This article appeared in a journal published by Elsevier. The attached copy is furnished to the author for internal non-commercial research and education use, including for instruction at the authors institution and sharing with colleagues. Other uses, including reproduction and distribution, or selling or licensing copies, or posting to personal, institutional or third party websites are prohibited. In most cases authors are permitted to post their version of the article (e.g. in Word or Tex form) to their personal website or institutional repository. Authors requiring further information regarding Elsevier’s archiving and manuscript policies are encouraged to visit: http://www.elsevier.com/copyright Author's personal copy Revue des Maladies Respiratoires (2012) 29, 347—354 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com FICHE TECHNIQUE / Coordonnée par A. Cuvelier Ventilation à percussions intrapulmonaires : fonctionnement et modalités de réglage Intrapulmonary percussion ventilation: Operation and settings G. Riffard a,∗, M. Toussaint b a Service de rééducation fonctionnelle, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France b Ziekenhuis Inkendaal, centre de ventilation mécanique pour le domicile et centre neuromusculaire, Vlezenbeek, Belgique Reçu le 18 novembre 2010 ; accepté le 16 août 2011 Disponible sur Internet le 9 janvier 2012 MOTS CLÉS Désencombrement ; Kinésithérapie respiratoire ; Ventilation à percussions intrapulmonaires KEYWORDS Airway clearance; Chest physiotherapy; Intrapulmonary percussive ventilation ∗ Résumé La ventilation à percussions intrapulmonaires (VPI) vise à favoriser le désencombrement bronchique, à recruter des territoires pulmonaires et à améliorer les échanges gazeux. Son principe consiste à administrer dans les voies aériennes de petits volumes courants à haute fréquence. Cet article décrit l’appareil générateur de VPI, et notamment le Phasitron® qui constitue une interface dynamique entre la source pneumatique de gaz et le patient. Les principes d’action, non totalement élucidés, sont ensuite discutés. Enfin, les réglages sont proposés selon deux stratégies. Chez les patients obstructifs présentant une autonomie ventilatoire, l’effet vibratoire et percussif est privilégié (fréquence supérieure à 300 cycles/min, pression proximale dans les voies aériennes entre 10 à 20 cmH2 O). Chez des patients restrictifs sans autonomie ventilatoire, la VPI doit en plus assurer des échanges gazeux satisfaisants. La fréquence des percussions sera moins rapide (80—200 cycles/min) et la pression proximale pourra atteindre 40 cmH2 O. Au cours des séances, la fréquence sera modifiée afin d’alterner le travail percussif (les fréquences élevées favorisant la mobilisation des sécrétions) et ventilatoire (les fréquences lentes favorisant la ventilation alvéolaire et la remontée des sécrétions). © 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Summary Intrapulmonary Percussion Ventilation (IPV) was designed to promote airway clearance, to recruit areas of lung and to improve pulmonary gas exchange. Its principle is to administer bursts of small tidal volume at high frequency. This article describes IPV devices, especially the Phasitron® , which provides a dynamic interface between the pneumatic source of gas and the patient. Although not fully understood, the principles of action are also discussed. Finally, available settings of IPV are proposed following two strategies. In patients Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Riffard). 0761-8425/$ — see front matter © 2011 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rmr.2011.12.003 Author's personal copy 348 G. Riffard, M. Toussaint with obstructive respiratory disease and ventilatory autonomy, the vibrations and percussions are applied with a frequency more than 300 cycles/min and pressure in the proximal airways ranging from 10—20 cm. H2 O. In patients with restrictive pulmonary disease but without ventilatory autonomy, IPV is expected to improve gas exchange. The frequency of percussion will be slower (80—200 cycles/min) but the proximal airway pressure may reach 40 cm H2 O. During the sessions, the frequency may be modified to alternate from a percussive pattern (high frequencies promoting the mobilization of secretions) to a ventilatory pattern (slow frequencies