Novembre 2006 - T. Dupin-Spriet - H. Wickaert - A. Boscher - F. Dumetz - Pharmacie clinique – Lille 2
CONSEILS DU PHARMACIEN FACE À DES
SYMPTÔMES OCULAIRES À L’OFFICINE
L’intervention sur une pathologie oculaire est toujours délicate car toute initiative inadaptée peut
avoir des conséquences dramatiques. Le conseil du pharmacien est donc à privilégier par rapport
à l’automédication directe du patient.
Objectifs
Un patient ne doit jamais utiliser un collyre ou une pommade ophtalmique sans un conseil
approprié afin d’éliminer une urgence et de rechercher un facteur iatrogène responsable du
problème.
L’aide mémoire vise à détailler la conduite du pharmacien face à une demande de conseils aux
vues de symptômes pour atteindre ces deux objectifs et à bien conseiller son patient.
Qui ?
Chacun des membres de l’équipe officinale (pharmaciens et préparateurs) ayant une compétence
différente, il conviendra d’orienter le patient vers la personne la plus appropriée en cas de
problème complexe.
Où ?
- Au comptoir s’il s’agit d’un simple conseil.
- Hors du comptoir s’il s’agit d’un cas nécessitant un examen plus détaillé de l’œil, des
paupières, d’un conseil confidentiel ou d’une intervention (lavage oculaire, instillation
de collyre, pose d’un pansement oculaire).
Quand ?
- Dès que le patient consulte à la pharmacie pour un problème oculaire.
- Eventuellement, lorsqu’un patient vient à l’officine mais présente un œil
symptomatique apparemment non soigné.
Comment ?
1 Attitudes communes du pharmacien face aux symptômes oculaires
- Avant tout examen oculaire du patient, il est recommandé :
De vérifier que le patient ne porte pas de lentilles ;
De se laver les mains au savon ;
De porter éventuellement des gants à usage unique, la contagiosité de
certaines infections étant très importantes comme la conjonctivite
- L’aspect extérieur d’une blessure ne présage pas de son caractère de gravité.
- Un cas bénin s’améliore en quelques heures.
- Un corps étranger superficiel et visible sur la cornée (poussière, traces de mascara)
peut être retiré par le pharmacien grâce à un lavage oculaire abondant au sérum
physiologique par exemple (voir annexe 8 : Les solutions de lavage oculaire)).
- Un corps étranger non mobile ne doit pas être retiré, il faut faire un pansement
oculaire et envoyer le patient chez l’ophtalmologiste.
- Un lavage oculaire abondant au sérum physiologique est à préférer à un bain oculaire
avec œillère (risque de traumatisme de l’œil et problème d’hygiène de l’œillère).
- Lorsqu’il est nécessaire de réaliser un pansement oculaire pour maintenir la paupière
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supérieure fermée, celle ci doit être bloquée avec une compresse pliée sous le
pansement de façon à remplir la cavité orbitale (utiliser un adhésif microporeux).
- Attention aux contre-indications communes des collyres contenant d’une part un
vasoconstricteur (voir annexe 7) et d’autre part un conservateur mercuriel (risque de
réactions de sensibilisation).
- Se laver les mains après l’examen.
2 Conseils communs du pharmacien à un patient ayant une pathologie oculaire
2. 1 - Le lavage oculaire
- Le faire systématiquement si survenue d’un problème oculaire.
- Après s’être soigneusement lavé les mains, nettoyer abondamment les culs-de-sac
conjonctivaux au sérum physiologique en inclinant la tête afin que le liquide s’écoule
le long du nez.
- Ne pas utiliser l’œillère éventuellement fournie.
- Idéalement attendre 15 minutes avant l’instillation éventuelle d’un collyre ou d’une
pommade ophtalmique.
- Inscrire sur le flacon la date à partir de laquelle il faut jeter le collyre.
