AU 55/15, AMR 51/1170/2015 – États-Unis 10 mars 2015
ACTION URGENTE
UN HOMME SOUFFRANT DE GRAVES
LESIONS AU CERVEAU RISQUE UNE
EXECUTION
COMPLÉMENT D'INFORMATION
Pour son procès, Cecil Clayton a engagé un avocat qui n'avait jamais défendu une personne encourant la peine capitale. Celui-
ci a demandé l'aide d'un avocat expérimenté en la matière, mais n'a pas tenu compte du conseil donné par ce confrère
d'appuyer la défense de son client sur sa « capacité diminuée », au vu de ses lésions cérébrales, de son handicap mental et de
ses troubles psychiatriques. Il a préféré adopter une stratégie fondée sur l'existence d'un « doute raisonnable » quant à sa
culpabilité, malgré le poids des éléments présentés par l'accusation. Par la suite, il a écrit à son conseiller : « Ce n'est que
plusieurs jours après le procès que j'ai pris pleinement conscience de l'insuffisance et de la médiocrité de ma démarche visant à
éviter la peine de mort à Cecil. Comme vous me l'avez fait remarquer, mais je ne voulais pas écouter, nos chances de succès
lors de la première phase du procès étaient minimales. »
Le jury n'a pas été informé de tous les problèmes de santé mentale qu'a connus Cecil Clayton à la fin des années 1970 et au
début des années 1980 après ses lésions traumatiques au cerveau, ni du fait qu'il avait subi d'autres graves blessures à la tête
avant cet accident. De plus, les rapports d'expertise sur sa santé mentale présentés lors du procès ont été dénigrés par le
procureur, qui les a décrits comme relevant du « vaudou », « grotesques » et constituant « un prétexte ». Le jury a déclaré Cecil
Clayton coupable et, lors de la phase du procès consacrée à la détermination de la peine, le procureur a réfuté l'argument de la
défense selon lequel la peine devait « être adaptée au criminel autant qu'au crime », en déclarant que cette obligation ne
figurait « nulle part dans la législation » et que la peine devait uniquement être adaptée au crime. Pourtant, un juge fédéral a
souligné dans cette affaire en 2008 que « les cas dans lesquels l'accusé encourt la peine de mort non seulement permettent,
mais nécessitent même, que la peine soit adaptée au criminel », ce qui signifie que la détermination des peines doit se faire au
cas par cas. Le procureur a également décrit la procédure comme des « subtilités légales » dont profitait l'accusé mais dont la
victime n'avait pas bénéficié puisque Cecil Clayton avait décidé de « jouer à Dieu ». Le jury a voté en faveur de la peine de
mort.
Lors de la procédure en appel, en 2000, le psychologue légiste qui avait examiné Cecil Clayton après le procès a témoigné de
l'importance de la rééducation dans un tel cas de lésions cérébrales et de la nécessité de commencer celle-ci moins d'un an
après l'accident, étant donné qu'au-delà de deux ans, il était peu probable d'obtenir une amélioration significative de l'état du
patient. Cecil Clayton n'a pas bénéficié d'une rééducation dans ce délai et son état de santé mentale s'est dégradé avec le
temps. En appel également, ses avocats ont affirmé qu'il était inapte à continuer la procédure car sa déficience mentale affectait
sa capacité à communiquer avec eux. Il a été placé au Centre médical pour prisonniers fédéraux, où un psychologue a rendu
un long rapport dans lequel il a notamment estimé que son QI était de 71, que sa mémoire était déficiente, qu'il souffrait d'un
trouble psychotique avec hallucinations, d'une déficience cognitive modérée à sévère et d'un « grave dysfonctionnement des
fonctions exécutives », et conclu qu'il était « probablement inapte à poursuivre » ses voies de recours. La cour fédérale de
district a toutefois refusé de suspendre la procédure et maintenu sa condamnation à mort en 2006. La cour fédérale d’appel du
huitième circuit a confirmé cette décision en 2008.
Le psychiatre qui a examiné Cecil Clayton en mars 2014 sur demande de l'administration pénitentiaire a estimé que, en plus de
la démence causée par ses lésions traumatiques au cerveau, d'un petit accident vasculaire cérébral et d'un possible « déclin lié
à l'âge », il souffrait d'un trouble psychotique provoqué par ses lésions. Il a souligné : « Des hallucinations visuelles et auditives
ont été signalées et traitées depuis son hospitalisation dans l'unité psychiatrique de l'hôpital d'État du Nevada en 1974-1975.
Des symptômes délirants apparaissent tout au long de son dossier. Les préoccupations religieuses d'une intensité délirante ne
sont pas rares chez les personnes atteintes de troubles psychotiques. »
Depuis la reprise des exécutions judiciaires aux États-Unis en 1977, les autorités américaines ont procédé à 1 402 exécutions,
dont 81 dans le Missouri. Jusqu'à présent en 2015, huit personnes ont été exécutées aux États-Unis, dont une dans le Missouri.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. À l’heure actuelle, 140 pays sont
abolitionnistes en droit ou en pratique.