encouraging alveolar ventilation and clearance of secretions). © 2011 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Introduction Élaborée dans les années 1980, la ventilation à percussions intrapulmonaires (VPI) est utilisée pour favoriser le désencombrement bronchique, homogénéiser la ventilation, recruter des territoires pulmonaires et/ou améliorer les échanges gazeux. Elle consiste à administrer, à haute fréquence, des petits volumes courants dans les voies aériennes. La présente fiche technique vise à décrire l’appareil générateur de VPI (Percussionaire® , Sandpoint, États-Unis), ses principes physiques et ses modalités de réglage. L’évaluation clinique de la VPI dans la littérature médicale fait l’objet d’un autre article de notre équipe, publié conjointement dans la Revue des maladies respiratoires. Description de l’appareil générateur de ventilation à percussions intrapulmonaires L’appareil de VPI est composé d’un boîtier pneumatique relié à un piston, appelé Phasitron® , qui constitue une interface dynamique entre la source pneumatique de gaz et le patient (Fig. 1). Le boîtier pneumatique Le boîtier pneumatique peut être connecté soit à une source d’air externe (en milieu hospitalier), soit à une source d’air interne via un compresseur incorporé à la machine (au cabinet du kinésithérapeute ou au domicile des patients). La conception interne uniquement pneumatique limite le monitorage : un simple manomètre mécanique mesure la pression proximale dans les voies aériennes (Pva) à la sortie du circuit. Le monitorage des autres paramètres tels que la fréquence respiratoire (f) ou le rapport des temps inspiratoires/expiratoires (I/E) n’est pas disponible. ® Le Phasitron Le Phasitron® est la pièce originale du circuit (Fig. 2). Il est relié au boîtier pneumatique comme illustré à la Fig. 1. Ce Phasitron® va transformer les gaz en provenance du boîtier pneumatique en mini-volumes courants, caractérisés par des pics de pression (percussions) et les transmettre vers les poumons. L’originalité du circuit réside dans l’adaptation de ces percussions aux changements de propriétés mécaniques du système respiratoire du patient [1]. La présence Figure 1. Description d’un Percussionaire® (modèle pour hôpital, type IPV2-C). Le boîtier pneumatique (bleu) est relié au Phasitron® par l’intermédiaire d’un circuit à quatre lignes : jaune (pression du nébuliseur), verte (initiation et arrêt des percussions), blanche (pression vers le Phasitron® ) et rouge (monitorage de la pression proximale). Le manomètre (A) mesure la pression d’entrée dans le boîtier (pression de travail). Le manomètre (B) mesure la pression proximale dans les voies aériennes. Noter la présence d’un filtre antibactérien sur la ligne rouge (C) et d’un raccord (D) pour un éventuel apport en oxygène. de résistances élevées au niveau des voies aériennes se traduira par la production de petits volumes délivrés à haute pression, alors qu’en présence de faibles résistances, de plus grands volumes seront délivrés à basse pression. Cette adaptation des percussions protège ainsi le poumon des risques de barotraumatisme. Le nébuliseur Le circuit est muni d’un nébuliseur connecté au Phasitron® . La production d’un aérosol d’eau ou de sérum Author's personal copy Ventilation à percussions intrapulmonaires : fonctionnement et modalités de réglage 349 Figure 2. Fonctionnement du Phasitron® . A : en phase percussive inspiratoire, les gaz pressurisés pulsés poussent le piston (Venturi mobile) vers l’avant, provoquant l’ouverture de la porte inspiratoire et la fermeture de la porte expiratoire. Ces gaz traversent un conduit de plus en plus étroit, créant une zone de basse pression (effet Bernoulli) en regard de la porte inspiratoire, entraînant un appel d’air ambiant dans le Phasitron® (effet Venturi) ; B : en phase expiratoire, le piston revient à sa position initiale par effet ressort. La porte expiratoire s’ouvre, permettant la sortie des gaz dans l’air ambiant avant l’arrivée de la percussion suivante. (D’après http://www.percussionaire.com/dodgers and manuals/IPV Gen. Manual.pdf). physiologique convient pour éviter l’assèchement des muqueuses durant les séances, notamment lors d’une utilisation par voie invasive. Il n’est cependant pas adapté pour la déposition d’aérosols médicamenteux (voire autre article de notre