Implants Suisse: Bon nombre de médecins craignent une augmentation de la
pression des coûts du fait de l’introduction des forfaits par cas et que, par
conséquent, tous les patients ne puissent plus recevoir l’implant qui convient le
mieux à leur situation. Pensez-vous qu’à l’avenir les hôpitaux soient prêts à
accepter des pertes en termes de qualité pour faire des économies?
Margrit Kessler: Oui, c’est dans l’intérêt d’une direction d’acheter le moins cher
possible. À l’avenir, il se pourrait ainsi que l’on achète les matériaux pour implants
par exemple en Chine, où la qualité est moins bonne. On risque aussi de voir les
entreprises européennes délocaliser la production en Chine pour certains
processus de travail, et ce pour des raisons de coûts. Mais il y a tout de même
aussi de bonnes nouvelles. Le fait qu’il existe maintenant un nouveau registre des
implants orthopédiques (SIRIS) en Suisse est un progrès. Ce registre aide à
augmenter la qualité des produits en Suisse et à mieux pouvoir suivre les produits
défectueux.
Implants Suisse: Avez-vous déjà connaissance de cas pour lesquels on fait des
économies sur les implants utilisés?
Margrit Kessler: Oui. On a utilisé des vis en nickel chez une femme allergique au
nickel. Si on lui avait demandé si elle était allergique aux bijoux fantaisies, elle
aurait répondu en conséquence. Avec des vis en titane elle n’aurait eu aucun
problème. Son calvaire a duré plusieurs mois, une invalidité avec une qualité de
vie restreinte. Trois pour cent de la population est allergique au nickel.
Implants Suisse: Est-ce que les patients peuvent eux-mêmes faire quelque
chose pour qu’en dépit du système de forfaits par cas ils puissent bénéficier de
l’implant le mieux adapté à leur situation?
Margrit Kessler: Oui, les patients doivent prendre leur propre responsabilité et
demander à leur médecin quel modèle on va leur implanter et dans quel pays il a
été fabriqué. Si j’étais à leur place, je demanderais les documents écrits déjà
avant l’intervention. Mais après l’intervention, le médecin devrait spontanément
fournir au patient une copie du compte rendu opératoire en même temps que
l’information relative au produit. C’est important, car selon la loi, les dossiers des
patients ne doivent être conservés que pendant 10 ans.