PATHOSOL : Lutte contre les agents pathogènes des sols en

publicité
PATHOSOL : Lutte contre les agents
pathogènes des sols en cultures légumières
bilan 2013
I.
Objectifs des essais
L’intensification de la production maraîchère avec des rotations culturales rapides (2-3 cultures par an)
favorise la fatigue des sols. En effet, la monoculture sur une parcelle favorise le développement d’agents
pathogènes telluriques contre lesquels aucun traitement phytopharmaceutique n’est aujourd’hui
suffisamment efficace de manière pluriannuelle.
L’objectif de cette action est d’introduire dans l’assolement en cours d’année une solarisation ou une plante
non hôte du pathogène tellurique (un engrais vert) afin de casser le cycle de monoculture. L’espèce
implantée en interculture sera préférentiellement de famille botanique différente des cultures maraîchères
habituellement cultivées, et choisie selon des propriétés d’efficacité pour lutter contre les bioagresseurs
visés.
Pour l’année 2014, un suivi des parcelles ayant été solarisées ou ayant eu un engrais vert en 2013 a été
réalisé afin d’évaluer leur état sanitaire (enherbement, sclérotinia). Les essais mis en place en 2013 ont été
reconduit en 2014 (introduction d’engrais vert dans la rotation, solarisation sous abri et en plein champ)
1) Dispositif expérimental
Modalité Mode de culture
Type de sol
Situation
géographique
Type d’assolement / modalité
1-
Abri (Tunnel 7)
Limono
argileux
St Georges / Layon
Rotation multi-espèce
depuis 25 ans
en
AB
2-
Plein champ (parcelle Limono
A)
sableux
St Georges / Layon
Rotation multi-espèce
depuis 25 ans
en
AB
3-
Abri (Tunnel 26)
Sableux
Allonnes
Rotation navet botte depuis 4 ans
4-
Plein champ (Trapèze) Sableux
Allonnes
Rotation navet botte depuis 4 ans
5-
Abri
(tunnel
solarisé)
9m Limono
sableux
Vivy
Rotation salade radis depuis 10
ans
6-
Abri (tunnel 9m EV Limono
solarisé)
sableux
Vivy
Rotation salade radis depuis 10
ans
7
Tunnel solarisé 250 h
8
Tunnel solarisé 300h
Villebernier
Bâche à plat 40µ
9
Tunnel solarisé 400 h
sableux
10
Témoin
solarisé
plein
11 - PE
Plein champ
bâche seule
champ
solarisé
non
-
Argilo
avec calcaire
Et
12 - PC Plein champ solarisé
PE
bâche et petite chenille
avec
13
- Plein champ solarisé
isobulle
plastique isobulle
avec
Limono
sableux
Grézillé
Bâche à plat 40µ
Et
Ste-Gemmes-s/ Bâche à plat 40µ et film 40µ
posé sur arceau.
Loire
Plastique isolant de serre
horticole, Isobulle
Les plastiques polyéthylènes ont été fournis par Ného et la CAPL dans le cadre de l’expérimentation.
I.
Introduction d’engrais vert dans la rotation
Modalités 1 à 6 : 4 modalités sous abri et 2 modalités en plein champ.
Analyses de sol et profils culturaux :
Les prélèvements pour les analyses de sol ont été effectués en juin 2014, envoyés au laboratoire d’analyse
du Loiret pour analyse et les commentaires effectués par le CDDL. Les profils de sol et analyses de sol ont
été effectués par le CDDL à l’automne 2014 sur chaque modalité.
Analyses « lombrics » : elles ont été faites fin mars 2014 durant une période printanière très humide. La
présence de lombrics a été dénombrée uniquement sur trois modalités (2, 3 et 5). Pour la modalité 6,
l’analyse n’a pas pu être réalisée. Protocole : UMR EcoBio Université de Rennes. Prélèvement en période
favorable (janvier à mi-mars, hors gel) de 3 fois 1 m² avant midi solaire. Utilisation d’une solution urticante
(méthode Observatoire Participatif du Vers de Terre), collecte et tri des vers de terre.