équipe). L’interface patient-machine Le Phasitron® est connecté au patient par voie non invasive via un embout buccal, un masque nasal ou nasobuccal, ou invasive via une canule de trachéotomie ou une sonde d’intubation. En cas d’utilisation par voie invasive, le constructeur recommande de dégonfler légèrement le ballonnet (fuite audible) afin de faciliter la migration des sécrétions vers la bouche. Principes d’action de la ventilation à percussions intrapulmonaires Les percussions représentent de petits volumes d’air, appelés volumes sous courants, pouvant être inférieurs à l’espace mort physiologique. Ils sont administrés à une fréquence • La VPI consiste à administrer, à haute fréquence, des petits volumes courants dans les voies aériennes. • L’appareil de VPI est composé d’un boîtier pneumatique relié à un piston : le Phasitron® . • Ce Phasitron® est la pièce originale du circuit qui va transformer les gaz en provenance du boîtier pneumatique en mini-volumes courants, caractérisés par des pics de pression (percussions). • Le dispositif comporte enfin un nébuliseur et soit un embout buccal, un masque nasal ou nasobuccal pour la voie non invasive, soit une canule de trachéotomie ou une sonde d’intubation pour la voie invasive. comprise entre 1 et 10 Hz (60—600 cycles/min). Ces volumes varient grandement en fonction des réglages, de quelques millilitres à haute fréquence et basse pression à près de 400 mL à basse fréquence et haute pression. Le mode d’action de la VPI reste mal déterminé. La succession des percussions crée au centre de la lumière bronchique un front de gaz qui progresse vers la périphérie du poumon, tandis Author's personal copy 350 Figure 3. Principes d’action de la ventilation à percussions intrapulmonaires. La succession des percussions crée dans les voies aériennes une pression expiratoire positive (PEEP oscillante). À partir de cette position d’équilibre, un front de gaz se crée au centre de la lumière bronchique, tandis qu’un contre-débit rétrograde s’établit le long des parois bronchiques. (D’après http://www.percussionaire.com/dodgers and manuals/ IPV Gen. Manual.pdf). qu’un contre-débit rétrograde s’établit de la périphérie vers la bouche, le long des parois bronchiques (Fig. 3) [1]. Le premier effet de la VPI est de favoriser la mobilisation des sécrétions bronchiques [2,3] : la rapide variation des pics de pressions provoque un effet vibratoire interne sur la muqueuse, qui, couplé à la nébulisation d’eau, agit sur la cohésion et l’adhérence du mucus. La remontée des sécrétions serait facilitée par le contre-débit rétrograde, mais ce point manque d’évidence scientifique. Le deuxième effet de la VPI est de favoriser le recrutement de territoires pulmonaires obstrués grâce à une répartition plus homogène de l’air dans l’arbre bronchique, permettant d’éviter l’hyper-inflation des territoires sains. La Fig. 3 décrit la ventilation de volumes sous courants successifs, jusqu’à l’obtention d’une position d’équilibre située au-dessus du volume de fermeture pulmonaire. Cette ventilation « protectrice » du poumon limite les risques de barotraumatisme induits par la ventilation en évitant la surdistension en fin d’inspiration, le collapsus alvéolaire en fin d’expiration et le recrutement/dérecrutement alvéolaire séquentiel au cours du cycle respiratoire. Dans une étude in vitro sur poumon-test, Lucangelo et al. ont décrit cette accommodation de la distribution des volumes dans deux compartiments pulmonaires hétérogènes soumis à la VPI [4], ce qui n’a pas été confirmé in vivo. Le troisième effet, également décrits dans notre autre article, est l’amélioration des échanges gazeux [1,5]. L’importance des débits de gaz délivrés au patient (jusqu’à 40 L/min) et l’agitation moléculaire induite par les percussions majorent le contact entre les molécules d’oxygène et la membrane alvéolo-capillaire. De plus, la succession des percussions induit un effet positive end expiratory pressure (PEEP) favorisant le recrutement pulmonaire [1]. G. Riffard, M. Toussaint • Les percussions correspondent à de petits volumes d’air, appelés volumes sous courants, pouvant être inférieurs à l’espace mort physiologique mais pouvant être très variables en fonction des réglages (quelques millilitres à haute fréquence et basse pression à près de 400 mL à basse fréquence et haute pression). • Leur