2. 2 - L’utilisation d’un collyre
- Se laver soigneusement les mains.
- L’instillation d’un collyre se fait en tirant légèrement la paupière inférieure entre l’index
et le pouce vers l’avant pour créer une petite poche. Il faut regarder vers le haut.
- Mettre la ou les gouttes de collyre sur la conjonctive en évitant de toucher le globe
oculaire, les paupières ou les cils avec l’embout. Fermer ensuite la paupière puis
compter jusqu’à 100 en clignant des yeux pour répartir le collyre et en appuyant avec
un doigt dans l’angle interne de l’œil (abouchement du canal lacrymal à fermer
temporairement).
- Attendre environ 15 minutes avant l’instillation éventuelle d’un autre collyre ou d’une
pommade ophtalmique.
- En fonction du collyre utilisé, le jeter 15 jours à 1 mois après ouverture voire
davantage (voir annexes 3, 4, 5, 6 et 8).
- Bien refermer après utilisation.
- Purger le collyre en cas de réutilisation (ne pas remettre la première goutte).
- Préférer l’utilisation d’un collyre en monodose.
- Ne jamais prêter son collyre (risque de contamination +++).
2. 3 - Les intérêts des monodoses
- Grande sécurité d’emploi en évitant le risque d’auto contamination ou de
contamination d’une autre personne.
- Facilité d’emploi : ouverture facile et à jeter directement après usage.
- Evite le gaspillage car contient la quantité suffisante de produit pour une application.
- Conservation prolongée (souvent 2 ans : vérifier la date limite d’utilisation) des
monodoses non utilisées.
- Permet un usage régulier du collyre suite à l’absence de conservateur
2. 4 - le système Abak®
- Le système Abak®permet de délivrer un collyre sans conservateur, celui-ci étant
retenu dans le flacon par un adsorbant, un filtre empêchant en outre la pénétration de
microorganismes dans le flacon qui reste ainsi stérile.
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- Pour que le système fonctionne correctement il convient de procéder de la façon
suivante avant le premier usage :
Tenir le flacon verticalement, visser à fond le bouchon puis le dévisser
Enlever la capsule de fond du flacon pour libérer le soufflet
Tenir le flacon entre le pouce et l’index et le retourner
Appuyer à la base du soufflet pour faire sourdre les gouttes (plus longues à
arriver qu’avec un flacon habituel)
Reboucher le flacon et remettre la capsule de fond
- 9 spécialités sont dotées de ce système : Ecovitamine B12® 0,05 %, Fluidabak®1,5 %,
Multicrom® 2 %, Naabak® 4,9 % 5 et 10 ml, Naaxiafree® 4,9 %, Timabak® 0,1 %, 0,25
% et 0,5 %.
2.5 - L’utilisation d’une monodose de collyre
- Ouvrir la monodose en effectuant une rotation complète de la bague afin de rompre la
soudure ou en coupant l’extrémité avec des ciseaux propres.
- Renverser la monodose afin de faire descendre le contenu vers l’extrémité ouverte.
- Presser légèrement la monodose afin d’effectuer l’instillation.
- Utiliser une nouvelle monodose à chaque application afin de garantir l’instillation d’un
collyre toujours stérile.
2. 6 - L’utilisation d’une pommade ophtalmique
- Ne pas utiliser la pommade ophtalmique si :
Présence d’un traumatisme oculaire (peut gêner les examens ou gestes
chirurgicaux).
Atteinte par du gaz lacrymogène (inhibe l’évaporation du gaz).
- Une pommade ophtalmique est plus efficace qu’un collyre car le temps de contact
entre le principe actif et l’œil est plus long.
- Elle peut entraîner un trouble visuel plus long qu’avec un collyre.
- Appliquer un grain de riz dans le cul-de-sac conjonctival de la paupière inférieure ou
sur le bord libre de la paupière puis procéder comme pour un collyre.