Infiltrométrie : protocole Vincent Hallaire INRA. Les analyses sont effectuées au printemps 2014. Malgré
une infiltrométrie réalisée au printemps (contrairement à 2013 où elle avait été réalisé en hiver), le sol est
toujours saturé en eau ce qui s’explique par hiver particulièrement pluvieux.
Nitratest : Des prélèvements de terre sont réalisés en début en fin de chaque culture et en début et fin de
solarisation afin de mesurer l’impact des engrais vert et de la solarisation sur la quantité de nitrate dans le
sol au cours du temps.
Analyse champignons du sol (FREDON Centre) pour les modalités 1 à 6 : pour comparer les résultats
obtenus en 2013 sur les modalités en suivi pluriannuel, on recherche 3 champignons : Pythium,
Rhizoctonia et Fusarium. La méthode utilisée pour la mesure de la densité d'inoculum fongique des
échantillons consiste en la mise en suspension de 10g d'échantillon dans 90mL d'eau distillée stérile. Cette
première suspension (=D1) est ensuite diluée à 2 reprises d'un facteur 10 (=D2 et D3). Les 3 suspensions
ainsi réalisées sont ensuite étalées sur un milieu gélosé spécifique au champignon recherché. La présence
des champignons recherchés sur le milieu de culture choisi est vérifiée par observation microscopique
après une incubation de 48 à 72 heures à 25°C.
Suivi enherbement : Un suivi des adventices est réalisé sur toutes les modalités pendant la saison
culturale. Les adventices sont classées selon leur nombre sur une mètre linéaire et les principales
adventices sont identifiées. Ainsi, les principales adventices retrouvées sont l’amaranthe et le mouron en
classe 1 ou 2 selon les modalités.
Classe
0
1
2
3
4
absence
1-10 plantes /mL
10-30 plantes / mL
30-60 plantes / mL
> 60 plantes / mL
2) Résultats
TABLEAU 1 : itinéraire cultural automne 2012- été 2014
automne 2012
aubergine
poivron
hiver 2012-13 printemps 2013
Bodet
1
abri limono
argileux T7
Bodet
2
PC limono
engrais vert (avoine + vesce + pois)
sableux Parc A
Pomeco
3
abri sable T26
Pomeco
4
PC sable
Gaec Albert
5
tunnel 9 m Est
limono sableux
Gaec Albert
6
tunnel 9 m
Ouest limono
sableux
pomme de terre
engrais vert
engrais vert
(sorgho)
navet botte
engrais vert (seigle)
été 2013 automne 2013 hiver 2013-14 printemps 2014 été 2014
engrais vert
(seigle)
tomate
légumes
fève
salade - radis
engrais vert (seigle)
solarisation
analyse
Herody
engrais vert
(sorgho)
navet botte
petit pois
salade - radis
engrais vert
(sorgho) solarisation
salade - radis
légumes primeurs
solarisation
engrais vert
(sorgho) solarisation
salade - radis
analyse
chimique
engrais vert
(seigle)
profil
cultural
analyse
chimique
TABLEAU 2 : analyses chimique des sols
site
modalité type sol année pH
2013
2014
2013
2014
2013
2014
2013
2014
2013
8,00
8,05
8,04
7,74
8,2
8,41
7,78
7,41
7,58
MO
P
K
Ca
Mg
B
Cu
Zn
Mn
35
49,8
22
23,6
10,4
9,6
13,8
15,6
150
145
108
130
128
154
68
91
760
455
272
427
210
216
170
179
6380
6236
3110
2985
1067
1134
1352
1387
500
638
178
221
176
185
105
111
0,5
0,72
0,39
0,49
0,39
0,34
0,29
0,41
5,03
15
6,8
11,7
2,8
4,7
35,7
29,6
3,28
12,9
3,3
4,9
2,7
3,5
26,1
24,9
14
28,1
67,1
65,4
13,6
18,5
18,2
23,1
Bodet TUNNEL 7
1
limono
argileux
Bodet Parc A
2
limono
sableux
POMECO TUNNEL
26
3
sableux
POMECO TRAPEZE
4
sableux
ALBERT TUNNEL 2
engrais vert +
solarisation
5
15,8 43 202 2382 215 0,52 4,8
sablo
limoneux 2014 7,66
19 55 241 2626 230 0,56 7,9
Excès
Carence
Normal
7,7 39,7
8,3 63,9
TABLEAU 3 : Nitratest
modalité