fréquence d’administration varie de 1 à 10 Hz (60—600 cycles/min). • Le premier effet de la VPI est de favoriser la mobilisation des sécrétions bronchiques. • Le deuxième effet est de favoriser le recrutement de territoires pulmonaires obstrués grâce à une répartition plus homogène de l’air dans l’arbre bronchique. • Le troisième effet est l’amélioration des échanges gazeux. La ventilation à percussions intrapulmonaires : une technique de ventilation ? Comme décrit dans notre autre article publié dans la Revue, la VPI peut se superposer à la ventilation spontanée des patients (Fig. 4A). Les patients peuvent également choisir de se laisser ventiler passivement par la VPI (Fig. 4 B). Bien que le niveau d’évidence concernant l’efficacité de la VPI comme ventilateur mécanique soit faible, deux stratégies de réglage sont décrites dans la littérature : la VPI à haute fréquence et à basse fréquence. Toussaint et al. [3] ont utilisé la VPI à basse fréquence chez des myopathes de Duchenne ventilés par trachéotomie. La fréquence des percussions utilisée était lente (f = 120 cycles/min), le rapport I/E était inversé à 2/1 et les pressions dans les voies aériennes étaient relativement élevées (jusqu’à 40 cmH2 O). Ces auteurs ont retrouvé une amélioration du désencombrement associé à l’usage de la VPI avec stabilisation de la SpO2 et de la PaCO2 au terme des 15 minutes de traitement. Chelha et al. [6] étudièrent quant à eux la faisabilité de 20 minutes de VPI réalisée à fréquence élevée (300 cycles/min) chez dix patients intubés, ventilés, admis en réanimation pour décompensation respiratoire aiguë sur BPCO. Ils notèrent une amélioration de la PaO2 (120 versus 144,6 mmHg ; p < 0,05) avec une bonne tolérance hémodynamique et une stabilisation de la PaCO2 en fin de séance. En effet, à fréquence rapide, les percussions successives entraînent un débit constant de gaz frais dans les poumons (Fig. 3), assurant la ventilation alvéolaire. Nava et al. [7] ont démontré la possibilité chez cinq sujets sains de se laisser ventiler par la VPI. En utilisant celle-ci à une fréquence de 250 cycles/min, ils parvinrent à maintenir une apnée au-delà de deux minutes sans désaturation ni dyspnée. Il apparaît donc que la VPI offre aux patients sans autonomie ventilatoire une assistance mécanique ventilatoire transitoire utile lors d’une séance de drainage bronchique. Le monitorage de la SpO2 est souhaitable pour s’assurer de l’oxygénation satisfaisante de ce type de patients. Author's personal copy Ventilation à percussions intrapulmonaires : fonctionnement et modalités de réglage 351 Choix des réglages de la VPI Restrictifs Patient nécessitant une assistance ventilatoire Patient ayant une autonomie respiratoire - f: 80-200/min - Ptr : 2-4 bars - I/E: 1/1 à 2/1 => Pva: 10-40 cmH2O - f:120-300/min - Ptr : 2-4 bars - I/E : 1/1 => Pva : 10-30 cmH2O Obstructifs INUTILE - f> 280/min - Ptr : 1-2 bars - I/E : 1/2,5 => Pva: 5-20 cmH2O Figure 5. Réglages conseillés et pression proximale obtenue dans les voies aériennes (Pva), pour la ventilation à percussions intrapulmonaires (VPI) ; f : fréquence des percussions ; Ptr : pression de travail ; I/E : rapport du temps inspiratoire sur le temps expiratoire. motrice centrale ou par rigidité thoracique et qui ne peuvent plus assurer une ventilation alvéolaire suffisante. C’est le cas de patients atteints d’affection respiratoire de type restrictive. Figure 4. Pression mesurée dans les voies aériennes proximales lors d’une séance de ventilation à percussions intrapulmonaires. A : ventilation à percussions intrapulmonaires chez un sujet en ventilation spontanée. Les percussions se superposent à la ventilation spontanée du sujet. On note deux types de pics de pression, inspiratoire (PPI) et expiratoire (PPE). Les PPI sont de petite amplitude du fait de la dépression inspiratoire générée par les muscles inspiratoires. En revanche, les PPE sont plus amples que les PPI puisque la pression de retour élastique du poumon s’additionne à la pression positive générée par la VPI ; B : ventilation à percussions intrapulmonaires chez un sujet sans effort ventilatoire spontané. Noter la pression plus élevée et la fréquence des percussions plus lente qui permettent un support ventilatoire. (D’après Toussaint et al., Respir Care 2003;48:940—947, avec permission). • Sous couvert d’un