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phénomènes qu'un mode particulier ou exagéré de la transpira-
tion végétale (1).
C'est ainsi, en effet, que l'entend M. Duchartre (2) pour les
Colocasia sinensis et anliquorum, chez lesquels il a étudié l'émis-
sion de gouttelettes liquides abondantes dont sont capables les
feuilles de ces intéressants végétaux. M. Duchartre regarde ce
phénomène comme ayant des rapports directs avec la transpira-
tion, car il a remarqué que la sortie du liquide commençait le
soir après le coucher du soleil, et se continuait toute la nuit, pour
cesser le lendemain, dès que le soleil donnait sur la plante, et eu
outre, que les jours de brouillard intense il se produisait une
exception à l'accomplissement périodique et nocturne de cette
production aqueuse ; dans de telles conditions, la plante donnait
de l'eau du matin jusqu'au soir.
L'étude anatomique de l'extrémité de la feuille par laquelle
sort le liquide confirme cette manière de voir. M. Duchartre a
en effet montré qu'il existe des cavités tubulaires suivant toutle
contour de la feuille des Colocases, cavités qui ne sont que de
simples lacunes, et non des canaux aussi nettement définis que
semble l'indiquer Schmidt (3), et qu'en outre ces lacunes sont
en relation avec l'extérieur par des orifices nettement détermi-
nés,
par lesquels sort le liquide, et qui sont loin d'être, ainsi
que le pensait Meyen (4), des déchirures accidentelles de l'épi-
démie. Ce sont en effet de véritables stomates, organes les plus
(1) On sait que les ascidies qui ornent les feuilles du Nepenthes ampullaria, ici
Sarracenia et des Cephalotus, sont le plus souvent remplies d'eau. N'ayant pu me
procurer ces divers végétaux, il ne m'a pas été possible d'étudier l'appareil produc-
teur de cette eau. D'après M. J. Dalton Hooker, l'ascidie entière du Nepenthes ampul-
laria n'est qu'une glande déformée qui termine la vrille constituée par le prolongement
de la nervure médiane de la feuille. « This cavity is all that represents the future
pitcher, and it is simply a subterminal gland. » (Hooker, Transact, of the Linn.
Soc, t. XXII, p. 415; Ann. sc. not., 4e série, vol. XII, p. 222.) La figure que donne
M, Hooker de cet organe (pl.
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a peu de valeur au point de vue anatomique.
(2) P. Duchartre, Observations physiologiques et anatomiques faites sur une Colo-
case de la Chine {Bull, de laSoc. bot. deFr., t. V, p. 267).
(3) Sclunidt, Beobachtungen ueber die Ausscheidung von Fluessigkeit aus der Spihe
der Blatter des Arum Colocasia, Linn., t. VI, 1131, p. 05.
(à) Meyen, Nettes Sgstemder Pflanzen-Physiologie, t. II, p. 508.