modalité
Type de sol
1
Tunnel 7
limono argileux
2
Parc A
limono sableux
3
Tunnel 26
sableux
4
Trapèze
sableux
5
6
Tunnel EV + Solarisation sablo limoneux
Tunnel Solarisation
sablo limoneux
Date
unité
d’analyse
cycle culture
Azote
18/06/2014
post 1ere culture
132
16/07/2014
pré 2eme culture
117
27/08/2014 2eme culture en récolte
49
18/06/2014
post EV
135
16/07/2014
pré 1ère culture
51
27/08/2014
1ere culture
21
16/07/2014
pré EV
17
07/08/2014
post EV
12
20/08/2014
repousses EV
14
12/06/2014
post culture
29
16/07/2014
pré EV
33
14/05/2014
pré EV
102
30/06/2014 post EV – pré solarisation 32
20/08/2014
post solarisation
267
14/05/2014
pré solarisation
143
20/08/2014
post solarisation
354
TABLEAU 4 : Analyses présence rhizoctonia, pythium, fusarium
modalité
1
2
3
4
5
6
année
2013
2014
2013
2014
2013
2014
2013
2014
2013
2014
2013
2014
0 absence
+ faible
Rhizoctonia
Pythium
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+++
0
++
++
+
0
+
+
0
0
0
0
Fusariose
+++
++
++++
++++
+++
++
+++
++
+++
+
++
++
+++ élevé
++++ très élevé
Pythium
valeur
900
0
180
153
90
0
90
36
0
0
9
0
Fusariose
valeur
4410
1080
10800
10800
3420
1530
3420
495
3960
18
225
333
TABLEAU 5 : Enherbement
modalité
modalité
Type de sol
année
1
Tunnel 7
limono argileux
2014
2
Parc A
limono sableux
2014
3
Tunnel 26
sableux
2014
4
Trapèze
sableux
2014
5
Tunnel EV +
Solarisation
sablo limoneux
2014
culture
choux
melon +
pastèque
Classe
1
poireau
1
sorgho
sorgho
pois
pois récolté
panais
2
1
2
1
1
adventices majoritaires
laiteron + mouron + renoncule
pourpier + amarante +
graminées
graminées + pourpier +
amarante
amarante
amarante
laiteron + mouron
mouron
amarante + mouron
sorgho
1
mouron + ortie + euphorbe
0
3) Les engrais verts en interculture et le fonctionnement du sol
St Georges / Layon
Pour le Tunnel 7, on note un excès dans la plupart des éléments minéraux P, K, Mg, B, Cu, Zn, Mn. En
comparaison de 2013, la plupart des éléments minéraux sont en concentration plus importante en 2014,
sauf P, K et Ca qui reste cependant toujours en excès. Le sol riche en éléments minéraux et l’absence de
lessivage sont les raisons principales de ces fortes concentrations. Les nitratests réalisés montrent une
teneur en azote élevée dans le sol due à la minéralisation de l’engrais vert et le non lessivage du tunnel. Le
nitratest réalisé fin aout montre une diminution du taux d’azote qui s’explique par les prélèvements de la
culture lors de son développement. Un apport en azote sera à ajuster en fonction de la culture suivante. On
observe peu d’adventices dans le tunnel, principalement des graminées, de l’amarante et du pourpier. Pour
les cultures en place cette année dans le tunnel (melon et pastèque), le sol est paillé d’où une gestion sans
difficulté des adventices.
Comme pour le tunnel 7, les éléments minéraux sont retrouvés dans la parcelle A pour la plupart en excès
dû à un sous-sol riche en tout éléments fertilisants. La minéralisation de l’engrais vert a permis d’apporter
une forte quantité d’azote au sol ce que montre le nitratest. La difficulté d’enfouissement de l’engrais vert
par manque d’équipement adapté et les nombreuses pluies peuvent expliquer la forte diminution du taux
d’azote dans le sol observée en début de culture. Le taux d’azote fin août est faible rendant nécessaire un
apport. La parcelle est faiblement enherbée durant toute la saison et l’on retrouve les mêmes adventices
que dans le tunnel.
