, page 13 Concentration de dopants dans le canal vertical et la couche épitaxiée, p.11 Dopage de la première couche épitaxiée, page 60 Dopage de la deuxième couche épitaxiée, page 60 Concentration de dopants dans le canal horizontal, page 61 Dopage du substrat, page 101 A A A A A.cm-2 A.cm-2 A.cm-2 µm µm cm-3 (Atomes).cm–3 (Atomes).cm–3 (Atomes).cm–3 (Atomes).cm–3 (Atomes).cm–3 (Atomes).cm–3 ε RSi 2 i IDS, ID ID MAX sat sat I DS , ID IDSS IGS, IG IS IMIN J JD Jn L Lsub n NA ND ND Epi 1 ND Epi 2 NDD Nsub A A A A 7 Nomenclature des symboles, des constantes et des notations Suite des symboles utilisés Symbole P p q R R0 R0_Vertical RON on R DS Rcv Rch Répi Rsub rD rS S T TOX UB(y) V VA VC VBI VBR, VB VDS , VD sat VDS VGD VGS VP VS VSAT Vth VT0 VT01 VT02 VT03 W Wcomp Wdébut Wmilieu Wfin WN x y Z Zeffectif Z1 Z2 Z3 Définition Unité courante Puissance, page 97 Concentration des trous, page 12 Charge élémentaire électrostatique, page 14 Résistance de la région linéaire du canal N, page 100 Résistance du canal sans zone désertée, page 23 Résistance du canal vertical pour une épaisseur de 1 cm, page 140 Résistance apparente à l’état passant, page 102 Résistance drain-source à l’état passant, page 25 W cm-3 1.602177×10–19C Ω Ω Ω Ω Ω Résistance du canal vertical, page 97 Résistance du canal horizontal, page 97 Résistance de la couche épitaxiée, page 97 Résistance du substrat, page 97 Résistance ohmique du drain, page 34 Résistance ohmique de la source, page 34 Surface, page 44 Température, page 48 Epaisseur d’oxyde sur les côtés, page 48 Hauteur de la barrière de potentiel dans la zone de charge d’espace, page 15 Tension électrique aux bornes de la zone de charge d’espace, page 16 Tension appliquée au contact d’anode d’une diode, page 16 Tension appliquée au contact de cathode d’une diode, page 16 Tension de barrière (Potentiel de diffusion), page 16 Tension de claquage, page 31 Tension drain-source, page 11 Tension drain-source à la saturation, page 24 Ω Ω Ω Ω Ω Ω mm2 °C nm V V V V V V V V Tension grille-drain, page 33 Tension grille-source effective, page 11 Tension de pincement ou tension de perçage, page 22 Tension appliquée à la source, page 11 Vitesse de saturation des porteurs dans le SiC, page 25 Tension de seuil du JFET, page 30 Tension de seuil à VDS = 0 et 27°C (paramètre SPICE), page 27 Tension de seuil obtenue comme l’intersection de la tangente de la courbe I Dsat = f (VGS ) avec l’axe de VGS, page 32 Tension de seuil (concentration des charges du canal est la même qu’au départ, mais les porteurs sont de nature opposée), page 32 Tension de seuil obtenue au passage d’une valeur IMIN de courant dans le canal, page 32 Largeur de la zone de charge d’espace, page 11 Longueur totale du composant en simulation, page 139 Etalement de la zone de charge d’espace à y 0.2 µm, page 74 Etalement de la zone de charge d’espace à y = 0.7 µm, page 74 Etalement de la zone de charge d’espace à y = 1.2 µm, page 74 Epaisseur de la couche épitaxiée, page 185 Axe des abscisses, page 11 Axe des ordonnées, page 11 Profondeur du dispositif en simulation, page 63 Profondeur effective du dispositif, page 63 Etalement de la ZCE sur le côté gauche du canal vertical, page 24 Etalement de la ZCE sur le côté droite du canal vertical, page 24 Augmentation de la ZCE du côté du drain après le pincement, page 24 V V V V 2×107 cm.s–1 V V V V V µm µm µm µm µm µm µm µm µm cm µm µm µm 8 Table de matières Chapitre 1 : Modélisation du JFET Table de matières 1. PRINCIPE DU JFET ..................................................................................................... 10 1.1 MODELE STATIQUE .................................................................................................. 13 1.1.1 CARACTERISTIQUE DIRECTE .................................................................................. 13 1.1.1.1 Détermination de la zone de charge d’espace ............................................... 13 1.1.1.2 Calcul du courant .......................................................................................... 18 1.1.1.3 Différents régimes de fonctionnement .......................................................... 23 1.1.2 CARACTERISTIQUES DE SORTIE ID = F(VDS, VGS) .................................................. 26 1.1.2.1 Analyse des résultats obtenus........................................................................ 31 1.1.2.1.1 Caractéristique de transfert..................................................................... 31 1.1.3 LIMITATION DE LA THEORIE IDEALE ...................................................................... 32 1.1.4 IMPLANTATION DU MODELE STATIQUE DANS SPICE ............................................. 33 1.1.4.1 Mode normal ................................................................................................. 33 1.1.4.2 Mode inverse ................................................................................................. 33 2. CONCLUSION............................................................................................................... 37 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................. 38 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 9 Fonctionnement du JFET 1. Principe du JFET Le transistor à effet de champ (JFET) est un dispositif semi-conducteur qui repose sur un contrôle du courant de drain à l’aide d’un champ électrique généré par une polarisation entre grille et source [1]. Il est basé sur l’existence d’un canal conducteur dont la conductance peut être modulée à l’aide d’une tension appliquée à la grille. Ce type de composant semiconducteur présente l’avantage de ne faire intervenir qu’un seul type de porteurs dans le processus de conduction du courant et pour cela il est dit transistor « unipolaire » [2] par opposition au transistor bipolaire. Pour les JFETs canal N que nous allons utiliser, il s’agit des électrons. La Figure 1-1 qui se rapporte au canal d’un transistor à effet de champ de type N [3] précise les notations et le sens de référence pour l’analyse. Dans la pratique le canal JFET peut prendre plusieurs formes : vertical, horizontal, symétrique, asymétrique (oxyde), etc. Nous allons dans un premier temps étudier une structure générique qui pourra s’appliquer à plusieurs cas de figure par la suite. Le schéma présenté ici de la structure générique est un schéma de principe. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 10 Fonctionnement du JFET Source (VS) y=0 a–W + P h Grille (V ) GS Ψ(y) W(y) hε ND + P W(y) Grille (VGS) Drain (VDS) x a a y Figure 1-1 : Représentation schématique du canal non pincé dans une structure JFET à canal N avec le sens d’orientation des axes (La structure présente une symétrie verticale. L’origine de l’axe des y est située en haut du canal.) Puisqu’on a une symétrie, on ne modélise qu’une seule partie de la structure sachant que : hε est une épaisseur très faible, symbolique dans le modèle, pour éviter le court-circuit grille-source ; Ψ(y) est le potentiel électrique dans le semi-conducteur le long du centre du canal. Pour une pleine utilisation de l’aire de conduction et pour disposer d’une « base » large et peu dopée indispensable à la tenue en tension pour les composants que nous voulons étudier, la structure du composant est verticale. En règle générale, le matériau de base est de type N pour bénéficier de la plus grande mobilité des électrons [4]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 11 Fonctionnement du JFET Le JFET ici présenté est constitué d’un canal le long duquel peut circuler le courant [5]. Le canal possède deux contacts ohmiques, l’un qui joue le rôle de cathode (source) et l’autre – d’anode (drain). La circulation du courant est due à l’application d’une tension appropriée entre les bornes drain et source du composant. La troisième électrode (la grille) forme une jonction P-N avec le canal dopé N [5]. Pour contrôler le courant, on va polariser la jonction grille-source. Une zone de charge d’espace, ZCE, se développera dans la région faiblement dopée qui sépare les grilles de la couche N en fonction de la tension appliquée [4]. Cette ZCE modulera le passage du courant. Une polarisation convenable de la grille par rapport à la source permet de contrôler l’étendue W(y) de la zone de charge d’espace au niveau de la jonction P-N qui modulera la largeur du canal, 2[a – W(y)], jusqu’à l’annuler (c’est le phénomène de pincement). On peut donc contrôler la résistance à l’état passant du JFET en jouant sur la largeur du canal c'est-àdire sur l’extension de la zone de charge d’espace dans celui-ci [6]. En appliquant une polarisation négative sur la grille et une tension de drain positive (pour le JFET canal N) un courant s’établit du drain vers la source. Le JFET canal P exige des polarités de tension opposées [3], [6], [7]. Les symboles et la convention de signes pour un transistor JFET canal N et P sont indiqués à la Figure 1-2. D D ID VDS IG G VGS S Canal N ID G VGS VDS IG S Canal P Figure 1-2 : Symboles du transistor JFET et convention de signes Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 12 Fonctionnement du JFET Pour le JFET de type N le drain est à un potentiel positif par rapport à la source et la jonction grille-canal est polarisée en inverse pour réduire le courant. Pour le JFET de type P la flèche change de sens. Nous allons maintenant présenter les équations qui régissent le fonctionnement du JFET. 1.1 Modèle statique Cette partie souligne les aspects de base du comportement d’un transistor à effet de champ à jonction afin d’obtenir son modèle statique. 1.1.1 Caractéristique directe 1.1.1.1 Détermination de la zone de charge d’espace La jonction PN de la grille du transistor JFET permet aux porteurs majoritaires de chacun des deux côtés de diffuser l’un vers l’autre. A cause de la migration dans la jonction deux zones différentes sont alors observées : 1) Une zone en régime de désertion, la zone de charge d’espace, désertée de porteurs à cause du champ électrique [8] (zone hachurée sur la Figure 1-1). 2) Une zone neutre [9] disposée entre les deux zones de charge d’espace dans laquelle passe le courant. x y W P p = NA région neutre W N EG P région neutre ZCE ZCE n = ND Figure 1-3 : Répartition des porteurs dans le canal du JFET non polarisé (De chaque côté du canal la jonction PN crée une zone de charge d’espace) Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 13 Fonctionnement du JFET La densité des charges mobiles dans la zone de charge d’espace est négligeable devant la densité des charges fixes (+ du côté n et – du côté p). On admet qu'il n'y a donc pas de porteurs mobiles dans la zone de charge d’espace (hypothèse de la zone totalement désertée de porteurs de charge). Ce qui reste est la zone neutre. La densité d’électrons dans la zone neutre du JFET est constante et est égale à la densité de donneurs ND [10]. Sous la condition de faible injection [11] : (1-1) n = ND où : n et p représentent les densités de porteurs libres [12] ; ND – la densité de donneurs en [cm-3]. Dans un JFET de type N la condition de faible injection s’écrit comme suit : (1-2) p << N D On peut négliger la concentration des trous dans le mécanisme de conduction [13]. Donc à partir de l’équation de dérive-diffusion, la densité de courant [14] peut être calculée de la manière suivante : J = J n = qµn nE (1-3) où : J désigne la densité de courant d’électrons ; E – le champ électrique ; µn – la mobilité des électrons ; q – la charge électronique élémentaire. E Figure 1-4 : Conduction par champ électrique (dérive) Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 14 Fonctionnement du JFET L’équation de Faraday se simplifie et le domaine d’étude se réduit à une dimension aussi : E=− ∂Ψ ( x, y ) ∂x (1-4) où Ψ(x,y) désigne le potentiel électrostatique. La hauteur de barrière de potentiel UB [15] d’une zone de charge d’espace caractérisée par un dopage ND pour une jonction P+N- asymétrique vaut : U B (y) = q N D W (y) 2ε 2 (1-5) où : W(y) est la largeur de la zone de charge d’espace à la position y [16] ; ε = ε 0 .ε R représente la permittivité diélectrique absolue du SiC avec ε0 = 8.85×10-12 F/m ; ε R6 H − SiC = 9.72 . Cette expression repose sur l’intégration de l’équation de Poisson avec les hypothèses simplificatrices suivantes : Les deux grilles sont identiques et fortement dopées P+ ; Les jonctions grilles-canal P+N sont supposées planes et abruptes [17]. Les profils de dopage du SiC sont encore plus abruptes que ceux du Si. Cette hypothèse est donc satisfaisante ; Le dopage de la couche faiblement dopée (le canal) est uniforme, ND est constant et réalisé par épitaxie. Cette hypothèse est également satisfaisante. La formule (1-5) peut s’écrire également sous la forme suivante [18], [19] : W (y) = 2ε U B (y) q ND Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (1-6) 15 Fonctionnement du JFET Source (VS) A′′ Ψ(0)=0 P+ Grille (VGS) Ψ(y) P+ V A UB(y) A′ Grille (VGS) y Drain (VD) (a) Anode (VA) + P ZCE UB(y) Cathode (VC) N (b) Figure 1-5 : Transistor JFET qui a la même zone de charge d’espace dans la coupe AA′ (a) que la diode PIN équivalente (b). La différence de potentiel de cette diode est notée [VA – VC ] La relation entre la différence de potentiel et la hauteur de barrière UB dans la coupe AA′ de la Figure 1-5a est donnée par la relation classique de la diode PIN équivalente [20] illustrée sur la Figure 1-5b. V A − VC = VBI − U B ( y ) (1-7) où : VA est la tension appliquée au contact d’anode ; VC est la tension appliquée au contact de cathode ; Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 16 Fonctionnement du JFET VBI est la tension de barrière (potentiel de construction) qui prend en compte le potentiel dans les zones semi-conductrices de contact ainsi que les chutes de tension dans le contact [21], [22] (VBI = const). a) p n b) VBI Figure 1-6 : a) Deux matériaux de type « p » et « n » sont mis ensemble pour former une jonction ; b) Un champ électrique E apparaît suite à la nécessité d’aligner le potentiel à travers la jonction La différence entre la zone de charge d’espace de la coupe AA′ et la diode PIN équivalente est que la diode possède un contact de cathode. Mais le JFET sur la coupe AA′A′′ possède le même contact de source en A′′. Pour le JFET (1-7) devient (1-8) ce qui permet d’écrire : VGS = VG − VS = VBI − U B ( y ) + Ψ ( y ) − Ψ (0 ) (1-8) où : Ψ est le potentiel local dans le semi-conducteur le long de la ligne A′A′′ sur la Figure 1-6a. La tension Ψ(y) le long de l’ordonnée y dans le canal dépend de la tension VDS ainsi que de la tension appliquée sur la grille. A cause de la tension drain-source, il existe dans le canal un potentiel tel que : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 17 Fonctionnement du JFET Ψ(0) à la source et Ψ(L) = VD au drain. A l’ordonnée y, on a le potentiel : [Ψ(y) – Ψ(0)]. On choisit Ψ(0) = 0. De ce fait l'épaisseur W(y) de la zone de charge d’espace n'est pas constante sur la longueur de la jonction. Elle dépend de la tension inverse dans cette zone, soit [VGS – Ψ(y)] [23] qui est la différence de potentiel aux bornes de la diode PIN associée (Figure 1-5). La somme des potentiels de contact est indépendante du courant et des tensions. Une expression de la largeur de la zone de charge d’espace pourra être établie en fonction de la tension [VGS – Ψ(y)] en utilisant le potentiel local du canal (voir le chemin le long du trait mixte AA′A′′ sur la Figure 1-5a). Ainsi de (1-5) et (1-8) nous obtenons [24] : W (y) = 2ε (VBI − VGS + Ψ ( y )) q ND (1-9) 1.1.1.2 Calcul du courant Avec une tension VGS arbitraire, la tension entre le canal et la grille est une fonction de la position « y ». Par conséquent, la largeur de la zone de charge d’espace et donc la section transversale du canal varient avec la position. La tension le long du canal est plus élevée près du drain que près de la source dans ce dispositif à canal N. Alors la zone de charge d’espace est plus large près du drain [7], comme il est montré sur la Figure 1-7. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 18 Fonctionnement du JFET x y=0 V=0 h VGS y P+ Ψ (y,t) W(y)a–W(y) dy Canal N y=h V = VDS a Figure 1-7 : Région du canal d’un JFET qui montre la variation de la largeur de la zone de charge d’espace le long du canal quand la tension de drain est beaucoup plus grande que la tension de source Dans une zone neutre comme canal : divJ = 0 (1-10) Mais classiquement l’hypothèse plus forte de densité de courant uniforme à une position « y » dans le canal est faite : J (y) = i 2(a − W )Z (1-11) où : i est le courant [A] ; à cause de (1-10) il ne dépend pas de y ; a – la demi-largeur du canal vertical ; Z est la profondeur du canal vertical dans la direction Z ; 2(a – W)Z est la section conductrice. On rappelle que le JFET est une structure unipolaire dans laquelle seuls les électrons contribuent au courant ID. En remplaçant (1-4) et (1-11) dans l’équation (1-3) on obtient : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 19 Fonctionnement du JFET i dV = − qµn N D dy 2(a − W )Z (1-12) et i = ID = const comme cela est représenté sur la Figure 1-8 ci-dessous : Source Source b L Grille Grille 2a h Drain Figure 1-8 : Structure utilisée pour illustrer la modélisation ohmique dans la caractéristique statique du canal du JFET. La simulation a été faite avec le logiciel éléments finis Medici pour VDS = 20 V et VGS = 0 V. (La largeur du canal est 2a = 2.6 µm, sa longueur est h=1 µm ; les autres paramètres sont respectivement b = 0.2 µm et L = 2.6 µm.) Les JFETs posent généralement un problème 2D lié à l’existence d’une composante du champ électrique parallèle et perpendiculaire au courant [25]. Pour cela le problème 2D peut se décomposer en deux modèles 1-D couplées : L’équation de Poisson pour le potentiel électrostatique Ψ(y) et les distributions de G charge, ici dans la direction Ox ; L’équation de transport de charges pour le courant dans le canal, ici dans la G direction Oy . Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 20 Fonctionnement du JFET Afin de pouvoir faire la résolution de manière analytique [17], on suppose que le G champ électrique est dirigé selon Ox (perpendiculaire à la jonction) dans la zone de charge G d’espace et qu'il est parallèle à Oy dans la zone neutre du canal (Shockley 1952) [7], [10], [26]. Ceci implique qu’on approxime la largeur de la zone de charge d’espace en utilisant l’approche de la largeur de la jonction PN 1-D [27]. Ceci est valable pour la totalité de la longueur du canal avec comme restriction de rester dans la région ohmique. Cela est résumé dans l’équation (1-9). Dans le canal la conduction est assurée par les porteurs majoritaires, les électrons. Ainsi la densité de courant est donnée par l’équation de dérive-diffusion (1-3) : J = J n = − q n µn dΨ dy (1-13) On suppose la mobilité des porteurs dans le canal constante et indépendante du champ électrique présent. (L’hypothèse n’est pas vraie en réalité mais elle est indispensable afin de réaliser le calcul.). Comme n = ND dans le canal d’après (1-1) et que nous considérons la distribution du courant uniforme dans le canal, l’équation (1-13) devient : − ID dΨ = −qN D µn 2(a − W ( y ))Z dy (1-14) Compte tenu de l’orientation de l’axe des y, la densité de courant J est négative mais ID est le courant entrant dans le drain et donc de signe contraire. C’est aussi l’équation (1-12) que nous avons obtenu plus directement. Le passage du courant ID dans une petite tranche du canal dy de largeur 2(a – W) [28] située à l’ordonnée y (Figure 1-7) soumis à une différence de potentiel dψ [23], peut se réécrire à partir de (1-14) : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 21 Fonctionnement du JFET I D dy = 2 q N D µn Z (a − W ( y ))dV (1-15) En remplaçant (1-9) dans (1-15) le courant peut maintenant être décrit comme une fonction de la tension de grille et de la tension de drain : ⎡ 2 ε (VBI − VGS + Ψ ( y )) ⎤ I D dy = 2 q N D µn Z ⎢a − ⎥ dV q ND ⎢⎣ ⎥⎦ (1-16) En intégrant l’équation de y = 0 à y = h pour le premier membre et de 0 à VDS pour le second membre on obtient une relation entre le courant et la tension du JFET. h VDS 0 0 ∫ I D dy = ∫ ⎡ ⎛ 2 ε (VBI − VGS + Ψ ( y )) ⎞⎤ ⎟⎥ dV ⎢2 q N D µn Z ⎜⎜ a − ⎟ q N D ⎝ ⎠⎦⎥ ⎣⎢ (1-17) Et en divisant les deux côtés de l’équation (1-17) par h, on obtient : ID = 2 q N D µn Z a ⎡ 2ε ⎛ 2 3 ⎜ (VBI − VGS + VDS ) − ⎢V DS − 2 ⎝ h 3 q ND a ⎢⎣ (VBI 3 ⎤ − VGS ) ⎞⎟⎥ ⎠⎥⎦ (1-18) L’expression (1-18) fournit une relation explicite de ID en fonction de VDS et VGS. A partir de cette équation on pourra tracer le réseau de caractéristiques de sortie ID = f(VDS) à VGS constante [29]. L’analyse de l’équation (1-18) montre que lorsque VDS augmente ID va d’abord croître pour atteindre un maximum pour VDS satisfaisant la condition de pincement. La tension de pincement VP est définie par : VP = q ND a2 2ε Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (1-19) 22 Fonctionnement du JFET 1.1.1.3 Différents régimes de fonctionnement Dans l’équation (1-18) on pose R0 = canal sans zone désertée est G0 = h . En sachant que la conductance du 2 q µn N D a Z 2 q N D µn a Z 1 . Alors [30], [31] , G0 = R0 h 3 3 ⎤ ⎡ 1 ⎢ 2 (V BI − VGS + VDS ) 2 − (VBI − VGS ) 2 ⎥ ID = VDS − 1 ⎥ 3 R0 ⎢ ⎢⎣ ⎥⎦ VP2 (1-20) avec la condition de pincement qui est atteinte au maximum de ID : ⎡ ∂ ID 1 ⎢ ⎛ VBI − VGS + VDS 1− ⎜ = VP ∂ VDS R0 ⎢ ⎜⎝ ⎢⎣ 1 ⎤ ⎞2 ⎥ ⎟⎟ ⎠ ⎥⎥ ⎦ (1-21) L’équation (1-21) indique que ID atteint un maximum lorsque VBI – VGS + VDS = VP. La condition de pincement peut être représentée par : V BI − VGS + VDS ≥ VP (1-22) Ce maximum correspond à la limite de validité de cette analyse. Au-delà le courant dans le canal doit traverser une zone de charge d’espace alors que jusque là il traversait une zone neutre. La Figure 1-5 permet d’exprimer simplement le potentiel dans le canal au niveau du drain par : V DS = ψ (h ) (1-23) Donc l’équation (1-9) peut s’écrire pour y = h, soit au niveau du drain : W (h ) = 2ε (VBI − VGS + VDS ) q ND (1-24) Et donc pour la condition de pincement : W (h ) = 2ε VP = a q ND Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (1-25) 23 Fonctionnement du JFET La condition de pincement exprime donc que les deux zones de charge d’espace se rejoignent pour y = h, c’est-à-dire à la fin du canal. En effet à partir de la Figure 1-9 on peut voir que la tension de drain augmente, la largeur du canal de conduction près du drain diminue jusqu’à ce qu’à la fin le canal soit complètement déplété dans cette région [7]. C’est la condition de pincement atteinte à la Figure 1-9b. N+ ND VGS N+ ND VGS VGS VDS Z1 VGS y 0 P+ P+ P+ P+ S S S S VDS Z2 D D a) b) S S Z1 Z2 N+ ND VGS y VGS P+ P+ l′ l VDS Z3 D c) Figure 1-9 : ZCE dans un JFET : (a) Régime ohmique : le canal assure la conduction en zone sat , les ZCE des deux neutre. (b) Condition de pincement : Quand VDS augmente jusqu’à VDS côtés du canal se rencontrent au point de pincement pour y=l. (c) En régime de saturation le point de pincement pour y = l′ se déplace vers la source. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 24 Fonctionnement du JFET Pour des tensions VDS encore supérieures, les électrons du canal doivent franchir une zone de charge d’espace en fin de canal (Figure 1-9c). Les électrons franchissent la zone de charge d’espace en vitesse limite [32] ce qui Vitesse moyenne des électrons Vn [cm/s] explique d’un point de vue physique le phénomène de saturation obtenu (Figure 1-10) [33]. VSAT 7 2,0x10 7 VSAT = 2x10 cm/s 7 1,5x10 7 1,0x10 6 5,0x10 0 4 4 1x10 2x10 4 3x10 4 4x10 4 5x10 Champ électrique [V/cm] Figure 1-10 : Mobilité des électrons dans le canal vertical simulée par Medici C’est donc cette zone de charge d’espace de fin de canal qui « encaisse » toute nouvelle augmentation de la tension VDS. Le courant de grille étant très faible en régime statique (jonction polarisée en inverse), le matériau P de grille est équipotentiel. Du côté source, la tension de polarisation de la jonction est VGS<0 alors que du côté drain elle est [VGS – VDS], avec VDS>0. Dans la zone ohmique des caractéristiques courant-tension du JFET la résistance à l’état passant représente la pente du courant de drain à faible VDS. Par définition cette résistance est appelée la résistance à l’état passant (Figure 1-11) et vaut : on = R DS 1 ∂I D (V DS = 0, VGS = 0) ∂V DS Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (1-26) 25 Fonctionnement du JFET De (1-18) et (1-26), il s’en suit que [34] : R on DS h = 2qµn N D Z ⎡ ⎤ 2ε VBI ⎥ ⎢a − qN D ⎣ ⎦ −1 (1-27) 1.1.2 Caractéristiques de sortie ID = f(VDS, VGS) La caractéristique de sortie ID en fonction de VDS pour différentes VGS peut être divisée en trois régions [35], [36] (Figure 1-11) : (1) La région ohmique, appelée également zone de fonctionnement linéaire [37] correspond à une évolution quasi linéaire du courant de sortie IDS pour de faibles valeurs de la tension de drain (à VGS donnée). En effet la section du canal conducteur est presque uniforme puisqu’elle dépend principalement de la commande VGS. Cette zone est utilisée pour l’état passant. Dans cette zone le JFET est assimilable à une résistance contrôlée par la tension de grille. On ne représente que la partie positive de la caractéristique, mais en fait, le canal conducteur peut laisser passer le courant dans les deux sens. Il se comporte comme un barreau de SiC conducteur dont on pilote la largeur. Le seul défaut qui limite les valeurs négatives de VDS est le fait qu’au-delà d’une certaine tension négative de drain, la tension grille-canal devient positive, la jonction grille-canal étant alors polarisée en direct ; le JFET ne fonctionne plus correctement et un fort courant de grille circule. Néanmoins, et à condition de rester dans le domaine des petits signaux (inférieur à VBI), on peut considérer le JFET comme une résistance dont la valeur est pilotée en tension [5]. Au fur et à mesure que VDS augmente, l’extension de la zone de charge d’espace devient de plus en plus large dans le canal côté drain, ce qui provoque le resserrement de ce dernier et en conséquence la saturation du courant ID. (2) Dans la zone de saturation le courant reste relativement constant avec l’augmentation de la tension de drain. Dans ces conditions le JFET est utilisé par exemple en amplification de petits signaux de la même manière que pour le transistor bipolaire. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 26 Fonctionnement du JFET (3) La zone d’avalanche est dangereuse car elle représente le phénomène d’avalanche et correspond à la valeur maximale de la tension. Réseau de caractéristiques Id = f(Vds) 0,9 I Dsat 0,8 0,7 Id [A] 0,6 1 on RDS Zone ohmique 0,5 0,4 0,3 Vgs = 0V Vgs=-0.5V Vgs=-1V Vgs=-2V Zone de saturation I Dsat 0,2 0,1 0 0 2 4 VP 6 8 10 12 14 16 18 20 Tension Vds aux bornes du composant [V] Figure 1-11 : Réseau de caractéristiques électriques statiques ID =f(VDS ) à VGS donné d’un JFET canal N pour Z = 1 µm (2a = 2.6 µm ; h = 1 µm ; VBI = 3 V ; ND=5×1015cm-3, on = 1.56 Ω ; R0 = 0.14 Ω ; IDSS = 0.725 A ; VT0 = – 2.25 V) µn = 400 V/cm.s ; VP = 4.81 V ; R DS avec ses zones de fonctionnement simulé avec le logiciel éléments finis Medici Comme nous l’avons déjà dit, les équations ne sont alors valides que pour VDS audessous de la tension de pincement VP pour lequel le canal se pince. Au delà le canal est pincé et les électrons doivent franchir une zone de charge d’espace à la fin du canal côté drain (Figure 1-9c). Le modèle analytique classique considère que le courant de saturation se poursuit à la même valeur indépendamment de VDS. La vitesse à laquelle les électrons circulent dans le canal est déterminée par le champ électrique localisé dans la région et la mobilité à faible champ [38]. Dans la zone de charge d’espace, le champ attire les électrons du canal vers le drain. Les électrons franchissent la zone de charge d’espace à grande vitesse, proche de la vitesse limite VSAT (Figure 1-10). Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 27 Fonctionnement du JFET Au-delà de la condition de pincement le canal est pincé et toute augmentation de VDS conduit à l’augmentation de la zone de charge d’espace de drain (nommée Z3 sur la Figure 1-9c) et le point de pincement « l » se déplace légèrement vers la source (point l′) [7]. Par simplification nous ne tenons pas compte de ce déplacement de « l » vers « l′ » et nous considérons le courant en régime de saturation constant. Source Source Grille Grille l′ l Drain Figure 1-12 : Lignes de courant au pincement avec l et l′ La tension de drain pour laquelle survient le pincement et où le canal est entièrement déplété près de l’électrode de drain est calculée à partir de l’équation (1-22) : sat V DS = q ND a2 − (VBI − VGS ) = VP − VBI + VGS 2ε (1-28) En régime statique la condition de saturation est réécrite sous la forme suivante : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 28 Fonctionnement du JFET (1-29) VGS − VDS < VT 0 Puisque la tension de grille devient de plus en plus négative, la saturation de la tension de drain et le courant correspondant diminuent. On atteint la tension de seuil VT0 (Fig. 1-11) qui est à priori de valeur négative. Elle peut être calculée à partir des équations (1-28) et (1-29) : VT 0 = V BI − VP = V BI − q ND a2 2ε (1-30) quand I Dsat = 0 [39]. A partir des équations (1-18) et (1-28) l’expression du courant de saturation du drain est calculée : ⎧⎪ q N D a 2 ⎡ 2 2ε (VBI − VGS ) ⎤ ⎫⎪ − (VBI − VGS ) ⎢1 − ⎥⎬ ⎨ q N D a 2 ⎦⎥ ⎪⎭ ⎪⎩ 6 ε ⎣⎢ 3 3 ⎡ ⎛ VBI − VGS ⎞ ⎤⎥ VBI − VGS VP ⎢ ⎟ ⎜ 1− 3 = +2 ⎜ ⎟ ⎥ VP 3 R0 ⎢ ⎠ ⎦ ⎝ VP ⎣ I Dsat = 1 R0 (1-31) Cette relation exprime la variation du courant de saturation en fonction de la tension de grille, c’est la caractéristique de transfert. Pour une tension de grille suffisamment négative le courant de saturation du drain devient nul. La valeur maximum de I Dsat qui pourra circuler dans le composant (désignée IDSS) est obtenue pour VGS = 0. Au-delà de condition de pincement le modèle simplifié suppose que le courant ID donné par l’équation (1-31) vaut I Dsat . L’équation (1-31) montre que le courant de saturation s’annule si VBI − VGS = 1. VP En fait au-delà le courant est bloqué soit si : VGS < VBI – VP = VT0 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 29 Fonctionnement du JFET Dans les modèles SPICE l’expression du courant de saturation est très souvent approximée par la relation suivante : 1,0 IDSAT/IDSS 0,8 0,6 Idssat/Idss Formule 0,4 0,2 0,0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 VGS/VP Figure 1-13 : Caractéristique de transfert normalisée d’une jonction abrupte d’un JFET (courbe bleue) comparée avec la caractéristique racine carrée (courbe rose) I sat D ⎛ 1 − VGS = I DSS ⎜⎜ ⎝ VTH ⎞ ⎟⎟ ⎠ 2 (1-32) avec : IDSS = 0.725 A et VTH = VT0. Si VGS = VTH alors I Dsat = 0 . La figure 1-12 montre l’évolution du courant I Dsat en fonction de la tension VGS. Cette expression est celle du modèle du MOS. On nomme, courant de saturation IDSS, la valeur maximale du courant de drain, ou le courant limite pour lequel le transistor commence à rentrer dans la zone de saturation, lorsque la tension de polarisation de grille VGS est égale à 0 V. Dans ce cas IG = 0. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 30 Fonctionnement du JFET L’expérience montre que le courant de saturation n’est pas un maximum mais un palier car lorsque VDS > VP en pratique n’y a qu’un élargissement de la longueur de la zone de pincement [23] et une légère augmentation du courant. on ainsi que le Notons enfin que dans le SiC la résistance spécifique à l’état passant R DS courant de saturation diminuent en fonction de la température [28]. La tension d'avalanche est notée VBR (tension de rupture ou claquage). En fait, il s’agit du claquage de la diode drain-grille. A cause de la physique du dispositif, l’équation (1-31) prévoit que le courant va diminuer quand une tension de grille négative est appliquée [3] (Figure 1-13). Pour des applications de type amplification, les transistors à effet de champ fonctionnent souvent en régime de saturation où le courant de sortie ne dépend pas de la tension de sortie (du drain) mais seulement de la tension d’entrée (de la grille). Pour cette condition de polarisation, le JFET est une source de courant presque idéale contrôlée par la tension d’entrée. 1.1.2.1 Analyse des résultats obtenus 1.1.2.1.1 Caractéristique de transfert La caractéristique de transfert I Dsat = f (VGS ) résume bien les limites du FET : courant de drain nul pour une tension VGS égale à la tension de pincement VP, et courant maximal IDSS pour une tension VGS nulle. La courbe est assez bien approximée par la parabole d’équation (1-32). Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 31 Fonctionnement du JFET 0,008 JFET vertical 6H-SiC sqrt (IDS [A/µm]) 0,007 V = 20 V DS 0,006 2a = 2.6 µm; 0,005 h = 1 µm 15 -3 N = 5x10 cm ; D 17 -3 N = 1.5x10 cm DD 0,004 0,003 0,002 V = 5.25 V; P 0,001 VT03 -2,5 VT02 VT01 -2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0,0 V = - 2.25 V T0 VGS [V] Figure 1-14 : Caractéristique de transfert du JFET avec l’extraction du paramètre VT0 tracée à partir des simulations Medici La tension de seuil VT0 du JFET peut être définie de trois manières : VT01 – la valeur de la tension de seuil obtenue comme l’intersection de la tangente de la courbe I Dsat = f (VGS ) avec l’axe de VGS ; VT02 – la valeur de la tension de seuil obtenue lorsque la concentration des charges dans la région du canal est la même qu’au départ, mais les porteurs sont de nature opposée. C’est la définition que nous allons utiliser par la suite. VT03 est obtenue au passage d’une valeur IMIN de courant dans le canal (Figure 1-14). Tout d’abord afin de tester la validité des simulations avec la théorie, nous avons comparé la tension mesurée VT0 avec sa valeur théorique calculée. La valeur théorique calculée de – 2.44 V obtenue à partir des équations (1-28) et (1-30) correspond bien à la valeur simulée de – 2.25 V (Figure 1-14) ce qui prouve la bonne précision du modèle. 1.1.3 Limitation des modèles analytiques Nous avons identifié deux modèles analytiques : le modèle du canal du JFET ((1-18), (1-31)) et le modèle SPICE adapté du MOSFET ((1-33), (1-34)). La correspondance entre les Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 32 Fonctionnement du JFET deux est bonne comme le montre la figure 1-13. La principale limite de ces modèles est le régime de saturation, car le courant de saturation est constant dans les deux modèles analytiques et augmente légèrement dans la mesure et la simulation Medici. 1.1.4 Implantation du modèle statique dans SPICE Le fonctionnement du JFET est divisé en trois régions (Figure 1-11) basées sur la polarisation drain-source (VDS) et grille-source (VGS). 1.1.4.1 Mode normal Le mode normal de fonctionnement du JFET est caractérisé dans le simulateur électrique SPICE [40] par les relations suivantes (pour VDS ≥ 0) [41] : (canal pincé ) pour VGS − VT 0 ≤ 0 ⎧0 ⎫ ⎪ ⎪ 2 I D = ⎨β (VGS − VT 0 ) (1 + λV DS ) pour 0 < VGS − VT 0 ≤ VDS ( zone de saturation)⎬ ⎪βV [2(V − V ) − V ](1 + λV ) pour 0 < V < V − V ( zone ohmique) ⎪ GS T0 DS DS DS GS T0 ⎩ DS ⎭ (1-33) 1.1.4.2 Mode inverse Le mode inversé de fonctionnement est caractérisé dans SPICE par les relations suivantes (pour VDS < 0) : (canal pincé ) pour VGD − VT 0 ≤ 0 ⎧0 ⎫ ⎪ ⎪ 2 I D = ⎨β (VGD − VT 0 ) (1 − λV DS ) pour 0 < VGD − VT 0 ≤ −VDS ( zone de saturation)⎬ ⎪βV [2(V − V ) + V ](1 − λV ) pour 0 < −V < V − V ( zone ohmique) ⎪ GD T0 DS DS DS GD T0 ⎩ DS ⎭ (1-34) Le modèle statique SPICE du JFET est élaboré à partir du modèle quadratique de FET de Shichman et Hodges [42]. A l’origine c’est un modèle prévu pour le transistor MOS mais il représente bien la caractéristique statique du JFET (voir Figure 1-16 et 1-17) et pour cela il est utilisé également en tant que modèle empirique du transistor à effet de champ. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 33 Fonctionnement du JFET Les caractéristiques statiques sont définies par le paramètre λ qui détermine la conductance de sortie, IS – le courant de saturation des deux jonctions de grille (λ = 0), VTO et un autre paramètre β qui détermine la variation du courant de drain avec la tension de grille. Les résultats qui proviennent des paragraphes précédents peuvent être utilisés afin de définir le modèle statique du JFET. Le modèle statique SPICE d’un JFET canal N et l’origine physique du schéma équivalent sont montrés sur la Figure 1-15. L’élaboration du modèle électrique débute par le choix d’une topologie traduisant la signification physique de chaque élément localisé dans le modèle [43]. Source rS VGS Grille VDS DGS UDS UGS DGD rD Drain Figure 1-15 : Modèle statique d’un transistor JFET canal N sur une vue schématique du composant Figure 1-15 montre le modèle du JFET canal N. Les caractéristiques statiques de ce modèle sont représentées par une source non-linéaire de courant ID dont la valeur est déterminée par l’équation (1-33). Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 34 Fonctionnement du JFET Les deux diodes montrées sur la Figure 1-15 sont modélisées en utilisant les équations correspondantes qui décrivent le modèle d’une diode idéale à jonction PN sans les caractéristiques d’avalanche. Elle représente les jonctions grille-drain et les courants et les tensions des diodes à jonction PN dans le modèle du JFET sont représentés par IGD et VGD pour la diode à jonction grille-drain et par IGS et VGS pour la diode à jonction grille-source. Id = f(Vds) Equations SPICE - Equation canal horizontal 0,5 0,45 Vgs=0V Vgs=-0,5V Vgs=-1V Vgs=-2V Vgs=0V (analytique) Vgs=-0,5V (analytique) Vgs=-1V (analytique) Vgs=-2V (analytique) 0,4 Courant Id [mA] 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 Tension Vds [V] Figure 1-16 : Caractéristiques I-V calculées à partir des équations SPICE (33) avec des valeurs de β obtenues à partir de l’équation (1-33) pour λ = 0 et représentées dans le tableau ci-dessus : VGS β 0 – 0.5 –1 –2 0.07904 0.05072 0.02896 0.003984 Tableau 1-1 : Relation entre le paramètre β et la tension VGS Il y a un certain décalage entre les résultats du calcul et les courbes simulées avec le logiciel éléments finis Medici. Pour une meilleure correspondance entre les courbes SPICE et Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 35 Fonctionnement du JFET les courbes simulées avec Medici une meilleure optimisation du modèle SPICE du JFET est nécessaire en tenant compte de l’existence des deux canaux. Le décalage entre les deux courbes pourra provenir également des différences entre le profil gaussien et le « box » profil. (en simulations nous supposons que nous avons un profil rectangulaire, à angle droit). Courbes Id = f(Vds) en inverse (Equations SPICE) -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 0 -2 Courant Id [A] -4 -6 -8 Vgs=0V Vgs=-0,5V Vgs=-1V Vgs=-2V -10 -12 -14 Tension Vds [V] Figure 1-17 : Réseau de caractéristiques ID = f(VDS) en polarisation inverse tracées à partir des équations SPICE En résumé, le modèle statique SPICE d’un transistor JFET est caractérisé par les paramètres suivants [44] : Paramètre Symbole Description Unité Valeur par défaut VT0 BETA LAMBDA VT0 β λ Tension de seuil Transconductance Facteur de modulation de la longueur du canal Courant de saturation grille-jonction Résistance ohmique du drain Résistance ohmique de la source [V] A/V2 – 2.0 1.0E-4 1/V 0 A 1.0E-14 Ω 0 Ω 0 IS IS RD rD RS rS Tableau 1-2 : Paramètres du modèle du JFET Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 36 Fonctionnement du JFET Le plus grand avantage de ce modèle est sa simplicité [45]. Les temps de simulation sont courts et il est assez facile d’extraire les paramètres manuellement à partir du réseau de courbes ID-VDS. Mais le modèle ne comporte pas la vitesse de saturation, des valeurs non physiques de β et RS sont nécessaires pour ajuster le courant de saturation I Dsat pour les valeurs les plus élevées de VGS surtout pour les dispositifs à canal court. Ceci mène à une valeur zéro de RS quand on ajuste la région ohmique et ainsi la symétrie du dispositif est détruite ce qui signifie que le mode inverse (VDS < 0) ne sera pas représenté judicieusement. sat prise comme [VGS – VTH] est surestimée. Aussi, la tension de saturation VDS 2. Conclusion Dans ce chapitre on a rappelé la modélisation standard du JFET avec un soin particulier pour sa validité. On a regardé le modèle analytique du canal ainsi que le modèle on en fonction des SPICE et plus précisément la résistance spécifique à l’état passant R DS paramètres du canal (largeur « 2a » et longueur « h ») ainsi que de son dopage ND et de la profondeur Z du composant. Dans le chapitre suivant nous allons aborder quelques éléments sur des structures réelles avec les liens possibles avec les modèles du canal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 37 Références bibliographiques Références bibliographiques [1] Guiseppe Massobrio and Paolo Antognetti, “Junction Field-Effect Transistor (JFET)” In : “Semiconductor Device Modeling with Spice”, 2nd Ed., New York: McGraw-Hill, Inc., 1993, pp. 131-159. ISBN 0-07-002469-3. [2] Vishwashanth R. Kasula Srinivas, “Modeling Semiconductor Devices using the VHDL-AMS Language”. 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Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 40 Table des matières Chapitre 2 : Analyse des simulations d’un transistor JFET vertical en carbure de silicium Table des matières 1 INTRODUCTION.......................................................................................................... 42 2 ETAT DE L’ART DU JFET VERTICAL SIC............................................................ 42 2.1 LE JFET A CANAL VERTICAL SIMPLE ........................................................................ 43 2.1.1 TRENCH JFETS ..................................................................................................... 44 2.2 LE JFET A DEUX CANAUX .......................................................................................... 49 2.2.1 TRENCH JFETS ..................................................................................................... 53 2.2.2 JFETS SPECIAUX ................................................................................................... 56 2.2.2.1. Le DI-VJFET................................................................................................ 56 2.2.2.2. Le TI-VJFET ................................................................................................ 57 2.2.3 CAS DU JFET SICED ............................................................................................ 58 3 CONCEPTION DU DISPOSITIF ................................................................................ 60 3.1 CONSTITUTION DU JFET............................................................................................ 62 3.1.1 DESCRIPTION D’UNE CELLULE ............................................................................... 62 3.1.2 DESCRIPTION DU SYSTEME SIMULE ....................................................................... 63 3.1.1.1 Maillage du dispositif simulé ........................................................................ 64 3.1.1.2 Dopage du JFET............................................................................................ 69 3.2 ELEMENTS INFLUENÇANT LA ZONE DE CHARGE D’ESPACE ....................................... 70 3.2.1 FONCTIONNEMENT AVEC POLARISATION DE GRILLE NULLE (VGS = 0)................... 70 3.2.2 FONCTIONNEMENT AVEC POLARISATION DE GRILLE (VGS < 0) .............................. 74 3.3 REPARTITION DU COURANT DANS LA STRUCTURE ..................................................... 78 3.4 REPARTITION DES EQUIPOTENTIELLES ...................................................................... 81 4 SIMULATIONS ELECTRIQUES STATIQUES A L’ETAT PASSANT................. 83 4.1 INFLUENCE DES DIFFERENTS PARAMETRES SUR LES CARACTERISTIQUES STATIQUES 83 4.1.1 LARGEUR DES CANAUX ......................................................................................... 84 4.1.2 EPAISSEUR DES CANAUX ....................................................................................... 85 4.1.3 DOPAGE DES CANAUX ........................................................................................... 86 4.2 ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS ........................................................................... 87 5 CONCLUSION............................................................................................................... 88 REFERENCES BIBLIOGRAPHIES................................................................................... 89 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 41 Introduction 1 Introduction L’objectif est l’étude d’un transistor JFET vertical 2D en carbure de silicium. L’étude s’articule autour de l’analyse de la structure et de l’architecture du canal. La structure du dispositif, ainsi que ses paramètres géométriques ont été étudiés en simulation grâce à l’utilisation du simulateur par éléments finis MediciTMA qui permet de résoudre les équations des dispositifs à semi-conducteurs (l’équation de Poisson et les équations de transport des électrons et les trous). Le carbure de silicium est un matériau semi-conducteur prometteur connu pour ses potentialités dans le domaine de l’électronique de puissance [1]. Ses caractéristiques le rendent tout particulièrement intéressant pour les applications haute puissance, haute tension et haute température [2]. Dernièrement, des améliorations importantes dans la technologie de fabrication du matériau ont stimulé l’intérêt dans les dispositifs en SiC [3]. Des dispositifs de puissance tels que des diodes, des transistors à effet de champ de type MOSFETs, des transistors à effet de champ à jonction (JFETs), des thyristors et des transistors bipolaires à grille isolée (IGBTs) ont été réalisés [3-6]. Ce chapitre présente l’analyse et la caractérisation des performances en régime statique d’un JFET vertical SiC [7] qui est aujourd’hui le seul interrupteur disponible industriellement. 2 Etat de l’art du JFET vertical SiC Dans la littérature, différentes structures de JFETs verticaux SiC sont décrits. La structure à canal vertical est très avantageuse pour le JFET puisque la cellule fabriquée est plus petite que celle du JFET à canal latéral, permet d’obtenir des tensions plus élevées que Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 42 Etat de l’art du JFET vertical SiC ces dernières [8], [9] et une résistance spécifique à l’état passant relativement comparable à celle que l’on pourrait obtenir avec un MOSFET. Il s’avère toutefois assez difficile de contrôler le champ électrique dans la région du canal pour le JFET à canal vertical. Les JFETs verticaux peuvent être classés selon deux types : Ceux ne disposant qu’un seul canal vertical ; Ceux disposant de deux canaux (un canal horizontal et un canal vertical). C’est un JFET de cette catégorie que nous analyserons par la suite. 2.1 Le JFET à canal vertical simple La structure la plus simple pour les JFETs verticaux est celle composée d’un seul canal vertical. Le principe de base est de créer deux jonctions grille-source de chaque côté de la source afin de créer un canal. Les figures 2-1 et 2-2 montrent deux structures de JFETs verticaux. La Figure 2-1 montre un JFET présenté par Onose [10], la Figure 2-2 – un transistor présenté par Gupta [11]. Grille Source Grille Source + source N grille p largeur du canal épitaxie NND =2.5×1015cm-3 drain N+ (substrat) P+ p 20 µm Figure 2-1 : Structure schématique du JFET à canal vertical N+ P+ p ≈ Epitaxie N- ≈ ≈ P++ ≈ Drain Figure 2-2 : Section transversale schématique du Trench JFET vertical 4H-SiC Le transistor présenté par Onose (Figure 2-1) montre la présence de deux couches implantées. Ses paramètres géométriques et électriques sont présentés dans le Tableau 2-1 et 2-2. Il a plus particulièrement considéré l’effet de la largeur du canal sur les propriétés d’un Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 43 Etat de l’art du JFET vertical SiC JFET vertical. Afin d’atteindre une tension VDS élevée, une forte dose et un canal étroit sont nécessaires. La profondeur de la jonction est fixée aux environs de 2 µm afin de réduire la tension inverse de la grille pour une tension de blocage élevée, le canal étant pour sa part relativement étroit. Les résultats montrent qu’un JFET vertical peut assurer simultanément une faible résistance à l’état passant et une tenue en tension élevée tout en optimisant la structure de la grille. 2.1.1 Trench JFETs Gupta (Figure 2-2) [11] présente pour sa part, un composant dans lequel la grille est implantée assez profondément dans la structure. Il s’agit donc ici d’une structure Trench normally-on. La résistance spécifique mesurée pour une tension de grille de 0 V est on R DS = 5mΩ*cm2. La couche épitaxiée ayant, elle, une résistance spécifique est d’environs 0.75 mΩ*cm2. En estimant la résistance aux environs de 0.75 mΩ*cm2 pour le substrat, il reste 3.75 mΩ*cm2 pour le canal. Afin de bloquer le dispositif il est nécessaire d’avoir une tension de grille élevée de – 20 V. Gupta a présenté un JFET de 2 A avec une tension moyenne à l’état passant de 1 V. Référence Année Hidekatsu Onose [9], [10] 2002 R.Gupta [11], [12] E.Hanna [13] 2002; 2004 J.Neil [14] 2003 Polytype 4H-SiC 4H-SiC 4H-SiC 4H-SiC Implant des tranchées NA NA (côtés) 2a [µm] Al Polysilicium Al Polysilicium Oxyde SiO2 2 µm Oxyde isolant 2 µm h [µm] 3-6 µm 3 µm S [mm2] 1 mm2 Epaisseur de l’épitaxie H ND (épitaxie) b [µm] Merrett Lin Zhu, T. Paul Chow [15] 2005 20 µm 10 µm 12 µm 2.5×1015cm-3 1016 cm-3 1016 cm-3 0.5 µm Tableau 2-1 : Paramètres géométriques des VJFETs Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 44 Etat de l’art du JFET vertical SiC Référence Hidekatsu Onose [9], [10] R.Gupta [11], [12] E.Hanna [13] J.Neil Merrett [14] Normally-on; Quasi-on 600 V 600 V 2A 20 µA 2.2 A Lin Zhu ; T. Paul Chow [15] Normally-on; Normally-off 1600 V 100 A/cm2 5 mΩ*cm2 6.8 mΩ*cm2 1.2 mΩ*cm2 20 A VDS = 7 V VGS = 4 V VGS min = - 21 V IDS = 1.753.5A VDS = 10V ; VGS = 0–2 V 25–125°C VDS = 600V VGS = – 20V IDS = 6×10-62×10-5 A Normally-on 25 – 300°C Type de régime Tension de blocage Tension nominale Courant nominal Courant de fuite du drain 2000 V I Dsat 80 mA Normally-on 600 V 600 V 20 A Densité de courant 2 70 mΩ*cm on R DS ID [A] sous VDS [V] pour VG [V] VDS = 10 V VGS = 2.5V IDS = 80 mA VDS=2000V VGS= – 40V IDS= 20mA VGS= – 83V IGS = 10 µA Température Tableau 2-2 : Paramètres électriques des VJFETs Merrett [14] a fabriqué des VJFETs 4H-SiC sur des substrats n+. Les tranchées implantées avec Al forment des grilles de type p. Elles sont remplies avec de l’oxyde. La section transversale du dispositif 2 A 600 V de base est montrée sur la Figure 2-3. SiO2 Source contact de source N+ N+ N+ grille implantée couche épitaxiée type N type P substrat 4H-SiC type N Oxyde N+ P Poly + P+ P+ Oxyde sur les côtés Couche épitaxiée NSubstrat N+ contact de drain Figure 2-3 : Section transversale de la structure de base d’un trench JFET vertical 4H-SiC Figure 2-4 : Section transversale du dispositif Un avantage dans la conception présentée ici est que la tension de seuil peut être négative ou positive en augmentant ou diminuant la largeur nominale du doigt respectivement. Certains de ces dispositifs ont été conçu d’avoir une tension de seuil négative Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 45 Etat de l’art du JFET vertical SiC et alors d’être normally-on à une polarisation grille-source zéro tandis que d’autres ont été conçu d’avoir un faible VT0 négatif ou positif. En général plus le JFET est « normally-on », plus la résistance spécifique à l’état passant est faible. Toutefois plus la tension de seuil est négative, plus on demande de tension de grille pour pincer le courant de drain, surtout pour les tensions de drain élevées (Figure 2-5) VT0 VT0 (a) (b) Figure 2-5 : (a) ID = f(VDS) pour VGS = 2 V à 25°C pour quatre VJFETs avec différentes tensions de seuil VT0 ; (b) Caractéristiques de blocage à VGS = – 10 V pour les mêmes dispositifs (A VGS = – 20 V les dispositifs bloquent 600 V à température ambiante) Sur la Figure 2-5b on remarque que le dispositif avec la tension de seuil VT0 la plus positive manifeste le plus faible courant de fuite quand il bloque VBR = 600 V avec un VGS de – 10 V. D’un autre côté le dispositif qui conduit le plus de courant en polarisation directe ne peut pas bloquer 200 V avec les mêmes – 10 V sur la grille. Toutefois il est important de noter que les deux dispositifs qui montrent d’ailleurs un claquage prématuré sur la Figure 2-5b, peuvent tenir 600 V avec – 20 V sur la grille. Les JFETs normally-off demandent des polarisations de grille faibles afin d’atteindre le blocage mais ils ont des courants de saturation plus faibles que les dispositifs normally-on. Un compromis entre le FET normally-on et normally-off est le dispositif « quasi-on » qui est en effet une variation du normally-on. Ce régime est défini à polarisation de grille Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 46 Etat de l’art du JFET vertical SiC nulle quand le courant de drain a assez diminué par rapport à sa valeur de saturation mais il est beaucoup au-dessus du courant de fuite observé au pincement. Il offre un courant de saturation du drain et une résistance spécifique similaires au VJFET normally-on et un meilleur comportement en régime transitoire. Toutefois la résistance à l’état passant est assez élevée à VGS = 0 V afin de limiter le courant de drain et de protéger le dispositif et le circuit en cas de fonctionnement anormal [16]. Comme un exemple on considère la Figure 2-6 qui montre ID en fonction de VDS pour les quatre dispositifs de la Figure 2-5b mais avec VGS = 0V au lieu de VGS = 2 V. VT0 Figure 2-6 : ID = f(VDS) à VGS = 0 V pour des dispositifs normally-on et quasi-on Les caractéristiques électriques des dispositifs avec une tension de blocage VBR = 600 V sont présentées dans les tableaux 2-3, 2-4 et 2-5 : Type de VJFET VGS ID MAX Tension de seuil VT0 Normally-on Normally-on 2V 0V 3.8 A 2.2 A – 3.73 V Quasi-on Quasi-on 2V 0V 2.6 A 0.24 A – 0.45 V Tableau 2-3 : Tableau des résultats en fonction de la tension de seuil [14] ID [A] VT0 [V] 0.02 0.15 0.24 – 0.45 1.73 – 2.74 2.21 – 3.73 Tableau 2-4 : Relation VT0 = f(ID ) pour VDS = 10 V et VGS = 0 V des dispositifs normally-on à quasi-on [14] Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 47 Etat de l’art du JFET vertical SiC T [°C] VT0 [V] 25 0.45 100 0.51 150 0.58 200 0.61 250 0.68 Tableau 2-5 : Relation linéaire de la tension de seuil VT0 extrapolée pour différentes températures [14] Le courant de drain en fonction de la tension de grille a été mesuré à VDS constant de 10 V. A températures élevées le courant diminue en polarisation directe. Le courant de drain à 300°C est 30% de celui à 250°C. Lin Zhu et T. Paul Show [15] ont simulé un Trench JFET (Figure 2-4). Le dispositif est protégé par mesa. La structure trench peut faciliter le pincement du canal par la région de déplétion et ainsi bloquer le dispositif. L’oxyde sur les côtés peut réduire le courant de fuite ce qui est dû surtout à la génération dans la zone de charge d’espace. Les dispositifs possèdent une résistance spécifique assez élevée à l’état passant puisque la largeur effective de la mesa diminue (Figure 2-7). on R DS h Figure 2-7 : Influence de la largeur de la mesa sur le blocage en direct et la résistance spécifique à l’état passant à température ambiante : la profondeur de la tranchée h est de 3 µm ; l’épaisseur de l’oxyde sur les côtés TOX = 50 nm et le dopage de la couche épitaxiée ND = 1×1016 cm-3 La résistance du JFET est contrôlée par la tension de grille qui peut changer la conductivité du canal. A la différence des JFETs conventionnels les murs des grilles P+ sont isolés de la région du canal. Avec la structure trench il est plus facile de pincer la conduction dans le canal [12]. Comparé au JFET vertical à grille latérale [17], le JFET de Zhu est plus facile à fabriquer. Dans le dispositif de Zhu le chemin de conduction est vertical. Ceci va Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 48 Etat de l’art du JFET vertical SiC réduire la résistance spécifique à l’état passant et va augmenter la densité de la cellule du dispositif. Mais les tranchées du JFET de Zhu vont diminuer la largeur effective de l’épitaxie et ainsi la capacité de blocage. Pour cela le JFET à grilles latérales nécessite une épitaxie plus étroite pour tenir la même tension. A partir des simulations Medici l’influence de la largeur de la mesa sur le phénomène de conduction et le blocage en direct sont présentés sur la Figure 2-7. La résistance spécifique augmente rapidement avec la diminution de la largeur de la mesa. Comme compromis la capacité de blocage augmente pour les faibles largeurs de mesa. La capacité de blocage sature pour une profondeur de tranchée au-dessus de 3 µm mais la résistance spécifique continue à augmenter. Il existe un deuxième type de JFET vertical décrit dans la littérature – c’est le JFET à deux canaux (vertical et horizontal). 2.2 Le JFET à deux canaux Qiong Shui et al. [18], [19] ont présenté un VJFET normally-off de type N (Figure 2-8). Le régime normally-off est identifié quand le courant de drain est très faible pour une polarisation de grille nulle même pour des tensions nominales de drain significatives. 