Forum Med Suisse 2010;10(3):45 45
Inhibiteurs des neuraminidases –
le point sur l’oseltamivir
SarahTschudin Suttera,Hans H. Hirscha,b,Manuel Battegaya,Andreas F. Widmera
aKlinik für Infektiologie und Spitalhygiene, Universitätsspital Basel
bInstitut für Medizinische Mikrobiologie, Universität Basel
Introduction
La grippe saisonnière touche chaque année 20% de la
population mondiale. Il s’agit d’une infection aiguë des
voies respiratoires due aux virus Influenza de type A
ou B. Dans l’hémisphère nord, elle se déclenche la plu
part du temps entre décembre et mars, contrairement
àlagrippe Crare. C’est normalement une maladie au
tolimitée mais qui peut avoir une morbidité et une
mortalité accrue, surtout pour les populations àrisque.
Selon les rapports de l’Office fédéral de la santé publi
que (OFSP) quelque 200000 personnes sont affectées
parlagrippe saisonnière chaque année en Suisse, dont
1000 à5000 doivent être hospitalisées et 400 à1000
décèdent, surtout parmi la population âgée. Contraire
ment àlagrippe saisonnière, des pandémies de grippe
se manifestent également hors saison et touchent gé
néralement des patients plus jeunes. Ces pandémies
sont en général caractérisées par une transmission
d’homme àhomme très marquée. Les médicaments
antiviraux ontune place importante dans l’arsenal thé
rapeutique –enparticulier dans le contexte actuel de
la «grippe porcine» (A/H1N1v) nouvelle pour l’homme
et des nouveaux cas humains documentés de grippe
aviaire (H5N1).
Lesmédicaments antiviraux font donc partie de
l’arsenal thérapeutique de la grippe saisonnière et sont
particulièrement importants dans le contexte de la pan
démie. Pour le traitement ou la prévention de la grippe,
il existe actuellement deux classes de substances: les
adamantanes (amantadine et rimantadine), efficaces
uniquement contre la grippe A, et les inhibiteurs des
neuraminidases (zanamivir et oseltamivir), actifs con
tre la grippe A et B. Les adamantanes sont moins indi
qués en raison de l’apparition rapide de résistances
et de leur profil d’effets indésirables potentiellement
toxiques.
Oseltamivir
Le métabolite actif de l’oseltamivir (carboxylate
d’oseltamivir) est un inhibiteur sélectif très efficace
des neuraminidases des virus Influenza de types Aet
B. La neuraminidase virale est vitale pour la libération
des nouvelles particules virales par les cellules in
fectées et dès lors pour la dissémination de virus infec
tieux dans l’organisme (fig. 1 x). Sans neurami
nidase,l’infection resterait limitée àuncycle de
réplication, ce quinesuffirait pratiquement pas pour
provoquer une maladie symptomatique. Comme la
réplication des virus Influenza dans les voies respira
toires atteint son maximum 24 à72heures après le
début de l’infection, les inhibiteurs des neuramini
dases ne sont efficaces qu’à la phase initiale de la ma
ladie.
Pharmacocinétique et pharmacodynamique
L’ oseltamivir est disponible en capsules ou sous forme
de poudre pour la préparation d’une suspension li
quide. Après son absorption dans le tractus gastro
intestinal, il est transformé en métabolite actif (car
boxylate d’oseltamivir) au niveau hépatique. Quelque
75%d’une dose orale d’oseltamivir parviennent dans la
circulation sous la forme du métabolite actif et sont éli
minés par les reins sous cette même forme après une
demivie de 6 à 10 heures.
Oseltamivir dans le traitement de la grippe
Les inhibiteurs des neuraminidases (oseltamivir ou
zanamivir), pris dans les 36 à48heures après le dé
but des symptômes, réduisent la durée d’une grippe
de 1à2(1à7)jours et atténuent de 40% la gravité de
la maladie [4].
L’ étude «Immediate Possibility to Access Treatment»
(IMPACT) abien documenté la relation directe entre
le début du traitement d’oseltamivir et la durée de
la maladie. Avec un traitement mis en route dans les
12 heures suivant l’apparition de la fièvre, la durée de
la maladie apuêtre réduite de 3jours supplémen
taires en comparaison d’un traitement pris dans les
48 heures [7].
Chez les patients institutionnalisés, l’oseltamivir admi
nistré dans les 48 heures suivant le début des symptô
mes a pu diminuer la consommation d’antibiotiques,
les hospitalisations et les décès. Ces effets ont pu être
documentés même chez des personnes vaccinées [8].
Le succès de ce traitement est également profitable aux
enfants de 1 à 12 ans avec diminution de la durée de
maladie et de l’incidence des complications, par ex. la
survenue d’une otite moyenne [6].
Oseltamivir dans la prévention de la grippe
Plusieurs études confirment l’efficacité de l’oseltamivir
dans la prévention de la grippe, aussi bien chez l’adulte
que chez l’enfant [9, 10].
Les auteurs
certifient
qu’aucun conflit
d’intérêt n’est lié
à cet article.
NOVA retard