Allonnes
Pour le tunnel 26, les éléments minéraux P, K, Mg, Cu et Zn sont retrouvés en excès comme en 2013. Par
contre, le calcium est comme l’année précédente en carence dans le sol. Les nitratests réalisés montrent
une faible disponibilité en nitrate dans le sol en instantané ce qui rend indispensable les apports
fractionnés pour répondre aux besoins des plantes. Le nitratest réalisé lors de la repousse de l’engrais vert
montre une stabilisation du taux d’azote dans le sol. La minéralisation liée à l’engrais vert apporte peu
d’azote disponible (10-20 ppm) dans un sol très sableux avec un sous-sol pauvre en éléments minéraux.
Le faible taux d’azote rend nécessaire un apport d’engrais dès la première culture alors que l’engrais vert
permet de s’en passer en sol limoneux. L’enherbement en début de culture engrais vert est moyen (10-30
adventices) mais diminue avec le développement du sorgho (1-10 adventices). Une seule adventice est
observée en été dans l’engrais vert : l’amarante.
La disponibilité en éléments minéraux est correcte pour une parcelle plein champ en sol sableux. Comme
en tunnel, le calcium est en légère carence dans le sol et un chaulage régulier est à effectuer pour assurer
une bonne structuration du sol. Les nitratests montrent un faible taux d’azote dans le sol en fin de culture
de pois et début d’engrais vert ce qui est dû aux prélèvements de la culture lors de son développement.
L’enherbement de la parcelle est maitrisé pour les deux cultures successives (pois, panais). La principale
adventice retrouvée est le mouron mais l’on observe aussi du laiteron et de l’amarante.
Vivy
Pour le tunnel en solarisation seule, il n’y a pas eu d’analyse chimique de réalisée ni de notation
enherbement car la solarisation était déjà mise en place. En ce qui concerne le taux d’azote dans le sol, il
est élevé avant la pose de la solarisation et très élevé après la solarisation ce qui peut pénaliser la culture
de salade implantée ensuite du fait de l’emballement végétatif du feuillage.
Pour le tunnel avec un engrais vert avant la solarisation, de nombreux éléments minéraux sont en excès
(K, Mg, B, Cu, Zn, Mn) et en augmentation par rapport à 2013. La solarisation favorise ensuite la
minéralisation du sol et de l’engrais vert d’où une augmentation du taux d’azote disponible entre mai et
aout. En effet, le taux d’azote après solarisation est moins important (267 ppm) dans le tunnel ayant eu un
engrais vert que dans le tunnel uniquement solarisé (354 ppm). Les nitratests montrent que l’engrais vert a
permis de diminuer le taux d’azote en captant l’azote disponible dans le sol et jouer ainsi son rôle de
« puits à nitrate ». L’enherbement du tunnel est faible (classe 1) après solarisation et l’on retrouve très
ponctuellement du mouron, de l’ortie et de l’euphorbe.
4) Discussion : bilan indicateurs expérimentaux
modalité
modalité
1
Tunnel 7
2
Parc A
3
Tunnel 26
4
Trapèze
Tunnel EV +
Solarisation
5
6
Tunnel Solarisation
Type de sol
limono
argileux
limono
sableux
sableux
sableux
sablo
limoneux
sablo
limoneux
infiltrométrie
vie du sol
Test
nitrate
-
-
+
-
+
-
Test
patho
calcium
enherbement
++
++
0
+
+++
-
0
+
-
0
0
++
++
++
+
---
+
+
0
+
++
+
-
0
Sur l’ensemble des modalités, le test d’infiltrométrie réalisé s’est révélé non concluant en raison d’un sol
saturé qui ne permettait pas à l’eau de s’écouler correctement. Malgré cette saturation des sols en eau,
des lombrics ont pu être observés sur certaines modalités : Parcelle A (4 en moyenne), Tunnel 26 (5,5 en
moyenne), Tunnel Solarisation (2 en moyenne). Il n’y pas eu d’évaluation de la vie du sol dans le tunnel EV
+ Solarisation en raison des températures trop élevées. En 2013, des lombrics avaient été observés dans
ce tunnel (2 en moyenne). La faible présence des lombrics peut s’expliquer par les variations de
température et d’hygrométrie importantes qui sont des facteurs auxquels ils sont sensibles. Au vu de nos
deux années d’observations, les sols sableux ou limoneux ne sont pas bien pourvus en lombrics mais cela
semble plus lié à un effet itinéraire cultural (travail du sol) et historique de la parcelle. Les principaux
lombrics retrouvés sont des endogés qui travaillent le sol en profondeur. L’absence d’épigés qui travaillent
le sol en surface s’explique par un travail superficiel du sol (outil rotatif) qui les perturbe.