monitorage de la SpO2 , la VPI offre aux patients sans autonomie ventilatoire une assistance mécanique transitoire utile lors d’une séance de drainage bronchique. Obstruction bronchique et autonomie ventilatoire préservées Chez les patients ayant une autonomie ventilatoire préservée, le travail respiratoire est assuré par les muscles du patient. Dans ce cas, les percussions ne seront pas utilisées pour remplacer la ventilation spontanée du patient : elles se surimposeront à celle-ci, luttant ainsi contre la composante obstructive prédominante. C’est ici l’effet vibratoire et « percussif » de la VPI qui sera privilégié : fréquence élevée des percussions (supérieure à 300 cycles/min), pression de travail basse (entre 15 et 30 psi, soit un et deux bars) permettant d’obtenir une pression proximale aux alentours de 10 à 20 cmH2 O. Birnkrant et al. [8] ont utilisé des pics de pression proximale plus faibles, entre 6 et 10 cmH2 O, pour traiter des atélectasies chez des patients entre quatre et 27 ans. En pratique, la pression de travail peut être graduellement augmentée jusqu’à la perception, tant manuelle que visuelle, des percussions sur le thorax du patient. Réglage de la ventilation à percussions intrapulmonaires ? Restriction pulmonaire et autonomie ventilatoire non préservés Les réglages de la VPI (pression, fréquence, rapport I/E) dépendent de la pathologie à prendre en charge et des buts thérapeutiques recherchés [3]. Comme suggéré (Fig. 5), deux types de patients sont à considérer ici : • ceux avec une autonomie ventilatoire normale, le plus souvent atteints de pathologie de type obstructive ; • ceux dont les muscles respiratoires sont inefficaces par faiblesse musculaire, par altération de la commande À l’inverse, chez les patients ayant peu ou pas d’autonomie ventilatoire, tels que les patients restrictifs sévères ou les patients sous assistance ventilatoire artificielle, la VPI visera deux objectifs : aider au désencombrement bronchique et ventiler, c’est-à-dire assurer des échanges gazeux satisfaisants. La fréquence des percussions sera moins rapide (80—200 cycles/min) et la pression de travail du compresseur sera augmentée (jusqu’à 40 psi = 2,8 bars) afin d’obtenir des volumes sous courants plus importants. La Author's personal copy 352 G. Riffard, M. Toussaint pression proximale générée ne devra toutefois pas dépasser 40 cmH2 O. Là encore, les percussions devront être visibles sur le thorax du patient. Étant donné le faible risque de barotraumatisme [3], la pression de travail sera augmentée avec comme seule limite le confort du patient. Entre ces deux réglages extrêmes (Fig. 3 : A versus B), il faudra adapter la pression de travail et la fréquence à l’effet recherché lors de la séance ainsi qu’en fonction des caractères obstructifs et/ou restrictifs de la pathologie et du confort respiratoire du patient. LE RÉGLAGE DE LA VPI DÉPEND DU TYPE DE PATIENT : • Si l’autonomie ventilatoire du patient est préservée, le travail respiratoire est assuré par les muscles du patient. Les percussions se surimposent alors à la ventilation spontanée du patient, luttant ainsi contre la composante obstructive prédominante. C’est l’effet vibratoire et « percussif » de la VPI qui est ici privilégié. • Chez les patients ayant peu ou pas d’autonomie ventilatoire, tels que les patients restrictifs sévères ou les patients sous assistance ventilatoire artificielle, la VPI visera deux objectifs : d’une part, aider au désencombrement bronchique, d’autre part, ventiler, c’est-à-dire assurer des échanges gazeux satisfaisants. La fréquence des percussions sera moins rapide (80—200 cycles/min) et la pression de travail du compresseur sera augmentée (jusqu’à 40 psi = 2,8 bars) afin d’obtenir des volumes sous courants plus importants. • Dans le premier cas, la fréquence de percussion est élevée et la pression de travail est basse, alors que dans le second, la fréquence des percussions sera moins rapide (80—200 cycles/min) et la pression de travail du compresseur sera augmentée. • Entre ces deux réglages extrêmes, on adapte la pression de travail et la fréquence à l’effet recherché lors de la séance en fonction des caractères obstructifs et/ou restrictifs de la pathologie et du confort respiratoire du patient. Figure 6. Rapport du temps inspiratoire/expiratoire (I/E) des percussions. Ce rapport