Élections européennes : Que proposent les candidats à la présidence de la Commission ?
pour spéculer ou pour prêter ensuite aux États. Il se déclare donc pour une réforme de la BCE. Pourtant, les
socialistes ont participé à la trajectoire néolibérale de l'Union en votant la plupart du temps aux côtés des libéraux et
des conservateurs. Concernant le traité transatlantique de libre-échange entre l'Union et les États-Unis (TAFTA/TTIP),
sa position est assez ambiguë. Tout en émettant des réserves, il ne s'oppose pas à l'idée de développer ce «
partenariat ».
De son côté, Jean-Claude Junker, représentant la famille politique sortante et ayant été président de l'Eurogroupe,
semble s'inscrire dans la continuité de son prédécesseur et tente plus souvent de justifier ce qui a été fait plutôt que
de proposer des alternatives. Quelques petites sorties sont pourtant notables comme son soutien à l'idée d'un salaire
minimum européen pour lutter contre le dumping social ou l'affirmation que les banques « doivent changer d'attitude ».
Cependant, face à l'opposition à l'austérité affichée par les autres candidats, il se contente de déclarer « ne pas être
un fan de l'austérité » et préférer la « rigueur fiscale ». De la même manière, alors que les autres candidats remettent
tous en question le fonctionnement et les décisions de la Troïka, celui-ci évite de se prononcer.
À l'opposé du candidat conservateur, Guy Verhofstadt a lui été omniprésent et prolixe lors des débats. Sa position sur
la crise est très claire : ne faisons pas de nouvelles dettes ! En effet, il soutient qu'il est nécessaire de sortir du cycle
dette-austérité-dette en suivant une nouvelle stratégie économique de croissance. Fermement opposé à l'austérité (du
moins dans le discours) et au financement par l'endettement, il propose une stratégie de croissance utilisant mieux la
taille de l'Union pour peser sur l'économie mondiale face aux géants américains, chinois et autre. Il souligne
également les économies d'échelles qu'il serait possible d'effectuer en rationalisant les stratégies économiques au
niveau européen. Concernant la Troïka, il appelle à la limiter à un rôle technique, le pouvoir de décision devant
revenir entièrement aux parlements. Par ailleurs, il soutient un élargissement des possibilités de prêts de la BCE pour
lui permettre de mieux participer à l'économie réelle. Enfin, il soutient fermement le traité transatlantique de
libre-échange en le décrivant comme une opportunité pour booster la croissance européenne.
our leurs parts, les candidats écologistes, Ska Keller et José Bové, se sont eux montrés très évasifs sur les questions
économiques. Leurs principales prises de position concernent l'opposition à l'austérité, l'opposition à la Troïka et la
nécessité de développer une économie verte. Cependant, on notera le réquisitoire de Ska Keller contre le système
actuel de la dette (bien qu'elle n'utilise pas ces termes). Elle affirme notamment que la plus importante dette actuelle
en Grèce et ailleurs est la dette sociale constituée du dysfonctionnement des systèmes éducatifs et des systèmes
sociaux. Elle appelle donc à investir dans le futur contre cette dette sociale. Par ailleurs, les écologistes se
démarquent par leurs oppositions au traité transatlantique de libre-échange (TAFTA/TTIP) là où les conservateurs, les
libéraux et les socialistes soutiennent le projet. Cela n'a pas empêché le groupe des verts (avec des exceptions) de
voter en faveur du TSCG.
Le dernier candidat, Aléxis Tsípras, représente la gauche radicale européenne. Il n'a participé qu'au débat de
Bruxelles et s'est exprimé en Grec. Sans surprises, il s'est déclaré farouchement opposé aux politiques d'austérité et a
accusé les partis au pouvoir d'avoir utilisé la Grèce comme cobaye des politiques d'austérité les plus dures. Il a
souligné que l'Europe devait s'intéresser plus au chômage et à la croissance plutôt qu'aux déficits si elle voulait faire
diminuer l'euroscepticisme. Selon lui, ce sont les politiques des partis au pouvoir qui ont poussé l'Europe dans la crise.
Après avoir appelé l'Europe à bannir la Troïka, il s'est prononcé pour une solution globale et soutenable à la dette qui
doit, selon lui, inclure l'assainissement des banques. Il est également opposé au traité transatlantique.
Qu'en conclure ?
Ce qui précède illustre bien entendu les discours de ces candidats, et non ce que leurs groupes politiques respectifs
ont réalisé ou vont réaliser. Alors que sur de nombreux sujets, les candidats à la présidence de la Commission ont
souvent des vues assez proches, il existe des différences notables sur les questions économiques. D'abord, les
débats montrent assez clairement une opposition entre le candidat conservateur et les autres. Alors que le premier est
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