tique formel avoué! C’est avec Hans Küng
en effet, que, durant l’époque conciliaire, le
jeune Ratzinger a travaillé pour abattre les
bastions de l’Église catholique, qui, sous les
coups de pioche de ces théologiens icono-
clastes modernes, sont finalement tombés,
comme le souhaitait un maître de Ratzin-
ger, l’ex-jésuite Hans Hurs von Balthasar.
En ces jours désormais lointains, un cer-
tain Ralph M. Wiltgen, prêtre missionnaire,
suivait le Concile, non comme théologien,
mais comme journaliste. En 1967, il publia
aux États-Unis, un compte rendu personnel
des assises conciliaires dûment muni de
l’imprimatur et dont la première édition
française parut en 1973 au Cèdre.
Le Père Wiltgen intitula son livre Le
Rhin se jette dans le Tibre. Dans la préface
de la première édition écrite en 1966, le Père
Wiltgen explique son choix: “Cent ans avant
la naissance du Christ, Juvénal, dans l’une de
ses Satires, écrivait que l’Oronte, fleuve prin-
cipal de la Syrie, s’était jeté dans le Tibre. Il
entendait par là que la culture syrienne, qu’il
méprisait, avait réussi à pénétrer la culture de
sa Rome bien-aimée.
“Ce qui s’est passé sur le plan culturel au
temps de Juvénal s’est passé de nos jours sur
le plan théologique. Mais, cette fois, l’in-
fluence est venue des pays riverains du Rhin
- Allemagne, Autriche, Suisse, France et
Pays-Bas - et de la voisine Belgique. C’est
parce que les cardinaux, évêques et théolo-
giens de ces six pays ont réussi à exercer sur
le deuxième Concile du Vatican une influen-
ce prédominante que j’ai intitulé mon livre
‘Le Rhin se jette dans le Tibre’ (Préface, p.
9, éd. du Cèdre, Paris 1975).
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Les six pays de l’Alliance européenne
avaient en commun les traces profondes
qu’y avait laissé le protestantisme. L’influen-
ce du protestantisme, puis du jansénisme, du
protestantisme libéral, du modernisme, en-
fin du néo-modernisme de la nouvelle théo-
logie condamnée par Pie XII, était profon-
de. Les cardinaux Liénart (France), Suenens
(Belgique), König (Autriche) et surtout
Frings (Allemagne), furent les principaux
artisans de la révolution conciliaire. Et par-
mi les théologiens, deux noms émergent: Jo-
seph Ratzinger, expert de l’archevêque de
Cologne, Frings, et Karl Rahner, expert de
l’archevêque de Vienne, König.
En revoyant les images de Benoît XVI,
à Cologne, navigant sur le Rhin avant de
pénétrer dans la Synagogue locale, com-
ment s’empêcher de penser qu’avec son
élection, c’est vraiment et totalement que
le Rhin s’est jeté dans le Tibre!
De Cologne à Rome. Mais Rome est-elle
encore Rome, se demande-t-on en voyant ce
qu’était, il fut un temps, le couronnement du
Souverain Pontife? Place Saint-Pierre per-
sonne n’a ceint de la tiare le front de Joseph
Ratzinger qui a voulu innover par rapport
même à ses prédécesseurs immédiats: la tiare
a disparu aussi des armes pontificales, rem-
placée par le pallium archi-épiscopal. Il ne
s’agit pas d’un détail héraldique. Le “préfet
de la congrégation pour la doctrine de la
Foi” avait déjà exprimé sa pensée selon la-
quelle la papauté devait “revenir” au pre-
mier millénaire. Renier la tiare signifie re-
nier la papauté dans toute sa majesté, telle
qu’elle se manifesta au monde avec Saint
Grégoire VII, Innocent III, Boniface VIII…
jusqu’à Pie XII. La papauté que déjà Jean-
Paul II voulait réformer (Ut unum sint) n’est
plus ce qu’elle était. Le Pape ne sera plus
monarque de l’Église, “Le Pape n’est pas un
souverain absolu”, a dit Benoît XVI en pre-
Concile Vatican II : sortie des Pères
conciliaires de la Basilique vaticane
Benoît XVI à la synagogue de Cologne au cours de
son voyage en Allemagne. À droite avec le schofar