L’infiltrométrie réalisée ces deux dernières années a été faite sur un sol saturé ce qui ne permet pas de
connaître la constitution du sol en pores, et rend difficile l’observation des lombrics. Peut-être faudrait-il
envisager une autre méthode (test Beerkan, test de macropores ou test des vers de terre, projet SolAb,
INRA) ou une autre période de l’année pour faire ces manipulations qui semblent tout de même
compliquées à réaliser pour nos types de sols maraichers.
Les carences en calcium observées en 2013, se retrouvent en 2014 dans les parcelles sableuses ce qui
pourrait impacter les rendements des cultures du fait d’une moins bonne disponibilité en éléments
fertilisants. L’enherbement des différentes parcelles reste faible bien que plus important dans les deux
modalités carencées en calcium. Les nitratests montrent l’apport en azote des engrais verts quand ceux-ci
sont correctement enfouis et lorsque le sous-sol est déjà riche en éléments minéraux. Les sols sableux ne
restituent que très peu d’azote disponible après une culture d’engrais vert.
Les analyses indiquent la présence de champignons telluriques dans l’ensemble des modalités avec une
présence plus marquée dans les modalités 1, 2 et 3. Les champignons du genre Fusarium sont ceux qui
prospèrent le plus dans tous les types de sol avec une intensité différenciée entre 2014 et 2013. Une partie
des Fusarium sp. identifiés sont non pathogènes et ne sont pas différenciables des pathogènes avec ce
type d’analyse. Dans 5 modalités nous avons un dénombrement d’individus nettement inférieur en 2014
que 2013 d’où les 2 hypothèses suivantes : l’effet année ou l’action des itinéraires culturaux (solarisation,
engrais vert). Dans les parcelles solarisée la présence de Rhizoctonia, Pythium et Fusarium est très faible
comparativement à celle avec uniquement des engrais vert dans la rotation.
II.
Introduction d’une solarisation dans la rotation
1) Dispositif expérimental
Le dispositif mis en place vise à démontrer 3 choses :

Sous abris : quelle est la durée ou la somme de température optimale pour assainir le sol ?
modalités 250, 300 et 400 h au-dessus de 40 °C à 10 cm
 Une solarisation est-elle possible en plein champ ?
 Quel est l’impact de solarisations répétées sur la matière organique ? modalités 5 et 6, qui sont les
mêmes que pour dans la partie Engrais vert (chapitre II)
Modalités
Type de sol
Localisation
Type
de
film
plastique
Modalités essai durée
7
Tunnel solarisé 250 h
8
Tunnel solarisé 300 h
sableux
Villebernier
Bâche à plat 40µ
9
Tunnel solarisé 400 h
Modalités essai plein champ
témoin
Témoin plein champ
Argilo – calcaire
PE
bâche seule en paillage
Et
à plat 4
PC PE
Bâche à plat et petite
Limono sableux
chenille
Isobulle
Grézillé
Et
Ste-Gemmessur-Loire
Bâche à plat 40µ et
film 40µ posé sur
arceau.
Isobulle
Vivy
Bâche à plat 40µ
Isobulle à plat, fixé par
des agrafes au sol +
terre sur la jupe
Modalités essai fertilité
5Abri (tunnel 9m EV
solarisé)
Limono sableux
6Abri
(tunnel
9m
solarisé)
Bâche à plat 40µ
Des sondes de températures ont été positionnées à 10 cm de profondeur dans l’ensemble de modalités de
l’essai.
