sujet Histoire / absolutisme

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Capes histoire-géographie 2012-2013
Epreuve Orale sur Dossier
Sujet d’histoire
Le concept d’absolutisme est-il encore opératoire en histoire ?
Document N° 1 Nicolas Shapira, article « absolutisme », in C. Delacroix, F. Dosse, P. Garcia et N. Offenstadt (dir.),
Historiographies II, Concepts et débats, Paris, Gallimard, 2010, Pages 943-944 et 950.
Tant d'études, de réflexions et de débats ont fini par livrer son secret : l'absolutisme est bien ce lieu commun aux historiens de la France
d'Ancien Régime où ils viennent déposer leurs dernières trouvailles et les confronter à celles de leurs collègues. Quelle est la spécificité de la
monarchie française aux XVIIe et XVIIIe siècles ? C'est là la question posée par la notion d'absolutisme et le champ d'investigation ne saurait
être restreint à l'histoire des institutions, ni même à l'histoire politique. Car la monarchie des Bourbons se trouve dépourvue de toute
constitution qui permettrait de clore à bon compte le dossier et, en outre, elle est fondamentalement adossée à l'héritage monarchique
antérieur et n'a pas été inaugurée par un événement susceptible d'en donner le sens et la formule — deux raisons pour lesquelles le
territoire chronologique du questionnement sur l'absolutisme peut parfois remonter largement en amont de l'âge classique. Aussi non
seulement l'histoire sociale, l'histoire économique et financière, voire l'histoire culturelle sont-elles désormais pleinement reconnues
comme ayant leur mot à dire sur ce qu'il en est de l'absolutisme, mais beaucoup de renouvellements majeurs, depuis une trentaine d'années,
de cette question classique en sont issus. La multiplication des angles d'attaque a eu pour résultat des discussions feuilletées plutôt que
des oppositions tranchées il n'y a pas un grand débat autour de l'absolutisme. C'est plutôt une question toujours ouverte, à
chaque fois vivifiée par les nouvelles connaissances qui font sentir la spécificité de ce moment de la monarchie, mais qui rendent
en même temps plus difficile une définition simple de l'absolutisme, au point qu'un certain nombre de travaux d'histoire politique ne
s'y risquent plus.
Le terme « absolutisme », on le sait, est une invention rétrospective péjorative : apparu en 1797, il sert au XIXe siècle, par différence,
à exalter le libéralisme politique et la démocratie et à justifier les monarchies constitutionnelles — c'est là qu'il trouve sans doute son
point d'application le plus aigu. Mais l'intensité de la question nous vient bien de l'Ancien Régime lui -même, de l'effort accompli pour
qualifier, de formules en formules, de traités en traités, l'autorité royale, et de la présence massive et multiforme, au sein de la société, de
discours relatifs au pouvoir « absolu » des rois. Aussi la réflexion historienne est-elle nécessairement installée dans un va-et-vient entre un
absolutisme défini a posteriori pour comprendre un régime dans sa spécificité et ce que pouvait signifier la notion en son temps.
[…]
L'absolutisme est bien la réalité vivante de toute une société. Dès lors il ne se comprend pas obligatoirement mieux dans une démarche
comparative qui tend à le réduire à un modèle politique que l'historien trouverait également à l'œuvre dans d'autres pays. Au reste, comme
modèle politique utilisé en son temps, l'absolutisme est moins une réalité de l'âge classique que du siècle des Lumières, quand se
multiplient, sous la plume des philosophes, les rapprochements entre les systèmes politiques des différents États d'Europe, à l'exemple
d'un Voltaire vantant l'Angleterre libérale comme la Prusse de Frédéric II, et quand certains souverains usent eux -mêmes directement de
tels discours. Les historiens se trouvent ainsi accompagnés jusque dans leurs tentatives de comparaison par ces discours du temps dont
l'articulation problématique avec les pratiques politiques forme le foyer permanent du questionnement historique sur la notion
d'absolutisme.
Document 2 : Joseph Werner, Louis XIV sous la figure d'Apollon, vainqueur du Serpent Python (1663)
Document N°3 : C. Dalbert, D. Le Prado-Madaule (dir.), Histoire-Géographie 5ème Bordas, 2010, p. 138
[extrait].
Le «pouvoir absolu» du roi Louis XIV
En 1661, Louis XIV décide de régner sans Premier ministre. C'est le début d'un long règne personnel (1661 1715), considéré comme
l'apogée de l'absolutisme en France. Dans quelle mesure le roi Louis XIV est-il un « roi absolu » ?
A. Louis XIV, «roi absolu» de droit divin
2. La démolition du temple protestant de Charenton en 1685.
Gravure de Sébastien Le cierc (BNF, Paris).
En 1685, pensant qu'il n'y a presque plus de protestants dans le
royaume, Louis XIV décide la révocation de l'édit de Nantes. La
religion protestante est désormais interdite.
B. Louis XIV, un roi «en représentation»
3. louis XIV à la Cour vu par un observateur étranger
En public, il est plein de gravité et très différent de ce qu'il est en son
particulier. J'ai remarqué que, si la porte vient par hasard à être
ouverte, ou s'il sort, il compose aussitôt son attitude et prend une
autre expression de figure, comme s'il devait paraître sur un théâtre;
en somme, il sait bien faire le roi en tout. C'est un beau spectacle de
le voir sortir du château avec les gardes du corps, les carrosses, les
chevaux, les courtisans, les valets et une multitude de gens tous en
confusion, courant avec bruit autour de lui. La passion des courtisans
pour se faire remarquer par le roi est incroyable, lorsque le roi daigne
tourner un regard vers quelqu'un d'entre eux, celui qui en est l'objet
croit sa fortune faite et s'en vante avec les autres en disant « Le roi m'a
regardé. »
D'après Jean-Baptiste Primi Visconti. Mémoires sur la cour de Louis XIV, XVIIIe siècle.
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Document N°4 : Préambule de la Constitution de 1946.
1. Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne
humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède
des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l'homme et du citoyen consacrés par la
Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
2. Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après
3. La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme.
5. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison
de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
11. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le
repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se
trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.
Question : En quoi l'égalité est une «valeur en construction » ?
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