0.5 Grille 0.5 1.0 Source n+ Grille 0.5 0.6 p+ P 1.0 52 - n n+ Drain Figure 2-8 : Représentation schématique d’une demi-cellule d’un VJFET 4H-SiC P Source N Passivation P P 7.9×1016cm-3 0.58µm Grille inférieure NA = 4.5×1017 cm 3 0.8 µm N + Canal vertical Type N Canal vertical trench 15 -3 ND = 5.7×10 cm 15 µm 4H-SiC Couche tampon Substrat N+ Drain Figure 2-9 : Section transversale du VJFET Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 49 Etat de l’art du JFET vertical SiC Dans le processus de conception du VJFET les propriétés essentielles considérées sont une haute tension de blocage, une densité de courant élevée et la minimisation de la résistance spécifique à l’état passant [20]. Une couche épitaxiée N- (canal latéral) est disposée entre la source et la grille. Le canal vertical se trouve à droite de la grille. L’épaisseur du canal vertical et latéral (0.6 µm et 1.0 µm, resp.) sont les paramètres critiques nécessaires afin d’obtenir une tension de blocage et une densité de courant élevées. L’épaisseur et la largeur du canal sont choisies de telle façon qu’à polarisation nulle de la grille la zone de charge d’espace s’étend dans le canal vertical et horizontal à l’aide de la tension de barrière (potentiel de diffusion) VBI [21]. La densité de courant de fuite est de 1×10-13 A/µm ce qui est équivalent à 1×10-5 A/cm2. Pour une polarisation de grille de 2.9 V (VDS = 10 V) la densité de courant de grille est de 1×10-6 A/µm ce qui est comparable à la densité de courant de drain. L. Fursin et al. [22] ont fabriqué et caractérisé un VJFET à double grille avec un canal vertical implanté (Figure 2-9) qui élimine la nécessité d’une nouvelle croissance par épitaxie au milieu du processus de fabrication du dispositif. A température ambiante le courant de fuite est de 15 mA. Le VJFET conduit un courant de drain de 1.13 A (227 A/cm2) à VGS = 3.5 V et VDS = 5 V mais un défaut a été commis et le courant de fuite de la grille est assez élevée (16 mA). La surface active des larges JFETs est de 1.33 mm2 et la surface active des petits JFETs est de 0.5 mm2. La grille enterrée de type P est dopée à 4.5×1017 cm-3. La couche enterrée de type P est dopée à NA ≈ 7×1017 cm-3. Une multi-poche est formée. Ce JFET est basé sur une tranchée au milieu du canal vertical type N. L’épaisseur totale de la source est de b = 1.7 µm et celle de la grille est de 0.8 µm. Trois lots sont réalisés avec différentes surface de la zone active et différentes implantations du canal. Les Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 50 Etat de l’art du JFET vertical SiC tableaux 2.6 et 2.7 regroupent les résultats électriques des différents lots de JFET avec la résistance spécifique correspondante : Type de JFET VGS [V] VDS [V] JD [A/cm2] on R DS [mΩ/cm2] T [°C] 3.5 0.84 1.75 50 100 16.8 17.5 25 150 50 100 21 25.8 25 150 Petit Surface active 0.5 mm2 Dose P+ (NA) – faible Large Surface active 1.33 mm2 Dose P+ (NA) – faible 3.5 Tableau 2-6 : Tension de grille VGS, tension de drain VDS, densité de courant JDS et résistance on à température ambiante et à 150°C [23]-[27] spécifique à l’état passant R DS T [°C] VG [V] IG [mA] (petit JFET) IG [mA] (large JFET) 2.5 94 µA 270 µA 3 2.7 mA 18 µA 25 3.5 16 mA 75 µA 4 43 mA > 100 mA Tableau 2-7 : Résultats électriques pour différentes tensions de grille On remarque que plus le canal est peu dopé plus le courant de grille est faible. Le rapport entre le courant de drain et de grille est plus élevé pour les faibles doses du canal. Le courant de fuite en mode de blocage pour une polarisation de grille zéro dépend non seulement de la dose et de l’implantation P+ du canal vertical mais également de sa structure. Dans le Tableau 2-8 nous avons essayé de faire une comparaison des résultats électriques du JFET présenté par différents auteurs : Références Polytype Type de régime Epaisseur de l’épitaxie H [µm] 50 Dopage de l’épitaxie ND [cm-3] VBR VDS [kV] [V] on JD T R DS 2 [A/cm ] [mΩ*cm2] 5 185 Shui [17], 4H-SiC Normally5.0×1014 8 Gu [18] off (type N) K. Asano Normally5.3 15 69 [20] off 17.5 L. Fursin 4H-SiC Normally15 5.7×1015 1.53 0.84 50 [21] off (type N) Kashyap 5 1.2 2.5 A 1×1016 [23], [28] Tableau 2-8 : Comparaison des résultats électriques du VJFET présenté par différents auteurs Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 300 K 300 K 25°C ; 450°C 51 Etat de l’art du JFET vertical SiC Kashyap [24], [28], [29] analyse la caractérisation électrique des JFET verticaux en SiC [30]. La couche de contact d’épaisseur 0.2 µm est dopée à ≈ 1×1019 cm– 3. Le prototype réalisé par SiCED a une surface de 2.8 mm2 avec un courant ID = 2.5 A. La caractéristique directe dépend surtout de la largeur du canal et de la profondeur des implants de la grille [31] comme il est illustré sur la Figure 2-10. Le pincement est fonction de l’espacement entre les grilles ou la largeur du canal. Les JFETs atteignent la tension de seuil à VGS = – 12 V. A 450°C la résistance drain-source augmente à VGS = 0 V [32]. En augmentant la température la tension de seuil et le courant de saturation changent de la manière suivante (§ 1.1.2) : T [°C] VT0 [V] 200 –13 300 –14 450 –15 T [°C] I DSAT [A] R DS [Ω] Type de caractéristique 25 3.5 450 0.7 1.33 10.0 Pentode Triode (grille profonde) (grille peu profonde) (a) (b) Tableau 2-9 : Influence de la température sur la tension de seuil VT0 (a), le courant de saturation I DSAT et la résistance à l’état passant (b) Pour un courant donné la chute de tension drain-source varie comme suit : 0.5 ID [A] 0.7 6 VDS [V] 25 450 T [°C] Tableau 2-10 : Variation de la tension drain-source en fonction de la température – 2V + G métal n+ n- + 2V – Contact de grille G S + n canal P+ zone de charge d’espace Contact de source + n P+ N+ N+ P+ N+ N+ P+ P+ N- W + n Substrat N+ Contact de drain métal D Figure 2-10 : Section transversale de la structure VJFET SiC Figure 2-11 : Section transversale du VJFET SiC Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 52 Etat de l’art du JFET vertical SiC Pour éviter le fonctionnement « normally on » le JFET SiC est monté en cascode avec un MOSFET Si comme un interrupteur de contrôle afin de convertir le dispositif « normally on » en « normally off » [33]. Une solution alternative est présentée par Kelley [34] qui a conçu le dispositif « quasi-off » prévu pour bloquer la moitié de la tension à une polarisation zéro de la grille et atteindre un blocage complet à une polarisation négative de 0 à – 5 V. Une section transversale du VJFET de Kelley avec des grilles trench est montrée sur la Figure 2-11. Le dispositif a un canal vertical et des grilles trench. La tension drain-source, la résistance à l’état passant, la tension de seuil et la tension de pincement du canal (qui détermine la tension de blocage à une polarisation grille-source donnée) sont ajustées en optimisant la largeur et le dopage du canal. Il est pratique de réaliser ce JFET normally-on ou quasi-off. Pour le dispositif normally-on la tension de seuil est strictement négative tandis que pour la partie quasi-off elle est légèrement positive sachant que le régime normally-on est défini pour un courant de saturation de drain à une polarisation zéro de la grille ou proche de zéro. La plupart des JFETs à deux canaux sont des structures symétriques réalisées avec des grilles enterrées. Cette structure appelée trench JFET sera analysée par la suite. 2.2.1 Trench JFETs Mazzola [35] a développé des JFETs verticaux canal N basés sur la technologie trench à grille implantée. Les composants manifestent des courants de drain allant jusqu’à 4 A et peuvent fonctionner en régime « normally-off », « normally-on » et « quasi-on ». Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 53 Etat de l’art du JFET vertical SiC Contact de source Contact de grille Profondeur de la tranchée Contact de grille Implant de grille Implant de grille Largeur de doigt Contact de drain Figure 2-12 : Pouces de la source (1.5 µm) du VJFET SiC et la grille P+ implantée [13] Figure 2-13 : Section transversale d’un JFET vertical en SiC [39] Les dispositifs présentés montrent des largeurs de grille de l’ordre de 1.5-2 µm formées par implantations P+. Figure 2-12 montre la région grille-source d’un VJFET typique. Le courant de saturation de drain est le même pour le cas normally-on et quasi-on mais il est plus faible pour le cas normally-off. Les paramètres considérés du dispositif sont présentés dans le Tableau 2-11 : Paramètre Unité de mesure Valeur numérique Surface effective de la jonction [mm2] 0.72 Epaisseur du substrat I DSAT Résistance Température thermique [mm] 0.4 [A/cm2] 500 [Ω/°C] 0.1 [°C] 25 Tableau 2-11 : Propriétés du dispositif VJFET 4H-SiC [35] Les JFETs offrent une impédance d’entrée élevée [36] sans oxyde de grille critique. Ceci supprime plusieurs phénomènes classiques des matériaux présents dans les MOSFETs tels que la réduction de la mobilité du canal, le claquage de l’oxyde et la fiabilité de l’oxyde. Le processus de fabrication des JFETs est plus simple que celui des MOSFETs et le JFET peut fonctionner pour des températures de jonction supérieures à 250°C, la limite pratique supérieure des MOSFETs [37]. La plupart des systèmes de contrôle de puissance exigent le mode de fonctionnement « normally-off » pour que le système soit en état « sûr » même si le Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 54 Etat de l’art du JFET vertical SiC contrôle de puissance est interrompu [36]. Une manière d’éviter ce problème est de connecter un JFET en mode de déplétion en configuration cascode avec un dispositif « normally-off » comme un MOSFET de puissance Si [38]. La structure normally-off présentée à la Figure 2-13 [39] avec une largeur de doigt de 1.9 µm (700 K) présente une meilleure tension de blocage de 1200 V. Une couche épitaxiée fortement dopée ND = 1×1019 cm-3 est déposée au-dessus. Toutes les résistances de contact sont de 1×10-4 Ωcm2. Les implants pour la grille ont une profondeur de 0.5 µm à la base et de 0.35 µm sur les côtés. La base des tranchées possède également une couche fortement dopée afin d’éviter le pincement le long de la zone de charge d’espace sous forte polarisation. La concentration de la grille est de 1×1018 cm-3 (1×1014 cm-2). La variation de la tension de blocage est négligeable (à 400 K et 700 K elle varie de 1214 V à 1267 V resp.). La valeur de la largeur critique du doigt prise comme paramètre d’optimisation et résumée dans le Tableau 2-12 dépend de la température. Température [K] Largeur critique du doigt [µm] 300 2.20 400 2.17 500 2.13 600 2.09 700 2.04 Tableau 2-12 : Variation des paramètres d’optimisation à la tension de blocage en direct Les caractéristiques électriques des Trench JFET sont regroupées dans le Tableau 2-13 : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 55 Etat de l’art du JFET vertical SiC Référence Robin L. Kelley [34] Année 2005 Polytype Type de régime Normally-on Quasi-off NA 2a [µm] Michael S. Mazzola [13] 2003 P. Bhatnagar [39], A. B. Horsfall [40] 2005 ; 2003 4H-SiC 4H-SiC Normally-on; Normally-off; Quasi-on Al 1 – 2 µm Normally-off h [µm] Al 1.9 µm 2 µm 2 2 S [mm ] 1 mm Epaisseur de l’épitaxie H ND (épitaxie) 10 µm 3×1015 cm-3 b [µm] 0.1 µm Tension de blocage Tension nominale Courant nominal Courant de fuite du drain 600 V 4A 500 A/cm2 4.5 mΩ*cm2 Densité de courant on R DS Température 800 V 600 V 3A 100 µA I Dsat ID [A] sous VDS [V] pour VG [V] 398 V VDS = 600V VGS = –20V Normally-on VDS = 600V VGS= – 5V Quasi-off 75 – 150 A/cm2 VGS = 2V Quasi-on VGS>2-2.5V Normally-off 5×10-3 A Normally-on 5×10-4 A Quasi-on 2×10-6 A Normally-off 300 – 700 K Tableau 2-13 : Récapitulatif des trench JFET verticaux SiC à deux canaux Après avoir présenté quelques réalisations du JFET vertical, les paragraphes suivants abordent deux de ses dérivés possibles (le DI-VJFET et le TI-VJFET). 2.2.2 JFETs spéciaux 2.2.2.1. Le DI-VJFET Mizukami [41] a réalisé un deep-implanted gate vertical JFET (DI-VJFET) 4H-SiC 600 V avec une résistance à l’état passant de 10 mΩcm2. La vue de dessus du DI-VJFET est montrée sur la Figure 2-14 : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 56 Etat de l’art du JFET vertical SiC électrode de grille électrode de source longueur du canal métal au-dessus de source 3.8 Source trench passivation Grille + grille P ouverture canal source N+ du canal couche épitaxiée N- p++ p+ body p++ p+ body 9.6 µm Couche épi n7×1015 cm-3 Drain n+ 0.45 µm 6.25 µm Drain électrode de drain Figure 2-14 : Vue de dessus du DI-JFET fabriqué [41] Figure 2-15 : Section transversale du TI-VJFET [42], [43] Des cellules compactes ont été introduites dans la zone active du DI-VJFET afin d’atteindre des plus hautes densités du canal. La simplicité dans le processus de l’implantation de la grille est importante afin de produire des dispositifs économiquement. Les relations entre les dimensions du canal et la tension de blocage sont montrées sur le Tableau 2-14 : Epaisseur du canal h [µm] 1.5 2.0 2.5 3.0 1.5 423.8 38.0 0.1 0.0 Longueur du canal 2a [µm] 2.0 1707.8 185.3 8.4 0.0 2.5 1848.4 674.4 40.0 0.0 Tableau 2-14 : Résultats calculés à partir de la relation entre la tension de blocage [V] et la longueur h et la largeur 2a du canal [40] 2.2.2.2. 1.45 Le TI-VJFET Une structure intéressante telle que le TI-VJFET a été fabriquée par Zhao (Fig. 2-15) [42], [43]. Le canal vertical et la couche épitaxiée sont implantés par une couche N. La couche de blocage représente la couche épitaxiée de type N– entre le body P+ et le substrat N+. Une gravure est réalisée de la passivation à partir des sommets de la mesa et la formation du contact de source par TiW/Ni (90/20 nm). Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 57 Etat de l’art du JFET vertical SiC Le canal vertical défini par tranchées et implantation angulaire d’Al permet un contrôle précis des dimensions du canal ce qui résulte en une très faible résistance spécifique à l’état passant. Le processus technologique permet une fabrication simplifiée. La zone active du composant est de 320×293 µm. La tenue en tension est mesurée pour ID = 1 mA et VG = 0 V. ID en direct atteint 0.28 A (JD = 300A/cm2) pour VG = 5 V et VD = 3 V. La résistance à l’état passant est mesurée pour VG = 5 V et JD = 100 A/cm2 (VD=0.277 V). La mobilité du canal vertical est déterminée 561 cm2/Vs ce qui est plus que 10 fois plus grand que la meilleure mobilité du canal inverse pour un MOSFET 4H-SiC. Nom du dispositif Référence Polytype Type de régime Surface active [cm2] Longueur du canal h [µm] Largeur du canal 2a [µm] Dopage du canal ND [cm-3] Type de protection Tension de source (Bus voltage) [V] Tension de blocage [V] VTH [V] on Résistance à l’état passant R DS [mΩcm2] DI-VJFET Makoto Mizukami [41] 4H-SiC ID [A] sousVDS [V] pour VGS [V] ID = 6.1 A; IG = 70 mA VD = 5 V; VG = 1 V 1×10-3 2.5 1.0-4.5 600 1300 10 TI-VJFET Jian H. Zhao [42],[43] 4H-SiC Normally-off 9.38×10-4 & 2.03×10-2 9.4 7×1015 Double JTE et MESA 600 1726 1741 2.77 Tableau 2-15 : Récapitulatif des paramètres électriques du DI-VJFET et TI-VJFET 2.2.3 Cas du JFET SiCED Friedrichs [1] a développé le concept du VJFET 4H-SiC [27] contrôlé latéralement et on de capable de bloquer 1800 V avec une résistance spécifique à l’état passant R DS 14.5 mΩ*cm2. Le VJFET tient un courant de 15 A et la tension à l’état passant est de 2 V [44]. La technologie est considérée fiable pour des tensions jusqu’à 4.5 kV [45]. Une deuxième couche épitaxiée de 2 µm est déposée sur la couche implantée de type P. Les dispositifs spécifiés tiennent des courants de l’ordre de 5 A. Afin de diminuer le prix face aux solutions existantes en silicium la résistance spécifique à l’état passant a été diminuée par la réduction de la concentration des lignes de champ électrique localisées en bordure [46] de la Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 58 Etat de l’art du JFET vertical SiC grille enterrée. Le substrat utilisé pour les JFETs est du 4H-SiC type N de Cree avec une résistivité spécifique d’approximativement 20 mΩcm. Une couche enterrée de type P qui joue le rôle de l’électrode de contrôle est implantée sélectivement dans la première couche épitaxiée (Figure 2-16). Dans la zone de la source la couche N++ est implantée en utilisant de l’azote. Une métallisation d’aluminium de 3 µm est déposée. La largeur de la grille est de 32 cm et la surface active est de 4.1 mm2 [47]-[49]. Source N++ ++ P Grille + N Couche épitaxiée 2 n+ Couche épitaxiée 1 Drain N++ Figure 2-16 : Section transversale d’une demi-cellule du nouveau JFET vertical 4H-SiC On remarque que la résistance du dispositif optimisé a beaucoup diminué tandis que la résistance du canal est restée relativement constante. résistance normalisée 1,0 résistance de l'épitaxie résistance du dispositif 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 JFET 1500 V JFET optimisé 1500 V Figure 2-17 : Amélioration de la résistance à l’état passant après réduction du renforcement localisé du champ aux bords de la grille enterrée Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 59 Etat de l’art du JFET vertical SiC Le Tableau 2-16 résume les paramètres des couches épitaxiées utilisées pour les dispositifs avec une tension de blocage de 600 V, 1200 V et 1800 V [47]. Paramètre/VBR 600 V 1200 V 1800 V -3 16 15 ND Epi 1 [cm ] 1.2×10 8×10 4.5×1015 8 12 15 Epaisseur Epi 1 [µm] ND Epi 2 [cm-3] >1.5×1016 >1.5×1016 >1.5×1016 2 2 2 Epaisseur Epi 2 [µm] Tableau 2-16 : Paramètres de la couche épitaxiée des VJFETs La caractéristique de sortie du VJFET 1800 V est la suivante : Figure 2-18 : Caractéristiques de sortie du VJFET 1800 V avec une surface active de 4.1 mm2 Dietrich Stephani de SiCED en Allemagne a également présenté le progrès et l’état de l’art du JFET vertical développé à SiCED avec une tenue en tension de 3 kV. En mode bloqué, le dispositif normally-off montre un courant de fuite <10 µA à 3 kV et <10 nA à 2 kV. La résistance à l’état passant du dispositif de surface 2.4 mm2 est de 3 Ω à 25 ºC et augmente jusqu’à 4.9 Ω à 150 ºC. 3 Conception du dispositif Afin d’analyser le comportement du transistor JFET, nous avons réalisé des simulations sur un JFET vertical symétrique 2D en SiC. La structure du dispositif retenue pour les simulations est la suivante : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 60 Conception du dispositif b h Source Grille SiO2 air L P+ NDD NA Epitaxie N ND H air - 2a P+ Source Grille Substrat N + 6H-SiC 3×1018 cm-3 Drain Figure 2-19 : Structure de base du JFET verticale symétrique utilisée en simulations Cette structure n'est pas réaliste car en pratique on ne peut pas mettre les grilles sur les côtés de la puce. En fait la grille est sur la partie supérieure et la structure est avec une grille en surface ou bien avec une grille enterrée (des caissons de type P descendent pour se relier à la grille). Des figures de ce type sont présentées dans l’état de l’art des JFETs SiC du Canal horizontal Chapitre 1. Source Grille Grille P+ P+ Canal vertical Epitaxie N- Substrat N+ Drain Cellule complète Figure 2-20 : Structure du JFET avec une grille enterrée Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 61 Conception du dispositif 3.1 Constitution du JFET 3.1.1 Description d’une cellule Le JFET est constitué d’une couche épitaxiée de type N- de profondeur [H + h] et de dopage ND (Figure 2-19) qui permet d’assurer la tenue en tension. Cette couche est épitaxiée sur un substrat 6H-SiC fortement dopé N+ (≈3×1018 cm-3) d’épaisseur 400 µm. Par simplicité pour les simulations son épaisseur a été réduite à 5 µm sans réduire la précision dans la couche active. Tous les essais sont réalisés sans tenir compte de la tenue en tension. Dans la partie supérieure de la couche épitaxiée N-, sont implantées deux zones P+ fortement dopées (NA [cm-3]) reliées aux électrodes de grille. Elles sont séparées par une zone dopée ND de longueur 2a qui constitue le canal vertical. A celui-ci s’ajoute une couche N+ dopée NDD d’épaisseur b qui permet de relier entre eux le canal vertical et les deux électrodes de source. Dans cette zone un canal horizontal est formé de longueur L et d’épaisseur b également. Ces deux parties réunies (canal horizontal et vertical représentés sur la Fig. 2-21) constituent la partie active du transistor JFET autorisant le passage du courant du drain vers la source [50]. Au-dessus des électrodes de source, une couche d’isolant d’épaisseur 0.3 µm est placée afin de rendre plus réaliste la répartition des lignes équipotentielles dans les simulations. Une couche de SiO2 d’épaisseur 0.3 µm est déposée entre les contacts. En pratique au-dessus des électrodes il y a un isolant (polysilicium, SiO2, AlN [51] ou autres [52]-[55]). Source Canal horizontal Source + N + P dop P P+ Canal vertical N- Epitaxie ND Figure 2-21 : Emplacement des deux canaux Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 62 Conception du dispositif Les différents dopages du canal et des zones P+ ont pour but de créer une zone de charge d’espace lorsque la jonction P+-N- formée par ceux-ci sera polarisée convenablement. La structure du composant rend celui-ci normalement passant quand la jonction n’est pas polarisée. Le blocage se fera en appliquant une tension négative entre grille et source comme nous l’avons vu au § 1. Du fait des dopages respectifs du canal et des zones P+, la zone de charge d’espace se développera de façon plus importante dans les zones N (verticale et horizontale). Elle réduira la section de passage effective des électrons dans le canal, ce qui permettra de moduler le courant qui le traverse. Les valeurs des paramètres par défaut utilisées par les simulations sont citées dans le Tableau 2-17 représenté ci-dessous : Symbole Signification Valeur par défaut a h ND b L NDD H NA Z Zeffectif Largeur du canal vertical Epaisseur du canal vertical Dopage du canal vertical Largeur du canal horizontal Epaisseur du canal horizontal Dopage du canal horizontal Distance entre la zone P+ et le substrat Dopage de la zone P+ Profondeur du dispositif en simulation Profondeur effective du dispositif 1.3 µm 1 µm 5×1015 cm-3 0.2 µm 2.6 µm 1.5×1017 cm-3 4 µm 3×1017 cm-3 1 µm 10 cm Tableau 2-17 : Liste des symboles utilisés pour l’analyse et la modélisation de la structure de référence pour les simulations 3.1.2 Description du système simulé Nous allons nous intéresser uniquement dans les simulations à une cellule du JFET. Le but étant ici d’étudier son comportement à l’état passant et plus spécifiquement sa résistance. Un transistor JFET est composé d’un grand nombre de cellules élémentaires ou d’une structure en serpentin. La simulation d’un composant complet 3D serait trop coûteuse en termes de temps de calcul et d’espace mémoire. La simulation d’une cellule pour représenter le comportement est suffisante du fait de la structure du JFET et de ses axes de symétrie. Pour Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 63 Conception du dispositif obtenir le courant total, il suffit de multiplier les résultats obtenus pour une seule cellule par le nombre total de cellules équivalentes du composant. Pour représenter le dopage des différentes implantations, on a utilisé un profil d’implantation analytique généré automatiquement par le logiciel de simulations MediciTMA [7]. L’objectif est d’étudier et de développer un JFET vertical compatible avec celui de SiCED pour des applications de puissance avec une tension de grille VGS allant jusqu’à – 40 V avec une tension de pincement VP de l’ordre de – 10 à – 15 V et un courant I Dsat de l’ordre de 2 A. Afin d’atteindre cet objectif, il sera nécessaire d’améliorer la structure de base du transistor JFET vertical présentée sur la Figure 2-19 et notamment en jouant sur les paramètres du canal (largeur, longueur, dopage). 3.1.1.1 Maillage du dispositif simulé Pour pouvoir résoudre les équations des semi-conducteurs en simulation, il est nécessaire de mailler la structure [56] en utilisant un maillage paramétré manuellement ou automatiquement qui prend en compte les problèmes de convergence aux jonctions. Les simulateurs de type éléments finis permettent la simulation de structures, à une, deux ou trois dimensions à géométrie quelconque [57]. La méthode des éléments finis et des intégrales des frontières (pour l’équation de continuité) permet d’associer au maillage un système numérique [58]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 64 Conception du dispositif L S 2a S NDD G + P + P NA Epitaxie NND b G h H Substrat N+ D Figure 2-22 : Emplacement des zones du JFET simulé avec les valeurs des différents paramètres présentés dans le tableau 2-17 (En traits roses sont représentées les différentes électrodes : grille, drain, source) La précision de la simulation sera liée au nombre de nœuds définis dans le maillage. Le dispositif est divisé en éléments de dimensions différentes afin de bien représenter les détails à des endroits où cela s’avère nécessaire (maillage fin) et de gagner en temps de calcul à d’autres endroits (maillage grossier). Les figures 2-23 à 2-26 représentent une vue du maillage adapté pour les simulations. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 65 Conception du dispositif Source Grille Source Grille Figure 2-23 : Vue globale du maillage du JFET en simulation par Medici (Les paramètres du transistor sont représentés dans le Tableau 2-17.) Le maillage doit être affiné dans les zones présentant des variations importantes des grandeurs (dopage, lignes de courant, champ électrique, lignes équipotentielles, concentration des électrons) [60]. On détaille notamment au niveau de la jonction P-N du canal et des contacts de source. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 66 Conception du dispositif Source Source Grille Figure 2-24 : Zoom du maillage du canal du JFET simulé Figure 2-25 : Zoom de la jonction PN au bord de la zone P+ Le maillage est plus grossier dans les zones où le dopage varie peu. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 67 Conception du dispositif noeuds élément fini Figure 2-26 : Zoom du contact de source en surface avec la discrétisation du domaine Nombre de noeuds Nombre de triangles Taille de la maille la plus petite Taille de la maille la plus grande 13910 13674 0.01 0.41667 Tableau 2-18 : Statistiques du maillage utilisé Des coupes à l’intérieur du canal permettent de mieux appréhender le comportement du composant. On regarde le dopage, les lignes de courant, le potentiel et le champ électrique à trois endroits différents : au milieu du canal vertical, au milieu du canal horizontal et suivant la verticale. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 68 Conception du dispositif c) x = 5.2 µm a) y = 0.1 µm b) y = 0.7 µm Source Grille N P+ + Source P+ Grille N- N+ y Drain Figure 2-27 : Localisation des plans de coupe 3.1.1.2 Dopage du JFET La différence entre la densité des atomes accepteurs et celle des atomes donneurs (ND– NA) exprime la densité volumique de charges fixes, encore appelée profil de dopage. Cette valeur peut être variable dans l'espace, mais est invariante dans le temps. C'est une donnée technologique, qui définit le type de composant [61]. On peut schématiquement différencier deux principaux modes de fonctionnement (§ 1.1.1.1.). La zone de charge d’espace (zone non neutre) Dans le cas où la densité de porteurs libres est négligeable devant la densité de charges fixes, le profil spatial du champ électrique est essentiellement déterminé par le profil de dopage (cas d'une zone désertée). ( ) La zone neutre ρ = q p + n + N D+ + N A− = 0 (ρ – densité volumique de charges fixes) Le matériau est électriquement neutre. Sa charge globale et locale est nulle (condition de neutralité électrique). Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 69 Conception du dispositif 3.2 Eléments influençant la zone de charge d’espace Le fonctionnement du JFET est conditionné par deux différences de potentiel. Le potentiel grille-source et le potentiel drain-source qui influencent l’étalement de la zone de charge d’espace et donc la conduction du JFET. Afin de découpler l’analyse des deux phénomènes nous regarderons dans un premier temps le fonctionnement du JFET avec polarisation de grille nulle et seulement en fonction du potentiel de drain, puis, nous regarderons l’influence de la polarisation de grille. C B Courant IDS [A] 6 5 4 17 -3 NDD = 1.5x10 cm 3 2 JFET vertical 6H-SiC L = 2.6 µm; b = 0.2 µm; 2a = 2.6 µm; h = 1 µm 15 -3 ND = 5x10 cm ; VGS = 0 V; A VGS = - 0.5 V; VGS = - 1 V; 1 D 0 0 5 10 15 VGS = - 2 V T = 300 K 20 Tension VDS [V] Figure 2-28 : Réseau des caractéristiques électriques statiques ID = f(VDS) pour un transistor JFET vertical SiC simulé à température ambiante sous différentes tensions de grille. Les caractéristiques montrent la saturation du courant de drain. Les points A, B, C et D sont utilisés comme points particuliers dans le texte. 3.2.1 Fonctionnement avec polarisation de grille nulle (VGS = 0) On met la grille et la source à la masse et on applique une tension positive variable sur le drain [62]. La répartition de la charge dans le canal va être modifiée par le champ électrique ainsi exercé. Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1 (§ 1.1.2.) pour de faibles valeurs de la tension drain-source, le courant entre la source et le drain est faible. Le potentiel dans le canal est pratiquement le même de la source au drain. La grille est fortement dopée P, par contre le canal vertical et le canal horizontal ont des dopages très différents. Il en résulte que dans le canal vertical qui est faiblement dopé N, la zone de charge d’espace s’étale essentiellement dans la zone N et elle est d’épaisseur presque constante. Pour le canal horizontal, le dopage Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 70 Conception du dispositif est beaucoup plus élevé. La zone de charge d’espace s’étend à la fois dans la zone N et dans la zone P+ de grille. De plus, on voit apparaître une petite zone de charge d’espace sur le dessus de la puce. Les porteurs peuvent circuler librement de la source vers le drain dans un canal d’épaisseur constante, donc la résistance entre source et drain est constante. Dans ces conditions de faible tension VDS, le courant de drain ID varie linéairement en fonction de la tension VDS. Donc, pour de faibles tensions drain-source, le JFET se comporte comme une résistance presque constante. Source Canal horizontal Canal horizontal Source Grille Grille Canal vertical vers le drain Drain Figure 2-29 : Comportement du JFET simulé avec le logiciel Medici pour le cas VDS = 1 V, iD = 1.67 A (point A de la figure 2-28) : étalement de la zone de charge d’espace (Les pointillés rouges délimitent la largeur de la zone de charge d’espace dans le canal vertical.) Les paramètres du JFET sont présentés dans le tableau 2-17. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 71 Conception du dispositif C’est une simulation réalisée avec le logiciel Medici. On remarque que le canal vertical a la forme d’une bobine. Pour les tensions drain-source plus importantes que VP = 2.25 V on observe l’apparition d’une zone de charge d’espace dans le canal horizontal bien que sur les caractéristiques statiques (point B de la figure 2-28) le courant n’ait pas encore atteint le régime de saturation. Il y a toujours une zone neutre. On observe le pincement au sens qu’il y a une zone de charge d’espace mais il y a pas la saturation. On arrive à la conclusion que le modèle standard ne sera donc pas directement applicable. Source Canal horizontal ZCE du canal horizontal Source Grille Grille électrons en vitesse limite Canal vertical Drain Figure 2-30 : Comportement du JFET SiC à VDS = 5 V et VGS = 0, iD = 5.19 A (point B de la figure 2-28), zone de charge d’espace pincée dans le canal horizontal ; (Les zones en pointillés rouges correspondent à la largeur de la zone de charge d’espace dans le canal.) Lorsque la tension drain-source VDS est supérieure à la tension de pincement VP, le point de pincement progresse dans le canal en direction de la source on constate en plus Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 72 Conception du dispositif l’apparition d’un deuxième pincement au niveau de la zone épitaxiée dans le canal vertical (Figure 2-31). Source Zone de charge d’espace horizontale Source Grille Grille Canal vertical Zone de charge d’espace verticale Drain Figure 2-31 : Comportement du JFET pour le cas VDS > VP, VGS = 0, zones de charge d’espace dans le canal vertical et horizontal pincées (Les zones en pointillés rouges correspondent à la largeur de la zone de charge d’espace dans le canal.) En outre, on constate qu’entre une tension de 20 et 40 V, la saturation du canal horizontal a peu évolué alors que celle du canal du canal vertical a fortement progressé. Le canal vertical semble très influencé par les fortes valeurs de VDS. On observe l’apparition d’une zone de charge d’espace dans les deux canaux mais le point C de la figure 2-28 n’est pas complètement en saturation. On quitte la région linéaire. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 73 Conception du dispositif 3.2.2 Fonctionnement avec polarisation de grille (VGS < 0) Si on donne à VGS une valeur différente de zéro et négative, on aura exactement le même type de comportement que précédemment. La polarisation de la grille va modifier la zone de charge d’espace en diminuant la section de passage des porteurs et va donc diminuer le courant dans le JFET. Il en résultera d’une part une diminution de la pente de la portion linéaire de la caractéristique I(V) et d’autre part un courant de saturation correspondant au pincement plus faible. Ceci se constate aisément en comparant les deux diagrammes sur les figures 2-32 et 2-33, notamment dans le canal horizontal près des électrodes de source. Afin de pouvoir contrôler le courant de drain, il faut donc que la jonction grille-canal soit toujours polarisée en inverse. Pour un JFET canal N, la grille doit être négative (VGS < 0) par rapport à la source et donc au drain. Le courant de grille est toujours faible car c’est le courant traversant une jonction polarisée en inverse. Source Source Wdébut Grille Wmilieu Grille Wfin Drain Figure 2-32 : Comportement du JFET pour des valeurs de VGS = 0, iD = 6.36 A (point C de la figure 2-28), zone de charge d’espace pincée Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 74 Conception du dispositif Source Source Grille Grille Drain Figure 2-33 : Comportement du JFET pincé à VDS = 20 V et VGS = –1.2 V simulé avec Medici avec les paramètres du tableau 2-17 Comme on l’a vu au § 1 pour des faibles valeurs de la tension drain-source, la zone désertée a presque la même épaisseur tout le long du canal, ce dernier est de plus en plus étroit quand la tension de grille devient de plus en plus négative. La largeur du canal et donc la section de passage du courant va diminuer. La résistance est donc plus importante. La résistance présentée par le composant devient de plus en plus grande quand la grille est polarisée de plus en plus négativement par rapport à la source. Le JFET se comporte comme une résistance commandée en tension : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 75 Conception du dispositif Courant IDS [A] 2 VGS = 0 V; VGS = - 0.5 V; VGS = - 1 V; VGS = - 2 V 1 0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 Tension VDS [V] Figure 2-34 : Réseau de caractéristiques représentant l’évolution linéaire de la résistance dans la zone ohmique simulée avec Medici VGS = 0 V; VGS = - 0.5 V; VGS = - 1 V; VGS = - 2 V Courant IDS [A] 5 4 3 2 1 0 0 1 2 3 4 5 Tension VDS [V] Figure 2-35 : Caractéristiques I-V simulées pour différents VGS représentant le début de la saturation (zone ohmique pour VDS faibles, zone non-linéaire pour VDS plus importants) Pour les tensions drain-source plus importantes, la zone de charge d’espace s’étend au fur et à mesure que l’on se rapproche du drain. Dans ces conditions, le courant de drain ID ne varie plus linéairement en fonction de la tension VDS. Pour une tension de saturation VDS le phénomène de pincement apparaît et le courant atteint sa valeur de saturation I Dsat . Cette valeur est d’autant plus faible que VGS est négatif. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 76 Conception du dispositif Enfin pour des valeurs de VGS inférieures ou égales à [VBI – VP], les deux zones de charge d’espace se rejoignent sur toute la partie du canal située dans la zone épitaxiée. Le JFET n’est pas totalement bloqué. La résistance entre la source et le drain est très grande et le composant peut être considéré comme un circuit ouvert. Source Source Grille Grille Drain Figure 2-36 : Comportement du JFET pour VGS < – VP, VDS > 0, iD = 0.163 A (point D sur la figure 2-28), zone de charge d’espace pincée ; (Les zones en pointillés correspondent à la largeur de la zone de charge d’espace dans le canal.) On constate en outre que le canal horizontal est beaucoup plus sensible aux variations de VGS. Avec les paramètres utilisés, on constate que la tension VGS de blocage (VT0) est obtenue pour VGS = – 2.44 V. Nous avons également observé l’extension de la zone de charge d’espace W (la distance entre la zone de charge d’espace et la zone P+) en fonction de la tension VGS. La Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 77 Conception du dispositif valeur maximale de W est égale à la moitié de la largeur du canal vertical, c’est-à-dire au paramètre a pour avoir le pincement. W fin Etalement de la ZCE [µm] 1,30 W milieu 1,25 W début 1,20 1,15 1,10 1,05 1,00 0,95 -2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0,0 Tension VGS [V] Figure 2-37 : Etalement de la zone de charge d’espace en fonction de sa position dans le canal vertical et de la valeur de la tension VGS (VDS = 20 V) où Wdébut est à ∆Ψdébut = 1 V et y = 0.2 µm; Wmilieu est à ∆Ψmilieu = 2 V et y = 0.7 µm; et Wfin est à ∆Ψfin = 3 V et y = 1.2 µm avec 0 < W < a avec les paramètres Wdébut, Wmilieu et Wfin marqués sur la Figure 2-32. Dans la zone linéaire et la zone saturée, on peut « contrôler » la valeur de la résistance ou du courant de drain par l’intermédiaire de la tension VGS. La Figure 2-37 montre ce phénomène. On peut toutefois voir que le canal horizontal est plus affecté par l’effet de la polarisation de grille et le canal vertical par celui de VDS. Nous allons maintenant regarder le courant dans la structure. 3.3 Répartition du courant dans la structure Dans les deux canaux le courant se sépare en deux avec une zone de charge d’espace de chaque côté. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 78 Conception du dispositif Source Source Grille Grille déplétion de la zone active Drain Figure 2-38 : Schéma du passage du courant dans la structure On remarque l’épanouissement du courant dans la couche épitaxiée. Lors de l’établissement du modèle il faudra donc tenir compte de la résistance de cette zone. Le courant est limité par la zone de charge d’espace. Nous avons également observé le champ transversal et longitudinal ainsi que la densité de courant. L’hypothèse de la désertion absolue n’est pas parfaite. Au bord de la zone de charge d’espace il y a des porteurs libres. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 79 Conception du dispositif Champ électrique [V/cm] 2 Densité de courant [A/cm ] 2 J [A/cm ] champ [V/cm] 5 4 2,5x10 1,4x10 4 1,2x10 5 2,0x10 4 3 8,0x10 3 6,0x10 ZCE 3 4,0x10 3 5 1,5x10 5 1,0x10 ZCE Canal vertical 1,0x10 4 5,0x10 2,0x10 0,0 0,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0 Distance [µm] Figure 2-39 : Représentation des phénomènes électriques dans le canal vertical Dans le cas du canal horizontal l’essentiel du courant circule au milieu du canal. Donc l’hypothèse du canal est donc bonne. La figure 2-39 montre qu’environ 20 % du courant se répartit sur le bord de la zone de charge d’espace. 4 3,5x10 5 4 3,0x10 4 2,5x10 6x10 Champ électrique [V/cm] 2 Densité de courant [A/cm ] 2 J [A/cm ] champ [V/cm] 5 5x10 5 4x10 5 2,0x10 4 3x10 4 2x10 Canal horizontal 5 1,5x10 5 1,0x10 4 1x10 4 5,0x10 ZCE 0 0,00 0,05 0,10 0,0 0,15 0,20 Distance [µm] Figure 2-40 : Densité de courant et champ électrique dans le canal horizontal Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 80 Conception du dispositif En conclusion, le courant est concentré à l’intérieur du canal, même si, surtout pour le canal vertical, on a à la fois une zone de charge d’espace et du courant transversal. 3.4 Répartition des équipotentielles Nous avons visualisé le contour des potentiels dans la structure qui se distribuent inégalement surtout pour des tensions élevées – sous l’effet de bord les lignes équipotentielles s’accumulent aux courbures de la zone P+ et le potentiel devient constant en fin du canal vertical et horizontal. La tension augmente régulièrement dans le reste de la structure. On devine alors que les régions critiques seront les extrémités de la zone P+. Figure 2-41 : Cartographie de la répartition des équipotentielles avec épaisseur du canal horizontal L = 2.6 µm et contours de 1 V par pas. En pointillés rouges est marqué l’étalement de la zone de charge d’espace et en pointillés bleus – les différentes électrodes. De plus et comme le montre la figure 2-41, sous une polarisation inverse de la jonction grille-source, les équipotentielles s’étalent au bord de la zone P+ et dans le canal horizontal N+ sous la source en se resserrant aux angles des deux zones [46]. Ceci est dû aux effets de bord Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 81 Conception du dispositif et se traduira par un pic de champ électrique très localisé à l’extrémité de la zone P+ (Figure 2-41). L’augmentation de la tension drain-source VDS conduit à une extension de la zone de Potentiel [V] charge d’espace. (voir les pointillés en rouge). 12 10 8 6 4 2 0 -2 Potentiel électrique + dans les zones P 2a = 2.6 µm; h = 1 µm; L = 7.8 µm b = 0.2 µm; 15 -3 ND = 5x10 cm ; 17 -3 NDD = 1.5x10 cm T = 300 K + 0 P 2 P 4 6 + 8 10 Distance en X [µm] Figure 2-42 : Simulations Medici du potentiel électrique dans les zones P+ du canal vertical à VDS = 20 V et VGS = 0 V (L’identification des plans de coupe est donnée sur la Figure 2-27.) Potentiel électrique + dans la zone N 2a = 2.6 µm; h = 1 µm; L = 7.8 µm b = 0.2 µm; Potentiel [V] 10 8 15 -3 6 ND = 5x10 cm ; 4 NDD = 1.5x10 cm T = 300 K 17 -3 2 + + P P 0 0 2 4 6 8 10 Distance en X [µm] Figure 2-43 : Potentiel électrique dans la zone N+ appartenant au canal horizontal simulé avec Medici à VDS = 20 V et VGS = 0 V Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 82 Conception du dispositif 22 14 Potentiel électrique suivant la verticale 2a = 2.6 µm; h = 1 µm; L = 7.8 µm; b = 0.2 µm; 12 ND = 5x10 cm ; 10 NDD = 1.5x10 cm T = 300 K Potentiel [V] 20 18 16 15 -3 17 + P 0 2 4 6 8 -3 10 Distance en Y [µm] Figure 2-44 : Simulations Medici du potentiel électrique suivant la verticale pour VDS = 20 V et VGS = 0 V Nous pouvons nous apercevoir que les lignes équipotentielles se recourbent suivant le bord de la zone P+, ce qui peut s’expliquer par le fait que le potentiel de cette zone fortement dopée est imposé par la grille. On remarque également que la valeur des équipotentielles augmente en se rapprochant vers le drain ce qui est tout à fait normal puisque le potentiel du drain est le plus élevé. 4 Simulations électriques statiques à l’état passant 4.1 Influence des différents paramètres sur les caractéristiques statiques Nous allons étudier ici l’influence des paramètres géométriques sur les caractéristiques électriques en régime statique du dispositif à l’aide des simulations. Pour ces essais, les paramètres principaux que nous avons fait varier sont le dopage NDD et la largeur b du canal horizontal ainsi que la longueur h et L du canal vertical et horizontal respectivement. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 83 Simulations électriques statiques à l’état passant 4.1.1 Largeur des canaux En augmentant la tension drain-source VDS pour différentes polarisations de la grille du JFET vertical SiC, on obtient le réseau de caractéristiques ID = (VDS) en régime statique à température ambiante présenté sur la figure 2-45. Courant ID [A] 3 2 VGS = 0 V; VGS = - 0.5 V; 1 VGS = - 1 V; VGS = - 2 V 0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] Figure 2-45 : Caractéristique électrique en régime statique ID = f(VDS) avec une épaisseur du canal horizontal L =3.9 µm La tension positive VDS implique la circulation d’un courant de porteurs majoritaires entre les deux électrodes en passant successivement par le substrat, la couche épitaxiée et ensuite le canal. Pour la valeur de b utilisée ci-dessus le courant augmente avec l’augmentation de la surface considérée. Ceci est normal puisque l’augmentation de la largeur du canal permet un passage plus facile du courant, donc, une diminution de la résistance. De plus, il faudra appliquer une tension VGS d’autant plus négative pour bloquer le transistor que le canal est large. En effet, pour le bloquer, il faut que la zone de charge d’espace s’étende entièrement dans le canal. Plus celui-ci est grand plus la zone de charge d’espace devra être importante. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 84 Simulations électriques statiques à l’état passant Du fait de la différence des dopages entre la couche épitaxiée et la zone P+ et du fait de la polarisation de la grille, il se crée une zone de charge d’espace. La largeur de cette zone est commandée par la tension inverse appliquée à la jonction grille-source. Lorsqu’on augmente VDS à partir de zéro le courant IDS se met à croître. Du fait que VDS > 0 et VGS < 0 la largeur de la zone de charge d’espace augmente et le transistor fonctionne en zone ohmique si VDS est petit. C’est dans cette zone ohmique qu’on va essayer d’extraire la résistance du transistor à l’état passant. En effet, c’est là que les lignes de courant sont perpendiculaires aux lignes équipotentielles. L’étude suivante a pour but d’estimer l’influence des paramètres du canal, tels que le dopage NDD et la largeur b du canal horizontal et la longueur (h, L) des deux canaux sur la caractéristique électrique statique I(V) du composant. La figure 2-46 résume les résultats obtenus à travers les différentes caractéristiques ID = f (VDS) ayant comme paramètre la longueur du canal. b = 0.7 µm; b = 0.6 µm; b = 0.5 µm; b = 0.4 µm; b = 0.3 µm; b = 0.2 µm Courant ID [A] 25 20 15 10 5 0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] Figure 2-46 : Influence de la largeur du canal horizontal du JFET sur le réseau de caractéristiques IDS = f(VDS) 4.1.2 Epaisseur des canaux La figure 2-47 résume les résultats obtenus à travers différentes caractéristiques ID = f(VDS) paramétrées en fonction de la longueur du canal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 85 Simulations électriques statiques à l’état passant 60 h = 1 µm; h = 2 µm; h = 3 µm; h = 4 µm; h = 5 µm; h = 6 µm; h = 7 µm; h = 8 µm; h = 9 µm; h = 10 µm Courant ID [A] 50 40 30 20 10 0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] Figure 2-47 : Réseau de caractéristiques statiques pour différentes longueurs du canal vertical Les courbes ID = f(VDS) pour sept valeurs différentes de L sont représentées sur la figure 2-48. Un composant avec une longueur du canal horizontal de 13 µm offre une pente quasi-parfaite. Plus on augmente la longueur du canal, plus le I Dsat diminue et le comportement du composant est meilleur mais on a plus du mal à graver. Si la longueur du canal est suffisante, le pincement est meilleur mais la surface du composant augmente. 12 L = 1.3 µm ; L = 2.6 µm ; L = 3.9 µm ; L = 5.2 µm ; L = 7.8 µm ; L = 10.4 µm ; L = 13 µm Courant ID [A] 10 8 6 4 2 0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] Figure 2-48 : Courbes ID = f(VDS) pour des composants aux dimensions du canal horizontal comprises entre 1.3 et 13 µm. Le courant dégrade fortement la pente des composants à petites longueur du canal 4.1.3 Dopage des canaux L’étude suivante a pour but d’estimer l’influence du dopage du canal horizontal NDD sur le réseau de caractéristiques électriques ID = f(VDS) statiques du composant. D’une façon générale le niveau de dopage règle la caractéristique électrique statique du composant [35]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 86 Simulations électriques statiques à l’état passant La figure 2-49 montre la gamme de caractéristiques présentant différentes valeurs du courant du drain pour différentes VDS en fonction du dopage du canal horizontal. Le niveau du dopage règle l’intensité du courant et, d’une façon générale, la caractéristique électrique en régime statique du composant JFET SiC. Par soucis de dopages réalistes le dopage du canal horizontal varie régulièrement de jusqu’à 3.3×1017 cm-3. Par contre les dopages réalistes peuvent descendre au-dessous de 1x1017 cm-3. Le JFET est pincé pour un dopage du canal horizontal de 3.3×1017 cm-3 pour la configuration envisagée. Le composant montre un courant de 18 à 23 A dans le canal horizontal. 17 -3 17 -3 17 -3 17 -3 17 -3 17 -3 NDD = 3.3x10 cm ; NDD = 3.0x10 cm ; NDD = 2.5x10 cm ; NDD = 2.0x10 cm ; 25 NDD = 1.5x10 cm ; NDD = 1.0x10 cm Courant IDS [A] 20 15 10 5 0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] Figure 2-49 : Réseau de caractéristiques IDS = f(VDS) pour différentes concentrations de dopants NDD [cm-3] dans le canal horizontal 4.2 Analyse des résultats obtenus Lors de notre étude, nous avons été confrontés aux problèmes d’optimisation de la structure du JFET standard tel que la difficulté de saturation des caractéristiques statiques I-V sous MediciTMA. Le principal problème étant le choix de la largeur du canal horizontal (‘b’), ce qui entraîne une difficulté du pincement du canal vertical. Ceci est également dû au canal horizontal (et ses paramètres b et L) qui joue un rôle important dans le comportement du Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 87 Simulations électriques statiques à l’état passant JFET lors du pincement. La solution que nous avons retenue a été de diminuer la largeur du canal horizontal. Nous supposons que le canal vertical sert à tenir la tension et que le canal horizontal sert à pincer le JFET. Une autre solution aurait pu être d’augmenter l’épaisseur du canal vertical aux environs de 6 µm. La courbe I-V aurait alors été totalement plate. Mais une telle épaisseur du canal n’est pas pratiquement réalisable à cause du coût assez élevé de l’implantation du canal même s’il est créé par épitaxie. 5 Conclusion Dans ce chapitre on a mis en évidence la zone neutre du canal et la zone de charge d’espace. Nous avons réalisé une étude sur l’influence des différents paramètres géométriques b, h, L et NDD du canal sur les paramètres électriques ID, VDS et VGS. La zone de charge d’espace se traduit par une non-linéarité dans la caractéristique mais pas forcément par une saturation. Dans le chapitre suivant la modélisation de la résistance à l’état passant dans les différentes régions du transistor SiC sera étudiée de façon à établir un modèle analytique du canal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 88 Références bibliographiques Références bibliographies [1] Peter Friedrichs, Rudolf Elpelt, Reinhold Schörner et al., “Optimization of Vertical Silicon Carbide Field Effect Transistors towards a cost attractive SiC power switch”, [en ligne], International Conference on Silicon Carbide and Related Materials 6-10/10/2003, Lyon, Materials Science Forum 2004, Vols. 457-460, pp.1201-1204. 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Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 92 Table de matières Chapitre 3 : Analyse et conception du JFET SiC Table de matières INTRODUCTION.................................................................................................................. 95 1 PRESENTATION DE LA STRUCTURE DU JFET SIC VERTICAL .................... 95 1.1 Résistance à l’état passant pour un JFET de puissance réel.............................. 96 1.1.1 Résistance de la couche épitaxiée .................................................................... 99 1.1.2 Résistance du substrat .................................................................................... 101 1.1.3 La résistance du canal .................................................................................... 101 1.1.4 Les autres résistances ..................................................................................... 102 1.2 La résistance spécifique (RON.S) ......................................................................... 102 2 CALCUL DES RESISTANCES ET PRESENTATION DU MODELE ................. 105 2.1 Présentation du système modélisé....................................................................... 105 2.1.1 Caractéristiques du dispositif ......................................................................... 105 2.1.2 Modélisation du système................................................................................ 107 2.1.3 Tracé de la caractéristique globale ................................................................. 114 3 COMPARAISON DES SIMULATIONS MEDICI AVEC LES RESULTATS DU MODELE ANALYTIQUE .................................................................................................. 120 3.1 Influence de la tension VGS .................................................................................. 120 3.2 Variation des paramètres du canal horizontal .................................................. 121 3.3 Variation des paramètres du canal vertical....................................................... 126 3.4 Discussion sur les caractéristiques des canaux .................................................. 129 3.4.1 Caractéristique des canaux ............................................................................. 130 3.4.2 Calcul de l’extension de la zone de charge espace......................................... 135 3.5 Comparaison entre les mesures des composants SiCED et le modèle analytique des deux canaux................................................................................................................ 137 4 OPTIMISATION DU CANAL VERTICAL ET HORIZONTAL .......................... 139 4.1 Epaisseur de la couche épitaxiée ......................................................................... 139 4.2 Résistance des canaux .......................................................................................... 141 4.2.1 Méthode de dimensionnement ....................................................................... 141 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 93 Table de matières 4.2.2 Dimensionnement du canal horizontal........................................................... 142 4.2.3 Dimensionnement du canal vertical ............................................................... 142 4.3 Résistance totale du JFET ................................................................................... 143 5 CONCLUSION............................................................................................................. 144 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES........................................................................... 145 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 94 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux Introduction Dans le chapitre 2, nous avons regardé le comportement vis-à-vis des différents paramètres géométriques et physiques du JFET à deux canaux. Après avoir étudié le fonctionnement de ce JFET, nous allons présenter un modèle permettant de tracer les caractéristiques et d’évaluer la résistance à l’état passant du JFET à deux canaux. Pour cela, il faudra tenir compte de l’interaction entre les deux canaux et de l’influence de la couche épitaxiée. Nous comparerons ces résultats avec des simulations MEDICI. Nous proposerons enfin une possibilité d’optimisation des paramètres d’un JFET pour obtenir des performances données. 1 Présentation de la structure du JFET SiC vertical Dans la structure réelle du JFET représentée sur la Figure 3-1 les phénomènes principaux à prendre en compte sont les suivants : La variation de la mobilité sous l’effet du champ électrique longitudinal et transversal ; Dans un cas plus général, la non-uniformité du dopage dans le canal dans la direction drain-source. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 95 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux Source VS Source VS L Grille (VGS) ≈ N+ + P h x y + P 2a Epi SiC type N Grille (VGS) ≈ Substrat type N Drain VDS Figure 3-1 : Structure réelle du JFET 1.1 Résistance à l’état passant pour un JFET de puissance réel Les transistors JFET de puissance sont utilisés à l’état passant dans le régime linéaire. Dans ce mode de fonctionnement pour un transistor JFET de type N, le canal N formé assure la conduction des porteurs entre la source et le drain. Lorsqu’un transistor fonctionne à l’état on passant il se comporte comme une résistance, notée RDS (voir § 1), qui impose une chute de tension aux bornes du composant. La résistance à l’état passant d’un JFET de puissance représente la résistance totale qui apparaît entre la source et le drain lorsque le transistor conduit en régime linéaire (zone ohmique présentée plus en détails dans § 1.1.2 du chapitre 1). Cette zone correspond à une faible tension drain-source VDS. Cette valeur correspond à l’inverse de la pente de la caractéristique de sortie pour une tension VGS donnée lorsque la tension VDS tend vers zéro (Figure 1-11 du chapitre 1). La résistance à l’état passant est un des paramètres les plus Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 96 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux importants pour un composant de puissance car elle détermine les pertes en conduction approximées par [1] : on 2 P = RDS ID (3-1) Ainsi, il est clair que la résistance à l’état passant est un des soucis majeurs pour l’électronicien de puissance : plus elle sera faible, plus les pertes seront faibles. Dans le cas d’un transistor JFET vertical de puissance cette résistance correspond à la mise en série des résistances « internes » [2] qui forment la résistance totale de la puce en carbure de silicium. Dans le cas d’un JFET vertical les résistances internes sont les suivantes (Figure 3-2) : La résistance du canal horizontal (Rch) ; La résistance du canal vertical (Rcv) ; La résistance de la couche épitaxiée N- faiblement dopée (Repi) ; La résistance du substrat N+ relié au drain (Rsub). Soit pour toute la puce on R DS = Rch + Rcv + Répi + Rsub 2 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (3-2) 97 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux Source (VS) Source (VS) N+ Grille (VGS) Rch Rch P+ Rcv P+ Grille (VGS) Repi Epitaxie type N- Rsub Substrat type N Drain (VDS) Figure 3-2 : Composantes de la résistance à l’état passant d’un JFET vertical de puissance On pourra également considérer une deuxième famille de résistances « externes » à la puce. Les résistances externes comprennent, quant à elles : Les résistances des métallisations de drain et de source ; Les résistances des contacts de drain et de source ; Les résistances des fils d’interconnexion entre le boîtier et la puce ; Les résistances des pattes de drain et de source. Les différentes résistances internes et externes se calculent de différentes manières selon leurs caractéristiques : pour certaines, essentiellement les résistances des canaux, à partir des paramètres géométriques et technologiques ainsi que des différentes tensions de polarisation (VDS et VGS) ; pour les autres, elles s’obtiennent à partir de la formule classique de calcul de la résistance d’un barreau : R= ρL S Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY (3-3) 98 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux 1.1.1 Résistance de la couche épitaxiée Dans la pratique il faudra prendre en compte l’influence de la couche épitaxiée qui possède une résistance avec un poids non négligeable par rapport à la variation de la résistance du canal vertical et horizontal. Cette résistance traduit la contribution de la partie on volumique de la couche épitaxiée N- à la résistance à l’état passant R DS . L’épaisseur et le faible dopage de l’épitaxie servent à assurer la tenue en tension des transistors. D’un autre côté, ces paramètres contribuent à l’accroissement de la résistance totale à l’état passant du transistor. Cet effet est d’autant plus accentué que le transistor est prévu pour fonctionner en haute tension. Cette résistance est également prépondérante pour des transistors de « nouvelle génération » tels que le trench JFET vertical [3]. Les simulations Medici nous montrent que la section de passage du courant dans la couche épitaxiée n’est pas constante. Du fait des dopages et de la géométrie, le courant a tendance à s’épanouir. Nous allons proposer une modélisation de la résistance à l’intérieur de la couche épitaxiée. En première approximation nous pouvons considérer qu’elle est formée de deux zones : Une première (zone 1) où la largeur de la section de passage du courant est à peu près constante et qui dépend de l’extension de la zone de charge d’espace dans la couche épitaxiée ; Une deuxième (zone 2) que l’on peut assimiler à un trapèze et qui caractérise l’épanouissement du courant dans la couche épitaxiée. Zone 1 Zone 2 Figure 3-3 : Lignes de courant dans la couche épitaxiée pour VDS = 1 V et VGS = 0 V Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 99 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux La résistance de la zone 1 est relativement facile à calculer. Par contre nous allons détailler le calcul de la résistance de la zone 2. Pour cela nous allons considérer une section de la zone « trapezoïdale » du JFET. h0 dx α H Figure 3-4 : Présentation de la résistance trapézoïdale dans le JFET vertical La figure 3-4 présente schématiquement le passage du courant. Nous avons choisi de définir comme paramètres : la largeur minimale de passage du courant (h0) ; la hauteur du trapèze (H) ; l’angle d’épanouissement α. La résistance dR d’une couche de section infiniment petite (dx) située à la distance x de h0 est égale à l’expression suivante : dR( x ) = ρ dx S (x ) (3-4) Alors dx S (x ) (3-5) S ( x ) = Z .h( x ) (3-6) h R=∫ ρ 0 où : Z étant l’épaisseur suivant la coordonnée Z perpendiculaire à la figure. Mais Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 100 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux h( x ) = h0 + 2. tan (α ).x (3-7) En remplaçant (3-6) et (3-7) dans (3-5), on obtient : R=∫ h 0 ρ dx Z [h0 + 2. tan (α ).x ] (3-8) En faisant l’hypothèse que h = 1, on a : ⎧ ρ Repi = ⎨ [ln(2. tan (α ).h + h0 ) − ln(h0 )]⎫⎬ ⎩ 2 tan (α ) ⎭ (3-9) 1.1.2 Résistance du substrat Les contributions de la couche N+ du substrat sont généralement négligeables pour les transistors JFET haute tension. La résistance du substrat N+ peut être calculée tout simplement à partir de la formule classique de calcul d’une résistance d’un barreau présentée précédemment (Eq. (1-3) de § 1.1.). Ainsi la résistance du substrat N+ a comme expression : Lsub (3-10) q x µnsub x N sub S où 1/ q×µnsub×Nsub est la résistivité du substrat, qui dépend de la mobilité et du dopage Rsub = 1 x dans cette couche ; Lsub – l’épaisseur du substrat ; S – la surface d’une cellule élémentaire avec Rsub = 0.0076 Ω dans notre cas. 1.1.3 La résistance du canal La dernière résistance présente dans le JFET est celle des canaux. L’équation a déjà été présentée dans le chapitre 1. Elle dépend des paramètres géométriques du canal (longueur et largeur), mais également des paramètres physiques (dopage des différentes parties formant la jonction P+N-). L’équation est vraie pour les deux canaux avec comme paramètres – les paramètres respectifs pour chacun des deux canaux. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 101 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux Nous rappelons ci-dessous la formule de la résistance du canal du JFET : R on DS ⎡ ⎤ h 2ε = VBI ⎥ ⎢a − qN D 2qµn N D Z ⎣ ⎦ −1 valable pour les deux canaux. 1.1.4 Les autres résistances Les autres résistances sont externes à la puce. Il s’agit des résistances des métallisations de drain et de source, des résistances des contacts de drain et de source, des résistances des fils d’interconnexion entre le boîtier et la puce et des résistances des pattes de drain et de source. Ces résistances étaient souvent négligées par le passé non seulement pour les transistors haute tension mais aussi pour les transistors basse tension, où les principales composantes de la résistance à l’état passant étaient la résistance du canal vertical, la résistance du canal horizontal et la résistance de la couche épitaxiée. En première approximation, les résistances de métallisation de source et de drain peuvent être considérées comme des couches résistives de résistivités, d’épaisseurs et de sections données ; on peut les calculer à partir de la relation classique de la résistance dans les conducteurs (§ 1.1. Eq. (1-2)). Les expressions théoriques des autres résistances peuvent également être obtenues en appliquant cette relation à partir de la résistivité, de la longueur et de la section des fils ou pattes qui les composent. 1.2 La résistance spécifique (RON.S) Nous avons vu dans le paragraphe § 1.1 ci-dessus qu’une des préoccupations des fabricants de composants de puissance est la réduction de la résistance à l’état passant. Par contre le paramètre le plus important en conduction n’est pas la résistance à l’état passant on ×S). Ce produit est mais le produit de cette résistance par la surface active de la puce ( R DS considéré comme un facteur de mérite dans certains travaux [4]. Pour notre part, nous allons Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 102 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux nous inspirer de la littérature anglo-saxonne [5] qui l’a baptisé « specific on-resistance ». Nous allons donc employer le terme de « résistance spécifique à l’état passant » (ou résistance passante spécifique). Il apparaît plus intéressant d’exprimer les différentes résistances en termes de « résistances spécifiques à l’état passant », en calculant les produits de chacune de ces résistances élémentaires par la surface active S d’une cellule élémentaire. Nous rappelons ici que la résistance spécifique à l’état passant est une fonction de l’épaisseur et du dopage de la couche épitaxiée. Afin de placer nos résultats dans le contexte, la Figure 3-5 montre une courbe théorique des résultats obtenus dans la littérature de la résistance spécifique à l’état passant en fonction de la tension de claquage pour le Si et le 4H-SiC. Les lignes dérivent de la relation suivante [6]-[19] : on R DS = 2 4 VBR µn ε Ε 3MAX (3-11) Figure 3-5 : Résistance spécifique à l’état passant et tenue en tension pour les transistors de puissance à grand gap. Les lignes noires et rouges sont les limites théoriques des dispositifs unipolaires en silicium et 4H-SiC respectivement. Les symboles rouges représentent les MOSFETs SiC, les symboles bleus – les JFETs SiC, les symboles verts – les transistors bipolaires SiC et les symboles noirs – les HEMTs GaN. Les astérisques indiquent les dispositifs normally-on [20]. Les valeurs des résistances sont présentées dans le tableau 3-1. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 103 Présentation de la structure du JFET avec deux canaux JFETs Dispositif Tension de on R DS [mΩ*cm2] blocage [kV] 2 on FOM ( V BR / R DS ) Référence [MW/cm2] JFET 4H-SiC 5.5 218 139 Kansai EP/Cree JFET 4H-SiC 4.45 121 164 Kansai EP/Cree SEJFET 4H-SiC 5.0 69 362 Kansai EP/Cree JFET 4H-SiC 4.3 40 471 Rutgers/USCI JFET 4H-SiC 3.5 25 490 SiCED TI-VJFET 4H-SiC 11 168 720 Rutgers/USCI JFET 4H-SiC 1.7 3.6 828 Rutgers Univ. Tableau 3-1 : Meilleures performances pour les dispositifs de puissance à grand gap en 2 on ordre augmentant des figures de mérite ( V BR / R DS ). Cette figure a un maximum théorique 2 d’environs 2,000 MW/cm pour le 4H-SiC. A cause de la modulation de la conductivité dans la couche épitaxiée les transistors bipolaires et les JFETs peuvent avoir des valeurs de 2 on V BR / R DS supérieures à 2,000 MW/cm2. Il est important de noter que les redresseurs en SiC possèdent une résistance à l’état passant beaucoup plus faible pour une tension de claquage donnée que leurs homologues en silicium ou bien de manière équivalente une tension de claquage beaucoup plus élevée pour une résistance à l’état passant donnée (Figure 3-5) [21]. L’avantage dans les propriétés du on matériau SiC s’expriment par le fait que la résistance à l’état passant, R DS , pour un redresseur 4H-SiC peut être plus que cent fois plus faible que celle d’un redresseur en Si à la même tension de claquage VBR [9]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 104 Calcul des résistances et présentation du modèle 2 Calcul des résistances et présentation du modèle Dans les paragraphes qui suivent nous allons essayer de présenter un modèle en partant des paramètres physiques réels du JFET afin de comprendre son fonctionnement et de pouvoir modéliser les caractéristiques ID = f(VDS). A partir de ce réseau de caractéristiques électriques statiques il est assez aisé de retrouver la résistance du JFET. Dans un premier temps nous allons présenter les différentes parties du JFET et regarder son comportement de manière détaillée. Cela se fera à partir de simulations effectuées avec le logiciel éléments finis Medici. Une fois le modèle écrit, nous allons comparer nos résultats avec les courbes données par Medici. 2.1 Présentation du système modélisé 2.1.1 Caractéristiques du dispositif La figure 3-6 présente la structure de base du transistor JFET vertical composé de deux canaux. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 105 Calcul des résistances et présentation du modèle Canaux horizontaux Source N+ Source N+ Grille gauche ZCE P+ NCanal vertical P+ Grille droite ZCE N- N+ Drain Figure 3-6 : Géométrie du système modélisé On constate que le courant va passer successivement dans les deux canaux. Néanmoins le courant dans les deux canaux horizontaux sera deux fois plus faible que celui présent dans le canal vertical. On dispose donc de deux canaux dont les caractéristiques géométriques (longueur et largeur) ainsi que les caractéristiques physiques (dopage) sont différentes. Celles-ci sont détaillées ci-dessous : Canal horizontal Canal vertical 1.5×1017 cm-3 5×1015 cm-3 Longueur 2.6 µm 1.0 µm Largeur 0.2 µm 2.6 µm Dopage Tableau 3-2 : Caractéristiques des deux canaux Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 106 Calcul des résistances et présentation du modèle Il faut toutefois noter que si une zone de charge d’espace se développe des deux côtés du canal vertical (nous avons une jonction P+N- de chaque côté), elle ne se développe, en première approximation, que d’un seul côté du canal horizontal. Par la suite nous verrons ce canal de manière plus détaillée. 2.1.2 Modélisation du système Afin de pouvoir modéliser correctement le fonctionnement du JFET et de tracer ses caractéristiques électriques statiques à l’état passant, dans un premier temps nous allons étudier plus précisément les différentes parties qui composent celui-ci. En effet on peut décomposer le JFET en quatre parties essentielles : Un canal horizontal qui va moduler le passage du courant en fonction d’un certain nombre de paramètres ; Un canal vertical qui tiendra un rôle similaire à celui du canal horizontal ; Une couche épitaxiée qui présentera vis-à-vis du courant une résistance qu’il sera nécessaire de déterminer ; Le substrat, fortement dopé qui présentera également une résistance vis-à-vis du courant. Ce dernier sera toutefois négligé devant les autres phénomènes. Si sa taille réelle (quelques centaines de micromètres d’épaisseur) est bien supérieure à celle des autres parties du JFET, son très fort dopage (1.5×1017 cm-3) fera que son influence sera minimale. Le schéma électrique équivalent de la structure est donc la suivante (Figure 3-7). Nous avons modélisé les canaux comme des sources de courant commandées par le potentiel VGS et VDS. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 107 Calcul des résistances et présentation du modèle SOURCE ID ID /2 ID /2 ID RCouche épitaxiée RSubstrat DRAIN Figure 3-7 : Schéma électrique équivalent du JFET à deux canaux 2.1.2.1 Le canal horizontal Dans un premier temps nous allons commencer par l’étude du canal horizontal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 108 Calcul des résistances et présentation du modèle Source Source Zone de charge espace Zone de charge espace Grille Grille vers le drain Drain Figure 3-8 : Détail du canal horizontal Le canal horizontal est situé sur la partie supérieure du composant. Il subit essentiellement l’influence de la tension grille-source VGS. On constate qu’il se forme une zone de charge d’espace à la jonction P+N- au niveau de la grille. Cette zone de charge d’espace est d’autant plus importante que la polarisation de la grille est importante. Par rapport aux hypothèses faites dans le chapitre 1 sur l’extension de la zone de charge d’espace qui s’effectue de façon essentielle dans la zone du canal, ici nous n’avons pas ce phénomène. En effet, les dopages respectifs des deux zones étant proches l’un à l’autre (1.5×1017 cm-3 pour le canal N+ et 3×1017 cm-3 pour la zone P+), l’extension de la zone de charge d’espace s’effectue des deux côtés de la jonction. Alors il faut tenir compte de l’extension réelle de la zone dans le canal en la recalculant. La figure 3-9 présente la forme du champ dans le canal horizontal [22] : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 109 Calcul des résistances et présentation du modèle E(x) [MV/cm] Zone P+ 3×1017 cm-3 Zone N+ 1.5×1017 cm-3 Canal EMAX ψ (x ) = −Xn ∫ E (x ) dx −X p -Xp SiC P Xn 0 X1 2 * X1 NA- ND+ SiC N Jonction métallurgique Figure 3-9 : Extension de la zone de charge d’espace dans la zone N+ du canal horizontal et la zone P+ de la grille Du fait des dopages respectifs, le champ électrique va s’étaler plus dans la zone N+ que dans la zone P+. Dans notre cas il va s’étendre deux fois plus. Le rapport général entre l’extension dans la zone N+ et celle de la zone P+ est (extension N+)/(extension P+) = NA/NDD. Il faut donc en tenir compte lors du calcul de l’extension de la zone de charge d’espace dans le canal horizontal (§ 3.4.1). Alors le pincement s’effectuera plus tardivement. De façon plus surprenante une zone de charge espace apparaît également sur la partie supérieure du composant. Quand même son épaisseur est beaucoup plus faible que celle au niveau de la jonction. Cette zone de charge d’espace s’étend au niveau de la jonction entre le composant et le milieu environnant du dispositif. La figure 3-10 présente les équipotentielles dans les canaux du JFET pour une tension drain-source VDS de 1 V et une tension grillesource VGS de 0 V. On remarque que la tension sur la partie supérieure du composant n’est pas nulle en tout point. On voit en outre apparaître une tension qui peut atteindre 2 V dans Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 110 Calcul des résistances et présentation du modèle notre cas dans la structure, comme le présente la figure 3-10 et cela même en l’absence de polarisation de grille. 1.3V 1.66V 1.72V 1.66V 1.3V 1.78V 1.84V 1.42V 1.42V 1.36V 1.36V 1.3V 1.3V 1.84V vers le drain Drain Figure 3-10 : Equipotentielles dans le JFET à VDS = 1 V et VGS = 0 V Afin de tenir compte du fait que la zone de charge d’espace s’étale à la fois dans le canal (dopé NA) mais également dans le canal (noté ND), nous devrons modifier la formule du courant pour le canal vertical. En effet, celui-ci pincera plus difficilement car la zone de charge d’espace ne s’étalera pas exclusivement dans le canal. L’équation voit alors apparaître ⎛ N ⎞ un terme de la forme ⎜⎜1 + D ⎟⎟ qui traduit ce phénomène. La nouvelle formule est la NA ⎠ ⎝ suivante : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 111 Calcul des résistances et présentation du modèle ⎡ ⎢ 2ε 1 ⎢ 2 ⎛⎜ (V − V + V )3 − ID = VDS − BI GS DS ⎢ 3 R0 ⎛ ND ⎞ ⎝ 2 ⎢ ⎟ q a N D ⎜⎜1 + N A ⎟⎠ ⎢⎣ ⎝ ⎤ ⎥ 3 ⎞⎥ (VBI − VGS ) ⎟⎥ ⎠ ⎥ ⎥⎦ (3-12) On remarque que cette formule donne des résultats cohérents. La caractéristique qui est présentée sur la Figure 3-12 a été établie sans tenir compte de la présence de la zone de charge d’espace sur le dessus du composant, ni de l’extension de la zone de charge d’espace dans la zone P+ de la grille (équation (1-18) du chapitre 1). On constate une saturation autour de 0.5 A. Avec l’équation (3-12) présentée ci-dessus, les résultats des simulations effectuées (Figure 3-15) donnent des résultats beaucoup plus proches des courbes Medici (courant de saturation I Dsat de l’ordre de 0.6 A). Les équations représentatives ont été présentées dans le chapitre 1 et sont rappelées cidessous : Equation de VT0 : VT 0 ⎛ N q b 2 N DD ⎜⎜1 + DD NA ⎝ = VBI − VP = VBI − 2ε ⎞ ⎟⎟ ⎠ Equation de I Dsat : ⎧ 2 ⎛ N ⎪ q b N DD ⎜⎜1 + DD NA 1 ⎪ ⎝ I Dsat = ⎨ R0 ⎪ 6ε ⎪ ⎩ ⎡ G0VP ⎢ V − VGS 1 − 3 BI = +2 VP 3 ⎢ ⎣ Equation de R on DS : R on DS ⎡ ⎞ ⎟⎟ ⎢ 2ε (VBI − VGS ) ⎠ − (V − V ) ⎢1 − 2 BI GS ⎢ 3 ⎛ N ⎢ q b 2 N DD ⎜⎜1 + DD NA ⎢⎣ ⎝ ⎛ VBI − VGS ⎜⎜ ⎝ VP ⎞ ⎟⎟ ⎠ 3 ⎤⎫ ⎥⎪ ⎥⎪ ⎬ ⎞ ⎥⎪ ⎥ ⎟⎟ ⎠ ⎥⎦ ⎪⎭ ⎤ ⎥ ⎥ ⎦ ⎤ 1 ⎡ 2ε VBI ⎥ = ⎢a − R0 ⎣ qN D ⎦ −1 avec R0 = h ⎛ N ⎞ 2 q µn a ZN D ⎜⎜1 + D ⎟⎟ NA ⎠ ⎝ Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 112 Calcul des résistances et présentation du modèle 2.1.2.2 Canal vertical La deuxième partie du JFET est composée d’un canal vertical. Là, contrairement au canal horizontal, où seulement une jonction était présente, on possède une de chaque côté du canal. Canal vertical vers le drain Drain Figure 3-11 : Détail du canal vertical La figure 3-11 nous détaille le canal vertical. Sa largeur est beaucoup plus importante que celle du canal horizontal. On remarque l’apparition de deux zones de charge d’espace de chaque côté du canal. Ces zones sont symétriques par rapport à l’axe du canal. On constate également que la largeur de la zone de charge d’espace tend à augmenter lorsque l’on se rapproche du drain (§ 3.2, chapitre 2). Comme nous l’avons vu dans le premier chapitre sur les équations de conduction dans le JFET, ceci est tout à fait normal. Les Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 113 Calcul des résistances et présentation du modèle équations qui ont été développées dans cette première partie pourront donc être utilisées pour cette modélisation. En conclusion, le canal vertical semble quant à lui, influencé à la fois par la polarisation de la grille qui va provoquer une extension de la zone de charge d’espace et par la tension VDS qui va engendrer une extension de cette zone à la fin du canal. Le résultat est une saturation plus rapide de celui-ci. 2.1.2.3 Evaluation de la résistance de la zone épitaxiée La zone épitaxiée va présenter une résistance vis-à-vis du passage du courant. La Figure 3-3 montrée précédemment présente les lignes de courant à l’intérieur de la couche épitaxiée. On constate qu’il y a la présence de deux zones distinctes : Une première zone de forme rectangulaire dans laquelle les lignes de courant sont sensiblement parallèles (Figure 3-3, zone 1) ; Une zone de forme « trapézoïdale » dans laquelle les lignes de courant s’épanouissent comme décrit dans le premier paragraphe de ce chapitre (Figure 3-3, zone 2). 2.1.3 Tracé de la caractéristique globale 2.1.3.1 Caractéristique de chaque canal L’équation (1-18) du chapitre 1 permet de déterminer le courant ID dans le canal en fonction de la tension VDS et de la tension VGS appliquée à ses bornes. On dispose donc de deux équations (une pour chacun des deux canaux). Ceci va conduire à deux réseaux de caractéristiques ID=f(VDS) : un pour le canal horizontal et un autre pour le canal vertical. La figure 3-12 présente ces deux réseaux de caractéristiques tracés avec les paramètres précédents : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 114 Calcul des résistances et présentation du modèle Ids = f (Vds) (Canal vertical) 16 14 12 Id (mA) 10 Vgs=0V Vgs=-0,5V Vgs=-1V Vgs=-2V 8 6 4 2 0 0 5 10 15 20 25 30 Vds (V) a) Caractéristique du canal vertical Id=f(Vds) (Canal horizontal) 0,7 0,6 Id [mA] 0,5 Vgs=0V Vgs=-0,5V Vgs=-1V Vgs=-2V 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2 Vds [V] b) Caractéristique du canal horizontal Figure 3-12 : Réseau de caractéristiques pour les différents canaux tracées avec Excel pour 2a = 2.6 µm, h = 1 µm, b = 0.2 µm, L = 2.6 µm, ND = 5×1015 cm-3, NDD = 1.5×1017 cm-3 : a) Equation (1-18) du chapitre 1 ; 2 q N DD µn Z b ⎡ 2ε 2 ⎛⎜ (V − V + V )3 − (V − V )3 ⎞⎟⎤⎥ b) I D = ⎢VDS − BI GS DS BI GS 2 ⎠⎥⎦ 3 q N DD b ⎝ L ⎢⎣ Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 115 Calcul des résistances et présentation du modèle Les caractéristiques présentées ci-dessus n’ont de sens que dans leur phase ascendante. Lorsque ces caractéristiques atteignent leurs valeurs maximales, cela veut dire que nous sommes à la saturation (§ 1.1.2). A partir de ce moment nous allons considérer que la caractéristique est horizontale. Ceci n’est bien évidemment valable que si le JFET a une caractéristique de type pentode. Cette hypothèse sera discutée par la suite lorsque nous allons comparer les résultats de notre modèle avec les simulations Medici (§ 3.1, § 3.2 et § 3.3). Pour pouvoir déterminer la caractéristique ID = (VDS) du JFET composé des deux canaux, il faut lier les deux réseaux de caractéristiques. Différents paramètres sont à prendre en compte. 2.1.3.2 Liens entre les caractéristiques des canaux Les courants circulant dans les deux canaux ne sont pas indépendants. Le courant dans le canal vertical est deux fois plus grand que celui dans chacun des canaux horizontaux. Ceci permet de déterminer la tension aux bornes du canal horizontal et du canal vertical pour un VGS et un ID donnés. Les canaux vont également avoir une influence au niveau du courant de saturation du JFET. En effet, les deux canaux auront un courant de saturation qui leur sera propre. Ce courant dépend des caractéristiques de chacun des canaux, ainsi que de la tension VGS appliquée, il résulte qu’en première approximation le courant de saturation du JFET correspond au courant de saturation le plus faible des deux canaux. 2.1.3.3 Tension VGS appliquée aux canaux Nous avons vu précédemment que les caractéristiques courant-tension d’un canal dépendent fortement de la tension VGS appliquée à celui-ci (Figure 2-28 du chapitre 2). Dans l’équation que nous utilisons, une hypothèse simplificatrice a été faite en supposant que la tension appliquée à la grille est référencée par rapport à la source du canal. Mais si cette Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 116 Calcul des résistances et présentation du modèle hypothèse est vraie pour le canal horizontal, pour le canal vertical on constate la présence du canal horizontal entre lui et la source du composant. La figure 3-13 présente les deux canaux en se limitant à une demi-structure. Source Canal horizontal « Source » canal vertical « Source » canal horizontal VDS horizontal Canal vertical VDS vertical Grille Figure 3-13 : Détail des différentes parties du canal Nous allons négliger les chutes de tension dans la zone N+ située sous la source et entre les deux canaux. On peut considérer que celle-ci sera faible en comparaison avec la tension aux bornes des canaux. On voit que la tension VGS prise pour référence lors du calcul du courant dans le canal horizontal est la tension appliquée aux bornes du JFET. Par contre, pour le cas du canal vertical ceci n’est pas valable. La tension de « source » du canal vertical est décalée de la tension VDS du canal horizontal par rapport à la source du composant. Il résulte que la tension VGS qu’il faut prendre en compte pour le calcul du canal vertical sera plus négative que celle appliquée au composant. 2.1.3.4 Méthode de résolution Différents problèmes se présentent pour tracer la caractéristique du JFET complet. Si l’on peut aisément déterminer la caractéristique du JFET horizontal, on a plusieurs inconnues Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 117 Calcul des résistances et présentation du modèle pour le canal vertical, comme la tension VDS aux bornes du canal horizontal qui va influencer directement la tension VGS équivalente du canal vertical. La méthode de résolution va se décomposer en plusieurs étapes : Détermination de la caractéristique du canal horizontal ; A partir du couple de valeurs (ID, VDS horizontal) obtenu et des caractéristiques du canal vertical, trouver la valeur de VDS correspondante. L’équation (1-18) du chapitre 1 liant ID, VDS et VGS est relativement complexe à inverser. Il n’est pas possible d’obtenir VDS en fonction de ID et VGS directement. La méthode de résolution qui a été choisie est de déterminer pour chacune des valeurs de la caractéristique du canal horizontal, la valeur de VDS correspondante pour le canal vertical. Ceci est possible car on connaît la tension VGS et le courant qui traverse le canal vertical (deux fois celui du canal horizontal). 2.1.3.5 Prise en compte de la saturation des deux canaux Dans notre dispositif, le courant du JFET passera successivement dans le canal vertical puis le canal horizontal. Nous verrons par la suite dans l’optimisation que nous chercherons à obtenir que le canal horizontal sature avant le canal vertical. Toutefois, si l’on choisit un mauvais jeu de paramètres pour les canaux horizontaux et verticaux, il peut arriver que ce soit le canal vertical qui sature de façon prématurée. Il est nécessaire de prendre en compte cette possibilité dans le modèle. Dans ce cas de figure, pour certaines valeurs de courant dans le canal horizontal, il n’y aura pas de solution pour la caractéristique du canal vertical. Celui-ci saturant pour une valeur de courant plus faible. La figure 3-14 présente les courbes obtenues dans deux types de configurations. Dans le cas a), le canal horizontal sature en premier et dans le cas b), c’est le canal vertical qui Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 118 Calcul des résistances et présentation du modèle sature en premier, il résulte une modification de la caractéristique avec une deuxième cassure (Figure 3-14b). Cette modification n’est pas une caractéristique réelle, mais un défaut voulu pour signaler le problème. 1,0 1,0 VGS = 0 V; 0,8 VGS = -1.0 V; 0,6 Courant ID [A] Courant ID [A] 0,8 VGS = -2.0 V 0,4 0,2 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 VGS = 0 V; VGS = -1.0 V; 0,6 VGS = -2.0 V 0,4 0,2 0,0 0 5 10 Tension VDS [V] a) Résultat de simulation avec le canal horizontal qui sature avant le canal vertical 15 20 25 30 35 40 Tension VDS [V] b) Résultat de simulation avec le canal vertical qui sature avant le canal horizontal Figure 3-14 : Comparaison des résultats avec et sans saturation du canal vertical Entre les deux courbes, on a diminué la largeur du canal vertical afin de le faire saturer plus tôt et de voir apparaître l’effet du canal vertical. 2.1.3.6 Prise en compte de la résistance de la couche épitaxiée Dans le début de ce chapitre, nous avons modélisé la résistance présente dans la couche épitaxiée vis-à-vis du passage du courant. Cela va engendrer une chute de tension supplémentaire égale à Repi×ID. Les équations utilisées sont celles présentées dans le paragraphe § 1.1.1., la largeur de la zone 2 et du h0 de la zone 1 étant la largeur à l’extrémité du canal vertical. Alors il dépendra des caractéristiques du JFET et de ses tensions de polarisation. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 119 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 3 Comparaison des simulations MEDICI avec les résultats du modèle analytique 3.1 Influence de la tension VGS Maintenant nous allons comparer les résultats obtenus à l’aide du modèle analytique des deux canaux et ceux donnés par Medici avec la même structure. Nous allons voir le comportement du modèle vis-à-vis des paramètres du JFET et plus particulièrement ceux du canal horizontal qui contrôlent le pincement. La figure 3-15 présente les résultats de la caractéristique ID = f(VDS) pour différentes valeurs de VGS en comparant les résultats obtenus avec Medici et ceux obtenus grâce au modèle que nous avons implanté. Id fonction de Vds et Vgs 0,7 0,6 Vgs=0V (Medici) Vgs=0V (modèle) Vgs=-0,5V (Medici) Vgs=-0,5V (modèle) Vgs=-1V (Medici) Vgs=-1V (modèle) Courant [A] 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Tension Vds [V] Figure 3-15 : Comparaison des simulations MEDICI (traits pleins) et du modèle (pointillés) on est très satisfaisante, le On constate que la modélisation de la résistance R DS comportement dans la région ohmique suit bien la courbe Medici. De plus, la valeur du Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 120 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique courant de saturation est également tout à fait correcte par rapport aux valeurs obtenues à l’aide de Medici. On constate que pour des valeurs des tensions VGS inférieures à – 2 V, le courant est toujours nul. Cela sous-entend donc que le canal est pincé en permanence. Cela correspond bien aux résultats de simulations obtenus avec Medici. Avec les paramètres du canal horizontal choisis pour les simulations, nous obtenons une valeur de VT0 qui vaut – 2.44 V. On voit apparaître deux différences notables entre les deux courbes. La première se situe au niveau de la transition entre la zone ohmique et la saturation. Il semble que ce phénomène soit dû à l’action du canal vertical. En effet, en jouant sur les paramètres de ce dernier, puisque les autres paramètres restent constants, on peut suivre plus ou moins bien les courbes Medici. La deuxième est située au niveau du courant de saturation. En effet, le courant obtenu par le modèle est parfaitement plat. Cela est dû à l’hypothèse que nous avons faite précédemment que le courant dans le canal est constant lorsque le courant de saturation est atteint. Cela sera précisé par la suite (§ 3.4.1). Maintenant nous allons regarder le comportement du modèle vis-à-vis de la variation des paramètres du JFET. 3.2 Variation des paramètres du canal horizontal Deux paramètres peuvent varier, la longueur (L) et l’épaisseur (b) du canal horizontal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 121 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Courant ID [A] 1,2 1,0 L = 1.3 µm; L = 2.6 µm; L = 3.9 µm; L = 5.2 µm; L = 7.8 µm; L = 10.4 µm; L= 13 µm 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] (a) Variation de Id en fonction de la longueur du canal horizontal 1,2 1 Courant Id [A] L=1,3 um 0,8 L=2,6um L=3,9um L=5,2um 0,6 L=7,8um L=10,4um 0,4 L=13um 0,2 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Tension Vds [V] (b) Figure 3-16 : Comparaison des courbes simulées avec Medici (a) et avec le modèle (b) pour différentes valeurs de longueur du canal horizontal On remarque que les valeurs des courants de saturation obtenus sont correctes. Par contre, la saturation n’est pas aussi nette avec les résultats Medici. Nous avons également observé la variation du courant de saturation en fonction de la longueur du canal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 122 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 10 Rdson [Ω] 8 6 4 Modèle analytique Simulations Medici 2 0 1 2 3 4 5 6 Longueur du canal horizontal L [µm] Figure 3-17 : Variation de la résistance spécifique à l’état passant en fonction de la longueur du canal horizontal Modèle analytique; Simulations Medici 1,0 Idssat [A] 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 2 4 6 8 10 12 Longueur du canal horizontal L [µm] Figure 3-18 : Variation du courant de saturation avec la longueur du canal horizontal Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 123 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Influence de la variation de b sur Id = f(Vds) 3 2,5 b=0.6um b=0.4um b=0.3um b=0.2um 1,5 1 0,5 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Vds [V] (a) 3,0 b = 0.6 µm; b = 0.4 µm; b = 0.3 µm; b = 0.2 µm 2,5 Courant ID [A] Id [A] 2 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] (b) Figure 3-19 : Comparaison des résultats du modèle (a) et des simulations Medici (b) Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 124 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 2,0 1,8 Idssat [A] 1,6 Modèle analytique; Simulations Medici 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Largeur du canal horizontal b [µm] Figure 3-20 : Influence de la largeur du canal horizontal sur la variation du courant de saturation 10 Rdson [Ω] 8 Modèle analytique; Simulations Medici 6 4 2 0 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Largeur du canal horizontal b [µm] Figure 3-21 : Influence de la largeur du canal horizontal sur la résistance spécifique à l’état passant Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 125 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique On constate que le modèle indique une augmentation du courant lié à l’augmentation de l’épaisseur du canal horizontal et laisse apparaître une saturation. Cette saturation n’est pas liée au canal horizontal comme le montre le tableau 3-3. Le calcul de I Dsat a été effectué à l’aide de l’équation présentée dans la partie sur le canal horizontal (§ 2.1.2.1.). Epaisseur du canal horizontal b 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.315 0.600 5.247 20.3 45.3 84.2 [µm] avec une longueur de canal horizontal de 2,6 µm I Dsat [A] Tableau 3-3 : Courant de saturation en fonction de la largeur du canal horizontal calculé avec la formule du chapitre 1, adaptée du fait de la présence de la ZCE sur le dessus de la puce et du fait que la ZCE ne s’étend pas exclusivement dans le canal En effet, pour une largeur de 0.3 µm, la saturation devrait avoir lieu pour 6 A. On constate que le modèle laisse apparaître une saturation de l’ordre de 1.8 A. Ceci provient probablement de la saturation liée à la présence du canal vertical. D’ailleurs les courbes Medici présentent un courant dont l’allure générale est cohérente. 3.3 Variation des paramètres du canal vertical Nous allons maintenant regarder l’influence des paramètres du canal vertical sur les caractéristiques du JFET. Nous allons varier l’épaisseur h de celui-ci. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 126 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Variation de Id = f(Vds) en fonction de h 0,7 0,6 Id [A] 0,5 h = 1 um h = 2 um h = 3 um h = 4 um h = 6 um h = 10 um 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Vds [V] (a) 0,7 Courant ID [A] 0,6 h = 1 µm; h = 2 µm; h = 3 µm; h = 4 µm; h = 6 µm; h = 10 µm 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 0 5 10 15 20 Tension VDS [V] (b) Figure 3-22 : Comparaison des caractéristiques calculées (a) et simulées avec Medici (b) On constate que le courant varie bien de la même façon. Quand même les valeurs du courant de saturation, notamment pour les grandes valeurs de h sont un peu plus élevées dans notre modèle que dans les résultats obtenus avec le simulateur Medici. Cela peut également provenir d’une difficulté de modélisation du canal vertical. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 127 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Nous avons également visualisé l’évolution du courant de saturation avec la longueur du canal vertical. 0,6 Modèle analytique Simulations Medici Idssat [A] 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Longueur du canal horizontal h [µm] Figure 3-23 : Evolution du courant de saturation avec la longueur du canal vertical Simulations MEDICI Modèle analytique Résistance RDSon [Ω] 20 18 16 14 12 10 8 6 2 4 6 8 10 Longueur du canal vertical h [µm] Figure 3-24 : Variation de la résistance spécifique avec la longueur h du canal vertical Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 128 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 3.4 Discussion sur les caractéristiques des canaux Lorsque nous avons comparé les résultats de simulation obtenus à l’aide de Medici et ceux obtenus avec le modèle que nous avons développé, nous avons vu apparaître plusieurs différences notables. La principale concerne l’influence du canal vertical et le courant dans le JFET en régime de saturation. En effet, lorsque nous avons élaboré les caractéristiques ID en fonction de VDS et VGS nous avons fait l’hypothèse qu’une fois que la caractéristique atteint I Dsat , le courant dans le JFET reste constant pour les valeurs supérieures de VDS (Caractéristique de type pentode). Or, les simulations Medici laissent apparaître une augmentation du courant même en saturation. Le modèle des deux canaux dans les conditions de pincement n’est plus modélisable simplement et l’approximation à un courant de saturation constant est simpliste. Sur la figure 3-16, où la saturation est due au canal horizontal, on constate une légère augmentation du courant dans la phase de saturation. La saturation est présente, néanmoins, le courant ne reste pas parfaitement constant. Sur la figure 3-19, où pour les valeurs de b élevées, la saturation est due au canal vertical, on voit que le courant en saturation continu d’augmenter de façon constante. On peut constater ici que l’épaisseur du canal vertical dans le modèle que nous proposons est inférieure à sa largeur. En regardant les courbes Medici on constate que la largeur de la zone de charge d’espace varie de façon relativement importante le long du canal, notamment aux bords des couches P+ de la grille. Cette variation est due aux caractéristiques du JFET. Il résulte que ces effets d’extrémités, non pris en compte dans la théorie qui nous permet d’élaborer l’équation du courant IDSS ont un effet non négligeable. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 129 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 3.4.1 Caractéristique des canaux Une explication peut être liée aux caractéristiques des deux canaux. Dans la littérature, des résultats ont déjà été présentés mais concernent seulement des JFETs à base de silicium. En fonction des différents paramètres géométriques et physiques, on y extrapole les caractéristiques attendues du JFET. Dans [23], on nous donne, en fonction des paramètres géométriques et physiques des canaux, le type de caractéristiques du canal. Afin de mieux comprendre le comportement des caractéristiques statiques et de définir au mieux leur type, nous avons étudié de façon séparée le canal horizontal et le canal vertical. 3.4.1.1 Etude du canal vertical Afin, de n’étudier que le canal vertical du JFET, nous avons repris la structure à deux canaux mais cette fois-ci avec une seule source au droit du canal vertical. La structure étudiée est présentée sur la figure suivante. Source Figure 3-25 : Lignes de courant du JFET à canal vertical avec une source au milieu de la structure Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 130 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Figure 3-26 : Equipotentielles du JFET à canal vertical avec une source au milieu de la structure On constate en observant les lignes de courant et les équipotentielles qu’il n’existe bien qu’un seul canal vertical. Afin d’étudier l’influence des paramètres, nous avons tracé sur la figure ci-dessous, les caractéristiques I-V pour différents paramètres géométriques du canal vertical. Pour cela, nous avons introduit la variable β qui vaut le rapport entre la longueur du canal et sa largeur. β = h/2a (3-13) Afin de simplifier la lecture des courbes et mieux identifier la saturation, ces courbes ont été normalisées avec la valeur de la caractéristique I-V pour VDS = 1 V. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 131 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Caractéristique I-V normalisée pour différentes valeurs de h/2a 8 [Id courbe X] / [Id courbe X (1V)] 7 6 h/2a=0,38 5 h/2a=0,5 h/2a=1 4 h/2a=2 h/2a=3 3 h/2a=3,85 h/2a=5,77 2 h/2a=7,69 h/2a=10 1 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Vds (V) Figure 3-27 : Caractéristiques I-V normalisées du canal vertical pour différentes valeur du rapport β = h/2a tracées avec Medici Les résultats de la Figure 3-27 montrent que le rapport entre longueur et largeur du canal horizontal a une influence directe sur la forme de la caractéristique à la saturation. On constate notamment que plus ce rapport est important, plus le courant sera constant dans la phase de saturation. On peut considérer ici que pour un rapport qui vaut de l’ordre de 7 à 10, la caractéristique à la saturation est quasiment plate. Nous allons maintenant effectuer la même étude concernant le canal horizontal. 3.4.1.2 Etude du canal horizontal Afin d’étudier le canal horizontal du JFET et pour conserver des propriétés géométriques proches de celles effectivement présentes, nous allons étudier la structure présentée à la Figure 3-28 qui ne prend en compte que le canal horizontal. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 132 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Source Source N+ Grille P+ P+ Grille Drain Figure 3-28 : Structure du JFET à canal horizontal Les figures 3-29 et 3-30 permettent de mettre en évidence les lignes de courant dans la structure ainsi que les équipotentielles. Figure 3-29 : Lignes de courant du JFET à canal horizontal Figure 3-30 : Equipotentielles du JFET à canal horizontal Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 133 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Tout comme pour le canal vertical, nous avons étudié le type de caractéristiques du canal horizontal en fonction du rapport β. La Figure 3-31 présente les caractéristiques I-V normalisées pour le canal horizontal. Caractéristique I-V normalisée en fonction du rapport h/2a 12 [Id] / [Id (1V)] 10 8 β=0,5 β=1 β=2 β=3,25 β=4,33 β=6,5 β=9,75 β=13 β=19,5 6 4 2 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Vds [V] Figure 3-31 : Caractéristique I-V normalisée du canal horizontal en fonction du rapport β Tout comme pour le canal vertical, on constate que pour des valeurs de β proches ou supérieures à 7, la caractéristique à la saturation du JFET est quasiment une horizontale. Le paramètre β peut donc permettre de déterminer la caractéristique de pincement du canal. Plus β est grand, plus le canal aura un courant constant à la saturation et aura donc une caractéristique pentode. Il faut noter qu’aussi bien pour le canal horizontal que pour le canal vertical, la valeur du paramètre β pour laquelle on a un courant de saturation fixe est sensiblement la même. Ceci est d’autant plus remarquable que les dopages des deux canaux sont très différents. (5×1015 cm-3 pour le canal vertical, 1.5×1017 cm-3 pour le canal horizontal). En plus, nous avons vu précédemment que si l’extension de zone de charge espace se fait exclusivement Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 134 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique dans le canal vertical, il n’en est pas de même pour le canal horizontal dont le dopage est relativement proche de celui de la zone P+ de la grille. On peut donc conclure, que cette valeur de paramètre β permet de donner une première idée de rapport entre la longueur et la largeur du canal afin d’obtenir une saturation satisfaisante. Il sera toutefois nécessaire de prendre en compte plus finement le dopage du canal ou encore la tension VBI qui n’apparaît pas dans cette formule. Dans l’exemple que nous avons simulé précédemment, le coefficient β du canal vertical vaut 0.38 mais plus important, la valeur de β du canal horizontal, qui et le canal qui conditionne la saturation est de 6.1. Cette valeur est un peu faible pour assurer une saturation bien plate. Cela peut se voir en regardant la figure 3-16a. En effet, si on augmente la longueur du canal (L), sans modifier sa largeur, on constate que la saturation est beaucoup plus plate. 3.4.2 Calcul de l’extension de la zone de charge espace Un deuxième phénomène qui peut expliquer les différences peut être dû à des problèmes de modélisation de l’extension de la zone de charge d’espace. En effet, dans le calcul de la largeur de la zone de charge espace, on fait l’hypothèse que le champ électrique dans la zone déplétée est perpendiculaire à la jonction P+N-. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 135 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique Figure 3-32 : Champ électrique dans le canal vertical du JFET On constate que dans la zone de charge d’espace la direction du champ électrique (flèches blanches) n’est pas perpendiculaire à la jonction grille-canal. Le résultat est que l’extension de la zone de charge d’espace ne sera pas aussi importante que prévue. Ceci peut expliquer les différences au niveau du comportement entre les caractéristiques du JFET simulé et du modèle, notamment lorsqu’on effectue la variation de l’épaisseur du canal vertical. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 136 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique 3.5 Comparaison entre les mesures des composants SiCED et le modèle analytique des deux canaux Nous avons essayé de comparer le modèle analytique des deux canaux avec des mesures à température ambiante du premier lot des transistors JFET de l’entreprise SiCED (Figure 3-33) réalisées au cours des travaux de thèse de Melle Sabrine M’RAD. Pour mettre en œuvre, le modèle analytique, il est nécessaire de pouvoir connaître, même approximativement, les paramètres physiques et géométriques des deux canaux de ce composant. A partir des données technologiques fournies par SiCED dans divers publications [27]-[29], on connaît le dopage des deux canaux (ND = 1.2×1016 cm-3 et NDD = 1.5×1016 cm-3) ainsi que la largeur du canal horizontal b = 2 µm (Tableau 2-16 du chapitre 2). En outre, à partir du schéma de SiCED (Figure 2-16 du chapitre 2) et de leur simulation du champ électrique (Figure 3-33), on a constaté que la longueur et la largeur du canal horizontal sont à peu près identiques. Pic du champ électrique (=Ecrit) Figure 3-33 : Distribution du champ en mode de blocage direct, le pic du champ au bord de la grille enterrée est clairement visible Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 137 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique A partir de la courbe mesurée pour VGS = 0 (Figure 3-34), en appliquant la relation sat , VBI, VP et VGS (équation (1-28) du chapitre 1), on peut entre la tension de saturation VDS extraire la tension de pincement VP. Comparaison des caractéristiques mesurées et simulées 3,5 3 Vg=0V (mesures) 2,5 Courant [A] Vg=-1V (mesures) Vg=-2V (mesures) 2 Vg=-3V (mesures) Vg=-4V (mesures) Vg=0V (analytique) 1,5 Vg=-1V (analytique) Vg=-2V (analytique) 1 Vg=-3V (analytique) Vg=-4V (analytique) 0,5 0 0 2 4 6 8 10 12 14 Vds [V] Figure 3-34 : Comparaison entre les simulations du modèle analytique (pointillés) et les mesures des transistors du SICED réalisées dans le cadre de la thèse de Melle Sabrine M’RAD (trait plein) En utilisant l’équation (1-19) du chapitre 1 qui donne la tension VP en fonction des paramètres du canal, on obtient la largeur du canal vertical ‘a’ que l’on estime à 0.85 µm. Le dernier paramètre, qui est la longueur du canal horizontal L, a été ajusté afin d’obtenir le courant de saturation adéquat. Ainsi les paramètres utilisés dans notre modèle analytique représenté sur la Fig. 3-34 sont les suivants : Canal vertical Canal horizontal ND = 1.2×1016 cm-3 NDD = 1.5×1016 cm-3 a = 0.85 µm b = 2 µm h = 1 µm L = 2 µm Tableau 3-6 : Paramètres du modèle analytique de la Figure 3-34 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 138 Comparaison des simulations Medici avec les résultats du modèle analytique On remarque que la courbe mesurée correspond bien à notre modèle à part les problèmes de représentation du courant dans la zone saturée que nous avons déjà évoqués. Le modèle semble donc donner des résultats cohérents et compatibles avec les résultats des mesures. Les paramètres mis en œuvre ne sont que des estimations extrapolées à partir de différents résultats. Si ce jeu de paramètres donne des résultats cohérents, il est impossible de dire si celui-ci est effectivement celui utilisé lors de la conception du JFET. 4 Optimisation du canal vertical et horizontal Nous allons maintenant déterminer les paramètres du JFET en partant des caractéristiques que nous souhaitons obtenir. Nous allons fixer la tenue en tension du JFET, on . Lors de la ainsi que les caractéristiques à l’état passant de celui-ci, notamment VT0, I Dsat et R DS conception du JFET, il faut à la fois dimensionner la couche épitaxiée pour assurer la tenue en tension et la conception des canaux. 4.1 Epaisseur de la couche épitaxiée Le premier paramètre à fixer est l’épaisseur de la couche épitaxiée. Celle-ci va imposer la tenue en tension du composant. Pour les composants haute tension, la bonne détermination sera critique. A partir des simulations (Figure 3-35) et d’un modèle du SiC (Figure 3-36), nous avons extrait l’épaisseur de la couche épitaxiée. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 139 Tension de claquage [kV] Optimisation du canal vertical et horizontal 15 100 µm 14 13 90 µm 12 80 µm 11 70 µm 10 60 µm 9 8 50 µm 7 40 µm 6 5 30 µm 4 20 µm 3 2 10 µm 1 0 14 10 15 16 10 10 Dopage [cm-3] 3 4H-SiC 6H-SiC 10 18 10 2 10 17 10 1 10 16 10 0 10 15 10 -1 14 10 10 -2 10 13 1 10 2 10 3 10 4 10 10 5 10 Niveau optimal du dopage [cm-3] Largeur optimale de la couche épitaxiée [µm] Figure 3-35 : Simulations de la tension de claquage du SiC en fonction du dopage de la couche épitaxiée [24] Tension de claquage [V] Figure 3-36 : Modèle du la tension du claquage du 4H- et 6H-SiC en fonction de l’épaisseur de la couche épitaxiée et de son dopage [25] Nous avons obtenu pour une tension de claquage de 1500 V, une épaisseur de la couche épitaxiée de 4.69 µm pour le 6H-SiC. La résistance de la couche épitaxiée calculée à partir de la formule Répi = H = 5.048 Ω . qµn N DWcomp Z effectif On suppose que le courant ne s’épanouit pas dans la couche épitaxiée et qu’il a sa valeur maximale. Ici on estime que le composant a une profondeur Zeffectif = 10 cm. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 140 Optimisation du canal vertical et horizontal Si on suppose que l’angle α = 45° [26] on obtient pour Repi une valeur de 2.25 Ω. On on . Il faut maintenant déterminer les connaît donc une des parties de la résistance R DS résistances du canal vertical et horizontal. 4.2 Résistance des canaux 4.2.1 Méthode de dimensionnement Le canal horizontal a pour vocation de permettre le contrôle (et donc le blocage) du JFET. Pour dimensionner le canal horizontal, il faudrait fixer le blocage avec VT0, puis le courant de saturation ( I Dsat ). Ces paramètres vont permettre de déterminer les caractéristiques du canal horizontal. Pour le canal vertical, il faut s’assurer qu’il ne sature pas avant le canal horizontal et il faut ajuster ses paramètres afin d’avoir une résistance minimale. Dans le tableau 3-7 ci-dessous, nous avons résumé l’influence des différents paramètres géométriques sur les paramètres électriques du JFET. Nous allons considérer que le canal horizontal permet le contrôle le JFET. Nous ajoutons également les paramètres liés à la tenue Tenue en tension X I Dsat X canal horizontal (L) du Longueur horizontal (b) du Largeur horizontal (NDD) canal canal X VT0 on R DS Dopage vertical (h) Longueur (2a) du canal Largeur canal vertical et canal vertical (ND) Dopage zone épitaxiée électriques épitaxiée (l) Paramètres Epaisseur de la couche en tension. X X X X X X X X X X X Tableau 3-7 : Influence des paramètres du JFET sur ses caractéristiques électriques Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 141 Optimisation du canal vertical et horizontal Maintenant nous allons présenter un exemple de dimensionnement des canaux. On constate qu’à partir de VT0 et de I Dsat , nous pouvons fixer les paramètres du canal horizontal. Le dopage et l’épaisseur de la couche épitaxiée étant fixés par la tenue en tension, il ne reste plus qu’à déterminer la largeur et la longueur du canal vertical. 4.2.2 Dimensionnement du canal horizontal Dans notre JFET, le rôle du canal horizontal est de fixer les caractéristiques du JFET. Comme nous venons de le voir, la valeur de VT0 qui fixe la tension VGS pour laquelle le transistor se bloque, mais également les caractéristiques I Dsat du transistor sont à prendre en compte. Pour découpler les problèmes, nous allons d’abord fixer la largeur du canal et le dopage à l’aide de VT0, puis nous allons fixer le courant de saturation à l’aide de l’équation de I Dsat ce qui permettra d’en tirer la longueur du canal horizontal et à partir de là sa résistance. Nous allons, par exemple, nous fixer un I Dsat de 0.6 A et un VT0 de – 2.44 V. En se fixant un dopage de 1.5×1017 cm-3 pour le canal, nous obtenons une largeur du canal horizontal (b) de 0.2 µm. Puis en utilisant l’équation de I Dsat , nous allons trouver la longueur du canal horizontal qui vaut 2.6 µm. A partir de là, on peut retrouver la résistance R0_Horizontal du canal horizontal qui vaut dans notre cas 0.677 Ω pour une profondeur de 1 cm. 4.2.3 Dimensionnement du canal vertical A partir de maintenant, nous allons pouvoir dimensionner le canal vertical. Ce canal devra à la fois présenter une résistance relativement faible vis-à-vis du passage du courant pour ne pas trop détériorer la résistance totale du transistor et en même temps ne pas saturer avant le canal horizontal. La longueur du canal vertical devra donc être limitée. On en tire donc une longueur maximale et une largeur. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 142 Optimisation du canal vertical et horizontal Nous avons choisi dans notre cas une largeur de 2.6 µm (afin qu’elle soit égale à la longueur des canaux horizontaux par commodité) et une profondeur de 1 µm. On obtient un VT0 du canal vertical de – 4.63 V ce qui laisse supposer qu’il va saturer après le canal horizontal. On obtient un I Dsat de 0.664 A (ce qui est légèrement plus que le canal horizontal) et une résistance R0_Vertical de 1.2 Ω pour une épaisseur de 1 cm. 4.3 Résistance totale du JFET Nous pouvons maintenant déterminer la résistance totale du JFET et la répartition de la résistance entre les différentes parties du JFET. Le tableau 3-8 ci-dessous compare les résistances pour les différentes parties du JFET : Résistance R0 [Ω] pour Canal horizontal Canal vertical Zone épitaxiée 0.677 1.2 2.25 une épaisseur de 1 cm Tableau 3-8 : Résistance de chaque partie du JFET On constate que le canal horizontal présente la plus faible résistance du fait de son dopage élevé. La résistance la plus importante provient de la couche épitaxiée qui assure la tenue en tension, phénomène classique dans les composants haute tension. Le canal vertical présente une résistance faible du fait de sa grande largeur par rapport à son épaisseur. Il est important de noter que cette résistance R0 est calculée en considérant qu’il n’y a pas de zone on de charge d’espace dans aucun des deux canaux. Il faut tenir compte de VBI pour calculer R DS effectif du transistor. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 143 Conclusion 5 Conclusion Dans ce chapitre nous avons réalisé une modélisation du JFET vertical à deux canaux en partant des caractéristiques physiques de celui-ci. Afin de valider et de voir les limites de notre modèle, nous l’avons comparé avec des simulations éléments finis du même JFET effectuées à l’aide du logiciel Medici. Le modèle réalisé correspond bien au JFET simulé dans la partie ohmique. La modélisation de la résistance à l’état passant donne des résultats très satisfaisants. Des limites sont apparues au niveau de la représentation de la saturation. Les différences peuvent provenir de la géométrie des canaux. En effet, en fonction de leurs caractéristiques, on constate que la saturation est plus ou moins nette. Au niveau du dimensionnement du JFET, nous proposons une méthode de dimensionnement des canaux en partant de l’hypothèse que la caractéristique du JFET (VT0 et saturation) est conditionnée par le canal horizontal. Le canal vertical sert à tenir la tension et doit saturer plus tard. Après avoir regardé le comportement et le dimensionnement du JFET à l’état passant, nous allons étudier la tenue en tension périphérique du JFET à l’état bloqué. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 144 Références bibliographiques Références bibliographiques [1] Luis Eduardo Zubieta Bernal, “Characterization of double-layer capacitors for power electronics applications” [en ligne], Thèse de doctorat, Department of Electrical and Computer Engineering, Ottawa, Canada: University of Toronto, 1997, 172 p. Disponible sur : <http://www.collectionscanada.ca/obj/s4/f2/dsk2/ftp01/MQ28861.pdf> (consulté le 25/09/2006). [2] Frédéric Morancho, “Le transistor MOS de puissance à tranchées : modélisation et limites de performances ”, Thèse de doctorat, Toulouse : Université Paul Sabatier, 20/12/1996, 215 p ; [3] R.N. Gupta, H.R. Chang, E. Hanna et al., “A 600 V SiC Trench JFET”, [en ligne], Materials Science Forum, 2005, Vols. 389-393 (2002), pp. 1219-1222. Disponible sur: <http://www.scientific.net/087849-894-X/30.html> (consulté le 14/09/2006). 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Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 146 Table des matières Chapitre 4 : Analyse des simulations d’une diode PIN en carbure de silicium Table de matières 1 INTRODUCTION....................................................................................................................... 148 2 LA TENUE EN TENSION DANS LES TRANSISTORS JFET ............................................ 148 2.1LES LIMITES DE TENUE EN TENSION ........................................................................................ 149 2.2TENUE EN TENSION DANS LE VOLUME..................................................................................... 150 2.3TENUE EN TENSION A LA PERIPHERIE ..................................................................................... 150 2.4LA PROTECTION PERIPHERIQUE JTE (JUNCTION TERMINAISON EXTENSION) ................... 152 3 PRESENTATION DE L’ETUDE.............................................................................................. 154 3.1PORTEE DE L’ETUDE ................................................................................................................. 154 3.2METHODE UTILISEE.................................................................................................................. 154 4 SIMULATIONS ELECTRIQUES PAR LA METHODE DES ELEMENTS FINIS D’UNE DIODE PIN 5 KV PROTEGEE PAR JTE ..................................................................................... 155 4.1OPTIMISATION DES SIMULATIONS ........................................................................................... 157 4.1.1 INFLUENCE DU MAILLAGE ............................................................................................. 