2) Suivis des parcelles solarisées en 2013
Durée de solarisation
modalité
solarisation
3 semaines
solarisation
5 semaines
solarisation
7 semaines
date de notation Culture
Classe
Adventices majoritaires
23-avr
Pomme de terre
1 mouron
28-mai
récolté
2 mouron + galinsoga + graminées
18-juin
terrrain nu
2 mouron + galinsoga + amaranthe
23-avr
1 mouron + graminées
aubergine et poivron
28-mai
0
18-juin
0
23-avr
1 mouron + laiteron
courgette
28-mai
1 mouron + renoncule
18-juin
1 laiteron+ amaranthe + galinsoga
Les relevés d’adventices montrent une repousse importante des adventices dans le tunnel 3 semaines ce
qui montre que la température n’a pas détruit les graines d’adventices présentes dans le sol. Dans les
tunnels 5 et 7 semaines, le nombre d’adventices observé reste faible voire nul grâce à une période de
solarisation plus importante. Pour rappel, le tunnel solarisé 3 semaines a très peu chauffé (implantation en
début de période pluvieuse sur l’été 2013). Les tunnels 5 et 7 semaines ont profité de la fin juillet et du
mois d’août ensoleillé permettant des cumuls horaires beaucoup plus importants.
Les notations d’enherbement faites sur la culture implantée suite à une solarisation montraient une faible
présence des adventices. Toutefois celles-ci semblent revenir assez rapidement après la solarisation :
mouron, galinsoga et amarante. D’après le producteur, dans le tunnel solarisé 7 semaines, les effets sur
l’enherbement restent visibles 1 an après.
Le nitratest réalisé en fin de culture de pomme de terre (tunnel 3 semaines) montre un sol très riche en
azote (250 Unité d’Azote) ce qui est dû à un apport en azote du producteur pour la culture suivante.
Solarisation de plein champ
Aucune notation d’enherbement du sol n’a été réalisée dû à l’implantation d’un blé sur cette parcelle
(Grézillé) et l’utilisation de désherbant.
Modalité
Modalité
Témoin
Témoin plein champ
PE
PC PE
Plein champ
bâche seule
Type de sol
Localisation
Cycle culture
Unité d’Azote
Argilo – calcaire Grézillé
Blé
16
solarisé
avec
Argilo – calcaire Grézillé
Blé
17
Plein champ solarisé
bâche et petite chenille
avec
Argilo – calcaire Grézillé
Blé
17
Le nitratest réalisé semaine 16 ne montre aucune différence entre les modalités solarisées et le témoin. Un
seul prélèvement de terre pour les deux modalités solarisé a été fait.
Effet de la solarisation sur la matière organique :
Notation de l’enherbement :
Modalité
modalité
Type de sol
5
Tunnel EV + Solarisation sablo limoneux
culture
sorgho
Classe adventices majoritaires
1 mouron + ortie + euphorbe
On retrouve peu d’adventices dans la modalité 5 ce qui montre une bonne efficacité et une bonne
rémanence de la solarisation dans ce tunnel. Cependant certains adventices semblent plus résistants à la
montée en température, principalement le mouron et l’ortie.
Modalité
5
6
modalité
Type de sol
Tunnel EV + Solarisation sablo limoneux
Tunnel Solarisation
sablo limoneux
année
2014
2014
cycle culture
unité Azote
pré EV
102
post EV
32
post solarisation
267
pré solarisation
143
post solarisation
354
Dans la modalité 5, le taux d’azote est élevé avant la mise en place de l’engrais vert mais diminue grâce à
celui-ci ce qui permet de limiter le taux d’azote en sortie de solarisation. Dans la modalité 6, le taux d’azote
avant la mise en place de la solarisation est élevé. Il se retrouve donc extrêmement élevé lors du retrait de
solarisation ce qui pourrait pénaliser la culture de laitue implantée.
3) Durée de solarisation
La mise en place de la solarisation s’est faite le 12 juin dans 4 tunnels de 6 m contigus. Une période de 15
jours de temps dégagé a suivi, ce qui a permis une montée rapide de la température du sol.
