La protectrice des patients s`exprime sur les forfaits par cas

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La protectrice des patients s’exprime sur les
forfaits par cas
Le nouveau financement hospitalier, dans le cadre
duquel les traitements hospitaliers sont facturés à
partir de forfaits par cas, concerne aussi les patients
recevant un implant. Lisez les exigences et les
recommandations faites à ce sujet par la conseillère
nationale Madame Margrit Kessler, présidente de la
fondation suisse pour la protection des patients OSP.
Implants Suisse: Madame Kessler, à votre avis, quels sont les avantages et les
inconvénients des forfaits par cas pour les patients?
Margrit Kessler: Les avantages que je vois sont que les patients n’ont plus
besoin de rester plus longtemps qu’il ne le faut à l’hôpital pour remplir des lits
vides. Les caisses-maladie calculent à partir de forfaits par cas et plus à partir de
forfaits journaliers. Les inconvénients sont les suivants: le système de calcul
transforme le patient en objet. Ses maladies sont codées en fonction des
diagnostics. Autrement dit, plus il y a de diagnostics, plus les forfaits par cas
seront élevés. On court alors le risque que les patients se voient attribuer des
diagnostics afin que les forfaits par cas soient plus élevés. Le patient n’a pas accès
au codage des forfaits par cas et il faut que cette situation change de toute
urgence.
Implants Suisse: En tant que protectrice des patients, qu’entreprenez-vous pour
que le système suisse de forfaits par cas SwissDRG soit plus facile d’accès pour
les patients?
Margrit Kessler: Nous devons d’abord attendre de voir comment va se dérouler
l’introduction du SwissDRG. Nous recueillerons les plaintes à l’OSP, nous les
compilerons plus tard et les soumettrons aux responsables. Il faut procéder à des
ajustements. Il semble se profiler que les patients ayant déjà bénéficié d’un forfait
par cas ne seront plus traités qu’en ambulatoire par la suite. S’ils doivent être
transportés en position allongée, on organisera simplement le transport en
ambulance. Mais ces coûts seront presque exclusivement à la charge des
malades.
Implants Suisse: Bon nombre de médecins craignent une augmentation de la
pression des coûts du fait de l’introduction des forfaits par cas et que, par
conséquent, tous les patients ne puissent plus recevoir l’implant qui convient le
mieux à leur situation. Pensez-vous qu’à l’avenir les hôpitaux soient prêts à
accepter des pertes en termes de qualité pour faire des économies?
Margrit Kessler: Oui, c’est dans l’intérêt d’une direction d’acheter le moins cher
possible. À l’avenir, il se pourrait ainsi que l’on achète les matériaux pour implants
par exemple en Chine, où la qualité est moins bonne. On risque aussi de voir les
entreprises européennes délocaliser la production en Chine pour certains
processus de travail, et ce pour des raisons de coûts. Mais il y a tout de même
aussi de bonnes nouvelles. Le fait qu’il existe maintenant un nouveau registre des
implants orthopédiques (SIRIS) en Suisse est un progrès. Ce registre aide à
augmenter la qualité des produits en Suisse et à mieux pouvoir suivre les produits
défectueux.
Implants Suisse: Avez-vous déjà connaissance de cas pour lesquels on fait des
économies sur les implants utilisés?
Margrit Kessler: Oui. On a utilisé des vis en nickel chez une femme allergique au
nickel. Si on lui avait demandé si elle était allergique aux bijoux fantaisies, elle
aurait répondu en conséquence. Avec des vis en titane elle n’aurait eu aucun
problème. Son calvaire a duré plusieurs mois, une invalidité avec une qualité de
vie restreinte. Trois pour cent de la population est allergique au nickel.
Implants Suisse: Est-ce que les patients peuvent eux-mêmes faire quelque
chose pour qu’en dépit du système de forfaits par cas ils puissent bénéficier de
l’implant le mieux adapté à leur situation?
Margrit Kessler: Oui, les patients doivent prendre leur propre responsabilité et
demander à leur médecin quel modèle on va leur implanter et dans quel pays il a
été fabriqué. Si j’étais à leur place, je demanderais les documents écrits déjà
avant l’intervention. Mais après l’intervention, le médecin devrait spontanément
fournir au patient une copie du compte rendu opératoire en même temps que
l’information relative au produit. C’est important, car selon la loi, les dossiers des
patients ne doivent être conservés que pendant 10 ans.
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