La Dre Garcia devrait étudier cette directive avec soin avant qu'elle et ses patients décident du nombre d'embryons
à transférer en même temps. Ils doivent soupeser leur désir de maximiser les chances de grossesse en regard du
désir d'éviter d'exposer la mère et les bébés éventuels à des risques additionnels. Une démarche prudente
consisterait à ne pas transférer plus que le nombre maximal d'embryons recommandés dans la directive clinique
(dans le cas de Mara, il s'agirait de deux embryons) et à laisser à la patiente le choix d'opter pour un nombre
d'embryons inférieur au nombre maximal recommandé (en d'autres mots, Mara pourrait opter pour le transfert
d'un seul embryon). Pour faciliter la décision de la patiente, la Dre Garcia devrait lui expliquer clairement les
risques médicaux importants associés à une grossesse multiple.
Q3. La Dre Garcia devrait-elle prescrire un test de DGP sur les embryons, en vue du dépistage des gènes
responsables de l'albinisme?
L'albinisme n'est habituellement pas une maladie qui menace le pronostic vital, bien que différents problèmes de
santé soient associés aux différentes formes d'albinisme. Le présent scénario nous amène à nous interroger sur les
états jugés suffisamment graves pour justifier un dépistage génétique sur les embryons avant leur implantation. Il
n'y a pas de lois précises sur cette question au Canada, et il existe des arguments éthiques pour et contre le
dépistage.
Tout comme les tests visant à déterminer le sexe, les tests de dépistage des affections génétiques (et d'autres
caractères génétiques) peuvent être perçus comme un exercice approprié que certains qualifient même de « liberté
procréative ». D'autres, en revanche, peuvent considérer ces pratiques comme une extension inappropiée du désir
de la patiente de contrôler son corps et le traitement médical qu'elle reçoit . Les tenants de ces tests de dépistage
y voient un moyen de prévenir des souffrances, alors que certains de ses opposants s'inquiètent du fait que ces
tests sont fondés sur des stéréotypes négatifs de la vie des personnes handicapées et qu'ils auront pour effet de
dévaloriser ces personnes.
Avant que la Dre Garcia ne prescrive un test de DGP pour le dépistage de ce caractère génétique ou de tout autre
caractère génétique, elle devrait proposer à ses patients de consulter un conseiller en génétique qui devrait être en
mesure d'expliquer aux patients quels troubles génétiques peuvent être détectés par le DGP et lesquels ne le sont
pas. Le conseiller devrait également pouvoir aider les patients à mieux comprendre les effets de l'albinisme dans la
vie de tous les jours, afin qu'ils puissent fonder leur décision concernant le DGP sur des faits plutôt que sur des
hypothèses.
Q4. La Dre Garcia devrait-elle accepter que Mara et Tony aient recours à un donneur de sperme à qui ils
verseront 1 000 $?
La Loi interdit l'achat de spermatozoïdes ou d'ovules d'un donneur (paragraphe 7[1]). Elle permet cependant aux
cliniques titulaires d'une autorisation de rembourser les frais supportés par un donneur en conformité avec les
règlements établis sous le régime de la Loi [alinéa 12[1]a]. Mara et Tony ne sont pas titulaires d'une autorisation
au sens de la Loi; ils ne peuvent donc pas verser d'argent au donneur de sperme, que ce soit à titre
d'indemnisation ou de remboursement des dépenses. Dès que le règlement applicable entre en vigueur, la clinique
de la Dre Garcia (à la condition d'être autorisée en vertu de la Loi) pourra rembourser les frais reliés au don
supportés par les donneurs volontaires de spermatozoïdes et d'ovules (sur présentation de reçus par les
donneurs), mais ne pourra rembourser aucun autre coût.
Certains pays autorisent la rémunération des donneurs et cette question soulève elle aussi d'intéressants
arguments éthiques, à la fois pour et contre. Certains commentateurs s'inquiètent de la moralité inhérente à la
pratique qui consiste à offrir de l'argent en échange de dons d'ovules ou de sperme et d'autres se préoccupent des
conséquences qui pourraient découler du fait de payer pour obtenir des gamètes (p. ex., des personnes
physiquement ou émotionnellement inaptes pourraient être encouragées à faire des dons). D'autres, au contraire,
allèguent qu'il est injuste de s'attendre à ce que des donneurs d'ovules et de sperme consacrent temps et effort, et
aient parfois à endurer de l'inconfort et même de la douleur, sans avoir droit à quelque rémunération. D'autres
encore craignent que l'offre d'ovules ou de sperme ne puisse suffire à la demande si aucune indemnisation (outre
le remboursement des dépenses) n'est offerte aux donneurs.
Enfin, sur le plan de la pertinence morale de payer pour obtenir des gamètes, on craint que cette pratique ne fasse
en sorte que le corps humain ou la procréation humaine soient désormais perçus comme des « produits ». En
d'autres mots, le fait d'offrir de l'argent en échange d'ovules ou de sperme aurait pour effet de considérer ces
substances, ainsi que les organismes desquels ils proviennent et les enfants qui pourraient en naître, comme des
produits qui peuvent être achetés et vendus, plutôt que comme un bien sacré ou inestimable en soi.