Les sondes sont positionnées
dans les 4 tunnels suivis. Les 3
tunnels
solarisés
se
comportent de la même façon,
à 0,5 °C près. Le graphique
représente la courbe de
température dans le tunnel
solarisé 400 h.
Dates de fin de solarisation :



Modalité 250 h : retrait le 23/07/14
Modalité 300 h : retrait le 30/07/14
Modalité 400 h : retrait le 13/08/14
Le témoin a été traité au Métam-sodium en août à 700 L/ha. Un traitement kerb flo a été fait sur l’ensemble
des modalités.
La parcelle n’a pas été remise en culture à l’automne par le producteur. Pour l’essai, nous avons pu mettre
en place 1 planche de laitue dans deux tunnels : 250 et 400 h. Sur cette culture, le producteur n’a fait
aucune intervention autre que les irrigations. Il y a très peu d’adventices dans les deux planches et aucune
mortalité due à des pathogènes de sol.
La parcelle a été remise en culture le 7 janvier. Plantation de scarole (variété kalinka) dans les tunnels 400
et 250 h, et de frisée (variété Milady) dans les 300h et témoin.
Notation enherbement
Deux notations sur 2 ml de planche sur chaque planche du tunnel (4)
Bilan : nombre moyen total d’adventices par ml de planche
Témoin
250h
300h
400h
03-mars efficacité
4,75
4,75
0%
6
-1%
8,5
-4%
17-mars efficacité
2,6
3,33
-1%
5
-2%
3
0%
On ne note pas de différence d’efficacité entre les modalités, ni avec le témoin. La solarisation à partir de
250h au-dessus de 40 °C a la même efficacité que l’application du métam sodium.
Notation maladie
Notation sur toute la longueur d’une planche (900 laitues) les 26/03, 07/04 et 14/04. Un tunnel de scarole
non solarisé a été suivi afin d’avoir un témoin de sensibilité aux maladies du sol pour cette variété.
On observe très peu de mortalité dans les 5 parcelles : une plante touchée par du sclérotinia par tunnel à
chaque notation. Quelques salades touchées par du pythium sont observées dans les tunnels, mais il n’y a
pas de différence entre les tunnels sur la répartition de la maladie. La solarisation, dès 250h au-dessus de
40 °C, a la même efficacité qu’un traitement au métam soldium sur les pathogènes de sol de la laitue.
Pour 2015, nous allons abaisser le nombre d’heures au-dessus de 40 °C pour réduire la durée de la
solarisation, l’objectif étant de ne pas perdre en efficacité.
4) Solarisation de plein champ
Cet essai a été mis en place le 03 juillet à Grézillé et le 08 juillet à Ste-Gemmes
nb h > 40 °C Témoin
Grézillé
Ste-Gemmes
Isobulle
0
0
PE seul
67
59
16
39
PE + chenille
47
49
Les deux parcelles ont été plantées en laitue début août suite à la solarisation. On constate que la modalité
couverte avec l’Isobulle est celle qui a le plus chauffé sur la période de l’essai sur les deux sites. La
différence avec les deux autres modalités testées est cependant assez faible vu le surcoût qu’entraine ce
plastique par rapport au polyéthylène utilisé habituellement en raison de l’absence de matériel adapté à ce
jour.
Sur Grézillé, les taupins ont occasionné d’importants dégâts dans la parcelle de l’essai diminuant
sensiblement la densité des laitues. Il n’y a aucune différence entre les modalités sur le taux de mortalité
par taupin.
Effet sur l’enherbement
Sur Grezillé, la parcelle est cultivée en AB, il n’y a donc aucun désherbant appliqué après plantation.
On observe un net effet de la solarisation sur l’enherbement de la parcelle. Les adventices les plus
sensibles semblent être le mouron et le panic mais l’effet est moins notable sur les autres espèces. Il ne
semble pas y avoir de différence d’efficacité ente les modalités testées. Hors, sur Grézillé, les modalités
isobulle et PE + chenilles ont cumulé beaucoup plus d’heure au-dessus de 40 °C que le PE seul. Il semble
donc qu’il n’y ait pas besoin de réchauffer beaucoup le sol pour détruire le mouron et le panic.
