s i d a . Les malades qui re s tent opti m i s tes ret a r-
dent l’app a ri ti on des sym ptômes et vivent plu s
l on g temps que les pati ents ayant une vi s i on plu s
r é a l i s te de leur deven i r.
Pour iden ti f i er les pathologies men t a l e s , l a
p s ych o l ogie a dével oppé un manu el diagn o s ti c
des maladies men t a l e s , le
D S M
, qui répertori e
tous les sym ptômes et syndromes de façon à fac i -
l i ter l’iden ti f i c a ti on des tro u bles mentaux et leu r
tra i tem en t . Ch r i s toph er Peters on , de l’Un ivers i t é
du Mi ch i ga n , a propo s é , une vers i on po s i tive
du
D S M
, une cl a s s i f i c a ti on des 24 caract é ri s ti qu e s
po s i tiv es de l’être humain qu’il nomme forces du
c a r act è re( voir l’encadré ci - d e s su s ). Cet t e cl a s s i f i-
c a t i on a été élaborée d’après les réponses de plu s
de 150 000 pers onnes à un qu e s ti on n a i re psy-
ch om é tri q ue com posé de 240 i tem s . E lle vise à
f a vori s er le rep é ra g e des re s s o u rces psych o l ogi-
ques des indivi du s .
Au j o u rd ’ h u i , on com prend en core mal les
mécanismes qui lient les émoti o ns po s i t ives à la
pr é ven t i on des maladies et des décès pr é coce s .
Po u r t a n t , d iverses étu des ont mon tré que le
bon h eur augm e n t e la durée de vi e ! Lee An n e
Ha r k n e r et Dach er Kel tn er, de l’Un iversité de
Ca l i f orn i e , ont iden t ifié les ex pre s s i ons fac i a l e s
sur des ph o togra p hies de femmes âgées de
2 2 a n s , et , 3 0 ans plus tard , ont relié ces don n é e s
à leur niveau de bi en - ê tre et à leur sati s f acti on
(ou insati s f acti on) face à leur vi e . L’ é tu d e a mon-
tré que plus on po uvait rep é rer d’émoti ons po s i-
tives sur les ph o togra ph i e s , p lus ces pers on n e s
é t a i ent heu reuses et ava i ent un bi en - ê tre psy-
ch o l ogi que élev é .
Dans une autre étu de , Deborah Danner, David
Snowdon et Wallace Friesen, de l’Université du
Kentucky, ont étudié le lien entre l’autobiogra-
phie de sœurs catholiques écrite à l’âge de 20 ans
et le risque de décès prématuré. Ce risque était
2,5 fois plus élevé pour les personnes ayant décrit
le moins d’émotions positives par rapport à cel-
les qui en avaient décrit le plus. D’autres études
ont mis en relief les effets durables des émotions
positives, non seulement en termes de bien-être
physique et mental, mais aussi en termes d’épa-
nouissement de la personne.
En effet, les émotions positives favorisent une
prise en compte globale des situations (alors que
les émotions négatives « rétrécissent » les pers-
pectives), accroissent les capacités créatives et
augmentent le désir de créer. Ce résultat est
confirmé par une expérimentation réalisée par
Barbara Fredrickson et Christine Branigan, de
l’Université du Michigan. Des courts métrages
ont été présentés à des participants répartis en
plusieurs groupes, et les émotions déclenchées
par ces films étaient différentes selon les groupes
(joie, colère ou neutre). Après la projection, les
participants devaient se remémorer une situa-
tion au cours de laquelle ils avaient déjà ressenti
une telle émotion. Puis, les expérimentateurs leur
ont demandé de faire une liste des choses qu’ils
aimeraient faire. Les participants ayant visionné
un film suscitant des émotions positives souhai-
t a i e nt faire be a u coup plus de choses que le gro u pe
«n e utre » et le gro u pe «é m o ti o ns néga tive s » .
Plus qu’un développement
i n d i v i d u a l i s t e
La psychologie positive apporte des preu ves
que l’individu et la société gagnent à ce que cha-
cun se sente heureux. Il est donc légitime de pro-
mouvoir ce qui augmente le bonheur. Cette psy-
chologie que certains stigmatisent comme un
« tout à l’ego » n’encourage pas nécessairement
un repli individualiste. Au contraire, la psycholo-
gie po s i tiv e démon t re l’import a n ce déterm i-
4© Cerveau &Psycho - N° 37
• Sagesse et savoir
Curiosité et intérêt pour le monde
Amour d’apprendre
Jugement, sens critique, ouvert u r e
d’esprit
Ingéniosité, originalité, intelligence
pratique
Clairvoyance, mise en perspective
• Courage
Valeur et bravoure
Persévérance, assiduité, diligence
Intégrité, authenticité, sincérité
Enthousiasme
• Humanité et amour
Amour et attachement
Gentillesse et générosité
Intelligence sociale
• Justice
Esprit d’équipe, sens du devoir, loyauté
Équité, impartialité
Sens du commandement
• Modération
Pardon
Humilité et modestie
Prudence, discrétion, précaution
Maîtrise de soi, autorégulation
• Transcendance
Appréciation de la beauté
et de l’excellence
Gratitude
Espérance, optimisme et orientation
vers le futur
Joie et humour
Spiritualité, recherche du sens de la vie
L’échelle des forces du caractère
La psychologie positive n’a pas pour objet
de faire du bonheur un devoir, mais
de permettre à chacun de développer
les outils d’un mieux-être
Les forces du caractère représentent les dispositions positives de l’être
humain. En les cultivant, on peut améliorer son humeur, son état d’es-
prit, son comportement, ce qui, en retour, a des effets positifs sur les grou-
pes avec lesquels on interagit.
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