est représenté ici à 1/2,5. inspiratoire court empêche ainsi une augmentation importante de la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF). En pratique courante, ce rapport I/E est souvent peu modifié, à l’exception de la prise en charge des patients restrictifs sévères. Dans ce cas, l’augmentation du temps inspiratoire allonge le temps imparti au remplissage pulmonaire, entraînant une augmentation du support ventilatoire apporté au patient [3]. Sachant que l’augmentation du recul élastique des poumons réduit le temps nécessaire à l’expiration, le rapport I/E peut donc être proche de 1/1, voire être inversé (2/1) dans ces pathologies (Fig. 7). Inversement, lorsque la composante obstructive est prédominante, il est préférable de maintenir ce rapport I/E à 1/2,5, au risque d’entraîner des pressions potentiellement délétères et une augmentation trop importante de la CRF avec installation d’une auto-PEEP, généralement mal tolérée au niveau hémodynamique (diminution du retour veineux). Réglage du débit Lorsque le réglage du débit est disponible, la pression de travail peut être réglée en permanence à un niveau élevé (40 psi = 2,8 bars). En effet, c’est l’augmentation progressive du débit qui entraînera l’augmentation de la pression proximale. Réglage de la pression positive continue Réglages supplémentaires sur certains appareils délivrant la ventilation à percussions intrapulmonaires Dans la gamme des appareils de VPI, certains permettent le réglage du rapport entre le temps inspiratoire et expiratoire, du débit et proposent l’adjonction d’une pression positive continue. Réglage du rapport inspiration/expiration (I/E) Le rapport I/E de chaque percussion (Fig. 6) est préréglé par le constructeur à 1/2,5. Cela correspond à la position du bouton I/E au zénith, flèche contre flèche. Un temps L’adjonction d’une pression positive continue dans les voies aériennes doit être utilisée avec beaucoup de précautions, les percussions entraînant déjà un effet PEEP sensible. Interférence entre les différents réglages Du fait de la conception pneumatique des appareils délivrant la VPI, le changement d’un paramètre entraîne automatiquement une modification des autres paramètres. La fréquence des percussions est ainsi intimement liée à la pression de travail. Il faut d’ailleurs faire varier cette pression de travail pour accéder à la gamme complète des fréquences de la machine. Une augmentation de la pres- Author's personal copy Ventilation à percussions intrapulmonaires : fonctionnement et modalités de réglage 353 en présence d’un encombrement bronchique, il convient d’alterner des séquences de VPI à fréquence lente avec des séquences à fréquence plus élevée (entre 200 à 300 cycles minutes) permettant de mobiliser les sécrétions bronchiques. Afin de majorer l’efficacité de la VPI, des manœuvres de désencombrement périphérique manuelles, basées sur l’utilisation d’expirations lentes actives (réalisées par le patient) ou passives (réalisées par le kinésithérapeute), peuvent être rajoutées au cours de la séance. Ces manœuvres sont facilitées par l’assistance ventilatoire induite par la VPI. Bien que non validée en association avec la VPI, notre pratique quotidienne nous incite à mobiliser les patients dans différentes positions (assis, décubitus latéral droit et gauche, décubitus dorsal, voire ventral) afin d’accéder aux différents territoires pulmonaires. Figure 7. Influence des changements de paramétrage sur la pression proximale mesurée à la sortie du Phasitron® . L’augmentation de la fréquence diminue les volumes sous courants mais augmente l’effet percussif (pics de pression plus marqués) et de pression positive en fin d’expiration (PEEP). L’augmentation du rapport entre le temps inspiratoire et expiratoire (rapport I/E) augmente les volumes sous courants mais diminue l’effet percussif (pics de pression moins pointus). Enfin, l’augmentation de la pression de travail majore les deux effets, ventilatoire et percussif. Le « réglage croisé » suivant peut être proposé. Pour assurer un support ventilatoire et/ou favoriser la remontée des sécrétions vers la bouche : fréquence basse et temps inspiratoire augmenté. Pour augmenter l’effet percussif et le drainage périphérique : fréquence élevée et temps inspiratoire diminué. sion de travail permet d’accéder aux plus basses fréquences. À