Olivier Herrenschmidt. Introduction à la société hindoue. Janvier 2012. L.O.
- Le gouvernement : non, c’est différent. Et c’est un problème interne à l’Inde. La
Constitution et la loi luttent contre les discriminations et les « atrocities » contre les
Intouchables. Nous avons fait ce qu’il faut.
On peut dire : non, ce n’est pas, sociologiquement, la même chose que le racisme
(d’ailleurs, Ambedkar a lui-même insisté sur l’origine non raciale du système des castes). Et,
oui : c’est contraire à la dignité humaine, c’est un système d’exclusion, d’humiliation et
d’exploitation.
I.3.2. Quelques exemples des « atrocities ».
Il n’est que d’en citer quelques uns parmi les pires : le lynchage de cinq Dalits qui
allaient livrer des peaux de bovins à une tannerie, par une foule de pèlerins hindous, devant
un poste de police (15 octobre 2002, Jajjar dans le Haryana) ; à Gohana (encore le Haryana,
2005) les Valmiki (S.C.) voient leur quartier incendié par les Gujjars (dominants du village,
OBC) parce que, économiquement un peu développés, avec leurs enfants scolarisés, ils
refusent de les servir selon leurs obligations traditionnelles ; l’assassinat d’une famille entière
par les « bonnes castes » de leur village (des Kunbis, OBC), pour les mêmes raisons qu’à
Gohana (29 septembre 2006, Khairlanji, Maharashtra). Au plus récent, presque banal : 9
janvier 2012, au Maharashtra (ville de Karad), une femme Dalit est battue et promenée nue
dans son village : son fils s’est enfui avec une fille des Marathas dominants de son village.
Tous lui donnent tort.
I.3.3. Un exemple d’exclusion des ex-Intouchables, 2007 en Orissa.
La lutte pour accéder à un temple de Jagannath, dans le village de Keredagada en Orissa
(Kendrapara District). C’est intentionnellement que j’ai choisi cet exemple qui ne « relève
apparemment que » du symbolique : les exemples d’attaques physiques violentes (incendie de leurs
quartiers, viols, meurtres) sont légion
: ici, c’est bien leur dignité qui est en cause. Voici l’histoire.
2005, 5 Novembre. 4 femmes Dalit sont interdites d’entrée à ce temple. Il y a une plainte
déposée. Depuis la fondation du temple il y a 300 ans, les intouchables ne pouvaient voir le dieu – et
en être vu : le darshan – qu’à travers neuf trous percés dans le mur d’enceinte.
2006. Fin octobre. Environ 1000 Dalits annoncent leur intention de se convertir après un
meeting le 22 octobre. Le 5 novembre (jour de la pleine lune de Kartik), ils manifesteront
pacifiquement. Puis ils annoncent leur volonté d’entrer dans le temple le 19 novembre, repoussé au 26.
Le 5 décembre, la High Court d’Orissa se prononce et rappelle : tout Hindou, quelle que soit
sa caste, peut entrer dans n’importe quel temple – ce qui n’est jamais que le strict énoncé de l’article
25 (2.b) de la Constitution
.
Le 13 décembre, 4 Dalits entrent dans le temple, ont le darshan, font la circumambulation du
‘saint des saints » et reçoivent le prasad du prêtre. Mais 200 Dalits les suivant, les 2 prêtres et les
serviteurs du temple (sevayat) arrêtent le rituel et quittent les lieux. Le temple restera fermé quatre
jours. Le 16, des « upper-caste people » – appelées parfois dans les journaux « Caste Hindus » ; l’on
Il n’est que d’en citer quelques uns parmi les plus atroces : le lynchage de cinq Dalits qui allaient livrer des
peaux de bovins à une tannerie, par une foule de pèlerins hindous, devant un poste de police (15 octobre 2002,
Jajjar dans le Haryana) ; à Gohana (encore le Haryana, 2005) les Valmiki (S.C.) voient leur quartier incendié par
les Gujjars (dominants du village, OBC) parce que, économiquement un peu développés, avec leurs enfants
scolarisés, ils refusent de les servir selon leurs obligations traditionnelles ; l’assassinat d’une famille entière par
les « bonnes castes » de leur village (des Kunbis, OBC), pour les mêmes raisons qu’à Gohana (29 septembre
2006, Khairlanji, Maharashtra). Au plus récent : 9 janvier 2012, au Maharashtra (ville de Karad), une femme
Dalit est battue et promenée nue dans son village : son fils s’est enfui avec une fille des Marathas dominants de
son village. Tous lui donnent tort.
Article affirmant la liberté de conscience, de pratique religieuse et de prosélytisme (« propagation of
religion ») et spécifiant « the throwing open of Hindu religious institutions of a public character to all classes and
sections of Hindus ». Une note précisant : « The reference to Hindus shall be construed as including a reference
to persons professing the Sikh, Jaina or Buddhist religion. »