Effet sur le sclérotinia
La fin du mois d’août et le mois de septembre ont été sec en 2014 et très peu propices au développement
du sclérotinia dans les parcelles, même dans des parcelles où il est fortement présent habituellement.
Il n’y a pas de différence statistique
notation 1
entre les modalités (test de Newman
semaine avant
nb de laitue atteinte sclérotinia / ml
Keuls au seuil de 5 %).
récolte
témoin
PE
PE+ chenille Isobulle
Grézillé
3,5
0,5
0,5
1
Ste-Gemmes
1,4
1,3
1,1
0,7
Les conditions climatiques n’ont pas permis de montrer une éventuelle efficacité de la méthode pour gérer
le sclérotinia en plein champ. Cet essai va être remis en place en 2015 pour tenter de voir si cette méthode
peut être efficace pour diminuer la pression liée à cette maladie.
Durabilité dans le temps, rémanence de la technique.
La parcelle de Ste-Gemmes sur Loire a été remise en culture semaine 7 en plantation sous petite chenille.
nombre moyen de plantule /ml
Témoin
paillage
PE+chenille Isobulle
03/03/2015
12,5
29
23
16
23/03/2015
33
72,5
46,5
76,5
Pour la plantation, le sol a été totalement rebrassé (labour) ce qui ne permet pas de voir les effets de la
solarisation sur l’enherbement. Celui-ci est très hétérogène avec des zones de levée très importante de
capselles, galinsoga, séneçon et matricaires.
De même, sur la pression liée au sclérotinia, des dégâts importants sont observés à partir du mois d’avril
dans la parcelle. L’humidité importante des bouts de planche, où se retrouvent les modalités paillage et
isobulle, les rend propices à la maladie et à l’enherbement, on y retrouve donc les dégâts les plus
importants. Le labour et l’humidité variable sur les planches ne permet pas d’observer d’effet liés aux
modalités testées. N’ayant pas eu de maladie au mois de septembre, nous ne pouvons conclure entre une
inefficacité de la méthode et une réinoculation liée au labour avant plantation.
III.
Conclusion
Les analyses de sol nous permettent de voir que la plupart des éléments mineraux se retrouvent en excès
dans le sol à l’exception du calcium. Ces excès sont à surveiller car certains des éléments minéraux
pourraient entraîner des défauts d’assimilation d’autres élements par le phénomène de carence induite.
Le fonctionnement biologique des sols semble faible selon les observations faites des lombrics et par le
test d’infitrométrie ce qui est à confirmer en 2015 par différentes analyses. Un changement de méthode
d’observation des lombrics et de mesure de l’infiltrométrie serait à envisager.
Les engrais verts n’ont pas d’impact sur les adventices estivales au vu des observations (mouron,
amarante, graminées). Par contre le dénombrement des Rhizoctonia, Pythium et Fusarium est nettement
plus faible dans les itinéraires culturaux avec parcelles solarisées entre 2014 et 2015 ce qui sera à
confirmer en 2016.
La solarisation permet une bonne gestion des adventices en plein champ et sous abri mais peut créer des
excès d’azote qui sont à gérer au moment de l’installation de la culture automnale. Dans ce cadre l’effet
« puits à nitrate » de l’engrais vert avant la solarisation est à confirmer. Les essais durée de solarisation
semble indiquer qu’une durée de solarisation de 250 h au dessus de 40 °C est suffisante sous abri pour
une bonne élimination des adventices. De plus, la durée d’efficacité de la méthode sur l’enherbement et le
sclérotinia est à confimer.
En 2015, l’essai durée solarisation sera reconduit avec des durées inférieures à 250h au dessus de 40° C
et un témoin non traité au Métam-sodium. Les essais solarisation de plein champ seront eux aussi
reconduit avec des modalités similaires (paillage, PE + chenille, isobulle).
Annexe 1 : profil cultural tunnel 7 (St Georges/Layon)
Annexe 2 : profil cultural parcelle A (St Georges/Layon)
Annexe 3 : profil cultural tunnel 26 (Allonnes)
Annexe 4 : profil cultural parcelle Trapèze plein champ(Allonnes)
Téléchargement