La Lettre du Neurologue - vol. X - n° 5 - mai 2006 183
un pool de 28 000 patients, seuls 5 053 à 6 738 sujets déments ou
prédéments sont donc diagnostiqués ou pris en charge par les
consultations hospitalières. Environ 14 000 sont vus en ville,
mais le diagnostic y est souvent tardif compte tenu de la pénurie
de neuropsychologues libéraux et du coût souvent rédhibitoire de
leur consultation.
L’objectif du réseau est de désengorger les services hospitaliers,
dans lesquels de surcroît le délai d’attente peut atteindre 8 mois,
en offrant la possibilité aux patients des cabinets libéraux de
bénéficier d’une consultation en ville, de même qualité, de faible
coût et sans attente, dans le cadre d’un véritable réseau de santé,
en lien étroit avec les établissements de soins et les associations
de malades.
Le réseau peut ensuite offrir à chaque malade, dont le diagnostic
est correctement posé, la réponse la plus adaptée à sa situation :
prise en charge en ville, hospitalisation, placement en EPHAD,
HAD, retour à domicile avec accompagnement psychologique
des aidants, etc.
En clair, le réseau s’adresse aux quelque 8 000 personnes
malades qui ne seraient pas encore diagnostiquées, en ayant pour
objectif de prendre en charge le maximum d’entre elles. Il pro-
pose également des délais d’attente plus courts aux 6 000 per-
sonnes environ déjà vues en consultation hospitalière. Enfin, pour
toutes, il assure un suivi médical et social à chaque étape de leur
“parcours mémoire”.
FONCTIONNEMENT ET SPÉCIFICITÉS
DU RÉSEAU MÉMOIRE ALOÏS
Le réseau mémoire Aloïs trouve son origine dans une initiative
libérale et associe des médecins de disciplines différentes (géné-
ralistes, neurologues, gériatres, psychiatres), des professionnels
médico-sociaux, des établissements de soins, des institutions
d’hébergement pour personnes âgées, des organismes sociaux, des
associations de malades et d’usagers, tous animés du souci d’amé-
liorer le diagnostic précoce, l’accès aux soins, la coordination, la
continuité et l’interdisciplinarité de la prise en charge des malades
spécifiquement atteints de pathologies de la mémoire.
Créé en novembre 2004, financé par l’Union régionale des
caisses d’assurance maladie d’Île-de-France et par l’Agence
régionale de l’hospitalisation, le réseau dispose de huit salariés :
un médecin directeur, deux médecins coordonnateurs, deux
neuropsychologues, une infirmière régulatrice, une coordinatrice
et une secrétaire. Il fait par ailleurs ponctuellement appel à un
certain nombre de prestataires extérieurs, tels que des experts-
comptables, des juristes ou des consultants en informatique et
système Internet.
Un bilan psychométrique pour les patients du réseau
Le réseau propose tout d’abord à ses patients un bilan psycho-
métrique effectué par une neuropsychologue pendant environ
deux heures. Ces consultations ont lieu en cabinet privé dans les
VIIe, XIVeet XVearrondissements et coûtent 20 euros (non rem-
boursés, au titre de don à l’association du réseau). Afin de per-
mettre au spécialiste de poser un diagnostic qui soit le plus pré-
coce possible, les rendez-vous peuvent être obtenus dans un délai
très rapide par rapport aux consultations hospitalières : une quin-
zaine de jours au maximum. Dès lors qu’ils ont signé la conven-
tion constitutive du réseau, tous les spécialistes peuvent adresser
leurs patients à la neuropsychologue du réseau. Les rendez-vous
sont alors à prendre directement auprès du réseau par le médecin
spécialiste ou par le patient lui-même.
Une équipe de coordination au service des patients
et des professionnels
Le réseau repose également sur une équipe de coordination qui a pour
mission de guider et d’informer le patient à chaque étape de son
parcours mémoire : mise à disposition d’une liste complète de
professionnels exerçant à proximité de son domicile ou à domicile,
en secteur 1 ou en secteur 2 (médecins généralistes, spécialistes,
orthophonistes, stimulation cognitive, organismes sociaux ou juri-
diques, associations de familles, Centres locaux d’information et
de coordination [CLICS], programmes de soutien aux aidants) ;
indications sur la procédure à suivre et mise en contact avec les
interlocuteurs adaptés lorsque l’état du patient nécessite un bilan
à l’hôpital, une hospitalisation prolongée ou à domicile, un accueil
de jour ; en cas de recherche d’une maison de retraite médicalisée
et spécialisée, mise en relation avec les établissements les mieux
adaptés à la situation et disponibles à la date souhaitée.
L’équipe de coordination est également là pour décharger les pro-
fessionnels de ces questions relatives à l’information et à l’orien-
tation des patients en les faisant bénéficier de tous ces services.
Le professionnel trouve donc dans le réseau un soutien supplé-
mentaire pour les patients et les familles, souvent déstabilisés par
l’annonce du diagnostic ainsi que par les difficultés quotidiennes
inhérentes à la démence. Dans tous les cas, le médecin garde la
pleine maîtrise du suivi de son patient : le réseau vient en soutien,
si besoin et sur demande, mais il ne se substitue jamais au méde-
cin traitant. Pour les professionnels, le réseau organise de surcroît
des sessions de formation, destinées à approfondir avec eux cer-
tains aspects des maladies de la mémoire et à examiner les diffé-
rentes situations qu’ils peuvent rencontrer avec leurs patients.
Le réseau propose donc une consultation mémoire complète,
c’est-à-dire une consultation pluridisciplinaire, comprenant
notamment l’intervention d’un spécialiste (neurologue, gériatre
ou psychiatre) et d’une neuropsychologue. Dans certains cas,
l’intervention de la neuropsychologue ne sera pas nécessaire pour
poser le diagnostic.
Quelques chiffres
La tenue d’un livre de bord des patients du réseau a permis de
mettre en évidence au 15 mars 2006, après quinze mois d’acti-
vité, les statistiques suivantes :
✓Quatre cent trente patients répondent aux critères d’inclusion
(domiciliation dans la zone, plainte mnésique et consultation
chez au moins l’un des professionnels membres du réseau).