l’inverse, une pression de travail basse donne accès à de plus hautes fréquences. En pratique La durée moyenne d’une séance est de 15 à 20 minutes [8], à répéter plusieurs fois par jour si nécessaire. Une fois la pression de travail et la fréquence de base réglées, il est intéressant de modifier la fréquence des percussions au cours de la séance, afin d’alterner le travail percussif (les fréquences élevées favorisant la mobilisation des sécrétions,) et ventilatoire (les fréquences lentes favorisant la remontée des sécrétions). Ainsi, chez les patients obstructifs, 15 minutes de VPI à une fréquence supérieure à 300 cycles par minutes peuvent être complétées par cinq minutes de VPI à fréquence plus lente, comprise entre 150 à 300 cycles par minutes, afin de favoriser l’évacuation des sécrétions bronchiques mobilisées. Chez les patients restrictifs, la fréquence lente des percussions (entre 80 et 200 cycles par minutes), peuvent suffire pour une utilisation quotidienne d’entretien du recrutement pulmonaire. Mais • Certains appareils de VPI permettent de régler le rapport entre le temps inspiratoire et expiratoire, le débit et une option permettent d’adjoindre une pression positive continue. • Une fois la pression de travail et la fréquence de base réglées, on peut modifier la fréquence des percussions au cours de la séance, afin d’alterner le travail percussif (les fréquences élevées favorisant la mobilisation des sécrétions) et ventilatoire (les fréquences lentes favorisant la remontée des sécrétions). • L’adjonction de manœuvres de désencombrement périphérique manuelles permet de majorer l’efficacité de la VPI. Conclusions La VPI, basée sur une stratégie ventilatoire protectrice du poumon, constitue sur le plan théorique un concept idéal pour le drainage bronchique, le recrutement de territoires pulmonaires et l’amélioration des échanges gazeux. En pratique clinique, les mécanismes d’action sont encore insuffisamment démontrés et validés. De plus, l’apparente complexité des réglages, accentuée par le manque de monitorage de cette ventilation, explique probablement son manque de popularité. La VPI apparaît cependant être une technique utile, comme le suggère la revue de la littérature présentée dans l’autre article de notre équipe. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Author's personal copy 354 POINTS ESSENTIELS • Le but de la VPI est de favoriser le désencombrement bronchique, de recruter des territoires pulmonaires et d’améliorer les échanges gazeux. • Il existe deux grands types de réglage : effet vibratoire et percussif privilégié, avec fréquence supérieure à 300 cycles/min, pression proximale dans les voies aériennes entre 10 et 20 cmH2 O chez les patients obstructifs présentant une autonomie ventilatoire ; effet vibratoire avec maintien d’échanges gazeux satisfaisants chez des patients restrictifs sans autonomie ventilatoire, la fréquence des percussions étant alors moins rapide (80—200 cycles/min) et la pression proximale pouvant atteindre 40 cmH2 O. Références [1] Lucangelo U, Antonaglia V, Zin WA, et al. Effects of mechanical load on flow, volume and pressure delivered by high frequency percussive ventilation. Respir Physiol Neurobiol 2004;142:81—91. G. Riffard, M. Toussaint [2] Varekojis SM, Douce FH, Flucke RL, et al. A comparison of the therapeutic effectiveness of and preference for postural drainage and percussion, intrapulmonary percussive ventilation, and high frequency chest wall compression in hospitalized cystic fibrosis patients. Respir Care 2003;48:24. [3] Toussaint M, De Win H, Steens M, et al. Effect of intrapulmonary percussive ventilation on mucus clearance in duchenne muscular dystrophy patients: a preliminary report. Respir Care 2003;48:940—7. [4] Lucangelo U, Accardo A, Bernardi A, et al. Gas distribution in a two-compartment model ventilated in high frequency percussive and pressure-controlled modes. Intensive Care Med 2010;36:2125—31. [5] Vargas F, Bui HN, Boyer A, et al. Intrapulmonary percussive ventilation in acute exacerbations of COPD patients with mild respiratory acidosis: a randomized controlled trial. Crit Care 2005;9:R382—9. [6] Chelha R, Warmberg C, Thille A, et al. Intérêt du drainage par percussion intrapulmonaire au cours du sevrage ventilatoire en réanimation. 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