- Ne pas toucher le globe oculaire, les paupières ou les cils avec l’extrémité du tube.
- En cas de traitement simultané par un collyre, commencer par celui-ci et attendre
environ 15 minutes avant d’utiliser la pommade ophtalmique.
- On peut appliquer préférentiellement le collyre la journée et la pommade la nuit.
- Inscrire sur le tube la date d’ouverture (étiquette ou stylo feutre) et jeter 15 à 30 jours
après (voir annexes 3, 4, 5, 6 et 8 pour les durées recommandées).
3 Particularités des infections oculaires superficielles
Certains facteurs de risque favorisent la survenue d’infections graves (AFSSaPS : collyres et
autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles, juillet 2004) :
- Immunodépression,
- Diabète mal équilibré,
- Pathologie locale sous-jacente : syndrome sec, dystrophie cornéenne,
- Greffe de cornée, chirurgie oculaire récente,
- Corticothérapie locale,
- Port de lentilles de contact,
- Obstruction des voies lacrymales, troubles de la statique palpébrale.
Les attitudes thérapeutiques conseillées doivent en tenir compte.
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4 Attitude spécifique du pharmacien face aux symptômes oculaires : évaluation de
l’urgence et 12 fiches (cf. pages suivantes)
5 Liste des annexes (actualisées en septembre 2006)
- Annexe 1 Les collyres et pommades antibiotiques
- Annexe 2 Les collyres et pommades à base d’antibiotiques et corticoïdes, ou corticoïdes seuls
- Annexe 3 Les collyres antiseptiques
- Annexe 4 Les collyres antiallergiques
- Annexe 5 Les suppléments lacrymaux
- Annexe 6 Les collyres anti-irritation
- Annexe 7 Les collyres contenant un vasoconstricteur
- Annexe 8 Les solutions de lavage oculaire
Merci à Patrick Wierre (pharmacien d’officine) et au Docteur Hugues (ophtalmologiste) pour leurs
suggestions.
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4) Attitude spécifique du pharmacien face aux symptômes oculaires
ÉVALUATION DE L’URGENCE OPHTALMOLOGIQUE
ŒIL ROUGE y Présence de signes associés
(maux de tête, nausées, vomissements)
y Traumatisme de l’œil
- Plaie ou contusion par impact
y Peu ou pas de douleur y Baisse de l’acuité visuelle ou douleur - Brûlure par un acide ou une base
y Pas de baisse de l’acuité visuelle y Trouble de l’acuité visuelle Fiche 12 : les blessures oculaires
ni de trouble visuel
Urgences ophtalmologiques
y Kératite bactérienne
Arbre de décision ci-après du conseil officinal Glaucome aigu
Fiche 4 : Conjonctivite virale y Début brutal
Fiche 5 : Conjonctivite bactérienne y Oeil rouge (généralement un seul)
Fiche 6 : Conjonctivite allergique y Douleur vive étendue à la face
Fiche 7 : Conjonctivite par sécheresse oculaire y Cornée trouble
Fiche 8 : Kératite phototraumatique (ophtalmie des neiges, y Pupille en mydriase
de la soudure à l’arc) y Photophobie
Fiche 9 : Conjonctivite irritative y Globe oculaire dur
Fiche 10 : Hémorragie sous-conjonctivale
Fiche 11 : Lentilles de contact
Risque de perte définitive de l’œil en quelques heures
Délivrer 2 cp d’acétazolamide = Diamox® pour
diminuer la pression de l’œil
(N.B. : Contre indications absoluesdu Diamox® = hypersensibilité au produit ou aux sulfamides,
insuffisances hépatique, rénale ou surrénale sévères et antécédents de coliques néphrétiques)
ou
Mettre quelques gouttes d’un collyre à la dorzolamide = Trusopt®
(N.B. : contre indications du Trusopt® = hypersensibilité au produit, insuffisance rénale sévère et
acidose hyperchlorémique)
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