157 4.1.2 PROFILS DE DOPAGE ...................................................................................................... 158 4.1.2.1 Profils obtenus à partir du logiciel I2SiC................................................................. 159 4.1.2.2 Profils analytiques................................................................................................... 160 4.2RESULTATS DE SIMULATIONS .................................................................................................. 162 4.2.1 PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DES JTE ........................................................ 162 4.2.1.1 Localisation des champs maximaux ....................................................................... 163 4.2.1.2 Localisation dans la profondeur.............................................................................. 164 4.2.1.2.1 Champ électrique entre l’anode et la poche..................................................... 164 4.2.1.2.2 Champ à l’extrémité de la poche ..................................................................... 165 4.2.1.3 Influence du dopage ................................................................................................ 167 4.2.1.4 Influence de la longueur de la JTE.......................................................................... 168 4.2.1.5 Influence de la passivation...................................................................................... 170 4.2.1.6 Analyse du champ électrique dans la protection périphérique................................ 172 4.2.1.6.1 Champ électrique en fonction de la tension appliquée .................................... 172 4.2.2 REPARTITION DES LIGNES EQUIPOTENTIELLES AU CLAQUAGE...................................... 174 5 CONCLUSION ........................................................................................................................... 178 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................................ 180 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 147 Introduction 1 Introduction Après avoir étudié le transistor JFET à l’état passant, nous allons regarder son comportement à l’état bloqué, ainsi que les contraintes sur son dimensionnement. Les composants doivent tenir la tension selon deux contraintes : En volume, afin de ne pas dépasser le champ maximum à l’intérieur de la structure. Il en résulte le choix de dopage de la couche épitaxiée et de son épaisseur. C’est ce que nous avons présenté précédemment. L’autre point critique dans la réalisation de composants planar est d’étudier leur protection périphérique. Le but est de limiter le champ maximum à la surface de la puce sur sa périphérie (effet de bord). Pour ce deuxième point, le comportement à l’état bloqué du transistor JFET est similaire à celui d’une diode PIN. 2 La tenue en tension dans les transistors JFET La tenue en tension VBR d’un composant est fortement conditionnée par la périphérie de sa jonction PN (en surface ainsi qu’en volume). C’est la zone où le champ électrique devient sensiblement supérieur au champ en volume lorsqu’une polarisation en inverse est appliquée à la jonction. Les points critiques où le claquage pourra éventuellement se produire sont notamment les angles du caisson P+ où le resserrement des lignes équipotentielles qui émergent de la courbature au bord de la jonction [1] est assez important. Ces zones de fort champ électrique entraînent un claquage prématuré de la jonction PN à une tension inverse plus faible que dans le cas d’une jonction plane infinie. Il est convenable donc de réduire le champ électrique au bord de la jonction, c’est-à-dire de protéger la diode par le biais d’une protection périphérique. Cette dernière va augmenter le rayon de courbure des lignes équipotentielles en les redistribuant sur une surface latérale. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 148 Tenue en tension dans les transistors JFET 2.1 Les limites de tenue en tension La tenue en tension des composants semi-conducteurs dépend fortement de leur conception. Celle-ci est assurée par l’apparition d’une zone de charge espace. La Figure 4-1 montre un exemple de zone de charge espace dans une diode PN et le champ électrique présent à l’intérieur de la structure. Plan de coupe N- N+ Zone de charge d’espace P+ E(x) [V/cm] EMAX Tension bloquée y [µm] Figure 4-1 : Champ électrique et zone de charge espace tronquée dans une diode PN La limite de la tenue en tension sera atteinte lorsqu’il y aura claquage dans le composant. Le claquage se produit à cause de deux raisons principales : On atteint le champ électrique maximum que le matériau peut supporter. Audelà un courant d’avalanche apparaît. Nous avons présenté dans le chapitre précédent une courbe permettant de déterminer l’épaisseur de la couche épitaxiée en fonction de la tenue en tension souhaitée et du dopage de celle-ci. La zone de charge d’espace s’étend sur toute la longueur du composant. Lorsque la tension de claquage est atteinte, le courant augmente rapidement. Ceci peut engendrer une destruction de la diode car elle supporte à la fois la Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 149 Tenue en tension dans les transistors JFET pleine tension et des courants importants, ce qui peut l’amené à être détruite par échauffement [2], [3]. Il est donc nécessaire au moment de la conception de la diode de tenir compte de ces deux critères afin d’optimiser la tenue en tension des composants. La capacité des diodes de tenir la tension en polarisation inverse est donc limitée surtout par le claquage par avalanche résultant de l’ionisation par impact. De son côté l’ionisation par impact est fortement dépendante du pic du champ électrique [4]. Nous allons maintenant voir comment ces deux contraintes influent sur la tenue en tension. 2.2 Tenue en tension dans le volume La tenue en tension dans ce type de composant se fait pour partie dans le volume du composant. Elle est essentiellement assurée par la zone épitaxiée. Si l’on souhaite avoir un composant haute tension cette zone devra avoir une épaisseur importante et un dopage faible, l’inconvénient de l’augmentation de l’épaisseur de cette zone et de la diminution du dopage étant une augmentation de la résistance à l’état passant du JFET. 2.3 Tenue en tension à la périphérie La tenue en tension périphérique est un critère très important pour les composants haute tension. Dans les structures planar le champ électrique le plus élevé est toujours observé dans la zone de charge d’espace à proximité des jonctions. Une protection périphérique efficace distribue le champ électrique uniformément en volume et au bord de l’électrode afin de limiter les renforcements de champ très intenses sur les parties supérieures des composants de puissance. Cela permet en outre de mieux exploiter les capacités de tenue en tension dans le volume et d’approcher la tenue en tension de composant à celle que l’on aurait théoriquement en vue des caractéristiques de la couche épitaxiée. Ces renforcements peuvent Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 150 Tenue en tension dans les transistors JFET engendrer un claquage au niveau du composant semi-conducteur mais également entraîner de fortes contraintes sur le milieu isolant qui entoure la puce (la passivation). Ceci est d’autant plus critique pour des composants SiC car ce matériau possède un champ critique élevé. Il est clair la nécessité de développer des protections périphériques efficaces afin d’augmenter la tenue en tension des composants semi-conducteurs en SiC. A ce jour-là plusieurs techniques pour les dispositifs SiC ont été proposées afin de réduire le renforcement localisé des lignes de champ. Les structures les plus connues sont les anneaux de garde [5], [6], les plaques de champ [6]-[13], les couches à haute résistivité [14], les structures MESA [15]-[17] qui ont déjà été étudiées au Cegely [18], [19] et les structures JTE (Junction Terminaison Extension) [20]-[30] que nous utiliserons effectivement. Anode EDC Anode SiO2 Anode P+ ZCE + P + P SiO2 P+ P+ anneau anneau N- N- N- N+ N+ N+ Cathode (a) Cathode (b) Cathode (c) Haute Anode SIPOS tension P+ Anode SiO2 SiO2 P+ P- N- N- N+ N+ Cathode (d) Cathode (e) Figure 4-2 : Différentes protections périphériques : (a) MESA ; (b) électrode (plaque) de champ ; (c) anneaux de garde ; (d) couche semi-résistive (SIPOS) ; (e) JTE (poche) Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 151 Tenue en tension dans les transistors JFET Entre toutes ces protections périphériques la JTE est la structure de protection la plus facile à mettre en œuvre pour les dispositifs SiC haute tension à cause de sa conception et fabrication facile. L’efficacité de la JTE dépend énormément du profil de dopage puisque le domaine de dose d’impuretés dans lequel la tension de claquage maximum peut être obtenue est très étroit. Ceci peut représenter une difficulté pour les dispositifs SiC puisque la température de recuit est très élevée. 2.4 La protection périphérique JTE (Junction Terminaison Extension) Nous nous intéressons ici aux dispositifs de type planar où la protection périphérique de type « JTE » est réalisée de la manière suivante : des « poches » de même type mais moins dopées que la jonction principale qui sont créées autour de celle-ci afin d’étaler les équipotentielles au niveau de la surface du dispositif [31]. Pour une tension inverse donnée le champ électrique au niveau des zones critiques de claquage sera alors plus faible que dans le cas où les poches sont absentes. La JTE est utilisée pour des tenues en tension élevées car cette technique présente les avantages d’utiliser de manière efficace la surface de la protection et d’obtenir une tension de claquage proche de la valeur idéale. La figure 4-3 présente une structure classique de protection périphérique de type JTE. Anode Emetteur p+ Passivation JTE p- Type n Figure 4-3 : Structure schématique d’une protection par JTE Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 152 Tenue en tension dans les transistors JFET Dans une jonction PN, la concentration de dopants de type P+ est très élevée. Par conséquent, la zone de charge d’espace s’étale faiblement dans la zone P+. Il en résulte alors, que le champ électrique maximum localisé à la jonction sera très intense. La protection par JTE introduit une zone de type P supplémentaire (B+ ou Al+) [32] comme il est présenté sur la figure 4-3. Cette JTE, plus faiblement dopée que la couche P+ sous l’anode, permet un plus grand étalement de la zone de charge d’espace dans les zones de type P. Par conséquent, l’augmentation de la région d’étalement de la zone de charge d’espace dans la zone P entraîne une réduction du champ électrique en surface. En effet la plupart de la zone de charge d’espace qui s’étale au bord de la poche se situe dans la zone dopée P-. L’objectif est de diminuer progressivement la concentration de dopants de type P+ jusqu’à une concentration de type P- le long de la surface de la structure afin de minimiser le pic du champ électrique qui se produit au niveau de la surface du semi-conducteur. On ajoute une couche de passivation sur la partie supérieure de la puce afin de supporter les forts champs qui subsistent malgré tout à la surface de la puce et que les matériaux qui entourent la puce ne pourraient pas supporter. De plus la JTE étale latéralement le champ électrique en l’éloignant de la jonction principale [8], [33]. Le dopage de la JTE est donc un paramètre essentiel dans la conception de la simple JTE. Il exige donc un contrôle précis des dopants afin de la dépléter complètement à la tenue en tension maximum en jouant le rôle d’une couche de haute résistivité capable de supporter des forts champs [1]. Pour un dopage et une épaisseur de la couche épitaxiée donnés, le niveau du dopage et l’extension de la JTE sont les paramètres principaux qui affectent la tenue en tension du composant. Nous regarderons de plus près ces paramètres par la suite. . Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 153 Présentation des diodes 5 kV 3 Présentation de l’étude 3.1 Portée de l’étude Des diodes haute tension 5 kV 6H-SiC ont été fabriquées au laboratoire CEGELY. Dans la perspective de développement de composants haute tension SiC, nous nous sommes intéressés aux problèmes de conception et optimisation des diodes PIN 5 kV. C’est donc aussi l’étude de la tenue en tension d’un JFET de 5 kV. Ce chapitre est donc consacré à l’étude de la jonction P+N. C’est la jonction principale de la diode bipolaire de puissance dont nous rappelons ici les principales caractéristiques. Cette diode est protégée par des extensions latérales appelées « JTE ». Nous verrons également l’influence du dopage et de la profondeur de ces extensions sur la tenue en tension simulée du composant [34]. 3.2 Méthode utilisée Afin de mener à bien cette étude et également de regarder les caractéristiques des structures en polarisation directe et inverse, nous allons mettre en œuvre un logiciel de simulations numériques bidimensionnelles MediciTMA basé sur les éléments finis [35]-[37]. Nous comparerons les résultats de nos simulations avec des mesures effectuées sur les diodes 5 kV. Par rapport aux simulations 1D où seulement la partie active de la diode est observée (ce qui permet néanmoins de déterminer la tension de la jonction plane du composant, c'est-àdire la tension maximale que le composant peut tenir en volume), les simulations 2D permettent d’étudier la structure complète de la diode 5 kV et donc de tenir compte des problèmes liés à la JTE [38]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 154 Présentation des diodes 5 kV L’objectif étant l’optimisation de la tension de claquage, différents paramètres vont être étudiés. Nous verrons notamment l’influence de la localisation du bord de la JTE par rapport à l’électrode d’anode sur la tension de claquage [1] et l’impact de son dopage sur la tenue en tension. Le champ électrique critique et la distribution des lignes équipotentielles au claquage ont été étudiés en détails à l’aide du simulateur. Il a été démontré que les protections procurent des meilleurs résultats en améliorant la tension de claquage. 4 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Afin d’optimiser le fonctionnement des protections périphériques le simulateur bidimensionnel MediciTMA basé sur les éléments finis est utilisé pour l’analyse des dispositifs. L’étude en deux dimensions est nécessaire pour pouvoir prendre en compte les phénomènes qui apparaissent à la fois dans l’épaisseur de la diode et au niveau de la JTE. La section transversale de la protection périphérique mise en oeuvre est illustrée à la Figure 4-12. Dans ce modèle la région intrinsèque et la couche N+ sont de type gaussien par contre le dopage de la couche P+ est considéré uniforme. Par rapport aux composants réels dont l’épaisseur du substrat est d’environ 400 µm, nous allons réduire cette épaisseur à seulement 5 µm. L’intérêt est de diminuer la taille du système à modéliser ce qui permet de gagner en espace mémoire nécessaire et en temps de simulation. Cette approximation n’aura pas d’influence sur notre étude des JTE qui ne seront pas affectées. En effet, le substrat n’a pas d’influence sur la tenue en tension périphérique. En plus, du fait du dopage des différentes zones de la diode simulée (notamment la zone épitaxiée), la zone de charge d’espace s’étend peu dans le substrat. On ne risque donc pas d’avoir un claquage dans l’épaisseur de la puce lié à une trop grande extension de la JTE. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 155 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE width a ir la n o d e Anode lp i ln u Implantation p+ doppplus JTE p doppi wpi epal wpplus epin rpi rpplus dopepin Couche épitaxiée n dopwafer wafer Substrat n+ Cathode Figure 4-4 : Structure 2D du composant protégé par une protection périphérique de type poche (demi-cellule) avec les noms des différents paramètres géométriques xpi1 xpaspi1 xpi2 xpaspi2 xend xdist0 xpasdis0 xpasend xpplus xpaplus ystart ypastart xstart xpastart xanode xpanode xdist1 xpasdist1 air yepal ypaepal ypplusm ypaplusm ypplus ypaplus Anode yair ypasair + Implantation p ypim ypaspim ypi ypaspi JTE p yepinm ypasepinm Couche épitaxiée n yepin ypasepin yendm ypasendm Substrat n+ yend ypasend Cathode Figure 4-5: Définitions des points caractéristiques du maillage Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 156 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 4.1 Optimisation des simulations 4.1.1 Influence du maillage Il est important de concevoir des géométries de structures adaptées aux conditions d’utilisation (tenue en tension à l’état bloqué) et aux paramètres propres au SiC (physiques et technologiques). Le principal problème des simulations éléments finis est de réaliser un maillage adéquat. Si les mailles sont petites, la précision de la simulation sera importante, malheureusement le coût du calcul (au niveau temps de calcul et espace mémoire nécessaire) sera important [46]. Si le maillage est large, le calcul sera imprécis et cela pourra mener à des problèmes de convergence. Il faut donc avoir un maillage précis dans les zones où le champ électrique est intense (essentiellement les jonctions, le bord des électrodes et les bords de la JTE) et un maillage plus grossier dans les zones moins importantes (au milieu de la couche épitaxiée, par exemple). La figure 4-6 présente un maillage mis en œuvre. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 157 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE métallisation p+ JTE epi Figure 4-6 : Maillage 2D de la diode protégée par JTE simulée par Medici Pour calculer le fonctionnement d’un dispositif il faut connaître le profil de dopage net [ND(X) – NA(X)] au voisinage des jonctions. 4.1.2 Profils de dopage Différents profils de dopage sont utilisables pour l’implantation de la couche P+ et pour la JTE. Nous avons à disposition un profil analytique de dopage calculé par Medici et un profil de dopage issu du simulateur I²SiC déjà mis en œuvre dans la thèse d’E. Morvan [47]. Le profil de dopage utilisé va avoir une influence au niveau des résultats de simulation. C’est ce que nous allons voir dans les paragraphes qui suivent. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 158 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 4.1.2.1 Profils obtenus à partir du logiciel I2SiC Le profil de dopage issu du simulateur I2SiC a l’avantage d’être beaucoup plus réaliste que le profil analytique. Il est vérifié par analyses SIMS (Secondary Ion Mass Spectroscopy) qui ont pour but de vérifier que les concentrations chimiques des dopants implantés et la profondeur des jonctions sont équivalentes à celles souhaitées. Elles permettent également de constater les différentes étapes technologiques sur le profil des atomes. La figure suivante montre le type de résultats obtenus avec I2SiC pour un dopage d’implantation utilisé dans les simulations. Ces profils tiennent compte de la gravure en -3 log ( Concentration [cm ] ) épaisseur effectuée en pratique après le recuit post-implantation ionique. 19 10 2 Profil I SiC 18 10 + couche implantée P 17 10 16 10 15 10 14 10 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 Distance en Y [µm] Figure 4-7 : Profil de dopage de l’émetteur (4×1019 cm-3) implanté à partir du logiciel I2SiC Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 159 -3 log ( Concentration [cm ]) Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 19 2 10 Profil I SiC JTE 18 10 17 10 16 10 15 10 14 10 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 Distance en Y [µm] Figure 4-8 : Profil de dopants à la jonction (2×1017 cm-3) à partir du logiciel I2SiC 4.1.2.2 Profils analytiques -3 log (Concentration [cm ]) Le dopage net [(ND – NA)] au voisinage de la jonction est le suivant : Profil analytique 19 10 + couche implantée P 18 10 17 10 16 10 15 10 14 10 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 Distance en Y [µm] Figure 4-9 : Profil analytique de l’émetteur dopé à 4×1019 cm-3 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 160 -3 log (Concentration [cm ]) Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 19 10 Profil analytique JTE 18 10 17 10 16 10 15 10 14 10 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 Distance en Y [µm] Figure 4-10 : Profil analytique de la concentration de dopants à jonction dopée à 2×1017 cm-3 Nous avons constaté que le modèle analytique décrit beaucoup mieux le voisinage de la jonction. Il en résulte un meilleur maillage automatique. La simulation s’effectuera donc plus rapidement. Le tableau 4-1 ci-dessous nous montre la tension de claquage obtenue à géométrie et dopage constant, mais en changeant les profiles de dopage utilisés. zone P+ Profil Profil analytique I2SiC Profil analytique 5345 V 5363 V Profil I2SiC 6047 V 6080 V JTE Tableau 4-1: Tension de claquage en fonction du profil de dopage de la zone P+ et de la JTE Nous concluons de nos essais que le couplage « profil analytique de l’émetteur – profil I2SiC de la JTE » est le plus réaliste. Il reste donc la tension de claquage de 6047 V. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 161 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 4.2 Résultats de simulations Dans la partie qui vient, nous allons regarder l’influence des principaux paramètres de la JTE sur la répartition des champs électriques et sur la tenue en tension. Nous allons plus particulièrement nous intéresser à l’influence de la dose et de la taille de la JTE sur la localisation du renforcement du champ. 4.2.1 Présentation des caractéristiques des JTE L’efficacité de la protection périphérique peut facilement être prouvée en comparant la tension de claquage de 6047 V de la simulation avec JTE par rapport à la tenue en tension de 1415 V de la diode non-protéée. Module du champ électrique Vbr = 1415 V Figure 4-11 : Claquage de la diode sans JTE (Emax = 2 MV/cm) Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 162 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Après avoir présenté la structure de la diode protégée par « JTE » dans le paragraphe qui suit nous allons nous concentrer sur la distribution du champ électrique au niveau de la jonction. 4.2.1.1 Localisation des champs maximaux La Figure 4-12 illustre les résultats d’une simulation effectuée pour le profil du champ électrique simulé au claquage d’une diode avec JTE pour une dose de 1×1013 cm-2 sur laquelle on observe l’étalement du champ aux deux extrémités de la protection périphérique. De plus fortes doses (1.2×1013 cm-2) engendrent un pic du champ à droite de la JTE (Figure (4-15)) tandis que dans le cas des doses plus faibles le pic de champ sera observé au niveau de la jonction principale. Ceci tendra à réduire ainsi les performances au claquage [48]. Figure 4-12 : Profil du champ électrique simulé au claquage (dose 1×1013 cm-2 de la JTE) avec la limite de la zone de charge d’espace en pointillés rouges Dans les structures avec une simple JTE, il y a en général toujours deux pics de champ électrique qui apparaissent. Ils sont localisés aux bords de la protection périphérique. C’est à ces endroits que le composant est le plus contraint et où les claquages peuvent se produire Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 163 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE [41]. Comme nous l’avons dit précédemment les paramètres prépondérants qui influent sur la valeur du pic de champ sont les dimensions et le dopage de la JTE ainsi que l’éloignement de la JTE du bord du composant. D’autres phénomènes comme les charges d’interface jouent également un rôle. Un autre point important est de localiser, dans l’épaisseur de la puce où se situent les renforcements de champ. 4.2.1.2 Localisation dans la profondeur 4.2.1.2.1 Champ électrique entre l’anode et la poche La figure 4-13 illustre le module du champ électrique [49] pour la tension de claquage [50] de la diode protégée par JTE. En simulations la tension de claquage est définie comme la tension pour laquelle l’intégrale d’ionisation est égale à 0.9998 en utilisant les coefficients d’ionisation de Konstantinov [51]. La cartographie ci-dessous reflète un champ élevé à la périphérie de la jonction et au bord de l’émetteur. Zone P+ d’anode Figure 4-13 : Répartition du module du champ électrique entre l’anode et la poche au claquage (6047 V) pour une dose de la JTE de 9×1012 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 2.811 MV/cm. L’abscisse et l’ordonnée sont exprimées en microns et le module du champ électrique ⏐E⏐ – en V/cm Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 164 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Il est important de préciser que bien que la JTE est généralement considérée comme la technologie de protection la plus moderne, elle s’avère comme assez difficile à optimiser à cause de sa sensibilité assez importante de la concentration du dopage de la région de la JTE. Zone P+ d’anode Figure 4-14 : Location du pic du champ entre l’anode et la JTE pour une dose de la poche de 1×1013 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 2.702 MV/cm et la tension de claquage VBR = 6047 V. Les deux axes sont exprimés en microns et ⏐E⏐ – en V/cm Une tension de claquage (VBR) de 6047 V en polarisation inverse a été obtenue. Il est nécessaire de faire un compromis entre la résistance à l’état passant et la tenue en tension de la diode et ainsi de dépasser les limites conventionnelles du silicium. (Plus la tenue en tension augmente, plus la résistance à l’état passant augmente.) En effet, la jonction plane est un composant qui présente des tenues en tension assez élevées et des résistances passantes spécifiques fortement améliorées. Le compromis entre la résistance passante spécifique et la tenue en tension a toujours été un point pénalisant les performances statiques des composants de puissance [52]. 4.2.1.2.2 Champ à l’extrémité de la poche La distribution du champ électrique à la tension de claquage à l’extrémité de la poche pour une dose de 9×1012 cm-2 de la JTE peut être observée sur la Figure 4-15. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 165 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Figure 4-15 : Répartition du module du champ électrique à l’extrémité droite de la JTE pour une dose de 9×1012 cm-2. La valeur du champ électrique maximum est Em = 2.657 MV/cm. L’abscisse et l’ordonnée sont exprimées en microns et le module du champ en V/cm On observe de nouveau une intensification du champ électrique au voisinage des pointes ; c’est l’effet de pointe. Pour une dose de 1×1013 cm-3 le champ électrique est plus renforcé à droite de la JTE. Figure 4-16 : Distribution du module des lignes du champ à l’extrémité de la poche pour une dose de1×1013 cm-2. Le champ électrique maximum Em = 3.059 MV/cm pour une tension de claquage VBR = 6047 V. les deux axes sont exprimées en microns et ⏐E⏐ – en V/cm Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 166 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Les courbes montrent un pic du champ en bordure droite de la JTE. On peut déduire de ce comportement que la JTE est un peu trop dopée pour être totalement efficace. 4.2.1.3 Influence du dopage Le dopage de la JTE s’avère comme un paramètre critique et la dose implantée doit être sélectionnée et contrôlée attentivement. Le dopage doit être suffisamment élevé afin de limiter le champ électrique entre la zone P+ et la JTE et donc le risque de claquage dans cette zone. En même temps, il ne doit pas être trop grand pour ne pas engendrer un champ électrique en surface à droite de la JTE ce qui est observé dans notre cas. Le pic du champ à droite de la JTE (Figure 4-16) obtenu en simulations laisse penser Tension de claquage VBR [V] que les diodes fabriquées sont légèrement trop dopées. 11000 10000 VBR = f(ND) LJTE = 250 µm 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 12 6,0x10 12 8,0x10 13 1,0x10 13 1,2x10 13 1,4x10 Dose de la JTE (Φ) [cm-2] Figure 4-17 : Variation de la tenue en tension en fonction de la dose implantée de la JTE avec comme limite inférieure la diode non-protégée en trait bleu et comme limite supérieure la diode plane parallèle 1D Lors des simulations, afin de comprendre l’influence de la JTE et pour pouvoir optimiser son dimensionnement, nous avons varié son dopage. La figure 4-17 nous montre que le dopage a une grande influence sur la tenue en tension et qu’une valeur optimale semble se dégager avec un maximum de 6401 V. En outre, on voit également apparaître la tenue en Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 167 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE tension de la diode sans protection de 1415 V et la tenue en tension de la diode 1D de 11312 V. Afin d’évaluer plus finement, l’efficacité des poches (JTE) il est nécessaire de connaître précisément le lieu de claquage des composants et la répartition du champ électrique dans la structure. Dose [cm-2] 6×1012 cm-2 8×1012 cm-2 1×1013 cm-2 1.2×1013 cm-2 1.4×1013 cm-2 150 µm Gauche Gauche Droite Droite Droite 200 µm Gauche Gauche Droite Droite Droite 250 µm Gauche Gauche Droite Droite Droite LJTE [µm] Tableau 4-2: Localisation du claquage en fonction de la dose et la longueur de la JTE Il en résulté que pour un claquage à gauche de la JTE, le dopage de la JTE s’avère insuffisant et pour un claquage à droite – la JTE est trop dopée. 