MAPAR 2014
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3. COMMENT DIAGNOSTIQUER LA DYSFONCTION CARDIAQUE
LIÉE AU SEPSIS ?
3.1. L’ÉCHOGRAPHIE CARDIAQUE
L’échographie cardiaque est l’examen clef pour le diagnostic de la dysfonction
cardiaque liée au sepsis via la mesure de la FEVG (Figure 2). Il est important dans
ce contexte de souligner que la FEVG dépend de la postcharge VG, en d’autres
termes du niveau de pression artérielle systolique. Ainsi, une FEVG mesurée à
60 % alors que la pression artérielle systolique est basse correspond en fait à
une altération caractérisée de la contractilité VG. L’échographie cardiaque permet
également de rechercher une éventuelle dysfonction diastolique ou dysfonction
VD. Néanmoins, l’échographie cardiaque a l’inconvénient pratique de ne pas
permettre pas un monitorage hémodynamique en temps réel.
3.2. LE CATHÉTER ARTÉRIEL PULMONAIRE
Avec le cathéter artériel pulmonaire (CAP), la dysfonction cardiaque liée au
sepsis est usuellement détectée par l’association d’un bas débit cardiaque et
d’une pression artérielle pulmonaire d’occlusion élevée [10]. Cette définition est
cependant discutable. Premièrement, au cours du sepsis, le débit cardiaque
peut être normal voire augmenté en dépit d’une dysfonction cardiaque avérée.
Deuxièmement, la mesure de la pression artérielle pulmonaire d’occlusion est
sujette à de nombreux pièges. Enfin, la pression de remplissage VG est affectée
par de nombreux paramètres au cours de la réanimation du choc septique, de
sorte que son élévation est peu sensible et peu spécifique pour le diagnostic
de dysfonction VG. Ainsi, si les anomalies caractéristiques sont observées avec
le CAP, ceci doit raisonnablement inciter à réaliser une échographie cardiaque
pour confirmer le diagnostic avant de prendre des décisions thérapeutiques.
Le CAP présente l’avantage de permettre une évaluation précise de
l’oxygénation tissulaire via la saturation en oxygène du sang veineux mêlé
(SvO2). Il est aussi particulièrement approprié pour guider les thérapeutiques
à visée cardiaque, en particulier inotropes (Figure 2). En effet, à la mesure du
débit cardiaque, il adjoint l’estimation de l’oxygénation tissulaire, ce qui permet
d’estimer l’adéquation du débit cardiaque aux besoins en oxygène des tissus
de l’organisme (Figure 2).
3.3. LA THERMODILUTION TRANSPULMONAIRE
La thermodilution transpulmonaire (système PiCCO, Pulsion Medical
Systems et système VolumeView/EV1000, Edwards Life Sciences) est une
technique de monitorage hémodynamique qui fournit de nombreuses données
hémodynamiques telles que le débit cardiaque, le volume télédiastolique global et
l’eau pulmonaire extra-vasculaire pulmonaire. La thermodilution transpulmonaire
permet aussi de mesurer l’index de fonction cardiaque qui est un marqueur de la
fonction systolique [11]. Chez les patients en choc septique, il existe une bonne
corrélation entre cet indice et la FEVG mesurée à l’échographie [11]. Un index
de fonction cardiaque bas, tel qu’il peut être mesuré par une simple injection de
bolus de soluté salé froid au travers d’un cathéter veineux central, peut alerter le
clinicien et l’inciter à réaliser une échographie cardiaque. Associée à une mesure
de la SvO2 du sang veineux central (ScvO2), la thermodilution transpulmonaire
permet comme le CAP de guider le traitement, en particulier inotrope (Figure 2).