4.2.1.4 Influence de la longueur de la JTE L’autre paramètre qui peut avoir une influence importante est la longueur de la JTE. Les courbes ci-dessous nous montrent l’évolution de la tenue en tension en fonction de la Tension de claquage VBR [V] longueur de la JTE. 6100 6000 5900 5800 VBR = f (LJTE) Φ = 1x1013 cm-2 5700 5600 5500 5400 50 100 150 200 250 300 Longueur de la JTE [µm] Figure 4-18 : Influence de la longueur de la JTE sur la tension de claquage pour une diode Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 168 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Sur la figure 4-18 on constate que l’augmentation de la longueur de la JTE permet d’augmenter la tenue en tension. Néanmoins, on constate que si l’on augmente de façon trop importante la longueur de la JTE, la tension de claquage a tendance à redescendre. Cela laisse sous entendre qu’il doit exister une longueur optimale pour la JTE qui assure une tenue en tension maximale. Dans notre cas de figure cette longueur est d’environ 250 µm. Un autre paramètre important est la dose implantée dans la JTE. La figure 4-19 montre pour différentes valeurs de la dose et pour différentes longueurs de JTE, la tension de Tension de claquage VBR [V] claquage obtenue. 6500 L = 250 µm; L = 200 µm; L = 150 µm; L = 100 µm; L = 50 µm 6000 5500 5000 4500 4000 3500 3000 12 6,0x10 12 8,0x10 13 1,0x10 13 1,2x10 13 1,4x10 Dose de la JTE (Φ) [cm-2] Figure 4-19 : Influence de la dose de la JTE et de sa longueur sur la tension de claquage On peut remarquer, comme nous l’avons déjà vu figure 4-18 que plus la longueur de la JTE augmente, plus la tension de claquage augmente. En outre, on constate qu’il existe un optimum de dose pour lequel on a la tension maximale. Ici la dose optimale semble se situé vers 1.1×1013 cm-2. Jusqu’à cette dose, la tension de claquage augmente régulièrement. De plus, quelle que soit la longueur de la JTE, la tension de claquage est globalement la même. Dans ces cas de figure, le claquage se produit essentiellement à gauche de la JTE (pour les doses de Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 169 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 8×1012 cm-2 et 9×1012 cm-2). Au-delà de cette dose, la JTE est trop dopée et le claquage se Tension de claquage VBR [V] produit à droite de la JTE. 6500 6000 5500 5000 4500 4000 3500 3000 2500 2000 16 6,0x10 LJTE = 250 µm LJTE = 200 µm LJTE = 150 µm 16 8,0x10 17 1,0x10 17 1,2x10 17 1,4x10 -3 Dopage de la JTE (Φ) [cm ] Figure 4-20 : Influence du dopage de la JTE sur la tension de claquage La tenue en tension de la JTE passe par un maximum lorsque la dose varie. Comme les pentes avant et après sont très différentes, nous avons intérêt à choisir une valeur de dose légèrement inférieure à la valeur optimale. 4.2.1.5 Influence de la passivation Les jonctions p-n haute tension sont généralement passivées avec un isolant (oxyde [53], SiO2, NO [54]) ou avec une couche semi-conductrice (a-Si, polysilicium, SiC poreux déposé sur du SiC type n [55], SiN [56], AlN [57]). L’objectif du passivant est de rendre la jonction située en dessous moins sensible aux charges externes, humidité et contamination [58] après la réalisation du dispositif. La passivation réduit ainsi la corrosion et l’oxydation [59]-[62]. Au niveau pratique, une couche passivante semi-conductrice est nécessaire non seulement pour augmenter la tension de claquage des dispositifs mais également afin d’éviter un claquage irréversible et destructeur à l’intérieur des boîtiers. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 170 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE La figure ci-dessous montre la distribution du champ électrique dans la diode passivée avec du SiO2 et des charges d’interface de – 5×1011 cm-2. Figure 4-21 : Répartition du champ électrique lors du claquage en bord de la zone P+ et de la JTE avec la limite de la zone de charge d’espace en pointillés rouges pour une tenue en tension de 5447 V avec des charges d’interface Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 171 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Champ électrique [V/cm] - 2,5x10 6 2,0x10 6 1,5x10 6 1,0x10 6 5,0x10 5 + Diode PN N 6H-SiC type N Profondeur: 0.0 µm ; 0.1 µm ; 0.2 µm 0,0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Distance en X [µm ] Figure 4-22 : Coupe latérale du module du champ électrique à différentes profondeurs On remarque que le champ maximum est moins intense à la surface qu’en profondeur ce qui conduit à un claquage en volume et pas en surface. La simulation bidimensionnelle de la protection périphérique a relevé une tension inverse de claquage (VBR) d’approximativement 5447 V. 4.2.1.6 Analyse du champ électrique dans la protection périphérique 4.2.1.6.1 Champ électrique en fonction de la tension appliquée Dans le cas d’une jonction abrupte (c’est-à-dire jonction où le passage de la région "P" à la région "N" s'effectue sur une épaisseur infiniment fine), pour une tension appliquée de 1000 V la largeur de la zone de charge d’espace (WZCE) est inférieure à l’épaisseur de la couche épitaxiée (WN). La jonction est non tronquée et l'évolution spatiale du champ électrique dans la zone de charge d’espace a une forme triangulaire. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 172 Champ électrique [V/cm] Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE 5 6x10 X = 115.0 µm 5 5x10 5 4x10 5 3x10 5 2x10 5 1x10 0 0 10 20 30 40 Distance en Y [µm] Figure 4-23 : Profil du champ électrique à l’extrémité de la poche à 1000 V sans charges d’interface et sans air ; simulation avant l’avalanche Pour améliorer le compromis tenue en tension/résistance spécifique à l’état passant, il est préférable d’utiliser une couche épitaxiée suffisamment dopée et d’une épaisseur relativement faible afin que la zone de charge d’espace soit tronquée. Alors quand V = VBR, WZCE ≈ WN et le profil du champ électrique est trapézoïdal. Champ électrique [V/cm] 6 2,0x10 X = 115.0 µm 6 1,5x10 6 1,0x10 5 5,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Distance en Y [µm] Figure 4-24 : Profil du champ à gauche de la JTE au claquage sans charges d’interface et sans air Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 173 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Une coupe verticale du champ électrique a été réalisée et elle est présentée sur la Figure 4-25. Champ électrique [V/cm] 6 1,5x10 X = 115.0 µm 6 1,2x10 5 9,0x10 5 6,0x10 5 3,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Distance en Y [µm] Figure 4-25 : Coupe verticale du champ électrique à l’extrémité gauche de la poche au claquage (avec des charges d’interface et de l’air) Après avoir proposé l’optimisation d’une protection périphérique basée sur la terminaison de jonctions de type JTE [40] et son influence sur le champ électrique et ainsi sur le comportement au claquage nous allons nous intéresser à la répartition des lignes équipotentielles dans la structure. Si la topologie d’un champ vectoriel est donnée par les lignes de champ, la topologie du potentiel électrique est donné par les équipotentielles [66]. 4.2.2 Répartition des lignes équipotentielles au claquage Si on considère plus précisément le JFET, les équipotentielles sont des lignes pour lesquelles le potentiel est constant. Ainsi elles relient des points de la surface ayant le même potentiel. Toutes les équipotentielles sont perpendiculaires à toutes les lignes de champ électrique et inversement [67]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 174 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Pour une électrode ponctuelle, les équipotentielles sont circulaires. Si on utilise une ou deux électrodes linéaires, les équipotentielles auront une forme linéaire, parallèle aux électrodes (Figure 4-26). Les lignes de courant traversent le conducteur, les équipotentielles l'évitent [68]. Figure 4-26 : Distribution des lignes équipotentielles (obtenue par simulations Medici) à la tension de claquage Une des principales optimisations du JFET ont été menées au niveau de la tenue en tension des composants [69], [19]. C’est une propriété critique pour les composants de puissance. En particulier la géométrie de la périphérie (le lieu de l’avalanche par ionisation) est un point clé à maîtriser [46]. Les résultats de la tension de claquage peuvent être visualisés sur la Figure 4-27 et 4-28. L’étude a notamment permis de préciser l’évolution des propriétés électriques et de tenue en tension des diodes PIN. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 175 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Figure 4-27 : Répartition des lignes équipotentielles entre l’anode et la poche au claquage. La tension de claquage VBR = 5447 V Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 176 Simulations électriques par la méthode des éléments finis d’une diode PIN 5 kV protégée par JTE Figure 4-28 : Distribution des lignes équipotentielles à l’extrémité droite de la poche à la tension de claquage Au voisinage de la pointe (au bord de la JTE), les équipotentielles sont plus resserrées, conduisant à un champ électrique plus intense (Figure 4-27 et 4-28) : c’est l'effet de pointe [68]. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 177 Conclusions 5 Conclusion Nous avons abordé à travers cette étude, le problème des terminaisons planar pour des composants haute tension. Nous avons présenté une analyse des protections périphériques par JTE sur les dispositifs SiC. Dans un premier temps nous avons étudié les terminaisons de jonction planar. Dans le cas d’une structure utilisant une JTE latérale, l’efficacité de la technique dépend fortement des caractéristiques de la protection périphérique. Par simulations bidimensionnelles nous avons établi le dopage et les dimensions de cette terminaison. Il a été prouvé que la JTE s’avère assez performante pour atteindre des tensions de claquage proches de la jonction plane parallèle. Nous avons également discuté de la tenue en tension des dispositifs protégés en essayant d’optimiser les caractéristiques des JTE à l’aide de simulations pour améliorer les performances. L’introduction d’une protection périphérique de type JTE permet d’augmenter sensiblement la tenue en tension du composant par rapport à une diode non-protégée. Les travaux effectués sur les diodes PIN 5 kV du CEGELY ont mis en évidence l’intérêt de l’utilisation d’une protection par JTE qui a l’objectif de contrôler le champ électrique à la périphérie de la diode. Celle-ci résulte en une tension de claquage maximum de 6047 V obtenue pour un dopage de 2×1017cm-3 de la JTE. Une forte amélioration de la tenue en tension avec l’augmentation du dopage de la JTE dopée P+ et la profondeur de la jonction a été mise en évidence à l’aide de simulations bidimensionnelles. Nous avons établi les distances optimales pour la diode PIN protégée par poche. Pour cette optimisation, le recours à l'outil numérique de simulation des composants s'est avéré indispensable pour confirmer les idées sous-jacentes aux procédés d'optimisation. Ceci nous a permis une compréhension approfondie des mécanismes physiques régissant le comportement des diodes PIN 5 kV à l’aide de la simulation physique bidimensionnelle. Un certain nombre de solutions ont été testées. Ensuite nous avons recherché à repousser systématiquement les Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 178 Conclusions limites du claquage pour un choix des niveaux de dopage compatibles avec la distribution du champ électrique. Les caractéristiques électriques des composants élaborés, donnent de bons résultats quant aux champs de claquage. A partir de cet analyse l’effet de la concentration de dopants, la profondeur de la jonction (JTE) et la tension inverse sur la répartition de la tension et les profils du pic du champ électrique aux bords ont été analysés. Pour atteindre l’objectif d’un JFET 5 kV il faudra choisir une épaisseur de JFET supérieure à 100 µm et une dose légèrement inférieure à 1.2×1013 cm-2. La structure étudiée précédemment repose sur une protection périphérique à simple JTE. Il est donc alors nécessaire de trouver un compromis entre la longueur de la JTE et son dopage afin d’avoir la tenue en tension optimale. Une solution pourrait être l’utilisation d’une structure à multiples JTE. Ceci permettrait de faire varier la concentration des dopants le long de la JTE. L’utilisation d’une multiple JTE constituée de plusieurs JTE avec des dopages différents dont la valeur diminue de manière décroissante en s’éloignant de la zone P+ de source permettrait de mieux contrôler l’évolution du champ et donc de potentiellement améliorer le dopage. Ce type de protection périphérique permet de contrôler indépendamment et d’estomper au mieux les deux pics du champ électrique de part et d’autre de la JTE afin qu’on aboutisse à une optimisation séparée des deux côtés. La simple JTE est beaucoup plus sensible aux variations du dopage que son homologue multiple mais avec l’avantage que le processus de fabrication est beaucoup plus simple à mettre en oeuvre. La différence entre les résultats simulés et expérimentaux pourra être due aux connaissances insuffisantes des coefficients d’ionisation dans le SiC estimés à partir d’une formule empirique et à des phénomènes de surface. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 179 Références bibliographiques Références bibliographiques [1] Raúl Pérez, Dominique Tournier, Amador Pérez-Tomás et al., “Planar Edge Termination Design and Technology Considerations for 1.7-kV 4H-SiC PiN Diodes”, IEEE Transactions on Electron Devices, 10/2005, Vol. 52, № 10, pp. 2309-2316. [2] Wikipedia, “Zener diode” [en ligne]. Disponible sur : <http://www.answers.com/topic/zenerdiode> (consulté le 25/09/2006). [3] Encyclopedia Thesaurus, “Zener diode” [en ligne]. Disponible sur: <http://www.reference.com/browse/wiki/Zener_diode> (consulté le 25/09/2006). 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Les dispositifs de puissance en Si ont largement atteint leurs limites en termes de fonctionnement à haute température. Afin d’éviter et de contourner ces limites la recherche s’est focalisée sur les semi-conducteurs à grand gap comme le SiC. Actuellement le dispositif le plus mature techniquement est le VJFET normally-on SiC. Le dispositif unipolaire JFET a plusieurs avantages. Il a une faible chute de tension et une vitesse de commutation élevée. Dans ce dispositif, on n’observe pas les problèmes à l’interface de l’oxyde typiques pour le MOSFET SiC. Le VJFET SiC est généralement un dispositif normally-on qui peut conduire même si on n’applique pas une tension sur la grille. Pour arrêter le processus de conduction, il est nécessaire d’appliquer la tension adéquate entre grille et source. Avec sa tenue en tension, le JFET SiC peut s’avérer comme une excellente alternative aux commutateurs électroniques conventionnels comme l’IGBT ou le VDMOS Si notamment grâce aux propriétés intrinsèques du SiC qui lui confèrent une faible résistance spécifique à l’état passant et des capacités de fonctionnement à des températures et des fréquences élevées. Le composant JFET SiC est le seul composant industriel pratique prêt à être vendu. Afin d’améliorer les capacités actuelles des JFETs haute tension (supérieure à 3 kV), des dispositifs JFET avec deux canaux ont été proposés par la société SiCED qui est un des principaux fabricants de JFETs SiC. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 184 Conclusion générale Dans le JFET à deux canaux, on peut distinguer d’un côté le canal horizontal bien optimisé pour contrôler la saturation et de l’autre, le canal vertical destiné à tenir la tension. Au cours du second chapitre de cette thèse nous avons établi dans un premier temps un état de l’art des JFETs verticaux existant dans la littérature. Nous avons alors identifié le rôle des deux canaux ainsi que des différents paramètres de conception du JFET. Des différences de conception entre les différents JFET verticaux SiC ont été constatées. Des simulations de type éléments finis ont été réalisées pour analyser le composant JFET à deux canaux. Nous avons mis en évidence la position et le rôle des différentes zones de charge d’espace qui apparaissent, notamment en régime linéaire ainsi que pendant la phase de saturation. L’analyse bidimensionnelle par techniques numériques des caractéristiques statiques a été réalisée afin de discuter de l’influence des paramètres géométriques sur les performances du dispositif. Ceci aboutit à une optimisation du VJFET SiC. Parallèlement, nous avons contribué à la modélisation de ces JFETs. On a rappelé le modèle du JFET et justifié l’emploi du modèle SPICE qui est relativement équivalent. On a contribué à l’emploi du modèle équivalent pour justifier le comportement du JFET à deux canaux. L’intérêt d’avoir un bon modèle du JFET pour évaluer au mieux les performances à l’état passant et pour avoir les meilleures performances possibles dans la phase d’optimisation est d’une importance cruciale. Il est nécessaire de modéliser correctement l’état passant en tenant compte des caractéristiques physiques et géométriques des JFETs à deux canaux afin d’améliorer les JFETs. Ainsi, dans le troisième chapitre, nous avons proposé un modèle analytique des deux canaux. Le modèle retrace correctement le comportement de la résistance à l’état passant. A partir des résultats des analyses, les simulations éléments finis du comportement de la structure proposée ont été comparées avec le modèle analytique des deux canaux que nous avons réalisé. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 185 Conclusion générale Après avoir étudié le comportement à l’état passant et établi un modèle analytique de celui-ci, nous nous sommes intéressés au comportement à l’état bloqué et plus particulièrement au dimensionnement des protections périphériques. Afin d’atteindre la tension de claquage maximale pour la plus faible résistance spécifique à l’état passant, il est nécessaire de concevoir les dispositifs avec une tenue en tension très proche de la valeur théorique que permet la couche épitaxiée utilisée. Ceci impose l’utilisation de protections périphériques optimisées pour éviter la réduction de la tenue en tension. Les protections périphériques minimisent le renforcement localisé du champ électrique à la périphérie. L’optimisation de la structure est faite par rapport à la tension de claquage, la surface consommée, les champs surfaciques et les charges d’interface. La protection périphérique de type JTE émerge comme une approche prometteuse. Nous avons cherché à obtenir un couple de valeurs optimales « longueur de JTE – dopage » pour obtenir la meilleure tenue en tension possible. L’utilisation d’une JTE à dopage uniforme présente des limites quant à l’utilisation du composant. Une perspective pourrait être d’utiliser des structures de type multi-poches. Bien que plus complexes, elles permettraient de mieux contrôler les champs électriques le long de la JTE en faisant varier le dopage de celle-ci en fonction de la position dans la JTE. Ceci permettrait d’obtenir une tenue en tension plus élevée. Un deuxième point serait d’améliorer la modélisation de l’état passant du composant de puissance. Il est d’une importance primordiale d’affiner le modèle ainsi que de retravailler la partie saturation afin de pouvoir mieux décrire le fonctionnement du JFET. Si la résistance à l’état passant est relativement bien modélisée et que les courants de saturation obtenus sont cohérents, le comportement du JFET au cours de la saturation n’a pas été modélisé finement. Ceci explique l’écart entre les courbes du modèle analytique et celles du simulateur éléments Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 186 Conclusion générale finis. La modélisation du comportement du JFET en phase de saturation permettrait d’améliorer la connaissance et la prédétermination des caractéristiques du JFET. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’on a des rapports longueur /largeur du canal faibles pour lesquels le courant évolue de façon importante avec la tension à la saturation. Enfin, il serait également intéressant d’expliquer de façon plus précise, l’existence de zones de charge d’espace, notamment sur la partie supérieure du composant en dehors du régime de saturation. Ceci permettrait de pouvoir mieux appréhender le fonctionnement du canal horizontal qui dans notre cas a un rôle essentiel sur le fonctionnement du JFET et sa saturation. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 187 Annexes Annexes Annexe 1 Résultats de Idssat = f(L) pour différents Vgs obtenus à partir du modèle analytique des deux canaux (Les valeurs des autres paramètres sont : b=0.2 µm, h=1 µm, 2a=2.6 µm.) Variation de Idssat en fonction de Vgs et L 1,2 Idssat [A] 1 0,8 L=1,3um L=2,6um L=3,9um L=5,2um 0,6 0,4 0,2 0 -1,5 -1 -0,5 0 Vgs [V] Variation de Rdson en fonction de L pour différentes valeurs de Vgs 18 16 Rdson [Ωcm2] 14 12 L=1,3um L=2,6um L=3,9um L=5,2um 10 8 6 4 2 0 -1,5 -1 -0,5 0 Vgs [V] Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 191 Annexes Annexe 2 Résultats des simulations Medici de la structure SiCED Représentation des la structure modélisée Une zone de hauteur e = 0.8 µm et dopage ND = 4×1016 cm-3 a été rajoutée (la zone encerclée en rouge). Elle est disposée sous la zone des sources et les zones P+ des deux grilles. 0.8 Canal horizontal Grille Canal vertical Grille Zone épitaxiée Substrat Drain Maillage des deux canaux Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 192 Annexes Représentation des lignes de courant de la structure SiCED Les lignes de courant s’orientent vers les deux sources et leur répartition est la suivante : On constate que les lignes de courant sont bien contenues entre les zones de charge d’espace. La densité de courant maximale sera atteinte au niveau du pincement du canal. Sur la figure suivante qui représente les zones de charge d’espace, on constate que le pincement au niveau du canal s’effectue à la jonction des canaux horizontaux et verticaux. Représentation de la zone de charge d’espace Pincement du canal Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 193 Annexes Caractéristiques électriques statiques Avec l’insertion d’une zone sous les sources la largeur du canal horizontal augmente et on arrive à atteindre des tensions VGS jusqu’à – 13 V. VGS = 0 V 2,5 Courant IDS [A] VGS = - 1 V; VGS = - 2 V; 2,0 VGS = - 4 V; VGS = - 6 V; 1,5 VGS = - 7 V; VGS = - 8 V; 1,0 VGS = - 9 V; VGS = - 10 V; 0,5 VGS = - 11 V; VGS = - 12 V; 0,0 0 5 10 15 20 VGS = - 13 V Tension VDS [V] Extraction de la tension de seuil La tension de seuil est également beaucoup plus faible (– 13 V au lieu de – 6 V). 1,6 sqrt (IDSS) [A] 1,4 1,2 VT0 [V] 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 -14 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 Tension VGS [V] Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 194 Annexes Annexe 3 JFET non optimisé à l’état bloqué : H = 4 µm, Emax = 2.72 MV/cm Valeurs tracées: 2.987500E+1 2.988598E+5 8.965198E+5 1.195350E+6 1.793010E+6 2.091840E+6 2.689500E+6 2.988330E+6 5.976898E+5 1.494180E+6 2.390670E+6 Valeurs tracées: 0 5 10 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 1000 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 195 Annexes H = 4 µm, Emax = 2.99 MV/cm Valeurs tracées: 2.987500E+1 2.989043E+5 8.966531E+5 1.195528E+6 1.793276E+6 2.092151E+6 2.689900E+6 2.988774E+6 5.977787E+5 1.494402E+6 2.391025E+6 Valeurs tracées: 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800 850 900 950 1000 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 196 Annexes Values plotted: 2.831250E+1 2.830041E+5 8.489558E+5 1.131932E+6 1.697883E+6 1.980859E+6 2.546810E+6 2.829786E+6 5.659799E+5 1.414907E+6 2.263834E+6 Figure : Module des lignes de champ d’un JFET à canal vertical « trop » large et canal horizontal « trop » long à VDS = 600 V et VGS = – 2 V pour 2a = 10 µm, b= 0.2 µm et L = 10 µm Valeurs tracées: 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 390 420 450 480 510 540 570 600 Figure : Lignes équipotentielles d’un JFET à canal vertical « trop » large et canal horizontal « trop » long à VDS = 600 V et VGS = – 2 V pour 2a = 10 µm, b = 0.2 µm et L = 10 µm avec la répartition de la zone de charge d’espace. Les équipotentielles sont tracées toutes les 30 V. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 197 Annexes Valeurs tracées: 1.800000E+1 1.800310E+5 5.400569E+5 7.200698E+5 1.080096E+6 1.260109E+6 1.620135E+6 1.800148E+6 3.600439E+5 9.000828E+5 1.440122E+6 Figure : Module des lignes de champ d’un JFET à canal horizontal « trop » large à VDS = 600 V et VGS = – 2 V pour 2a = 2.6 µm, b = 0.4 µm et L = 2.6 µm Valeurs tracées: 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 390 420 450 480 510 540 570 600 Figure : Lignes équipotentielles d’un JFET à canal horizontal « trop » large à VDS = 600 V et VGS = – 2 V pour 2a = 2.6 µm, b = 0.4 µm et L = 2.6 µm avec la répartition de la zone de charge d’espace. Les équipotentielles sont tracées toutes les 3 V. Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 198 Annexes Values plotted: 3.103125E+01 9.312441E+05 1.862457E+06 2.793670E+06 3.104354E+05 1.241648E+06 2.172862E+06 3.104075E+06 6.208398E+05 1.552053E+06 2.483266E+06 JFET optimisé : H = 4.7 µm ; Emax = 3.104 MV/cm Values plotted: 0.000000E+00 1.800000E+02 3.600000E+02 5.400000E+02 7.200000E+02 9.000000E+02 1.080000E+03 6.000000E+01 2.400000E+02 4.200000E+02 6.000000E+02 7.800000E+02 9.600000E+02 1.140000E+03 1.200000E+02 3.000000E+02 4.800000E+02 6.600000E+02 8.400000E+02 1.020000E+03 1.200000E+03 Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique Thèse INSA de Lyon – CEGELY Elena Ivanova DIMITROVA – FREY 199 FOLIO ADMINISTRATIF THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON NOM : DIMITROVA–FREY DATE de SOUTENANCE : 10 octobre 2006 (avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant) Prénoms : Elena Ivanova TITRE : Analyse et modélisation du JFET de puissance en carbure de silicium en régime statique NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 05 ISAL Ecole doctorale : E.E.A. (Electronique Electrotechnique Automatique) Spécialité : Génie Electrique Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19 / et bis CLASSE : RESUME : Actuellement, les systèmes à base de composants de puissance connaissent un fort développement dans le domaine des hautes tensions et des hautes températures. Le carbure de silicium (SiC) semble un matériau très prometteur pour remplir ces critères. Dans ce cadre, nous nous sommes concentrés sur l’analyse de composants de puissance, notamment les transistors JFET ainsi que leurs protections périphériques. Dans les gammes de tension envisagées, les composants seront de type verticaux afin d’assurer la tenue en tension. Le but de la thèse est d’améliorer la compréhension des phénomènes qui régissent le fonctionnement de ces composants. Leur structure présente la particularité de comporter deux canaux distincts : un canal vertical et un canal horizontal. On cherche donc à analyser leur fonctionnement interne afin d’optimiser leurs caractéristiques à l’état passant et plus particulièrement le pincement du canal, les lignes de courant et les équipotentielles. Pour cela, nous avons mis en œuvre un logiciel de simulation éléments finis (MediciTMA) afin d’étudier les caractéristiques de ces composants et d’observer l’influence des différents paramètres qui les définissent, qu’ils soient géométriques ou physiques (dopage des différentes zones). Nous avons développé un modèle analytique permettant de prédéterminer les caractéristiques statiques de ces transistors afin d’aider à leur conception. Ensuite nous allons comparer nos résultats avec les caractéristiques réelles des JFET fabriqués par la société SiCED qui présentent également deux canaux et les modélisations analytiques associées. Dans la dernière partie nous avons étudié la tenue en tension des composants SiC verticaux. Celle-ci se fait non seulement dans le volume mais également en périphérie sur la face supérieure de la puce. La structure de protection périphérique que nous avons plus particulièrement étudiée est de type JTE (Junction Termination Extension). Nous avons analysé l’influence de la largeur de la JTE et surtout son dopage afin d’obtenir la tenue en tension maximale. En conclusion, cette thèse permet d’améliorer la connaissance de l’influence des différents paramètres de conception sur le comportement du JFET à deux canaux, que ce soit à l’état bloqué (JTE) ou à l’état passant. Pour cela un modèle analytique a été développé qui permet une aide à la conception, mais aussi de mieux prédéterminer les pertes dans ces composants. MOTS-CLES : transistor JFET, carbure de silicium, simulations éléments finis, modélisation, résistance à l’état passant, protection périphérique, composants de puissance Laboratoire (s) de recherche : Centre de Génie Electrique (CEGELY) Futur Laboratoire Ampère Directeur de thèse: M. Hervé Morel, Directeur de recherches Responsable du site INSA du CEGELY Président de jury : M. Gérard Rojat Professeur UCB Lyon 1 Composition du jury : M. Christian Schaeffer M. Stéphane Lefebvre M. Stéphane Raël M. Hervé Morel Professeur INP Grenoble Maître de conférences (HDR) ESCPI CNAM Maître de conférences Green – INPL Directeur de recherches CNRS